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Ce besoin de rechercher la permission de manger et la réassurance des autres

Ce besoin de rechercher la permission de manger et la réassurance des autres

Ce besoin de rechercher la permission de manger et la réassurance des autres

Je vous retrouve pour un nouvel épisode de podcast, un nouveau sujet : le fait de chercher la réassurance extérieure, chez les autres, lorsqu’on souffre d’un trouble alimentaire.

Je pense que c’est quelque chose d’assez fréquent. Et donc je me suis penché sur ce sujet.

J’ai fait un focus particulier sur la réassurance en lien avec l’alimentation, parce que lorsqu’on souffre de trouble alimentaire, l’alimentation prend tellement de place dans le quotidien… qu’il y a fréquemment une recherche de réassurance dans ce domaine. Mais si on réfléchit, ça ne concerne pas uniquement le domaine nutritionnel.

Je vais tout de même commencer par me focaliser sur ce besoin précis.

Rechercher la permission de manger : Pourquoi ce besoin ?

Raison physiologique

L’une des premières explications, elle est physiologique. Ton trouble alimentaire t’a amené à te déconnecter de tes signaux internes. À force de ne pas répondre à ta faim, et ayant peu d’énergie, ton corps ne mobilise plus l’énergie pour faire gargouiller ton ventre, te faire comprendre qu’il a faim… Car il n’obtient pas de retour sur investissement puisque tu n’y réponds pas. Alors, tu ne ressens plus ces sensations de faim, ni de satiété. Donc tu ne sais plus quand réellement manger ? Si tu as faim ou pas ?

En plus de ça, un trouble alimentaire fonctionne sur des règles strictes. Pas le corps. Donc, ton trouble alimentaire t’a appris que tu manges telle chose à telle heure telle jour. Mais ton corps, lui, ayant des besoins qui varient selon de nombreux critères… bah parfois, ça ne va pas lui suffir. Donc ton trouble t’envoie un signal (basé sur une règle stricte), ton corps t’envoie un autre signal (basé sur ses besoins réels). Et toi, au milieu de tout ça, tu es perdu : tu ne sais pas qui écouter? Ce qui est valable ? Ce que tu dois prendre en compte ?

Donc, tu cherches des réponses externes, et notamment, en demandant aux autres de te rassurer sur ce que tu dois faire, ou d’approuver ce que tu fais pour être sure que tu fais bien.

Raison n°2 : l’anxiété

C’est très commun de retrouver de l’anxiété à des niveaux assez élevée chez les personnes qui souffrent de trouble alimentaire. 

Mais, la restriction alimentaire plonge également le corps dans un état d’anxiété profonde. 

Donc les deux couplés… ça donne de très haute dose d’anxiété.

Et quand le corps subit autant d’anxiété, il se sent en danger. Donc, il cherche à se rassurer.

Alors, tu vas chercher de façon extérieur à apaiser ton anxiété puisque toi, seule, tu ne parviens pas à te rassurer.

Raison n°3 : le perfectionnisme

Il forme souvent un trio avec le TCA et l’anxiété : le perfectionnisme. 

Tu es tellement perfectionniste, tu as tellement peur de décevoir, d’être jugé, d’être différente des autres, de pas faire comme il faut… que tu as besoin d’être rassuré sur le fait que tu fasses les bonnes choses, de la bonne façon.

Raison n°4 :

Bon en fait, ce n’est pas un trio, c’est un quatuor. Parce que dans tout ça, s’ajoute le manque de confiance en toi. Et oui, forcément, si tu ne crois pas en toi, si tu n’as pas confiance en tes propres capacités… Et bien tu vas être amené à demander une aide extérieure pour te rassurer.

La recherche de réassurance dans les troubles alimentaires

Et comme je le disais en introduction, la réalité c’est que cette recherche de réassurance ne s’arrête pas à la dimension nutritionnelle lorsqu’on souffre de TCA. À cause entre autres de ce que j’ai expliqué avant (perfectionnisme, manque de confiance, sensations internes altérées, anxiété…)

→ Réassurance sur le corps : “est-ce que j’ai grossi ? Est-ce que ce pantalon ne me serre pas trop ? Est-ce que j’ai pas gonflé aujourd’hui ? Est-ce que prendre X kilos en X jours c’est pas trop ?”

→ Réassurance sur les repas : sur la permission de manger mais aussi sur l’après : “Tu crois que j’ai trop mangé en prenant ça?”

→ Réassurance sur la santé : certaines personnes ressentent le besoin d’appeler le médecin à chaque nouveau symptôme

→ Réassurance sur l’activité physique : “Tu crois que c’est grave si aujourd’hui je n’ai pas bougé ?”

→ Et plus globalement, dans la vie quotidienne, pour des choix de vêtements, d’étude, de lieu de vie, même de fréquentation. ça peut vraiment prendre de l’ampleur…

D’où vient cette recherche de réassurance ?

Je l’ai dit auparavant, dans la première partie, mais, parfois, quand vraiment ça prend de l’ampleur, les causes peuvent être plus profondes.

  • Origine psychologique profonde : quand tu as grandi dans un environnement où tout était commenté (notamment ton poids, ton apparence… Ce qui est commun chez beaucoup de personnes présentant des TCA) ⇒ Alors, tu as intégré inconsciemment que les autres savent mieux que toi ce qui est bon ou mauvais pour toi.
  • ça peut être lié à la peur de grandir / d’être adulte ; et notamment la peur de ne pas réussir à assumer ses responsabilités d’adulte. Demander l’avis aux autres, et parfois c’est beaucoup à ses parents, à sa mère… c’est une façon d’éviter les erreurs et de se dire “si j’échoue, c’est pas vraiment ma faute, c’est la responsabilité de l’autre”. 

Chercher la réassurance : aide ou obstacle à la guérison ?

Dans un premier temps :

Oui, ça peut aider. C’est d’ailleurs un conseil que je donne aux parents et plus globalement aux proches d’une personne qui a des TCA : c’est de rassurer la personne, en répétant des arguments qui rassurent la personne et qui vont surtout contrer cette petite voix qui à longueur de journée leur rabâche des règles strictes. 

Donc oui, parfois, chercher la réassurance, c’est nécessaire auprès de tes parents, de tes proches, de tes soignants ; pour poser les bases.

MAIS, sur le long terme…

Chercher la réassurance, c’est un frein pour la guérison. Pourquoi ?

  • Parce que plus tu cherches la réassurance, plus ton cerveau en devient dépendant. Quand tu prends l’habitude d’être validé par les autres, si tu n’as pas la validation des autres, tu ressens comme un manque. Et tu en viens à ne plus savoir prendre des décisions seule. 
  • En plus de ça, à force de demander aux autres de te rassurer, tu envoie le message à ton cerveau “je ne suis pas capable seule, alors il me faut une validation externe”.
  • Et donc tout ça, fait que ça renforce des croyances erronées. On en a déjà parlé plusieurs fois. Notre système de croyance se forme au grès de nos actions et de nos pensées. Au plus tu envoies ce message de “je ne suis pas capable” et au plus tu demandes la réassurance aux autres… au plus tu renforces cette croyance erronée de “je ne peux pas me faire confiance”.
  • Et ça peut même devenir un TOC : c’est à dire que quand tu demandes de la réassurance à autrui, tu ressens un soulagement TEMPORAIRE. Mais l’anxiété revient de plus belle dès que tu ressens ce besoin de réassurance et elle est intense tant que tu n’as pas obtenu réassurance. 

Concernant la permission de manger :

Pourquoi c’est un frein de constamment demander à l’autre si tu peux manger / si tu as assez mangé / si tu peux encore manger …? 

  • Parce que l’autre ne ressent pas tes signaux internes qui te sont propres. En effet, au début, les sensations de faim et de satiété ne sont pas encore revenus. Mais, à terme, elles se normaliseront et ce n’est pas quelqu’un d’externe qui saura dire quels sont les besoins de ton corps. Cette personne risque de faire des suppositions ou de se baser sur elle-même, et chacun a ses propres besoins. En fait, en faisant ça, tu vas te couper de ton intuition alimentaire. 
  • En plus de ça : tu ne peux pas demander toute ta vie la validation d’une autre personne. C’est juste pas normale… et tu vas forcément te retrouver dans des situations où tu seras seule à devoir prendre la décision, et du coup tu vas te sentir bloquée.
  • En plus de ça, d’expérience (parce que pour le coup, moi j’ai eu énormément ce truc de rechercher la réassurance auprès de ma mère…). Bref, d’expérience, parfois, on cherche la réassurance via une tierce personne mais l’autre personne va répondre quelque chose qui va te stresser encore plus (même sans le vouloir. Parce que l’autre ne connait pas les mécanismes des TCA, ne connait pas ce qui va te trigger, etc.)
  • Et il y a aussi des cas (et là je parle encore une fois d’expérience personnelle…), des cas où on sait ce qui nous rassurerait mais l’autre ne dit pas ce qui nous aurez rassuré. Donc en gros c’est la même chose que le point précédent sauf que là c’est le cas où on sait soi-même la réponse qu’on attend mais on préfère que ce soit l’autre qui le dise parce qu’on a plus confiance en l’autre qu’en soi). 

Je vais vous parler d’une anecdote personnelle. Je crois que j’en avais parlé dans mon roman autobiographique. Lors de ma deuxième hospitalisation en TCA, j’étais épuisée. Et j’avais envie de mettre en pause ma vie, en l’occurrence, ma vie scolaire (j’étais en M2 en alternance). Et je voulais même quitter mon école (qui était une très grosse école de commerce) pour entrer en FAC. Et je parlais de cette décision à ma mère, sans dire franchement que je voulais arrêter, mais en lui expliquant mon épuisement… et la réponse logique (selon moi) était de dire “bah ok, arrête, met en pause un semestre, tu reprendras l’année pro, en FAC peu importe”. Sauf que, ma mère était inquiète sur le fait que je ne reprenne pas mes études, sur le fait que finalement, il ne restait plus qu’un semestre à tenir. En plus j’étais dans une bonne école, il y avait le côté “c’est dommage…” Et donc elle sous entendait que “est-ce que finalement, ce serait pas une bonne chose de finir une bonne fois pour toute ?”. Et moi, ça me stressait encore plus d’entendre cette réponse. La réalité, c’est que j’avais 21 ans, en âge de prendre une telle décision seule. Surtout que j’étais à 90% sur de moi. MAIS, je préférais que ma mère approuve cette décision. Et ça a duré des semaines… jusqu’à ce que je prenne la décision d’arrêter. Et finalement, un semestre plus tard, j’ai quand même repris dans l’école initiale puisque c’était plus simple quand même pour moi. 

Mais tout ça pour dire que si j’étais sûre de moi, que je me faisais à confiance à l’époque, ça aurait évité une surcharge de stress, des questions à se poser par centaine à m’en donner mal à la tête, des pleurs, des disputes avec ma mère…

⇒ Donc bref, tout ça pour dire que c’est nécessaire d’apprendre à se rassurer soi-même. 

Concrètement, comment faire pour ne plus demander cette réassurance auprès de l’autre ?

Déjà, une chose importante à garder en tête, c’est que quand je dis ça, ça ne veut pas dire que le but c’est de se débrouiller seul en toute circonstance, de ne jamais demander l’avis des autres.

C’est normal dans certains cas et ça peut être même bénéfique, d’avoir l’avis des autres. Moi, je parle dans le cas où ça prend trop d’ampleur et notamment pour la réassurance qui concerne ton alimentation, ton corps, ton activité physique.

Demander l’avis des autres pour un gros projet, c’est normal, tant que ça ne te bloque pas.

Des pistes pour avancer sur la recherche de permission de manger extérieure

  • La première chose c’est de te rappeler que manger, ce n’est pas un droit, c’est un besoin physiologique. Manger ça ne se mérite pas. 

 

  • Une deuxième chose, c’est que tu es la seule personne à savoir ce dont tu as réellement besoin & envie. Oui, tes envies comptent aussi ! Les prises alimentaires ne s’expliquent pas par tes dépenses, ni ce que tu as mangé auparavant.

 

  • Il faut aussi que tu gardes en tête que ne plus demander la permission / la réassurance par rapport à ce que tu manges est un passage obligé de la vraie guérison. Tu ne peux pas, encore une fois, rester éternellement dans une permission donnée par quelqu’un d’autre.

Des pistes pour avancer sur le besoin de réassurance en générale :

  • Identifier la peur derrière ce besoin de réassurance. Pourquoi tu as besoin d’être rassurée ? As-tu peur de perdre le contrôle, peur de grossir ?

           → Demande-toi ce qui pourrait se passer selon ton TCA si tu n’es pas rassurée ?

Souvent, ce sont des croyances erronées derrière ça (Si je ne bouge pas, je vais grossir. Si je ne fais pas de sport, je vais prendre que du gras. Si je mange entre les repas, je vais grossir…)

Et c’est pourquoi j’insiste si souvent sur le fait que dans la guérison des troubles alimentaires, il y a un vrai travail de déconstruction des croyances éronnées qui est nécessaire. Le dernier livre que j’ai sorti il y a quelques mois est littéralement un guide pour ça. ça s’appelle “Déconstruire les croyances erronées de ton trouble alimentaires” et je déconstruis 140 croyances erronées que ce soit dans l’alimentation, l’hyperactivité, le trouble en lui-même, le poids, l’apparence…

Et j’aurais beaucoup aimé avoir cet outil à l’époque. Je m’appuie le plus possible sur des faits logiques et scientifiques pour t’aider à te rassurer et à déconstruire ces croyances. 

  • Une autre piste, ça va être d’indiquer à ton cerveau qu’il n’a pas besoin d’être réassuré. 

Pour cela, à la place de demander “est-ce que j’ai le droit”, répète toi des phrases comme “Je peux me faire confiance” ; “je suis en sécurité” ; “mon corps sait ce dont il a besoin. il veut mon bien” ; “je ne suis pas obligé d’avoir toutes les réponses”.

  • Quand tu es à deux doigts de demander de la réassurance à quelqu’un, essai de te demander : est-ce que vraiment je n’ai pas déjà la réponse ? ET si tu y arrives, essaie de t’entraîner à ne pas demander, à t’exposer doucement au fait de ne plus demander. Je te parle pas d’arrêter du jour au lendemain évidemment .
  • Pourquoi t’entraîner à moins demander ? Parce que se donner la permission soi-même, se rassurer… c’est un muscle que tu vas développer à chaque fois que tu te feras confiance à toi plutôt que de rechercher une réassurance externe. 
  • L’idée, c’est de commencer à s’exposer à des décisions non alimentaires et surtout avec le moins d’enjeux possible. Comme le choix d’un vêtement ou d’un truc dont toi-même tu connais en réalité parfaitement la réponse qui te rassurerait. 

J’en profite pour dire que, au plus tu seras renutri, au moins tu auras ce besoin de rechercher la réassurance parce que tu auras beaucoup moins de peurs irrationnelles.

  • Un autre conseil c’est d’éviter au maximum les comportements de vérification (que ce soit la pesée – j’ai déjà conseillé mainte et mainte fois de jeter la balance – que ce soit les checks corporelles avec le doigt, de se check devant le miroir…). Parce que comme je l’ai dit auparavant, les actions et pensées renforce des croyances erronées, donc forcément, au plus vous faites ces actions, au plus vous intégrez que vous avez besoin de réassurance externe. 
  • Évidemment, il y a également un travail à faire sur le fait de te donner le droit à l’erreur. 

Au pire, tu te trompes ? et alors ? rares sont les actions irréversibles qui ont des conséquences sur des mois voire des années. 

  • Et enfin, en seule réassurance externe valable, je veux dire, qui n’est pas dangereuse en soi, ou qui ne t’enferme pas je trouve, c’est de t’appuyer sur la psychoéducation. C’est à dire de te rassurer avec des faits scientifiques. J’en donne pas mal dans mon livre justement sur déconstruire les croyances erronées du trouble alimentaire. Tu peux avoir un carnet où tu notes tous des faits scientifiques qui te rassurent pour les relire et bien les intégrer.

Par exemple, le poids peut varier de 1 à 3 kg en une journée selon : eau, hormones, digestion. Ces variations sont la preuve de la vie normale du corps.

J’espère que cet article t’a permis de te sentir compris, de te reconnaître et surtout de trouver des pistes de réflexion, voire des actions à mettre en place pour t’aider dans cette recherche de réassurance. 

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, Trouble du comportement alimentaire, 0 commentaire
La peur de grandir (et le lien avec les troubles alimentaires)

La peur de grandir (et le lien avec les troubles alimentaires)

La peur de grandir (et le lien avec les troubles alimentaires)

On se retrouve pour un sujet “psychologique” que je voulais aborder depuis longtemps. J’essaie de multiplier les sujets comme ça, de type psychologique on va dire, pour essayer de vous amener à des réflexions sur votre trouble, pour vous guider dans votre introspection car je trouve personnellement que c’est essentiel dans la guérison des troubles alimentaires et pourtant, on n’aborde pas assez (voire pas du tout) ces sujets. Et comme j’ai créé Norainnoflower pour apporter ce que j’aurai aimé avoir quand j’étais malade, et bien j’en parle sur mon podcast !

Bref, c’est un sujet que je voulais aborder depuis un moment sur Norainnoflower car la peur de grandir a été au cœur de la guérison de mon trouble alimentaire. Si tu as lu mon roman autobiographique, tu as pu quand même lire des choses sur le sujet car j’en parle dans mon livre. Mais je voudrais en parler vraiment en profondeur dans cet article.

La peur de grandir - Les explications neuroscientifiques

J’essaie de plus en plus d’intégrer les neurosciences dans mes contenus car il y a tellement de choses qu’on peut expliquer par la neuroscience et je trouve ça personnellement passionnant. J’ai l’impression que les faits scientifiques et les preuves tangibles rassurent non ? En tout cas, moi ça me rassurait donc j’aime bien utiliser des explications scientifiques.

Ne pas grandir = mécanisme de survie

La peur de grandir, c’est en réalité un mécanisme de survie. Chez une personne souffrant de TCA, le cerveau est souvent dans un état d’alerte constant. C’est à dire que les circuits liés à la survie sont activés, et grandir (physiquement, émotionnellement, socialement), c’est perçu par le cerveau comme un danger. Pourquoi ?

Parce que grandir, c’est prendre sa place, être davantage vue, être responsable. Or, le cerveau en état d’alerte peut associer cela à une perte de sécurité ou à un risque de rejet, de surcharge émotionnelle, ou de souffrance.

Immaturité émotionnelle

Des recherches en neuropsychologie ont montré que certaines personnes avec un TCA présentent une maturation émotionnelle ralentie. Alors, attention, ça veut pas dire qu’elle manque de maturité parce que personnellement, je trouve que les personnes qui ont des TCA sont souvent très matures, notamment pour leur âge. Des personnes très jeunes présentent déjà une très grande maturité sur la vie. Mais une maturation émotionnelle ralentie, ça veut plutôt dire que :

  • Elles peuvent avoir des difficultés à réguler leurs émotions, à tolérer l’incertitude, ou à se projeter dans l’avenir.
  • La maladie devient alors une régression protectrice (comme un retour à l’enfance), qui évite les enjeux de l’âge adulte (sexualité, autonomie, responsabilités…).

Conflit avec la puberté

Une autre explication neuroscientifique de la peur de grandir, c’est le conflit avec la puberté. Chez beaucoup de jeunes filles (mais aussi parfois des garçons), l’entrée dans la puberté est un déclencheur du TCA :

La transformation du corps (seins, hanches, menstruations, pilosité…) provoque un sentiment de dégoût du corps. Le refus de s’alimenter devient inconsciemment un moyen de stopper la croissance ou d’essayer de revenir à un corps prépubère, donc à un état perçu comme plus sûr. 

Anxiété développementale

Une autre explication neuroscientifique de la peur de grandir, c’est l’anxiété du développement : c’est à dire la peur profonde de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir affronter les étapes de la vie adulte. Et ça, vraiment, je l’avais énormément quand j’étais malade.

Cette anxiété du développement fait que le cerveau anticipe les menaces, même quand elles ne sont pas réelles, ce qui bloque les élans de changement. Et comment ça s’explique d’’un point de vue neuroscientifique ? Des imageries démontrent que l’amygdale (qui est le centre de la peur) est souvent suractivée chez les personnes souffrant de TCA.

Mais je tiens à dire quand même quelque chose que j’ai compris avec le recul, c’est que souvent, les personnes qui ont des TCA ont peur de ne pas savoir gérer une vie “d’adulte” (entre guillemets), alors qu’elles sont plus adultes que beaucoup d’adultes.

Donc la neuroscience nous montre que la peur de grandir peut être liée à une adaptation du cerveau à un contexte perçu comme menaçant. Le trouble alimentaire devient un outil inconscient de protection face à ce que le cerveau vit comme dangereux. Je vous le dis souvent, un trouble alimentaire n’arrive pas par hasard, il arrive en réponse à quelque chose dans lequel on ne se sent pas en sécurité.

La peur de grandir - Explications psychologiques et symboliques

Une peur psychologique de l’autonomie

Grandir, ça veut dire quelque part être davantage autonome, indépendante. On voit l’adulte comme quelqu’un qui se débrouille seul (en réalité, ce n’est pas vrai, mais c’est une idée reçue que projette beaucoup d’adulte, que projette la société, et parfois que nos parents ont projetés).

Et quand on est une personne qui a des TCA, souvent, on est très angoissée et on manque de confiance en soi. Donc la personne qui a des TCA est persuadée qu’elle n’est pas capable de s’en sortir seule.

Le trouble alimentaire devient un refuge dans un état de contrôle extrême où la personne malade n’a pas à affronter l’imprévisible de la vie adulte.

Mais le pire, c’est que souvent la personne a peur de ne pas être capable de gérer seule les choses, alors qu’en réalité, elle les gère déjà seule.

Donc c’est vraiment une peur, et pas une réalité. C’est une peur psychologique.

Un refus symbolique de quitter l’enfance

Chez certaines personnes, le trouble alimentaire traduit un attachement inconscient à l’enfance : un moment de la vie où l’on était protégé·e, pris·e en charge en permanence. Et j’ai envie de dire, c’est même où on est sensé être protégé. Parce que tu peux être attaché à la vision idéalisée que tu as de l’enfance même si ce n’est pas ce que tu as vécu concrètement. 

La prise de poids est associée au fait de devenir une femme, un homme et de sucroît c’est associé à la perte d’innocence, sexualisation du corps, changement de regard social.

Se restreindre est vu inconsciemment comme un moyen de garder un corps d’enfant, donc maintenir une forme d’innocence et de non-responsabilité. Pour certains, inconsciemment évidemment, le fait d’être malade permet de garder davantage d’attention de ses parents, de ses proches. La personne reste dans les ailes de ses parents, elle se sent davantage protégée. Evidemment, encore une fois, c’est inconscient. Cela ne dépend pas de la volonté de la personne malade, ce n’est pas un choix, c’est une réponse à une blessure profonde. 

Petite aparté pour les personnes nées dans les années 90. J’ai l’impression qu’il y a encore plus cette peur de quitter l’enfance pour les personnes nées dans les années 90. Ou alors, je suis biaisée parce que moi je suis née dans les années 90. Mais j’ai remarqué sur les réseaux sociaux qu’il y a un mouvement de grosse nostalgie de l’enfance pour les personnes nées dans les années 90. Donc j’ai fait des recherches là dessus. Et en effet, apparemment, les personnes nées dans les années 90 (donc enfance/ado dans les années 2000) sont particulièrement enclines à la nostalgie collective. Parce qu’on est une génération “entre deux mondes”. On a grandi sans Internet dans nos toutes premières années (on a connu les cassettes, disques, jeux dehors) et on a ensuite vécu l’arrivée du numérique.

On est les derniers à avoir connu l’avant et les premiers à avoir tout adopté. Ça crée un attachement fort à cette “double enfance”.

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Et surtout, on a eu une enfance marquée par la pop culture partagée (Harry Potter, Disney Channel, mangas, consoles de salon, CD gravés, séries cultes comme Friends, etc. Contrairement aux jeunes d’aujourd’hui dont les contenus sont ultra personnalisés avec les algorithmes des réseaux sociaux, la génération des années 90, on a des références communes à toute une génération. Et les années 90/2000 sont perçues comme des années de relative stabilité.

Bref, désolée pour ce gros aparté. Mais moi j’ai toujours du mal à me dire que je ne serais plus enfant, que cette période de ma vie et toutes ces choses que je faisais enfant sont finies. Mais apparemment, je ne suis pas seule ! Si tu es des années 90 et que tu ressens ça, on est pas seul. Mais si vous n’êtes pas des années 90 et que vous ressentez ça, dites le moi, c’est intéressant de savoir si c’est en fait quelque chose de généralisé.

Un mécanisme de protection face à un trauma

Pour en revenir à la peur de grandir, ça peut aussi s’expliquer par un trauma qui a eu lieu dans l’enfance. 

Chez beaucoup de personnes souffrant de TCA, il existe des événements traumatiques ou douloureux (violences, harcèlement, humiliations, etc.). Et un trauma, ce ne sont pas les autres qui déterminent si ça a été un traumatisme pour vous. C’est vous, et votre cerveau. Si par exemple, c’est sur un événement qui s’est passé dans votre enfance, peut-être que votre cerveau d’adulte ne le voit pas comme un trauma. Mais pour un enfant, ça l’est. Et un trauma c’est parfois sur un ressenti, pas sur un événement réel. Je m’explique : si en réalité, vous n’avez jamais été agressé, mais que vous étiez dans un climat où l’agression était une menace constante, alors, même si l’agression n’a pas eu lieu mais que vous aviez constamment peur d’être agressé, c’est un trauma.

La maladie peut servir inconsciemment à geler le temps, à éviter la confrontation. Elle peut permettre de focaliser votre esprit sur la maladie plutôt que sur le traumatisme, elle peut vous permettre d’éviter de ressentir tous les désagréments causés par le traumatisme. 

Je ferai peut-être un épisode de podcast sur les traumatismes et les TCA. Parce que je pense que c’est intéressant et que beaucoup voient les traumas comme des agressions sexuels, mais en réalité, il existe de nombreux événements qui peuvent être considérés comme un traumatisme pour votre cerveau et votre corps.

Une manière d’exister autrement

La peur de grandir, ça peut aussi s’expliquer symboliquement parce que certaines personnes n’ont pas appris à exister autrement qu’en étant « petites », parfaites, gentilles, discrètes. Grandir pourrait signifier :

  • Prendre de la place, déranger, dire non, poser ses limites.Pour quelqu’un à qui on n’a pas permis ça, cela génère un conflit interne violent. Il est plus « facile » d’être malade que d’être soi. Encore une fois, c’est un processus inconscient. Je le précise car quand je dis “c’est plus facile”, en réalité, c’est à prendre avec des pincettes parce que ce n’est pas une question de volonté. C’est bien une réponse à une souffrance profonde.

Une réaction face aux injonctions sociétales

Dans notre société : Grandir, c’est associé à beaucoup de pression : réussir, être performant·e, séduisant·e, mince, indépendant·e…

Et je dis “dans notre société”, mais parfois, on a aussi grandi dans une famille où les adultes ne se montraient jamais vulnérables, et ont donné l’image d’un adulte fort, qui ne pleure pas, qui sait se débrouiller seul. Donc forcément, ça met une sacré pression aux enfants de la famille.

Dans ces contextes, le TCA peut devenir un repli, une tentative de dire « stop » à toutes ces attentes, tout en continuant à chercher une forme de maîtrise et de contrôle.

Une dynamique familiale inconsciente

Et justement, dans certaines familles, grandir est mal vu :

On valorise les enfants sages, on rejette les ados qui s’opposent. Dans ce climat, la maladie peut donc devenir un moyen inconscient de rester “le bon enfant”, celui ou celle qu’on protège encore. La maladie est une façon de ne pas prendre sa propre place.

 

Toutes ces explications possibles de la peur de grandir montrent que le TCA est un mécanisme de survie que le corps et le psychisme mettent en place… en attendant qu’il soit possible de vivre autrement, pour panser une blessure, un déséquilibre interne ou contextuel.

Ne pas grandir - Les fonctions affectives et identitaires du trouble

S’il y a une peur de grandir, c’est parce que lorsqu’on a un TCA (et pas que d’ailleurs), on voit souvent des avantages inconscients évidemment à ne pas grandir. Et parfois, le fait de prendre conscience de ces bénéfices secondaires, ça peut aider à voir la peur de grandir différemment.

Le TCA comme moyen de prolonger l’enfance

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Quand on souffre d’un TCA, en particulier d’anorexie, il y a souvent ce désir inconscient de figer le temps en quelque sorte.

  • Rester dans un corps lisse, sans formes, d’enfant
  • Ne pas manger comme les adultes, avec appétit et plaisir.
  • Se faire prendre en charge, surveiller, protéger, rester “fragile”

Ce sont des gestes qui miment l’enfance en quelque sorte. La maladie devient un moyen de refuser l’inéluctable : “Je ne veux pas devenir adulte. Je veux encore qu’on s’occupe de moi. Je ne suis pas prête à dire au revoir à l’enfance.” 

Dis comme ça, ça peut un peu déranger à entendre quand on est malade. Parce que je pense que certains vont voir ça comme “tu le fais exprès” mais évidemment c’est un processus inconscient. Et ce n’est pas par plaisir ni envie que vous souhaitez prolonger l’enfance. Il y a souvent des peurs plus profondes derrières ce mécanisme.

Je sais que ce n’est pas un choix. Quand j’étais dans la maladie, si on m’avait dit ça, je pense que j’aurai dit que personnellement, ça ne me concerne pas. Mais avec le recul, les thérapies que j’ai fait, je peux dire qu’en effet, mon TCA a été une façon de prolonger l’enfance ou du moins de ne pas quitter totalement l’enfance car j’avais encore des choses dans mon enfance qui n’était pas réglée et qui ne me permettait pas de passer “officiellement” à l’âge adulte en quelque sorte.

Le TCA comme lien d’attachement détourné

Dans certaines relations parent-enfant, surtout quand le lien est très fort, voire fusionnel, le trouble alimentaire peut fonctionner comme une tentative inconsciente de maintenir le lien à tout prix.

  • La maladie devient une façon de rester la petite fille ou le petit garçon fragile, vulnérable, dépendant, celle ou celui qu’on ne lâche pas, qu’on continue de protéger.
  • Le fait d’être surveillée, soignée, crée un cadre où l’amour est exprimé même si c’est par la maladie. Parfois, dans certaines familles, on n’exprime pas l’amour, on ne la démontre pas… sauf dans la maladie. Ce lien peut être si central que grandir donne l’impression de trahir ou perdre ses parents, de s’en éloigner émotionnellement (notamment la mère)

Et je parle ici de la mère car c’est très très très souvent que je retrouve ce lien fusionnel (ou parfois à l’inverse conflictuel) entre la maman et la personne malade. J’ai d’ailleurs prévu de faire un épisode de podcast sur le lien entre TCA et lien fusionnel avec la maman (attention, ce n’est pas un épisode pour blâmer les mamans !) 

Ce n’est pas une stratégie consciente, mais une dynamique affective, qui fait de la maladie une sorte de langage relationnel pour dire  “Je suis encore là, petite, regarde-moi, aime-moi.”

Le TCA agit alors comme un frein à la séparation : rester dépendant·e, en difficulté, pour ne jamais vraiment quitter le lien. Autrement dit : la personne malade se dit “si je m’en sors, si je deviens autonome, que restera-t-il du lien avec mes parents / ma mère ? Est-ce qu’on m’aimera encore si je n’ai plus besoin d’aide ?”

Et au plus la maladie dure, au plus la personne malade a inconsciemment associé l’amour à sa maladie, et a très peur de guérir car guérir voudrait dire mettre en danger cet amour voire perdre ce lien avec sa mère ou ses parents.

D’ailleurs, si vous ressentez qu’il y a quelque chose à travailler du côté de votre relation à vos parents, je vous conseille de lire le livre “Vos parents ne sont plus vos parents”. 

Le TCA comme refuge contre les responsabilités d’adulte

Echapper aux responsabilités

Assumer ses responsabilités, ça veut dire croire en soi, se donner le droit d’imposer ses choix, de décider, c’est accepter qu’on peut se tromper. Mais pour une personne qui doute profondément d’elle-même, comme une personne qui a des TCA, tout ça, c’est vertigineux. 

Quand l’estime de soi est fragilisée, quand on ne se sent ni compétent·e, ni légitime, ni “prêt·e”, les responsabilités paraissent insurmontables. Elles réveillent la peur d’échouer, d’être jugé·e, de décevoir. Alors, le trouble alimentaire devient un refuge.

Assumer des responsabilités, c’est penser qu’on est capable, qu’on sait faire des choix, qu’on sait se débrouiller seule. Mais quand on a grandi sans avoir confiance en soi, sans avoir été encouragé·e à essayer, à rater, à apprendre… ces mots font peur. Être adulte, ça paraît trop difficile. Trop grand. Trop risqué. Trop dangereux.

Alors la maladie devient un abri.
Quand on est malade, parfois, on se dit inconsciemment qu’on ne peut pas vous en demander de trop. On reste dans une zone connue.

Tant qu’on est malade :

  • On peut se retirer du monde sans que ce soit forcément perçu comme une fuite.
  • On peut dire “je ne peux pas”, “je suis trop fatiguée”, “je suis pas en état”… et c’est vrai, les autres en ont en quelque sorte la preuve.

En fait, la maladie donne quelque part des excuses qui sont acceptées car la personne est malade pour ne pas avoir à se confronter au monde adulte, à ses exigences et à l’inconfort de l’inconnu. Evidemment, tout ça c’est inconscient. 

Et face à ces peurs de ne pas savoir gérer ses responsabilités d’adulte, le trouble alimentaire devient un outil inconscient pour reprendre le contrôle :

  • Si je ne sais pas comment bien vivre… je vais au moins bien “gérer” ce que je mange, mon corps, mon poids.
  • Si tout est flou… au moins mes repas sont cadrés par mes rituels.
  • Si j’ai peur de l’échec… je m’enferme dans un terrain connu, que je maîtrise : les repas, l’alimentation..

Je ne juge pas, parce que vraiment, mon TCA a été une façon d’échapper aux responsabilités d’adulte. Et d’ailleurs, je dis ça, c’est une piste. ça ne veut pas dire qu’un TCA est là pour échapper aux responsabilités d’adulte. C’est vraiment une piste de réfléxion. 

Mais c'est un cercle vicieux...

La réalité, c’est que cette stratégique inconsciente du TCA comme un refuge, c’est en fait un abri qui finit par devenir une prison mentale.

Plus le trouble dure, plus il :

  • Empêche les expériences concrètes qui nourissent la confiance en soi (essayer, rater, apprendre, progresser).
  • Renforce l’idée qu’on ne sait rien faire, qu’on ne s’en sortira jamais, qu’on est “différent·e”.
  • Éloigne de la réalité : on ne prend plus part aux décisions, aux projets, aux échanges du quotidien.

Et on se retrouve dans une boucle :

Je me crois incapable → j’évite → je ne progresse pas → je me sens encore plus incapable.

Ce cercle vicieux alimente le sentiment d’être nulle, l’isolement, et parfois même une forme de honte : “Tout le monde avance sauf moi. Je suis à la traîne. J’ai gâché ma vie.” Alors on se replie encore plus… et la spirale continue.

Une clé pour briser ce cercle vicieux : Apprendre à ne pas être parfaite

L’une des clés, c’est de travailler sur votre perfectionnisme. Car cette peur de grandir est dû en partie au fait que tu te mets une pression de dingue de “grandir parfaitement”. Guérir, s’éloigner de cette peur de grandir, c’est oser faire des choses imparfaitement.

Guérir ne veut pas dire “réussir à vivre parfaitement dans tous les domaines de ta vie”.
Ça veut dire accepter de commencer petit, de faire de son mieux, même si ce n’est pas parfait, même si ce n’est pas fluide. L’objectif, ce n’est pas d’être une adulte irréprochable. L’objectif, c’est d’être une adulte bienveillante avec soi-même, qui se parle avec douceur quand elle apprend. Et l’objectif, c’est surtout d’être un adulte épanoui.

Autres formes de peurs liées à la peur de grandir

Grandir, c’est perdre l’illusion de contrôle

Quand on est enfant, on croit que les adultes savent. Qu’ils ont les réponses. Qu’ils gèrent. Puis, en grandissant, on découvre une vérité vertigineuse : Personne ne sait vraiment ce qu’il fait. Adulte, on peut être trahi, perdre un travail, perdre un proche, échouer sans le vouloir, faire du mal alors qu’on avait une bonne intention…

Et pour une personne angoissée, hypersensible ou marquée par un traumatisme, cette incertitude est insupportable. Quand on réalise que même les adultes n’ont pas le contrôle, on se sent perdu et on cherche à contrôler ce qu’on peut.

Le TCA donne l’illusion que tout est maîtrisé.

Mais grandir, au contraire, c’est accepter de ne pas tout contrôler et ça, ça fait très peur.

Grandir, c’est devoir jouer un rôle social

Pour beaucoup, grandir, c’est devoir enfiler un costume. Et ça, c’est en partie dû à la société qui met une grosse pression, et ce très jeune, quand on te demande à l’école de choisir très tôt ton orientation. On attend de toi que tu te définisses : un métier, une fonction, une performance.

Quand on devient adulte, on attend de toi que tu « entres dans le moule ».
Un moule fait de cases bien définies :

  • Avoir un CDI, un salaire stable, une carrière ascendante,
  • Trouver un·e partenaire, emménager, acheter, avoir des enfants,
  • Être productif·ve, organisé·e, sociable, poli·e, efficace, fiable…

Et face à ça, on peut ressentir une pression énorme.

Mais on va casser un mythe : la plupart des gens sont paumés. Même ceux qui ont des enfants, qui sont propriétaires… C’est que des costumes qu’on enfile ça, ça ne reflète pas la stabilité interne de la personne. 

Pour certain, le trouble devient alors un refus de participer à la pièce. Une façon de dire : “Je ne joue pas à ce jeu-là.”

Souvent, on a l’impression que l’adulte doit cocher toutes les cases.
Mais les cases, c’est toi qui les définis. Il n’y a pas de ligne officielle à suivre.
Il n’y a pas un modèle d’adulte valable pour tous.

Grandir, ce n’est pas jouer un rôle qu’on t’a écrit à l’avance.
C’est choisir tes propres règles, tes propres rythmes, tes propres priorités.
Et c’est normal que ça fasse peur : parce que ça implique de dire non à certains scripts, parfois même de décevoir. Mais c’est dans cette liberté-là que tu te rencontres vraiment.

Grandir, c’est s’approprier un corps sexué

À l’adolescence, le corps change. Il devient visible, attirant, jugé.
Et cela peut réveiller énormément de peurs : la peur d’être regardé, d’être désiré. Pour certain·es, ces transformations sont insupportables.
Alors, le trouble devient un moyen de figer le corps dans un état prépubère :

  • Pas de formes, pas de règles, pas de désir.
  • Un corps “enfant”, protégé de la sexualisation, du regard, du contact.

Dans de nombreux cas, ce rejet du corps sexué est lié à une expérience de violence, d’intrusion ou de peur du désir des autres.

Grandir, c’est devenir autonome affectivement

Certains ont peur de grandir, car grandir, c’est devenir autonome affectivement, ça veut dire savoir se rassurer soi-même, ne plus attendre d’un autre qu’il comble le vide, ne plus tout attendre de ses parents.
Pour certain·es, grandir signifie :

  • Ne plus être consolé·e,
  • Ne plus être attendu·e,
  • Ne plus être aimé·e de façon inconditionnelle.

Mais la réalité, c’est qu’être adulte ne veut pas dire qu’on doit tout porter seul·e. Même adulte, on peut trouver du soutien et du réconfort. On peut demander de l’aide. On peut partager ses vulnérabilités.

C’est important d’oser se confier à des proches, sans avoir peur d’être un poids, ni d’avoir peur de ce qu’ils vont penser. Quand on est sincère, transparent, quand on ose dire ce qui ne va pas, qu’on va pas bien, on ouvre souvent la porte à une humanité partagée. Souvent, les autres se reconnaissent et s’autorisent à se livrer aussi. Moi, c’est ce qui m’est arrivé. Quand j’ai accouché, j’ai été plongé dans une période très difficile, de profonde détresse. Et j’ai beaucoup communiqué (comme lorsque j’étais malade je communiquais beaucoup et c’était une force donc je vous la conseille même si je sais que c’est pas simple pour tout le monde). Mais pour reprendre l’exemple de mon post partum, j’ai pu échanger avec beaucoup de mamans qui m’ont dit avoir ressenti la même chose. Et ça m’a tellement rassuré de ne pas me sentir seule, “folle”.

Et si c’est trop difficile d’en parler à son entourage, il existe des psychologues et des thérapeutes prêts à vous écouter, sans jugement, avec bienveillance. Vous avez le droit de trouver une épaule, un espace sécurisant où déposer ce qui pèse trop lourd.

Grandir, c’est construire une identité, mais laquelle ?

Il y a aussi la question de trouver son identité. C’est assez centrale dans la guérison des TCA, car souvent on perd sa propre identité pour laisser place à celle de la maladie. Et la guérison, c’est retrouver sa propre identité. Mais tout comme grandir, c’est construire sa propre identité. ça prouve à quel point un TCA est lié à la peur de grandir.

Quand on est dans l’adolescence et même jusqu’à 20-24 ans je trouve, on est dans une période où l’on cherche son identité. Souvent on parle de l’adolescence vers 15 ans, mais personnellement je trouve que même à 20 ans, c’est pas encore stable tout ça dans notre tête, et c’est difficile de trouver qui on est. 

Et quand on vit avec un trouble alimentaire depuis longtemps, le trouble a pris toute la place : Il définit les habitudes, les pensées, les émotions, le corps. Il donne une structure à ta vie.

La guérison suppose donc une construction identitaire. Ce processus fait peur, parce qu’il confronte à un vide. Quitter le trouble, c’est te jeter dans l’inconnu de toi-même. Et en même temps, c’est aussi une page blanche où tu as tout à écrire, c’est toi qui décide, et rien n’est gravé dans le marbre. Dis-toi que tu écris au crayon de bois, et que tu peux gommer pour réécrire ce que tu veux.

Mais pour revenir sur le côté “construire son identité” en grandissant, je trouve que quand on est enfant, on porte une étiquette.
La gentille fille. Le bon élève. Celle qui sourit. Le petit sensible. Le discret.
Et cette étiquette peut nous enfermer, nous définir parfois même nous rassurer. Mais un jour, on sort du cadre familial, de la maison, de l’école… Et l’étiquette qu’on a n’est pas défini partout, et c’est à nous de définir qui on est. 

Et quand le trouble alimentaire entre en jeu, il vient souvent remplir ce vide d’identité. Il te donne une trajectoire. Des repères.

Quand j’étais malade, je pensais que l’anorexie m’aidait à cocher les bonnes cases.
À devenir cette “fille qui gère”, qui contrôle, qui brille. Mais en vérité, ce n’était pas moi. J’étais en train de suivre une voie qui ne me ressemblait pas. Je pensais que l’anorexie me permettait d’avoir une identité, d’avoir un pilier dans ma vie. Mais au final, en réalité, c’est avec elle que je me suis perdue.

Grandir, c’est oser déconstruire cette fausse identité, même si elle t’a tenu debout. ça fait peur. Mais c’est aussi le début de quelque chose. J’ai fait l’épisode de podcast 53 sur “Se reconnecter à la vraie vie pour guérir” qui peut vous donner quelques pistes intéressantes. Je sais que ça peut être frustrant car vous attendez peut être que je vous dise comment surmonter cette peur de grandir, comment faire. Mais la réalité, c’est que c’est un travail personnel, de chacun. Là je vous donne plein de pistes de réflexion pour semer des graines en vous. A la fin de l’épisode je vais essayer aussi de vous donner quelques pistes plus concrètes.

Pressions sociétales

Je voudrais faire un focus sur la pression sociétale, parce qu’elle joue un véritable rôle dans ta peur de grandir. Je vais notamment faire un focus sur la pression sociétale lorsqu’on est une femme. Sorry pour les hommes qui m’écoutent, mais comme c’est quelque chose qui me concerne et concerne 90% de ma communauté, je pense que c’est intéressant de faire ce focus.

On grandit dans une société. Une culture. Un monde qui envoie des signaux sur ce qu’est un adulte « réussi ».

Quand on est une femme, cette pression est d’autant plus forte je trouve. Après, je ne suis pas un homme donc je ne vis pas les choses comme un homme. Mais sans doute qu’il y a également de la pression pour les hommes.

Pour revenir aux femmes, même si les choses évoluent, beaucoup de normes restent encore très présentes :

  • Être une femme adulte, c’est souvent être attendue sur tous les fronts :
    avoir un métier stable mais pas trop prenant, s’occuper des enfants si on en a, organiser la maison, les repas, les papiers, rester féminine, fraîche, “présentable”. Et ça, depuis que je suis maman, c’est triste mais je le ressens d’autant plus !
  • Être une femme adulte, c’est parfois devoir sacrifier ou repousser ses désirs profonds pour cocher des cases : la maternité, la stabilité, le “bon moment”, le “bon âge”.

Et non, je ne dis pas que c’est plus dur d’être une femme. Mais pas loin.
Je parle simplement de mon ressenti, de ce que je vis dans mon corps, dans mon rapport au monde.
Et je sais que je ne suis pas la seule.

On parle peu de ce que ça fait d’avoir peur de devenir cette “femme parfaite” que la société projette sur nous, alors qu’on sait au fond de soi qu’on ne pourra jamais répondre à toutes ces attentes à la fois. Mais beaucoup de femmes essaient quand même (même moi je l’avoue)… quitte à s’épuiser. 

Dans ce contexte… le trouble alimentaire peut devenir un moyen de se retirer du jeu. De ne pas entrer dans cette course. Mais aussi, paradoxalement, un moyen d’essayer d’y entrer de force, en répondant à l’exigence du corps mince, de la fille parfaite, de celle qui contrôle tout.

Je serais curieuse de savoir ce que vous en pensez. N’hésitez pas à me dire 🙂

Peur de grandir : ce que j'aurai voulu qu'on me dise

Tu peux grandir… sans renier l’enfant en toi

La première chose c’est quelque chose d’important à garder en tête je trouve.

Parfois, on croit que grandir, c’est abandonner l’enfant qu’on a été. Mais non. Grandir, c’est pouvoir devenir l’adulte qu’on aurait eu besoin d’avoir à ses côtés. Moi, une phrase qui m’a beaucoup aidée, c’est :

« Deviens l’adulte que tu aurais eu besoin d’avoir à tes côtés enfant. »

On m’a envoyé un message qui montre une autre facette de cette peur de grandir. Cette personne me disait qu’elle n’a pas peur de devenir indépendante, mais qu’elle redoute plutôt de perdre l’étincelle de vie qu’elle associait à l’enfance. Dans son entourage, elle ne voit pas d’adultes vraiment épanouis. Pour elle, devenir adulte, c’est risquer de se plier à une vie routinière, sans spontanéité, sans grain de folie, où on reçoit moins de compassion.

Je trouve ça très important d’en parler, parce que grandir ne veut pas dire qu’on doit renoncer à cette part vivante et pétillante de nous. On peut être adulte et garder son âme d’enfant, continuer à rêver, à s’émerveiller et à demander du réconfort quand on en a besoin.

Il y a plein d’exemple d’adultes qui ont ce grain de folie sur les réseaux sociaux je trouve.

Tu n’as pas à être parfaite pour être adulte

L’adulte parfait que tu imagines n’existe pas. Personne ne maîtrise tout. Personne n’est solide tout le temps. Personne ne fait les bons choix en permanence. Grandir, ce n’est pas atteindre un idéal. C’est accepter d’apprendre en marchant, de faire des erreurs, de recommencer.

Et j’ai envie d’ajouter quelque chose d’essentiel que j’ai déjà dit précédemment, c’st que souvent, tu as peur d’être adulte alors qu’en réalité, je suis certaine que tu es plus adulte et plus responsable qu’énormément de gens qui sont beaucoup plus âgés et qui sont moins adultes que toi.

Tu peux rester protégée, même en grandissant

Tu crois peut-être que si tu avances, tu vas perdre la protection, la tendresse, l’attention. Mais la vérité, c’est que tu peux te construire un cocon intérieur.Tu peux apprendre à te sécuriser toi-même, à demander du soutien sans te rendre dépendante, à rester proche sans t’effacer. 

Mais en plus de ça, être adulte ça ne veut pas dire que tu perds de la sécurité. Même les adultes ont du soutien autour d’eux. Et même si beaucoup perdent foie en l’humanité, moi je vois très souvent des gestes de bienveillance envers les autres. J’ai un exemple très récent en tête. Quand j’ai accouché, mon psychisme a été plongé dans une phrase d’hypervigilance où j’allais très mal. J’ai demandé de l’aide sur un groupe Facebook de Lyon et j’ai eu énormément de messages de mamans bienveillantes, des mamans qui m’envoyaient régulièrement des messages pour me demander des nouvelles, des mamans qui me proposaient de passer chez moi pour m’apporter du soutien. 

Donc même en grandissant, même adulte tu auras du soutien autour de toi. À condition d’accepter cette aide. 

Tu peux choisir quel genre d’adulte tu veux être

Il n’y a pas qu’un seul modèle d’adulte. Tu n’es pas obligée de devenir une adulte froide, pressée, performante. Tu n’es pas obligé de devenir l’adulte que sont tes parents. Tu n’es pas obligé de devenir l’adulte que tes proches attendent que tu sois. Tu peux être l’adulte que tu veux. Tu peux être une adulte douce, créative, hypersensible. Une adulte qui doute, qui pleure, qui aime très fort. Tu peux inventer ta propre manière d’être adulte, une manière qui te ressemble.

Grandir, ça prend du temps

Encore une fois, accorde-toi de la patience. C’est quelque chose d’essentiel dans la guérison. Accorde-le-toi aussi dans le processus d’accepter de grandir. Tu n’as pas à te précipiter. Tu n’as pas à cocher des cases.
Tu peux prendre ton temps, faire demi-tour, recommencer. Grandir, ce n’est pas un sprint. C’est un chemin. Un chemin avec des pauses. Des détours. Et parfois, de très belles surprises. Ce n’est pas une ligne d’arrivée, c’est un chemin fait de petits pas. Et c’est pas une ligne tout droite, c’est pas un but ultime à atteindre, c’est quelque chose qui évolue en permanence. 

C’est parfois en étant loin de ses proches qu’on découvre ce qu’ils nous ont transmis

Parfois, on a besoin de s’éloigner de nos proches pour voler de nos propres ailes, pour grandir. C’est un choix que j’ai fait en changeant de département, en partant à plusieurs kilomètres. Et c’est pas pour autant que je suis moins proche. J’habite à Lyon, ma famille proche de Lille. Mais on se voit environ 1 fois tous les mois et demi. Et je les ai très souvent au téléphone, toutes les semaines. Mais le fait de partir loin, de quitter aussi l’environnement où j’ai été malade m’a aidé à voler de mes propres ailes.

Tu as peut-être peur de t’éloigner. De ta mère, de tes parents, de l’enfance.
Mais parfois, c’est en prenant un peu de distance qu’on découvre tout ce qu’on a reçu. Tu n’as pas besoin de rester tout près pour garder le lien.

Un exercice concret

J’ai peut être un exercice concret que j’avais fait à l’époque. Vous avez peut être déjà fait ce même principe par rapport à la maladie. En gros c’est de prendre une feuille (ou un carnet ou sur ton tel, bref) et de tracer deux colonnes.

  • Colonne 1 : Les avantages à être adulte
    Liste tout ce que tu aimes, ou pourrais aimer, dans le fait d’être adulte.
    Même les toutes petites choses.
    Par exemple :
    • Choisir mes horaires
    • Avoir mon chez-moi
    • Voyager où je veux
    • Créer mes propres traditions
    • Batir ma propre famille

 

  • Colonne 2 : Ce qui te fait peur dans le fait d’être adulte
    Liste honnêtement ce qui te bloque, te fait paniquer, te freine.
    Par exemple :
    • La peur de ne pas savoir gérer l’argent
    • La peur de faire des erreurs irréversibles
    • Le regard des autres si je ne fais pas “comme il faut”
    • L’idée de ne pas être à la hauteur
    • La solitude
    • La charge mentale
    • La responsabilité de mes choix

Les avantages t’aider à avancer. Les peurs vont te montrer ce qui demande à être exploré, adouci, accompagné.

Petit texte sur "être adulte"

J’ai envie de finir par un petit texte que j’ai retrouvé que j’avais écrit vers la fin de ma guérison.

Être adulte, c’est juste… être humain.

Être adulte, c’est accepter que tes parents peuvent mourir un jour.
C’est accepter que la vie a une fin, et que cette fin peut arriver n’importe quand.
C’est découvrir que certaines personnes font du mal sans raison, et qu’on ne peut pas toujours les arrêter.

Être adulte, c’est parfois vivre des injustices, perdre quelqu’un, aimer sans être aimé·e, faire des erreurs, devoir les assumer.
C’est se rendre compte qu’on peut blesser même sans le vouloir.
C’est être traversé·e de nostalgie, réaliser qu’un temps est révolu, que certaines choses ne reviendront plus.

Mais être adulte, c’est aussi être libre.
Libre de choisir ce que tu veux vivre, où tu veux vivre, avec qui.
C’est créer ta maison, ton cocon, ta manière d’exister.
C’est rêver pour de vrai, et parfois voir ces rêves se réaliser.

C’est savoir que tu n’as pas la vie dont tu rêvais à 10 ans…
mais peut-être une vie que tu préfères aujourd’hui.

C’est apprendre que le temps est précieux.
Que les erreurs ne sont pas des échecs, mais des tremplins.
Que tu peux pleurer, douter, demander de l’aide, ne pas savoir  et rester adulte quand même.

C’est découvrir qu’un adulte, c’est un humain.
Et qu’à n’importe quel âge, tu peux être vulnérable.
Et que c’est beau, aussi.

Être adulte, c’est clairement pas simple.

Mais même s’il y a des jours de pluie, des orages, des tempêtes… les jours de soleil existent.
Et comme on dit :
“Personne n’a dit que la vie serait facile. Ils ont juste dit que ça en valait la peine.”

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, Trouble du comportement alimentaire, 3 commentaires
Les mécanismes de résistance : Pourquoi ton cerveau résiste à la guérison

Les mécanismes de résistance : Pourquoi ton cerveau résiste à la guérison

Les mécanismes de résistance : Pourquoi ton cerveau résiste à la guérison

Vous le savez maintenant si ça fait un moment que vous me suivez, j’aime bien comprendre les choses pour avancer. Dans ma guérison, savoir, c’est ce qui m’a donné du pouvoir en quelque sorte. Et je trouve ça tellement important que c’est pour ça que je vous explique souvent beaucoup de choses, de concepts, de mécanismes dans la maladie.

Et aujourd’hui, j’ai envie de vous parler des résistances au changement. Les résistances au changement sont quelque chose de très courant dans n’importe quel processus psychologique ; ce n’est pas réservé à la guérison des troubles alimentaires. Ce n’est pas un manque de volonté. Ce n’est pas une faiblesse. C’est le cerveau qui fait son travail de protection. Pour vous expliquer tout ça, je vais donc commencer par vous parler de neuroscience.

Pourquoi le cerveau résiste au changement ?

Je le dis souvent, le corps est ultra intelligent. Et le but de ton cerveau, c’est de vivre, de te garder en vie. Pour cela, il a développé au fil de l’évolution des circuits neurologiques qui cherchent avant tout la sécurité et la prévisibilité.

Ce que le cerveau déteste entre autres :

  • Le danger (même symbolique, comme le changement ou l’inconnu)
  • L’imprévu

La conséquence ? Même si une habitude est douloureuse ou autodestructrice (comme la restriction alimentaire, les compulsions, l’hypercontrôle), si elle est répétée et connue, le cerveau la considère comme plus “sûre” qu’un changement. Il préfère rester dans un schéma toxique mais familier que s’aventurer dans l’inconnu, même si celui-ci mène à la guérison.

La neuroplasticité désigne la capacité du cerveau à former de nouvelles connexions neuronales au fil du temps. Cela signifie qu’il est toujours possible d’apprendre, de s’adapter, de se réparer.

Mais la neuroplasticité a un revers : le cerveau se renforce dans ce qu’il répète.
Autrement dit, plus un comportement est répété, plus les circuits neuronaux qui le soutiennent deviennent solides et automatiques. Par exemple : si chaque fois que tu ressens de l’angoisse tu te restreins, ton cerveau apprend : angoisse = restriction = soulagement. Il va donc automatiser ce réflexe pour “t’aider” à l’avenir.

Des chercheurs ont montré que même les pensées négatives ou les schémas comportementaux pathologiques peuvent devenir des “autoroutes neuronales” si on les renforce assez.

Chez les personnes souffrant d’anorexie mentale, des études d’imagerie cérébrale ont montré que certaines régions du cerveau (notamment le striatum et le cortex orbitofrontal) sont hyperactivées en réponse à des comportements restrictifs ou de contrôle, comme si ces comportements avaient été “surappris” par le cerveau (Kaye et al., 2013, Nature Reviews Neuroscience).

Le changement perçu comme une menace

Changer un comportement ancré, même si on le veut profondément, active les circuits de l’alerte dans le cerveau.

  • L’amygdale (centre de la peur) s’active face à tout ce qui ressemble à un danger.
  • L’insula (interneuronal sensoriel et émotionnel) capte l’inconfort intérieur, les signaux du corps, et participe à l’aversion face à certains ressentis (ex. : inconfort digestif, anxiété…).
  • Le cortex préfrontal (lié à la prise de décision, la régulation émotionnelle) est souvent sous-performant chez les personnes en restriction alimentaire sévère, ce qui rend la prise de recul et la flexibilité mentale plus difficile (Zhu et al., 2012, Biological Psychiatry).

Résultat : même si, rationnellement, on sait qu’on veut guérir, une autre partie du cerveau, plus archaïque, perçoit cela comme une prise de risque.

Donc pour résumer cette partie, le cerveau préfère les habitudes connues, même douloureuses, au changement inconnu. En effet, le changement active des circuits cérébraux associés à l’alerte, à l’inconfort, et à la peur. Donc, ce n’est pas un manque de volonté si tu ressens une résistance intérieure. C’est une stratégie neurologique de survie. Mais je te rassure, ce n’est pas irréversible. Ça ne veut pas dire que tu vas être bloqué toute ta vie avec ton TCA. Je t’en parle plus loin dans cet article de comment aider ton cerveau à surmonter ces mécanismes de défense. Mais c’est important de comprendre ça pour avoir conscience que tu n’es pas faible, et que c’est neurologique.

Concrètement, quels sont les mécanismes de défense dans les TCA ?

Dans la première partie, je vous ai expliqué la théorie, le pourquoi votre cerveau résiste aux changements. Et maintenant, je vais parler des mécanismes de défense dans les troubles alimentaires, soit concrètement, comment ça se manifeste. Et je pense que vous allez vous reconnaitre sur pas mal de ces mécanismes.

Un mécanisme de défense, en psychologie, c’est une stratégie inconsciente mise en place par notre esprit pour nous protéger d’une douleur psychique jugée trop intense. Ce n’est pas “de la mauvaise foi” : ce sont des stratégies de survie psychique, souvent héritées de l’enfance ou forgées dans des contextes douloureux.

Le déni

« Je n’ai pas vraiment un trouble. »
Le déni permet de ne pas affronter l’angoisse d’avoir un “problème” ou d’avoir besoin d’aide. Il protège l’image de soi.

La minimisation

« C’est pas si grave. Je mange quand même. »
Elle permet de rester dans la zone de confort, de ne pas changer, sans se sentir “hors-norme”. Elle évite d’avoir à affronter la douleur du constat.

L’intellectualisation

« Je comprends tous les mécanismes, donc ça va. »
Ici, on déplace la problématique sur un plan intellectuel, rationnel, pour ne pas ressentir les émotions. Le savoir devient un refuge émotionnel. Je vous dis souvent que c’est important de savoir, je l’ai encore dit en début de cet épisode, mais l’important est de ne pas s’arrêter au savoir.

Le clivage (ou pensée en tout-ou-rien)

« Si je mange un cookie, c’est que j’ai tout gâché. »
Ce mécanisme empêche la nuance, car la nuance est angoissante. Il permet de rester dans un monde binaire, plus rassurant. C’est noir ou blanc, pour éviter le flou.

Le mensonge ou la dissimulation

« J’ai dit que j’avais mangé alors que non. »
C’est souvent une tentative inconsciente d’éviter la honte, la confrontation ou la déception des autres. On protège l’image de soi et la relation à l’autre.

Ces mécanismes sont liés à une surcharge émotionnelle que le cerveau tente de réguler. Lorsqu’une émotion intense (peur, honte, colère…) surgit, l’amygdale s’active. Si le cerveau perçoit que cette émotion met en péril la stabilité psychique, il met en place ces défenses automatiques via des circuits déjà bien rodés.

Il ne faut pas voir ces mécanismes comme des ennemis : ce sont des stratégies qui ont un jour été utiles, parfois vitales. Et peut-être même qu’elles sont toujours utiles pour toi actuellement, mais que tu n’en as pas conscience.
Le problème n’est pas que ces mécanismes de défense existent, mais qu’ils s’activent encore, même quand ils ne sont plus adaptés à ta situation actuelle.

Par exemple : si, enfant, mentir permettait d’éviter la punition ou la honte, ton cerveau a intégré ce schéma comme “efficace”. Aujourd’hui, il continue de le proposer… même si tu es en sécurité.

Et l’enjeu c’est de faire comprendre à ton cerveau que tu es en sécurité. Et pour cela, tu as des thérapies comme l’EMDR pour aider ton cerveau à prendre conscience que ce qui appartient au passé n’est plus présent aujourd’hui.

Ce que tes résistances cherchent à éviter

Pour comprendre pourquoi certaines résistances sont si fortes, il faut regarder ce qu’elles essaient d’éviter en toi.

À un niveau conscient, tu veux peut-être guérir.
Mais à un niveau plus profond, ton cerveau archaïque (le cerveau limbique, émotionnel) peut percevoir la guérison comme :

  • Un saut dans l’inconnu
  • Une perte de repères
  • Une exposition à des émotions trop intenses

Résultat : il active des résistances pour t’épargner ce qu’il croit être insupportable.

Voici les émotions principales que ces résistances aux changements essaient de te faire éviter : 

La peur

Peur de grossir, de perdre le contrôle, de ne plus te reconnaître.
Ton trouble a parfois été un rempart face à l’anxiété. En sortir, c’est faire tomber ce rempart. Le cerveau, qui déteste l’incertitude, préfère rester dans un terrain connu.

La honte

Honte d’avoir un trouble, d’être “différent·e”, de ne pas y arriver, d’avoir repris du poids, d’avoir menti.

Le vide

Tu as peut-être construit une partie de ton identité autour du trouble.
Il t’a donné un cadre, des repères, des règles. En le quittant, tu peux ressentir un vertige existentiel : qui suis-je sans ça ?

Ce vide identitaire est souvent plus difficile à gérer que le trouble lui-même.
Les résistances sont alors un moyen de rester attaché·e à ce qui “remplit”.

La colère refoulée, la tristesse, les traumas

Certains comportements alimentaires permettent d’anesthésier ou de canaliser des émotions anciennes : colère rentrée, sentiment d’abandon, besoin d’amour non comblé. En sortant du trouble, ces émotions peuvent remonter à la surface, comme un couvercle qu’on soulève trop vite.

Résistance = “Je ne suis pas prêt·e à ressentir ça.”

Comment repérer ses résistances ?

Je vous le dis souvent, la prise de conscience est souvent la première étape indispensable. Parce qu’on ne peut pas travailler sur ce qu’on ne voit pas, ce dont on a pas conscience.

Les résistances ne sont pas toujours visibles ou identifiables d’emblée. Je vais donc te donner quelques conseils pour t’aider à en avoir conscience. Mais d’ailleurs, moi il y a certaines de mes résistances au changement que j’ai eu conscience en parlant avec mon psy, c’est lui qui m’en a fait prendre conscience.

Qu’est-ce qu’une résistance ?

Une résistance, ce n’est pas forcément un grand “non”.
C’est souvent une esquive discrète, un micro-sabotage, une fausse bonne excuse, un petit “plus tard” répété.

Voici quelques formes concrètes que la résistance peut prendre quand tu entames une démarche de guérison :

  • Rationaliser ce que tu fais :
    « C’est pas que je veux contrôler, c’est juste que je fais attention à ma santé. »
  • Repousser l’action à demain :
    « Je vais m’en occuper quand je serai moins fatigué·e / stressé·e / occupé·e. »
  • Surintellectualiser :
    Tu passes des heures à lire ou écouter des contenus sur la guérison… mais sans rien changer concrètement.
  • Minimiser ta souffrance :
    « C’est pas si grave comparé à d’autres. »
  • Faire semblant d’aller bien :
    Tu rassures tes proches, tu dis “ça va”, même quand ça ne va pas du tout.
  • Saboter tes petits progrès :
    Tu fais un pas en avant, puis tu “te punis” inconsciemment en revenant en arrière.

Là en m’écoutant, je pense que tu vas dire “ah mais oui j’ai des résistances en fait” et c’est NORMAL. Encore une fois, ça fait partie du process. Le but de ces résistances, inconsciemment, c’est de te protéger.

Souvent, les résistances apparaissent quand deux parties de toi s’opposent :

  • Une part veut avancer, guérir, lâcher le trouble.
  • Une autre a peur, doute, s’accroche à ce qu’elle connaît, même si ce sont des mécanismes qui te détruisent.

C’est ce tiraillement qui fait que lorsque tu souffres d’un TCA, tu as souvent l’impression de te battre contre toi-même. Et ce que tu ressens n’est pas de la faiblesse : ton cerveau est littéralement en train de traiter une dissonance cognitive. Quand tu es face à un choix qui remet en question un comportement ancré (comme ne plus te restreindre), ton cerveau entre dans une forme de tension appelée dissonance cognitive.Pour soulager cette tension, le cerveau choisit souvent la voie de moindre inconfort émotionnel : il nie, minimise ou repousse.

Pour t’aider à prendre conscience de tes résistances, tu peux te poser ces questions : 

  • Est-ce que je me trouve des excuses pour ne pas faire une action de guérison ?
  • Est-ce que je me surprends à dire “je veux guérir”, mais à agir à l’inverse ?
  • Tu peux aussi avoir des moments où tu sens que tu vas mieux, et que tu as envie de retourner à un moment de ta guérison où tu allais mal.

Comment faire pour faire face à ces résistances à la guérison ?

Maintenant que je vous ai parlé de ces résistances au changement, soit à la guérison, ce que c’est concrètement, comment potentiellement les repérer, comment elles se manifestent, on va passer à la partie plus concrète. Sur Norainnoflower, ce que j’aime apporter c’est du concret, des solutions, des choses à essayer, des pistes pour avancer vers la guérison parce que c’est ce que je manquais à l’époque où j’étais malade. 

Donc c’est parti !

Entraîner ton cerveau à la nouveauté

La bonne nouvelle, c’est que tu n’es pas bloquée advitam eternam à cause de ces résistances. Guérir c’est possible, j’en suis la preuve et je ne suis pas la seule, heureusement ! 

Comment cest possible ? Grâce à la neuroplasticité. Cette capacité de ton cerveau à former de nouvelles connexion neuronales tout au long de sa vie. Chaque nouvelle expérience, même minuscule, crée une micro-empreinte dans ton système nerveux.
Plus elle est répétée, plus elle s’ancre. Mais il ne faut pas attendre de “réussir à manger” ou de “lâcher prise” pour enclencher cette transformation neuronale.  Tu peux commencer hors du champ de l’alimentation, en activant d’autres voies.

Exemples de petites habitudes à créer (hors alimentation) pour entraîner ton cerveau à la nouveauté :

Ces actes n’ont rien à voir avec la nourriture, mais ils ont tout à voir avec ton cerveau.
Ils t’aident à réapprendre à sortir du contrôle, à faire de la place à l’inconnu, à créer de nouvelles associations positives.

  • Changer un détail dans ta routine quotidienne (ex : te brosser les dents avec l’autre main)
  •  Faire une activité créative sans objectif (dessin, collage, peinture…)
    → Développe la tolérance à l’imperfection 
  •  Prendre 2 minutes par jour pour respirer sans but (Diminue l’activité de l’amygdale)
  • Changer ton chemin habituel pour aller au travail, au sport, ou en balade
    → T’entraîne à sortir de l’automatisme.
  • Écouter une musique que tu ne connais pas et laisser ton corps réagir spontanément (mouvement libre, danse)
    → Stimule les zones liées à la spontanéité et à la joie corporelle.

Ces “petites nouveautés” nourrissent ton cerveau de sécurité dans le changement. Elles t’apprennent qu’on peut faire différemment… sans danger.

Accepter d’aller lentement

La guérison n’est pas un sprint. Et surtout pas dans un cerveau qui a longtemps utilisé des stratégies de contrôle, de rigidité ou d’évitement.

Aller lentement, c’est ce qui permet au cerveau d’intégrer réellement les changements.

Utiliser la visualisation pour reprogrammer ton cerveau

J’en ai déjà parlé parce que c’est quelque chose que j’utilisais dansa ma guérison. La visualisation est puissante puisque ce que tu imagines avec intensité, ton cerveau le traite presque comme une expérience réelle. Des études en neurosciences montrent que visualiser une action active les mêmes régions cérébrales que le fait de la faire réellement. C’est un levier très puissant de neuroplasticité.

Ce que ça veut dire pour toi : Tu peux t’habituer à la guérison, à la sécurité, au lâcher-prise avant même de les vivre réellement, en les visualisant régulièrement. Moi je m’imaginais littéralement guérie, comment mes proches seraient fière, ce que je ferai comme activité, je m’imaginais “comme si je n’avais plus aucune peur”.

La co-régulation

On guérit dans le lit, pas dansl’isolement. Et c’est là qu’intervient un mécanisme fondamental : la co-régulation. La co-régulation, c’est ce processus naturel par lequel le système nerveux d’une personne s’apaise au contact d’un autre système nerveux calme et bienveillant. Ce n’est pas “dans la tête”. C’est physiologique. C’est pour ça que parfois aller chez le psy fait du bien parce qu’on est face à un être humain calme, qui ne juge pas, qui écoute. Parfois, ça fait la même chose quand on est avec une personne de confiance. Et à l’inverse, parfois on se sent tendu sans trop savoir pourquoi en compagnie de certaine personne qui n’ont pas un système nerveux apaisé on va dire. 

La co-régulation repose sur un mécanisme clé : le nerf vague ventral.
C’est une branche du système parasympathique, activée quand on se sent en sécurité sociale (regards doux, voix posée, contact physique rassurant, ton chaleureux).

Quand ce nerf est activé, il :

  • diminue le rythme cardiaque et la respiration
  • détend les muscles
  • désactive les réponses de stress ou de fuite
  • active les zones du cerveau liées à la connexion sociale et au plaisir (aire tegmentale ventrale)

Je vous en avais déjà parlé brièvement dans mon épisode hors série où je vous parlais des choses que j’avais mises en place pour sortir d’une période très difficile.

Donc en gros : la présence d’un autre qui est calme peut calmer ce que seul·e, on n’arrive pas à apaiser.

Quand on lutte contre un trouble alimentaire ou un traumatisme, le corps est souvent en mode survie.
Le cerveau se méfie, anticipe le danger, se replie. Il résiste. Il évite. Il se protège. Dans cet état-là, il est très difficile de se rassurer seul·e.
Parce que le système nerveux est déréglé, trop activé, ou au contraire figé. La co-régulation vient alors comme une bulle de sécurité. La co-régulation ça peut être un véritable outil pour aider à apaiser les résistances à la guérison. 

Comment activer la co-régulation dans sa vie ?

ça passe par des choses simples :

  • Se faire prendre dans les bras
  • Entendre une voix calme 
  • Partager un rire
  • Écouter une voix apaisante (oui, même en podcast)

Chaque fois que tu vis ce type d’expérience, ton cerveau apprend une chose nouvelle : “La sécurité existe. Je peux relâcher le contrôle.”

Le contact sensoriel

Quand on parle de résistance à la guérison, on imagine souvent un blocage “psychologique”.Mais en réalité, la résistance est souvent corporelle. D’ailleurs, parfois ça peut se voir physiquement, car tu peux parler de quelque chose en ayant les bras croisés, les jambes croisés… C’est ton corps qui parle pour indiquer qu’il est fermé à cette idée.

Et c’est là que le contact sensoriel positif devient un outil clé. Ce type de contact stimule l’insula, une zone du cerveau qui gère la perception des ressentis internes (faim, chaleur, douleur, confort, émotions…). Quand tu te masses les mains ou que tu sens une odeur réconfortante :

  • Tu donnes à ton cerveau des signaux concrets de sécurité
  • Tu actives ton système parasympathique (celui qui calme et répare)
  • Tu crées des associations de plaisir déconnectées de la nourriture ou du contrôle

Et moi quand j’étais malade, une psychiatre m’avait dit que c’était important de prendre le temps chaque jour de se passer de la crème sur le corps délicalement. Et je ne comprenais pas pourquoi c’était si important mais en faisant cet épisode je comprends mieux. 

Concrètement, ça ressemble à quoi ?

  • Te masser les mains avec une crème que tu aimes
  • T’envelopper dans une couverture ultra douce
  • Marcher pieds nus sur un sol moelleux, un tapis, une moquette
  • Te passer une huile essentielle sur les poignets 
  • T’asseoir au soleil pour sentir la chaleur sur ta peau
  • Prendre une douche chaude en te concentrant sur les sensations

Toutes ces expériences réinforcent la connexion entre ton corps et ton cerveau. Le contact sensoriel positif vient rééduquer ton système nerveux.
Il te dit : “Tu peux ressentir… sans danger. Tu peux exister dans ton corps… sans souffrance.”

Le mouvement libre

Souvent, dans les TCA, le mouvement est associé à la performance, à la punition, à un moyen de s’autoriser de manger ou compenser un repas. Mais il existe une autre façon de bouger. Et cette forme-là, on l’appelle le mouvement libre.

Le mouvement libre (danse spontanée, marche intuitive, étirements doux) stimule plusieurs zones cérébrales :

  • le système sensorimoteur (relié à la conscience du corps et à sa position dans l’espace)
  • le cerveau limbique, siège des émotions
  • les circuits de libération émotionnelle et de plasticité neuronale

L’étude de Koch et al. (2014) sur la danse-thérapie montre que :
→ Le mouvement spontané, sans but esthétique ou sportif, réduit significativement les symptômes dépressifs, le stress, l’anxiété
→ Il renforce la régulation émotionnelle et le sentiment d’ancrage corporel

Tu ne bouges ni pour maigrir, ni pour réussir, ni pour mériter quoi que ce soit. Tu bouges juste pour te reconnecter. Moi ce que je faisais c’est que je mettais de la musique à fond dans ma chambre et je bougeais mais sans faire de la danse pour faire du sport, c’est vraiment du mouvement doux, pour “t’abandonner” en quelque sorte. 

C’est te balancer doucement, fermer les yeux, t’étirer mais sans chercher à forcer, c’est juste faire des mouvements doux pour prendre soin de ton corps. Te laisser danser n’importe comment, faire des mouvements fluides, amples. Aucune performance. Aucune règle.

Le mouvement libre te permet de reprendre contact avec ton corps en douceur. Il rééduque ton système nerveux à bouger sans se faire violence

La cohérence cardiaque

Face à une résistance au changement, ton corps perçoit la guérison comme un danger : un espace inconnu, sans contrôle, sans repères. Et face à l’inconnu… il se crispe. Pour calmer cette alarme, tu n’as pas besoin de “te forcer à aller mieux”. Tu as besoin de réassurer ton système nerveux. Et l’un des moyens les plus simples, les plus puissants, les plus prouvés scientifiquement, c’est… la respiration. Je suis sure que tu en as déjà entendue parler. a cohérence cardiaque, c’est une respiration rythmée, lente, régulière, volontaire.

Par exemple :

→ 5 secondes d’inspiration

→ 5 secondes d’expiration

Ce rythme synchronise le cœur et le cerveau. Et ce faisant, il envoie au système nerveux un signal de sécurité profonde. Selon Thayer et al. (2012), la cohérence cardiaque :

  • Apaise l’amygdale (le centre de la peur dans le cerveau)
  • Active le nerf vague (volet du système parasympathique qui calme le corps)
  • Améliore la régulation émotionnelle
  • Réduit le cortisol, l’hormone du stress

Les comportements de résistance apparaissent souvent quand le cerveau se sent menacé. Mais quand tu pratiques la respiration consciente, tu envoies un message opposé à ton corps : “Tu es en sécurité. Tu peux te détendre. Il n’y a pas de danger ici.” Et plus tu répètes ce message, plus ton système nerveux apprend à faire confiance.Il n’a plus besoin de résister.

Il existe des applications pour t’aider à faire la cohérence cardiaque, comme l’appli Respire (c’est celle que j’utilise). Et tu peux programmer des alertes pour te rappeler de le faire. Je te conseille de le faire au moins 2-3 fois par jour.

Voilà, j’arrive sur la fin de mon épisode. J’espère qu’il vous a plus. J’aime beaucoup parler des mécanismes du cerveau, de la neuroplasticité, de la science et du lien avec le corps et mental, je trouve ça personnellement passionnant. J’espère que ça vous a plu ! Encore une fois n’hésitez pas à me faire un retour, j’y mets beaucoup de temps, d’investissement, d’énergie. Donc n’oubliez pas de me laisser une note sur votre appli d’écoute sur Spotify ou Apple Podcast, ça me soutient énormément. Merci pour votre écoute et à bientôt !

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, Trouble du comportement alimentaire, 2 commentaires
Pourquoi les aliments sucrés / gras / industriels t’attirent (et pourquoi ce n’est pas grave)

Pourquoi les aliments sucrés / gras / industriels t’attirent (et pourquoi ce n’est pas grave)

Pourquoi les aliments sucrés / gras / industriels t’attirent (et pourquoi ce n’est pas grave)

Il y a une phase dans la guérison qui arrive souvent et qui fait peur lorsqu’on la traverse. Autant pour la personne elle-même que pour les proches (qui ont vu la personne passer d’une restriction stricte à une attirance pour tout ce qui est plus sucré, plus gras, industriels. Donc ils ont peur car ils ne savent pas comment gérer.)

Et puis, souvent, lorsqu’on est dans la restriction pure et qu’on a ces envies (et qu’on les consomme ou non), la peur qui se cache derrière aussi c’est : “Est-ce que je ne vais pas tomber dans l’autre extrême ? Est-ce que je ne risque pas de tomber dans la boulimie ? L’hyperphagie ?”

Franchement, je comprends parce que tout simplement je l’ai vécu ! Je suis passée par cette période. Période qui peut être plus ou moins longue, qui peut être là de façon constante, en fond ; ou alors qui peut venir, repartir, revenir.

Dans cet épisode, je vais donc vous dire ce que j’ai appris assez tard dans ma guérison et que j’aurais aimé savoir lorsque je traversais cette période. Parce que OUI, c’est normal d’être attiré par ces aliments-là et ce n’est même pas grave, au contraire. Tu en as besoin. Donc je vais t’expliquer tout ça.

Déjà, je vais commencer par te dire quelque chose, parce que si ça se trouve tu as lu ou entendu des contenus provenant de la culture du régime te disant n’importe quoi : NON, ce n’est pas un manque de volonté, de la faiblesse, de la gourmandise, de l’ennui.

Il faut remettre les choses dans leur contexte. Tu souffres d’un trouble alimentaire. Ce que tu vis est donc une réponse logique, biologique, et temporaire à une période de restriction.

4 raisons pour lesquelles tu es attiré par ces aliments :

#1 - Ton corps a une dette

En te restreignant, tu as accumulé une dette dans les catégories d’aliments que tu t’es interdit. À cause de cette restriction, ton corps manque d’énergie, de sucres, de graisses… et il le sait. Toi tu connais tout ce que tu manges dans ta journée. Lui il connait tous les aliments et catégories d’aliments dans lesquels tu as une dette énergétique.

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C’est comme quand tu as été en apnée sous l’eau trop longtemps : quand tu remontes, tu prends une énorme bouffée d’air puisque tes poumons sont vides, soit en quelque sorte ils sont endettés. Et ensuite seulement, ta respiration redevient naturelle. Tu ne respires pas à coup de grandes respirations pour toujours. 

Avec la nourriture, c’est pareil :
Ton corps est attiré par ce dont tu as été privée, puis tu il va se réguler naturellement, à condition de ne plus restreindre.

Donc c’est une réponse biologique, normal, logique de ton corps et surtout c’est TEMPORAIRE.

#2 - Plus tu interdis, plus tu y penses

Les aliments que tu considères comme “malsains” sont ceux que tu t’interdit. Ton cerveau les classe comme “rares”, “dangereux”, donc… ultra désirables. C’est le même principe que pour un enfant : si on lui dit de ne pas toucher, biensûr qu’il va toucher. 

Donc au plus tu t’interdis ces aliments, au plus ton cerveau va être attiré. 

Et si tu vis des compulsions sur ces aliemnts, si tu as des pensées obsessionnelles dessus… ce n’est pas une perte de contrôle, c’est une réponse à la privation.

#3 - Ton corps choisit ce qui lui coûte le moins d’effort

Pendant une restriction, ton corps a moins d’énergie à allouer à ta digestion. Ton système digestif ralentit. Tes enzymes digestives sont en pause, ton estomac fonctionne au ralenti.

Et je te le dis souvent, le corps est intelligent : Il préfère une barre au chocolat à une assiette de brocolis croquants. Parce ça lui demande moins d’énergie à digérer et ça lui rapporte plus vite. Les légumes, les fruits sont plus difficiles à digérer pour lui, même si ça parrait dingue. Il va là où il y a retour sur investissement : calories disponibles + digestion facile.

Tous les aliments ne demandent pas le même effort de traitement :

✅ Une barre de chocolat :

  • Est pauvre en fibres, donc demande peu de mastication et peu de fermentation intestinale.
  • Contient des glucides simples et des graisses, rapidement assimilables sans processus digestif complexe.
  • Est plus riche pour un petit volume, donc efficace pour l’organisme.

🚫 Une assiette de légumes :

  • Contient beaucoup d’eau et de fibres insolubles, ce qui demande un travail digestif plus long et plus énergivore (mastication, brassage gastrique, fermentation dans le côlon…).
  • Offre peu de calories pour un gros volume → beaucoup d’effort pour peu de retour.
  • Peut entraîner des ballonnements ou un inconfort si le système digestif est affaibli.

👉 Résultat : ton corps choisit ce qui lui demande peu d’énergie pour un maximum de gain. C’est une logique de survie, pas de gourmandise.

#4 - Tant que tu crois que ces aliments sont "mauvais", tu resteras piégé

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Il ne suffit pas de réintroduire certains aliments. Il faut aussi changer ton regard sur eux.

Tant que tu penses qu’un aliment sucré ou gras est “mauvais”, ton corps et ton cerveau ne se sentiront jamais en sécuritéquand tu le mangeras.
Tu culpabiliseras, tu tenteras de compenser, tu replongeras dans le contrôle.

C’est justement pour ça que j’ai écrit mon nouveau livre : Déconstruire les croyances erronées du TCA
Un livre outil pour t’aider à remettre en question ce que tu crois savoir sur la nourriture, et construire une relation plus apaisée à la nourriture et à ton corps.

Pourquoi ce n’est pas grave (et c'est même important) de manger ces aliments pendant la guérison ?

Beaucoup de personnes s’inquiètent en guérison :”Je mange trop de sucre”,”Je ne mange que des choses transformées”…

Moi j’avais sincèrement peur quand j’étais malade. J’étais passée de manger des pommes et des légumes à manger énormément du sucre. Et même mes parents étaient débousolés. Ils ne savaient pas si c’était normal. Donc comme je l’ai expliqué juste avant : c’est normal et temporaire. Mais je vais même te donner d’autres arguments pour t’expliquer que ce n’est même pas grave.

Tu as besoin de manger ce que tu veux, vraiment.

La guérison ne peut pas avoir lieu si tu continues à vivre dans la peur de certains aliments, si tu continues de te restreindre. Le fait d’être attiré par ces aliments, ça va t’aider à les réintroduire, à travailler dessus. Moi je dis souvent que ma période de faim extrême m’a sauvé la vie car elle m’a forcé à réintroduire tous ces aliments qui me faisaient peur. C’est comme ça que j’ai fini par travailler dessus pour en avoir moins peur. Et sache qu’au plus tu t’y confrontes, au moins ton cerveau en aura peur car ils vont perdre de leur caractère “rare” et “interdit”. Ton corps va comprendre que tu lui fais confiance et que tu l’autorises à manger ces aliments. Là, ça te semble peut être très loin cette relation, mais c’est possible. ça demande du temps, beaucoup de temps et de confrontation avec ces aliments, mais tu finiras par y arriver. Je suis la preuve vivante que c’est possible. J’avais peur d’un tas d’aliments gras, sucré… donc je me suis interdit quand j’étais malade. Puis j’ai tout réintégré, notamment durant ma période de faim extrême. Avec le temps, les confrontations, en luttant contre la compensation… j’ai fait un travail d’acceptation. Aujourd’hui, je n’ai plus aucun aliment interdit. Je peux garder du chocolat chez moi, un gâteau… sans être focalisé dessus, sans le finir absolument dans la journée, sans en avoir peur. 

Maintenant, je mange ce que je veux, quand je veux. Mais je suis passée par cette étape où j’en avais peur. Mais garde en tête quand tu les manges que ça fait partie du process : tu dois t’y confronter car manger ce que tu veux et surtout ce qui te fait envie fait partie de la guérison. 

Tu as besoin de calories, pas juste de vitamines.

90 % des besoins de ton corps pendant la récupération, ce sont… des calories. Le mot calorie fait peur, mais ça veut surtout dire que tu as besoin d’énergie. Car les calories, c’est de l’énergie, du carburant. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas absolument regarder les aliments en terme de vitamines qu’ils t’apportent, de nutriments. 

Ton corps doit :

  • réparer tes organes
  • restaurer ta masse osseuse
  • rétablir tes hormones
  • relancer ton cerveau en quelque sorte

Et ça, ce n’est pas les brocolis vapeur qui le font. C’est davantage l’énergie qui se trouve dans un muffin au chocolat. 

Les aliments sucrés et gras sont parfois les plus adaptés

C’est ce que je t’expliquais en première partie.

Tu es fatigué(e), ballonné(e), ralenti(e) ?
C’est normal en période de guérison.
Et non, les salades ne sont pas la solution. Trop d’eau, trop de fibres, trop difficile à digérer.

En revanche :
✅ Une part de gâteau
✅ Une tartine beurrée
✅ Des pâtes au fromage
… sont faciles à digérer, réconfortants, et caloriquement denses.
Parfait pour relancer ton système.

L’alimentation de guérison n’est pas l’alimentation de ta vie

C’est quelque chose que j’aurai aimé qu’on me dise. Ce qui te fait envie maintenant, en guérison, ce n’est pas ce que tu mangeras toute ta vie. Par exemple, quand j’étais malade, j’étais très attirée par tout ce qui était sucré, quasiment toute ma journée. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. 

Rassure-toi : cette phase est temporaire.

Plus tu te donnes vraiment la permission,
plus ton corps va naturellement retrouver ses envies variées, y compris des fruits, des légumes, des aliments plus simples.

Le plaisir fait partie de la santé – mentale et physique

On parle souvent de la nourriture pour ce qu’elle apporte au corps : vitamines, protéines, bons nutriments…
Mais on oublie que l’alimentation est aussi là pour nourrir ton mental, ton cœur, ton lien au monde.

Un plat réconfortant, un chocolat chaud un jour de pluie, des frites partagées avec un(e) ami(e)…
Ce n’est pas “inutile”. C’est vital.

Le plaisir alimentaire n’est pas un bonus : c’est un besoin humain fondamental.

Voilà, j’ai terminé mon article. Je suis assez contente car j’aurai vraiment aimé qu’on me dise tout ça à l’époque, donc j’espère qu’il va sincèrement aider. Faites-moi un retour si c’est le cas, c’est important pour moi. Je passe beaucoup de mon temps, de mon énergie parce que j’ai l’envie de vous aider, mais de ce fait, avoir des retours me fait du bien. Je te rappelle une dernière fois que tu ne fais pas “mal” Tu ne “manges pas n’importe comment”.
Tu es en train de réapprendre à vivre. Et pour ça, ton corps a besoin d’énergie alimentaire, de carburant, de plaisir, et de liberté. Pas d’un nouveau contrôle déguisé en “alimentation saine” ou “rééquilibrage alimentaire”.

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Faim extrême, Mieux connaître, Peur du poids, 2 commentaires
Le burnout de la guérison des TCA

Le burnout de la guérison des TCA

Le burnout de la guérison des TCA

Aujourd’hui, je voudrais vous parler du “burnout de la guérison” dans les troubles alimentaires. Alors, c’est pas un concept officiel. Je veux dire que c’est un peu moi qui ait donné ce nom là au phénomène que je vais vous expliquer. Mais en discutant avec pas mal d’entre vous, je remarque que c’est quelque chose de courant. Dans cet article, je vais donc vous expliquer ce que c’est, vous donner les causes et surtout des choses à mettre en place si vous vous retrouvez dans le burnout de la guérison.

Qu’est-ce qu’un burnout de la guérison ?

Le burnout de la guérison s’apparente à un burnout classique, mais dû à la guérison des troubles alimentaire, dû à votre lutte contre le trouble alimentaire. 

Souvent, vous avez : 

  • la sensation de ne plus avancer dans votre guérison
  • l’impression d’avoir un tas de choses sur lesquelles travailler pour guérir
  • l’impression de ne pas savoir par quoi commencer, sur quoi travailler 
  • vous ressentez un épuisement mental, vous êtes fatigués de vous battre
  • vous perdez la motivation et surtout l’espoir qu’une guérison est possible
  • vous remettez en question vos propres progrès dans la guérison
  • vous avez cette sensation d’être à bout d’énergie, de ne plus en pouvoir
  • vous pouvez avoir des idées noires, la sensation qu’aucune autre issue est possible

Bon, si vous ressentez tout ça, déjà, je vous invite à écouter mon épisode de podcast qui s’appelle “Si tu n’as plus espoir… écoute ça !”, c’est l’épisode 25. 

Ensuite, je vais vous dire une chose, c’est assez courant de passer par cette phase et c’est pas anormal. Je vais vous expliquer tout ça quand je vais lister les causes. Mais en tout cas, la solution n’est pas d’abandonner, de répondre à ses idées noires. Si vous en avez, vraiment, ne restez pas seul et parlez en autour de vous, à des professionnels ou à des proches. Mais je vous assure que j’ai eu ces idées noires, je me suis demandée dans mon parcours de guérison si la meilleure solution ne serait pas de tout arrêter et NON je vous assure qu’une vie après les TCA existe. Aujourd’hui, je n’ai plus de restriction, plus de compulsion, mon poids et mon corps ne sont plus une obsession. J’ai une vie saine avec une relation saine et j’ai un petit bébé depuis 3 mois ; et clairement, je n’aurai pas tout ce bonheur dans ma vie si j’étais toujours dans les TCA. Donc la vie sans TCA c’est possible et ça vaut le coup de se battre.

Il faut que vous sachiez que cette période est normale dans la guérison des TCA et que vous ne pourrez pas ne pas ressentir d’émotions négatives et de désagréments, ça fait malheureusement partie de la guérison. La guérison est inconfortable, mais surtout au début. Avec le temps et en avançant, vous ressentirez de plus en plus les effets positifs de la guérison. Mais c’est vrai que c’est difficile de guérir des TCA car on ressent d’abord et pendant un moment des sensations d’inconforts et d’impression de mal faire. Et comme je dis très souvent, quand vous avez la sensation de mal faire, c’est que vous faites bien, parce que vous luttez contre votre trouble alimentaire. Quand c’est “facile” au début, c’est que vous répondez à votre TCA, c’est que vous êtes encore dans le contrôle.

Les causes du burnout de la guérison

Je vais vous parler des causes de ce burnout pour que vous puissiez comprendre que vous êtes légitimes de ressentir ce burnout. Et parfois comprendre le pourquoi aide à mettre des solutions en place.

La guérison d’un TCA est épuisant

Déjà, vous ne vous rendez pas compte que vous luttez contre la maladie mentale la plus difficile, ou du moins l’une des plus difficiles. Un trouble alimentaire c’est épuisant. Et la guérison vous demande des efforts qui requièrent beaucoup d’énergie : se challenger sans cesse, affronter ses peurs, gérer les pensées négatives toute la journée et même la nuit, aller à l’encontre du poison que représente le TCA pour votre cerveau. En plus de ça, la conséquence du TCA se reporte sur l’alimentation, or tu ne peux pas éviter l’alimentation puisque tu en as besoin pour vivre. Et les repas occupent une place importante dans notre société, dans notre vie sociale, notamment en France. Et qui plus est, la société d’aujourd’hui est baignée dans une culture du régime, donc en plus de lutter contre ton trouble alimentaire, tu te prends des bâtons dans les roues à cause de cette culture du régime. 

Donc évidemment, lutter contre un TCA est épuisant et tu ne te rends pas compte à quel point tu es une guerrière (un guerrier) de te battre contre cette maladie. 

Les conséquences du TCA épuisent

Souvent, un TCA t’amène à te sous-alimenter, et à faire de l’hyperactivité. Je ne parle pas forcément de faire du sport, mais je parle de cette activité constante que tu as aussi dans ta tête : de tout calculer, tout réfléchir, toutes les questions que tu te poses, tous ces TOCS imposés par ton TCA. Tout ça, c’est énormément de stress et d’activité mentale et dans beaucoup de cas aussi physique… Donc les comportements imposés par ton TCA t’épuisent aussi.

La pression personnelle que tu te mets

Beaucoup des personnes qui souffrent de TCA ont un niveau d’exigence envers elle-même très élevé. Certaines personnes se mettent une pression monstre pour guérir avant telle date, ou pour telle personne. Si tu te mets une pression de guérir pour quelqu’un ou avant une date ou avant une certaine étape de ta vie, tu vas te mettre une grosse pression. 

Peut-être que tu essaies aussi d’avoir une guérison parfaite. C’est-à-dire que tu sais que certains font des rechutes, n’y arrive pas de façon linéaire, mais tu te dis que toi, tu vas te renseigner à fond pour éviter tout ça. Sauf qu’une tentative de guérison parfaite est impossible. Vouloir une guérison sans rechute et sans faux pas n’est pas réaliste. Cette exigence envers soi-même peut engendrer une pression énorme et mener au burnout de la guérison.

La pression des proches

Parfois les proches, sans même s’en rendre forcément compte, mettent une pression parce qu’ils n’aiment pas te voir mal. Alors quand tu es avec eux, tu te sens comme obligée de montrer que tu vas mieux, que tu avances dans ta guérison. Et leurs regards te met une pression supplémentaire. Parfois, tu veux leur faire plaisir, ne pas les décevoir, notamment s’ils payent pour ta thérapie par exemple. Donc ça, ça représente une pression supplémentaire.

Le syndrome de l’objet brillant

Une autre raison de cet épuisement, c’est peut-être parce que tu as le syndrome de l’objet brillant. Le syndrome de l’objet brillant, c’est un biais psychologique qui pousse une personne à être constamment attiré par de nouvelles solutions ou de nouvelles stratégies.

Donc dans le cadre de la guérison des TCA, ça peut être le fait d’être en quête perpétuelle de la solution miracle. Ça peut être le fait de lire un tas de livre sur la guérison mais sans jamais mettre en place de solutions concrètes. Ça peut être d’enchaîner les thérapies sans prendre le temps de ressentir les effets de chacune. Le syndrome de l’objet brillant, ça peut être aussi d’être incapable de s’engager sur le long terme dans une thérapie parce que chaque nouveauté, chaque nouveau thérapeute semble être meilleur. 

La pression des comptes recovery

Une autre cause du burnout de la guérison, ça peut être la pression que tu ressens avec les comptes de recovery sur Instagram. Et quand je parle de compte recovery, ça peut être les comptes des personnes malades qui font un compte guérison, mais ça peut aussi être les comptes des gens guéris, comme moi j’ai un compte. Je sais que les comptes de professionnels aussi se développent de plus en plus. Alors c’est bien parce que ça partage des conseils et des infos importantes pour ta guérison. Mais parfois, il y a une nouvelle forme de pression qui peut se développer par rapport à ça : la peur de rater une info qui pourrait aider, la peur de rater le post qui donnerait les bons conseils. Et donc vous allez parfois passer des heures à lire plein de posts, à rechercher des informations pour vous aider mais vous sentir finalement assommé sous la quantité d’information que vous avez lue sans rien en retirer. 

J’en ai déjà parlé quand je parle des réseaux sociaux, mais le fait d’être constamment plongé dans le sujet de la guérison sur Instagram ou sur TikTok, bah ça fait que vous ne vous changez pas les idées. Parfois, vous ne pensez peut-être pas à votre TCA ou à votre guérison, vous vous connectez sur les réseaux et BIM, vous avez un post qui vous fait penser à ça alors que votre but, c’était de vous changer les idées. La quantité d’information sur les TCA sur les réseaux peut représenter une oppression pour vous et être contre productif pour votre guérison à certains moments. Avoir trop d’informations sur la guérison peut submerger et donner l’impression de ne pas savoir par où commencer.

Et encore une fois, je sais que mon compte Instagram a pu représenter une oppression pour vous à certains moments. Et c’est d’ailleurs pour ça que je fais cet article de blog. Parce que parfois je dis aussi des choses dans mes podcasts, je parle des éléments à travailler pour guérir par exemple. Mais quand je me mets à votre place (parce que j’ai littéralement été à votre place il y a quelques années), et bien je me dis qu’en fait, ça peut plus oppresser qu’aider. Peut-être que parfois, je vous donne des pistes à suivre pour guérir et vous ça vous perd plus qu’autre chose parce que ça vous donne beaucoup d’informations à emmagasiner. Je ne sais pas, c’est une supposition… Mais c’est pour ça que je fais cet article pour aussi vous donner des solutions pour relativiser et prendre du recul dans votre guérison. 

Les solutions à mettre en place

Je viens donc de vous lister toutes les causes possibles du burnout de la guérison. Après, il y a peut-être d’autres raisons qui vous sont propres. Mais maintenant je vais vous donner quelques pistes pour vous aider à prendre du recul si vous ressentez ce burnout de la guérison. 

Se donner du temps

La première chose à faire, c’est vraiment de se donner du temps pour guérir. Parce que oui, la guérison va prendre du temps. J’ai pris 7 ans à en sortir totalement. Si je vous dis que vous allez prendre des années, ça va être démotivant, clairement. Mais j’ai connu des mieux déjà avant. Et quand je dis 7 ans, c’est aussi le nombre d’années où j’étais malade. Parce que pour moi, la guérison commence le jour où vous tombez malade en quelque sorte. Parce que souvent, il y a une petite période de déni où l’on ne fait rien, mais très vite, on se remet en question, on réfléchit à essayer de manger plus, on tente de comprendre ce qui ne va pas. Enfin je pense. 

Et en tout cas, pour moi, il ne faut pas se donner un délai, une deadline de temps. Il faut se dire “on verra chaque jour à la fois”. Parce que si vous vous dites “cet été il faut que je sois arrivé à tel stade de ma guérison”, vous allez ressentir une pression énorme. Parce que la guérison ne dépend pas de votre volonté. Et la guérison des TCA est un processus long. Moi, je me souviens que je me mettais une pression de dingue notamment pour sortir de mes compulsions alimentaires. Et un jour je me suis dit “c’est tout, tu as toute ta vie pour guérir”. Et je le pensais vraiment, je me disais que dans tous les cas, passer une vie à tenter de guérir, c’était mieux qu’une vie à être malade. Et le fait de me dire ça, ça m’a comme enlevé un poids, et à partir de ce moment-là, la guérison a été finalement plus vite. 

Se concentrer sur soi

ça c’est un conseil qui vaut pour tout dans la vie. Oui, c’est intéressant d’aller écouter des récits de guérison pour s’inspirer. Je reçois beaucoup de messages me disant que mon podcast aide donc je me doute que ça doit aider et c’est d’ailleurs pour vous aider que je fais tout ça. Mais trop se comparer peut être contreproductif. Je le répète très souvent mais je vais encore le dire : concentrez-vous sur votre propre chemin de guérison. Vous n’êtes pas obligé de tester tout ce que j’ai testé moi pour guérir, ou tout ce qu’une autre personne a testé pour guérir.

Voir les échecs autrement

Le mot “échec” fait peur. Souvent, quand on est perfectionniste (et je le suis donc je sais de quoi je parle), le mot échec est terrifiant. On veut tout faire pour éviter les échecs. Mais je vais vous dire, j’ai eu un tas d’échec dans ma guérison : 

  • Toutes les fois où j’ai pris des alternatives healthy plutôt que l’aliment qui me faisait envie, et que donc ça se terminait en compulsion
  • Toutes les fois où je suis allée me restreindre pour finalement compulser 
  • Toutes les fois où je suis allée m’épuiser au sport
  • Toutes les fois où j’ai tenté un nouveau type de régime ou un nouveau programme sportif pour me sortir de mon TCA
  • Toutes les fois où je me concentrais sur la mauvaise cause de mon TCA

Bref, j’ai fait un nombre incalculable d’erreurs. Mais c’est en faisant ces erreurs que j’ai compris ce que mon corps avait besoin, que j’ai compris le pourquoi de ma maladie, que j’ai compris les mécanismes du TCA. C’est en faisant tous ces faux pas que j’ai pu guérir.

Oui, vous allez faire des erreurs, c’est inévitable. Mais autant le savoir, ça enlève un sacré poids de se dire “je sais que je vais faire des erreurs”. Je vais même vous dire : vous avez besoin de faire des erreurs dans votre guérison pour ajuster votre chemin de guérison en quelque sorte. 

Donc faire des erreurs est bénéfique. Voyez le vraiment comme ça parce que ça l’est sincèrement. 

Si quand vous testez un nouveau conseil, vous savez que potentiellement, vous n’y arriverez pas, ça enlève une charge émotionnelle à ce que vous essayez. Si, par exemple, vous tentez d’introduire un aliment qui vous fait peur. Mais qu’au final, vous le prenez mais vous finissez par vous restreindre après (donc c’est un faux pas en avant). Et bien, vous saurez qu’en effet, ce n’est pas la bonne solution, mais ce n’est pas grave car les échecs comme ça font partie de la guérison. Si la guérison était aussi facile que de faire que des pas en avant sans jamais rencontrer de difficulté, je n’aurais pas un podcast sur le sujet. Et guérir serait bien plus facile. 

Et encore une fois, dans ma guérison, 98% du temps j’ai essayé et 2% du temps j’ai réussi. Mais c’est les 98% du temps où j’ai essayé qui m’a surtout aidé à guérir. Parce que même si en finalité votre défi n’est pas accompli, vous aurez essayé donc montré à votre cerveau qu’il existe un autre chemin que celui de votre trouble alimentaire. 

Quelque chose qui m’aidait aussi, c’était de me dire “je fais de mon mieux avec les ressources que j’ai actuellement”. Ne vous en voulez pas si vous n’arrivez pas à surmonter un défi. Vous ne le faites pas exprès d’être malade, ce n’est pas votre faute et vous faites de votre mieux.

Augmenter votre apport alimentaire & réduire l’activité physique

Alors, ce conseil, je sais très bien qu’il est bien plus facile à dire qu’à faire. Mais je me dois de vous le dire. Au plus vous augmenterez votre apport alimentaire, au plus vous donnerez de l’énergie à votre corps, à votre cerveau pour lutter contre le TCA. La culpabilité que vous ressentez quand vous mangez, c’est parce que manger est un médicament qui lutte contre le TCA. Je vais faire une comparaison osée. Mais les chimios ont pour but de guérir, pourtant elles rendent malade la personne qui la subit. Et bien c’est un peu pareil pour vous quand vous mangez. Ça vous met mal mais en réalité, c’est ça qui peut vous aider à guérir. 

Et même chose, l’activité physique vous fatigue. Même si vous avez l’impression que ça vous donne de l’énergie, que vous vous sentez mieux une fois que vous l’avez fait. En réalité, c’est votre TCA qui se sent mieux parce que vous avez répondu à ses volontés. Donc oui, au plus vous allez réduire l’activité physique, au plus vous allez gagner de l’énergie.

Après, je l’ai déjà dit dans un autre épisode, mais au début, c’est complément normal que vous ressentez plus de fatigue qu’avant. Parfois, certaines personnes me disent qu’elles se sentent plus fatiguée depuis qu’elles sont en guérison. En fait, c’est parce qu’avant, votre corps concentrait le peu d’énergie qu’il recevait sur votre survie, sur faire battre votre cœur, faire fonctionner vos poumons, etc. Si vous le nourrissez davantage et que vous faites moins de sport, vous avez plus d’énergie. Donc votre corps n’a plus besoin de concentrer l’énergie que sur votre survie, il va prendre toute cette énergie pour l’allouer à la reconstruction de votre corps, à la réparation de tous les dommages qui ont été causés par votre TCA. Donc toute votre énergie est allouée à ça et c’est pour ça que vous avez la sensation d’être plus fatigué. Mais c’est temporaire. 

Prendre des compléments alimentaires

Vous pouvez aussi vous donner un coup de pouce en prenant des compléments alimentaires. C’est pas la peine de multiplier les cures. Le plus important en cas de fatigue et de stress, c’est le magnésium. Celui de chez Nutri&co a la meilleure composition. Il y a le Rhodiola qui, comme le magnésium, va venir réguler la production de cortisol (l’hormone du stress) et régule le système nerveux. Je sais que chez Nutri&Co, ils font un pack anti stress où il y a les deux.

Soigner son sommeil

Le sommeil, c’est vraiment un allié dans ta guérison. Quand tu dors mal (ou pas assez), tout est plus dur : gérer tes émotions, faire face aux pensées TCA, etc. 

Tu peux essayer de mettre en place des petites choses :

  • Éviter les écrans juste avant de dormir (même si c’est tentant)
  • Te créer une mini routine calme le soir (douche chaude, lecture, lumière douce…)
  • Te coucher à peu près à la même heure (ton corps adore les habitudes)

Faire une pause dans sa vie professionnelle

Ensuite, je vous conseille également si vous le pouvez de faire un aménagement de votre vie professionnelle ou vie scolaire. Vous n’êtes pas faible parce que vous avez besoin d’un aménagement. C’est temporaire et vous êtes malade. Vous avez besoin de concentrer le peu d’énergie sur vous et pas sur votre travail. Et je sais que beaucoup des personnes qui souffrent de TCA sont des gros bosseurs, que ce soit à l’école ou dans le monde professionnel. 

J’ai dédié un épisode de podcast sur ce sujet, l’épisode 16 où je réponds à la question “faut il faire une pause dans sa vie pour guérir de son trouble alimentaire ?”. Après, c’est vraiment du cas par cas, et chez certaines personnes, le travail représente un moteur et une source réelle de bien-être. Mais si vous avez conscience que c’est un facteur de stress, ça vaut le coup de demander un mi-temps thérapeutique ou un aménagement de ses cours. Moi j’étais en école de commerce et en alternance losrque j’étais au plus fort de ma maladie, et j’ai eu un mi-temps thérapeutique et un allégement de mon programme scolaire. Et ça m’a été primordial. 

Avoir des projets à long terme

Je vous ai souvent parlé de faire une bucket list. Une bucket list, c’est la liste des choses que vous voulez faire au moins une fois dans votre vie. Faire une bucket list ça peut vous donner des objectifs de vie long terme, des choses sur lesquelles vous rattacher, des choses sur lesquelles vous pouvez rêver, vous évader. Moi personnellement, ça a été important de me référer souvent à cette liste, de la relire, pour me rappeler de mes projets de vie.

Faire une pause de thérapie

Si vous avez la sensation de ne plus avancer dans votre thérapie, vous pouvez aussi faire une pause. Si vous êtes à une période difficile de votre vie, je vous conseille pas plus d’un mois la pause. Mais si vous avez besoin de plus longtemps; prenez quelques mois. J’ai récemment fait ça (parce que oui, j’ai toujours une thérapie, non plus pour les TCA mais pour mon anxiété on va dire). Et à un moment, j’ai arrêté la thérapie en pensant que mon thérapeute n’était plus le bon pour moi, pour mes problématiques. Mais en fait, j’avais juste besoin d’une pause pour me recentrer sur moi, pour respirer un peu et prendre du recul. Donc n’hésitez pas à prendre une pause si vous avez besoin de 2-3 mois. Et parlez en avec votre thérapeute quand vous avez la sensation de ne plus avancer. Il ou elle ne le prendra pas mal, c’est leur métier. Ils pourront vous guider et donner leur propre point de vue.

Faire des activités ressourcantes

Un autre conseil, ça va être d’avoir des activités qui sont ressourçantes pour vous. Je parle souvent de mandala, coloriage, peinture au numéro… mais ça peut être n’importe quoi. Quelque chose qui est créatif ou pas. Mais quelque chose qui vous fait du bien, et si possible, autre que du sport. Le but est que cette activité vous apaise le cerveau, vous aide à mettre en pause votre cerveau. 

Limiter son utilisation des réseaux sociaux

Ensuite, par rapport aux réseaux sociaux, si vous ressentez de la pression face aux contenus recovery : je vous conseille de limiter votre utilisation des réseaux sociaux. Ou alors d’avoir un compte recovery et un compte personnel. Comme ça, quand vous ne voulez pas voir de contenus concernant votre TCA, vous allez uniquement sur votre compte personnel.

Ne pas viser l’objectif où vous n’aurez plus du tout de TCA

Ensuite, un autre point important, c’est de ne pas viser à atteindre tout de suite la guérison totale. La guérison totale existe et elle est possible. Mais si vous cherchez à atteindre ça tout de suite, les pas vont vous paraître être des pas de géants avant de les atteindre. La guérison c’est vraiment des tout petits pas et il faut vous fixer de petits objectifs réalisables. 

Equilibrer vie personnelle & guérison

Tout comme dans la guérison d’un burnout professionnel, l’idée est de retrouver un équilibre entre vie personnelle et vie (pas professionnelle) mais vie de guérison on va dire. Si toute la journée vous ne faites que penser à voter guérison, si tous les jours vous vous donnez des défis, si tous les jours ou tous les 3 jours même vous vous challengez, c’est un rythme énorme. Accordez-vous du temps, accordez-vous des jours de repos en quelque sorte. 

Je sais que ton cerveau perfectionniste aimerait tout réussir bien : écouter tous les podcasts, réussir chaque repas, ressortir des choses de chaque séance avec ton thérapeute, faire des exercices de développement personnel, utiliser des outils de gestion de tes émotions… Sauf que t’es pas un robot, t’es humain. Tu as le droit de faire des pauses. Tu as même le droit de ne pas penser à tout ça pendant quelques jours. Tu ne vas pas empirer ta guérison si pendant quelques jours tu t’autorises à couper un peu de la mentalité guérison. Et franchement, faire des petites pauses va t’aider justement à prendre du recul. 

Parfois, tu es peut être tellement plongé dans la guérison que tu oublies de vivre tout court.

Si tu suis plein de comptes Insta/TikTok sur les TCA, que tu lis 1000 choses sur la guérison, que tu fais des to-do list pour ton suivi… c’est top, mais ça peut vite te submerger.

Tu peux faire un petit tri :

  • Garde 2-3 ressources qui te font vraiment du bien
  • Arrête de suivre les comptes qui te mettent la pression (même s’ils sont bien intentionnés)
  • Allège tes routines si elles deviennent étouffantes (genre 6 pages de journal tous les soirs… non)

Souligner ses petits pas

On a tendance à ne voir que ce qui reste à faire… et à zapper tout ce qu’on a déjà accompli.

Mais chaque petit pas compte. Même si t’as “juste” réussi à manger un goûter, ou à ne pas te peser aujourd’hui, ou à parler de ton ressenti sans culpabiliser… c’est énorme.

Tu peux noter chaque soir une petite victoire (même minuscule, même juste te le dire dans ta tête, sans noter). Tu peux tenir un “cahier des fiertés” par exemple que tu relis quand tu as l’impression de ne pas avancer. 

On arrive à la fin de cet article. J’espère que je t’ai aidé à relativiser si tu te retrouves dans ce burnout de la guérison, et à comprendre pourquoi tu es en burnout. J’espère t’avoir donné quelques pistes pour t’alléger et t’aider à redescendre la pression. N’oublie pas que la guérison c’est pas un sprint, c’est un marathon. L’importance c’est de tenir sur la durée, pas d’aller vite. Si tu vas vite, c’est un risque d’avoir une guérison qui n’est pas consolidée et c’est un risque de rechuter dans quelques mois ou quelques années. 

Et l’idée c’est vraiment de vous apporter de la bienveillance. Demandez-vous ce que vous diriez à une autre personne en guérison qui vous partagerez le ressenti que vous avez. Demandez-vous ce que vous diriez à une personne que vous aimez et qui ressentirait la même chose que vous. Souvent, on est toujours plus difficile avec soi-même, donc faire cet exercice peut vraiment aider. 

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, Trouble du comportement alimentaire, 0 commentaire
La restructuration cérébrale : Une étape clée de la guérison (souvent oubliée)

La restructuration cérébrale : Une étape clée de la guérison (souvent oubliée)

La restructuration cérébrale : Une étape clée de la guérison (souvent oubliée)

Si vous me lisez depuis un moment, vous m’avez forcément déjà entendu parler de ce que je m’apprête à parler dans cet article.

C’est une partie de la guérison que j’ai découverte finalement assez tard car on ne me l’avait pas expliqué auparavant. Alors que pourtant, elle est pour moi indispensable.

Vous le savez, la guérison est pluridisciplinaire : il y a le côté nutrition, acceptation corporelle, psychologique, physique si vous avez connu une perte de poids… mais il y a une dimension très importante, sous-jacente à tous ces points, il s’agit de la restructuration cérébrale.

Alors, qu’est-ce que c’est la restructuration cérébrale ?

J’en ai déjà parlé dans plusieurs articles où je vous explique que votre cerveau créé des croyances au travers de vos pensées et actions. Et avec le TCA, voire même par votre enfance ou par la société, vous avez emmagasiné un grand nombre de croyances qui sont erronées. Je vous donne un exemple : si devant une quantité de nourriture, vous avez ressenti du stress, vous avez cherché à compenser ou à vous restreindre par la suite, et que devant une faible quantité vous vous sentez plus en contrôle et rassuré ; alors votre cerveau a intégré la croyance suivante : la quantité de nourriture est un danger, il faut que je me limite à des petits apports. Et au plus vous répétez les actions où vous vous restreignez après une plus grande quantité prise, ou plus vous répétez les repas où vous mangez une petite quantité, plus cette croyance est renforcée.

Donc forcément, vous avez un paquet de croyances erronées, notamment si ça fait un moment que vous avez un TCA.

Mais je vous rassure, tout le monde a des croyances erronées. Et nombreuses d’entre elles nous sont inculquées par la société, donc sont communes à énormément de personnes.

Pourquoi déconstruire ces croyances est essentiel pour ta guérison ?

Quand on souffre d’un TCA, il y a les comportements visibles : la restriction, les compulsions, l’hyperactivité, les obsessions…

Mais derrière chaque comportement, il y a souvent une ou plusieurs croyances erronées.

Je vous donne des exemples : 

  • La peur de reprendre du poids.

Oui tu as peur de reprendre du poids. Mais tu n’as pas juste peur de reprendre du poids. Ton TCA te persuade que tu es en danger si tu reprends du poids parce que tu as les croyances suivantes : 

  • Si je reprends du poids, je ne pourrai plus plaire
  • Si je reprends du poids, je risque de ne pas m’arrêter d’en prendre
  • Je n’aime pas mon corps maintenant, mais je ne l’aimerai pas non plus avec plusieurs kilos en plus
  • Si je reprends du poids, je ne rentrerai plus dans les cases de la société
  • Si je reprends du poids, je ne vais pas me reconnaître, pas savoir qui je suis

 

Un autre exemple : tu as peur de manger.

Mais tu as peur de manger car tu as énormément de croyances erronées qui empêchent de remanger librement.

Je te donne des exemples de croyances : 

  • Les aliments faibles en calories sont sains. Il faut éviter ceux qui en contiennent beaucoup
  • Le sucre fait grossir, je dois le supprimer
  • Ce qui est industriel est mauvais
  • Il ne faut pas manger de pain si je mange déjà des féculents en accompagnement
  • Manger par gourmandise, ce n’est pas bien
  • Le beurre et l’huile ne servent à rien à part faire grossir
  • Il faut manger léger le soir car on va dormir ensuite

Et il y en a de nombreuses autres croyances erronées que vous avez sur l’alimentation.

Toutes ces croyances sont tellement ancrées en toi, tellement automatiques qu’elles viennent à toi presque sans que tu ne t’en aperçoives. Tant que tu as toutes ces croyances erronées, et que tu ne les déconstruis pas, tu ne pourras pas aider ton cerveau à guérir.

 

Ces croyances maintiennent la maladie.
Même quand on veut guérir, même quand on commence à changer ses comportements… si la croyance reste là, elle ralentit ou sabote les efforts.

Exemple personnel : Pendant longtemps, je pensais que si je prenais du poids, j’allais jamais m’arrêter d’en prendre. Même quand j’avais envie d’aller mieux, cette pensée me tirait en arrière.

La guérison demande donc plus que de manger à nouveau ou d’arrêter de se peser.

Elle demande de désactiver ces fausses vérités qui pilotent tes choix, souvent inconsciemment.

Comment faire pour les déconstruire ?

La première chose pour déconstruire ces croyances erronées est de prendre conscience que tu les as. Mais souvent, ça ce n’est pas forcément le plus difficile. Le plus difficile, c’est de déconstruire ces croyances erronées en donnant des arguments pour les contrer. Ces arguments, ce sont des arguments qu’on pourrait dire “sains”, qui vont contre la maladie. Le problème, c’est que lorsqu’on souffre de TCA, on est tellement baigné dans l’univers de la maladie, qu’on a du mal à trouver des arguments non biaisés par la maladie. Aussi, on a tellement parfois tellement cru une croyance erronée depuis longtemps qu’on ne sait même pas qu’elle est fausse ou illogique. 

Les TCC (thérapies cognitivo-comportementales) sont très efficaces dans le traitement des TCA et notamment pour déconstruire les croyances erronées. J’en ai moi-même fait une. Et ça m’a clairement aidé. Mais finalement, on a surtout vu certaines croyances erronées générales sur la maladie, mais ce n’était pas en profondeur. Je veux dire que je n’ai pas déconstruis les croyances que j’avais sur l’hyperactivité, sur l’alimentation, sur ma façon de manger, sur l’apparence, sur la prise de poids, sur la guérison en général.

Et clairement, à l’époque où j’étais malade, j’aurais eu besoin d’avoir un tas d’arguments pour contrer la maladie, à relire, à recopier, à me redire pour me rassurer. 

J’ai créé cet outil

Bon, je vais enfin en venir à ce que je voulais vous dire. 

J’ai enfin créé cet outil que j’aurais voulu avoir à l’époque pour déconstruire les croyances erronées du TCA.

En gros, il y a quelques mois, c’était il y a plus d’un an, je n’étais qu’au début de ma grossesse et j’ai lancé un sondage. Peut-être certains d’entre vous s’en souviennent. Je vous avais demandé toutes vos croyances erronées. Et là j’ai reçu un sondage rempli par plus de 200 personnes qui me donnaient toutes leurs croyances erronées. Et là je me suis dit “wow, vraiment, les croyances erronées polluent la guérison”. Et j’ai pris conscience que c’est quelque chose qu’on parle pas souvent, qu’on met de côté ou du moins on dit “il faut les déconstruire” mais sans donner de concret. 

Et donc ça fait plusieurs mois que je travaille sur un nouveau livre (vous le savez, j’ai une passion pour créer des livres). J’ai clairement très peu de temps depuis que j’ai mon petit Victor dans ma vie. Mais ce livre me tenait tellement à coeur parce que vraiment, à l’époque, ça m’aurait tellement aidé.

Dans ce livre, j’explique comment déconstruire les croyances erronées et surtout, je donne 140 fiches de croyances que je déconstruis. Que ce soit sur l’hyperactivité, votre identité, la guérison en général l’alimentation, la comparaison, les TOCs, la reprise de poids, l’apparence… 

Et je m’appuie sur des faits scientifiques, des explications cohérentes et logiques pour donner des arguments qui vont contrer la maladie. 

Ce livre, ça peut être un outil que vous lisez de temps à autre, selon la fiche qui vous intéresse, pour baigner votre cerveau d’arguments sains, capable de contrer la maladie. Ou vous pouvez l’utiliser dès que vous culpabilisez, vous vous référez au sommaire en choisissant la croyance qui cause votre culpabilité. Derrière chaque moment de culpabilité, il y a forcément une croyance erronée. 

Vraiment, ce livre m’aurait tellement rassuré à l’époque. Je suis vraiment ultra contente de l’avoir fait. Je pense qu’avec mon roman autobiographique, c’est le livre dont je suis le plus fière. C’est un véritable outil de thérapie cognitive.

Dans chaque fiche, j’explique d’où peut provenir la croyance (ce qui aide énormément pour comprendre le point de départ), je donne des arguments pour la contrer, et je donne la croyance saine à adopter en réponse (ces croyances saines sont comme des mantras).

Pour finir

Honnêtement, le mieux c’est que vous regardez dans la description, je vous mets le pdf du sommaire de toutes les croyances erronées. Et je suis certaine qu’en lisant le pdf, vous allez vous reconnaitre. Vous me direz, ça m’intéresse de savoir 🙂 Ce livre est dispo sur mon site.

Sache que ton TCA n’a pas cassé ton système de croyances. 

Tu es simplement enfermé·e dans un système de croyances qui, à force d’avoir été répétées, ont laissé une trace dans ton cerveau.

Mais voilà ce que j’aimerais que tu retiennes aujourd’hui : Ton cerveau est plastique.
Il peut se modifier, se reprogrammer, se réorganiser.
Ce qu’on appelle la neuroplasticité, c’est la capacité du cerveau à créer de nouvelles connexions, à désapprendre des schémas nuisibles et à en apprendre de plus sains.

Chaque fois que tu identifies une croyance erronée…
Chaque fois que tu choisis de penser autrement,
tu poses une brique dans un nouveau chemin neurologique.

Et ce sont ces petites briques, répétées jour après jour, qui construisent la guérison.

 

Mon livre (Déconstruire les croyances erronées du TCA) est disponible en format livre physique seul, en format pdf (ebook) ou en box take care. La box take care c’est plus en format limité. C’est le livre physique dédicacé avec 5 cadeaux aléatoires pour seulement 3€ de plus. Dans les cadeaux, il y a des bagues, des tatouages éphémères, des stickers de santé mentale, des chouchous, des stylos, etc. 

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Pourquoi je n’arrive pas à m’arrêter de manger le soir ?

Pourquoi je n’arrive pas à m’arrêter de manger le soir ?

Pourquoi je n’arrive pas à m’arrêter de manger le soir ?

C’est une question que je me suis posée lorsque je souffrais de troubles alimentaires, et je sais que c’est une situation que beaucoup d’entre vous rencontrent. J’avais donc envie de vous parler de mon vécu, des causes possibles et surtout des solutions que vous pouvez mettre en place pour dépasser cette situation.

Tu n'es pas seul-e

Déjà, sache que si tu le lis et que tu te retrouves dans le cas où toi aussi, tu as des compulsions le soir, tu n’es pas seul. Malheureusement, beaucoup de personnes connaissent ça ! Je l’ai donc vécu personnellement quand je souffrais d’anorexie.

J’en ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog, j’ai souffert de compulsions alimentaires pendant plusieurs mois, étalés sur plusieurs années et les fois où j’avais le plus de compulsions, c’était le soir, chez moi, seule ou parfois même à des événements extérieurs.

Alors, qu’est-ce que j’entends par le fait de ne plus réussir à s’arrêter de manger le soir ? Je ne parle pas du fait de se resservir de son plat une fois. Je parle du fait de terminer son repas, mais reprendre une pomme, puis un yaourt, puis un gâteau, puis du pain, et encore du pain, et encore un autre yaourt. Et parfois faire plusieurs aller-retours vers le frigo. Parfois ouvrir un placard et ne prendre qu’un gâteau, puis y retourner et prendre un deuxième, puis y retourner et prendre la moitié du paquet, pour finalement finir la totalité quelques minutes plus tard. Parfois ces crises se font debout, très vite, en culpabilisant… Je parle de ces moments de compulsions.

Quelles sont les causes des compulsions le soir ?

Cause n°1 : La restriction

La première cause la plus fréquente, c’est tout simplement la restriction. J’en ai déjà parlé à de nombreuses reprises sur Norainnoflower, notamment quand j’ai parlé de la faim extrême. Et d’ailleurs, je vous invite à lire l’article de blog où je parle de l’expérience de la famine dans le Minnesota, où j’explique que c’est biologique : un corps restreint va compulser pour se rattraper, parce qu’il a tout simplement besoin d’énergie. Et oui, même les jours où vous vous êtes reposés, même les jours où vous n’avez pas bougé. Votre corps a besoin d’énergie en permanence pour vous faire vivre. Dites-vous qu’une personne alitée, dans le coma, on lui administre des calories pour maintenir son corps en vie et continuer de faire fonctionner ses organes. 

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Donc si vous vous restreignez, votre corps peut compulser pour simplement rattraper la dette d’énergie que vous accumulez en vous restreignant.

Quand je parle de restriction, ça peut même simplement être de la restriction mentale. Par exemple, il est possible que vous vous autorisez à manger à chaque repas, mais peut-être que vous mangez en vous disant “il ne faut pas que je mange trop de ça”. Ou alors, vous cuisinez sans matières grasses, vous choisissez toujours les options les moins caloriques, vous prenez des moitiés, des petits bouts de… tout ça, c’est de la restriction en fait. La restriction dans les troubles alimentaires est parfois très subtile. Parfois on s’autorise à le manger mais en se disant “c’est qu’aujourd’hui parce que j’ai fait x séance de sport”, ou “c’est la dernière fois”. Ça aussi, c’est de la restriction.

Cause n°2 : Le besoin d’un réconfort

Lorsqu’on souffre de troubles alimentaires compulsifs, on parle souvent de ce besoin de réconfort, de combler un vide, un manque par de la nourriture.

Peut-être, et sans doute qu’il y a des cas où c’est la cause. Mais vraiment, retenez que la première cause, c’est quand même la restriction. 

Après, oui, beaucoup de personnes qui souffrent de TCA sont des personnes anxieuses. Le stress, l’anxiété, la fatigue accumulée peuvent mener à des compulsions pour “se réconforter”. Mais j’insiste en disant que la première cause, notamment lorsque vous vous restreignez, c’est la restriction. Pourquoi j’insiste là-dessus ? Parce que, parfois, on va se focaliser sur l’anxiété. Et de ce fait, on va mettre en place des exercices de respiration, de pleine conscience, de méditation au moment des crises pour les éviter. Et ça ne fonctionne pas, parce que dans bien des cas, le problème est plus biologique : c’est-à-dire que c’est dû à la restriction. Donc, vous aurez beau essayer de vous déstresser, de méditer… votre corps est lui en état de stress intense car il n’a pas assez d’énergie pour vivre. Donc il va compulser pour essayer de trouver de l’énergie. 

Après, il faut aussi déculpabiliser un fait : parfois, oui, on mange pour se réconforter. Parfois, ça peut arriver de vouloir se faire plaisir, de manger du chocolat, de se faire un gros brunch pour se faire plaisir : et c’est complètement normal et sain ! C’est le contrôle et la restriction qui ne sont pas sains. Et d’ailleurs, on devrait se faire plaisir tous les jours !

Pourquoi ça arrive particulièrement le soir ?

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  • À cause de la mentalité “économiser des calories pour le soir”. C’est quelque chose que j’ai énormément fait lorsque je souffrais d’anorexie. Je mangeais peu la journée, en me disant “j’économise des calories, comme ça le soir, je peux me faire plaisir et bien manger sans trop compter mes calories”. Et au plus j’avais des compulsions le soir, au plus j’appliquais cette mentalité parce que je me disais “si jamais je fais une compulsion ce soir, il faut que j’ai de la marge niveau calorie”. 

Cette mentalité fait que le corps, à la fin de la journée, il a reçu très peu d’énergie. Et il se dit “mince, on va partir pour une période de jeûne (qui correspond à votre nuit), et je n’ai pas reçu mon quota d’énergie”. Alors, il vous fait compulser. 

  • Une autre raison pour laquelle je pense que ça se passait le soir pour moi principalement, même si j’ai aussi connu des périodes où c’était 3 à 4 compulsions par jour, donc en journée ; mais une autre raison, c’est parce que le soir, une fois que vous êtes rentrés chez vous, vous êtes à l’abri des regards. Et vous n’avez pas besoin “d’assumer” votre compulsion quelque part, puisque vous allez dormir par la suite. Donc c’est “plus facile” en quelque sorte de compulser le soir car vous pouvez ensuite vous réfugier dans votre lit, la lumière tamisée évite de voir votre corps aussi parfois, et on n’a pas une journée à assumer par la suite et après la nuit, on se dit “qu’on peut recommencer à zéro”. La soirée représente aussi un moment de “liberté”, c’est-à-dire que vous avez fait tout ce que vous avez à faire sur votre todo, vous êtes libérés, donc la compulsion peut se produire. 

Pourquoi ça arrive lors des événements ?

Là, je vous ai beaucoup parlé des compulsions le soir chez vous, seul. Mais il peut arriver aussi que vous ayez toujours des compulsions lorsque vous êtes invités à un événement; à une soirée, à un restaurant…

La cause est la même : la restriction et la mentalité “économiser des calories”. Si toute la journée, ou même juste le repas avant votre événement, vous vous restreignez, vous arrivez affamé. Et si de façon générale, vous êtes en restriction, le corps est affamé. Donc lorsqu’il est face à de la nourriture, le corps se dit “oh, de la nourriture, vite, il faut que je fasse le plein avant qu’on me remette en restriction”. En fait, le corps essai de se sauver lui-même en vous faisant compulser puisque votre TCA l’empêche d’être nourri et de répondre à ses besoins. 

Quelles sont les solutions possibles ?

On va parler maintenant des solutions puisque c’est ça qui nous intéresse, mais les solutions découlent des causes, donc c’est important de comprendre le pourquoi. Et d’ailleurs, c’est possible que ce soit pour encore une autre raison qui vous est propre, d’où l’importance d’avoir un suivi personnalisé avec un thérapeute pour comprendre son pourquoi. Mais, encore une fois, la principale raison est souvent la restriction.

Les solutions que je vais vous donner là, je sais qu’elles sont très difficiles à mettre en place, à appliquer. Mais je me dois de vous les redire, et puis la façon dont je vais l’expliquer, ça pourra peut-être vous aider un petit chouilla en plus pour vous aider à avancer petit à petit vers la guérison.

Solution n°1 : Intégrez ce sur quoi vous compulsez dans la journée.

Alors je sais à quel point c’est difficile parce que souvent, les choses sur lesquelles vous compulsez, c’est ce qui vous fait peur. 

Parfois, c’est même pas forcément le cas, ça peut être sur des aliments que vous vous autorisez. Donc déjà, il s’agira d’augmenter votre ration dans la journée pour donner davantage d’énergie à votre corps.

Mais quand je vous dis d’intégrer ce qui vous fait peur, c’est vraiment l’aliment sur lequel vous compulsez. Par exemple, si vous compulsez sur un muffin au chocolat le soir, et bien il faut ajouter ce muffin au goûter par exemple. Et il faut intégrer le muffin, pas une pomme et un yaourt, ou pas un muffin diététique. Votre corps va toujours vous faire aller vers ce dont vous lui interdisez. 

Et même chose, si vous intégrez ce muffin au goûter, il ne faut pas de ce fait réduire le repas du midi, du matin ou du soir. 

Je sais à quel point c’est difficile. J’ai eu des étapes où j’ai intégré autre chose que le muffin par des substituts plus “healthy”, puis des étapes où je prenais le muffin mais de ce fait, je me restreignais aux autres repas. Donc je sais que vous allez possiblement passer par ces étapes. Et ça ne sera pas un échec ! ça ne sera pas encore la bonne solution, mais vous aurez essayé, vous aurez avancé, et ça, c’est l’important ! Mais il faut comprendre, il faut savoir que ce dont vous avez besoin, c’est ce dont vous vous interdisez. Donc vous devez l’intégrer sans vous restreindre sur d’autres choses à côté. En fait, vous ne pouvez pas gruger votre cerveau. Il sait quand vous vous restreignez à côté, il sait quand vous calculez pour économiser des calories. Et donc tant que vous fonctionnez comme ça, il saura qu’il ne peut pas avoir confiance, et donc il compulsera.

Je sais que ce que je dis est bien plus simple dans la théorie que dans la pratique. Je le sais et c’est pour ça que j’ai connu les compulsions pendant de longs mois. Mais la seule façon que j’ai eu de les voir disparaitre, c’était de répondre aux besoins de mon corps, de lui donner ce dont j’avais vraiment envie, sans essayer de le gruger, de le manipuler en quelque sorte.

En fait, en les intégrant dans vos repas classiques de la journée, ça permet à votre cerveau de comprendre qu’ils n’ont pas l’étiquette “interdit”.

Solution n°2 : Accepter vos crises

Une autre des clés pour mettre fin aux compulsions, c’est d’accepter que votre corps vous fait compulser. Souvent, les compulsions se font dans le stress, dans la vitesse, debout, parfois en sueur, parfois en tremblant… parce que vous voulez lutter contre ces compulsions. Vous voulez aller à l’encontre de ce que votre corps vous fait faire. 

Et cette solution, je sais aussi au combien elle est difficile à appliquer, et c’est normal que vous allez prendre plusieurs semaines voire mois avant de commencer à y arriver. Mais c’est en acceptant vos crises qu’elles finiront par s’arrêter. Ça veut dire quoi “accepter ses crises ?” 

Ça veut dire se dire “ok, mon corps me fait compulser parce qu’il est affamé, parce qu’il a besoin de cette nourriture, de cette énergie, alors j’accepte de lui donner et de faire cette crise”. Quand votre corps va comprendre que vous lui faites confiance, et évidemment si en parallèle vous ne vous restreignez plus, alors, les compulsions vont diminuer.

Et quand je dis accepter ses crises et les faire, c’est une fois de plus sur les aliments qui vous font vraiment envie. De toute façon, votre corps finira par vous y faire aller. Moi je me souviens que je commençais par une pomme, puis un fromage blanc, puis du pain… Mais ce n’était pas ce que mon corps me demandait. Et à chaque fois j’essayer en quelque sorte de le berner, et pour finalement manger ces gâteaux que j’avais envie depuis le début, mais je me voilais la face, j’essayer de “rester dans le contrôle”. La réalité, c’est que vous ne contrôlez rien du tout. C’est votre corps qui sait ce dont vous avez besoin, ce dont il a besoin même pour vivre.

Souvent, vous avez du mal à accepter les compulsions parce que vous avez l’impression d’avoir perdu le contrôle, alors qu’en réalité, c’est votre corps qui reprend le contrôle sur ses besoins. Et vous avez du mal à accepter aussi parce que vous avez l’impression que vous allez prendre du poids à l’infini et que ces compulsions ne s’arrêteront jamais. Mais ça, c’est un système de pensée de votre TCA de penser au pire. La réalité, c’est que c’est en acceptant ces crises, en y répondant que petit à petit, elles s’atténueront. Et c’est en allant à l’encontre, en essayant de les contrer, que votre cerveau vous amènera toujours vers ce dont vous l’interdisez.

Solution n°3 : intégrer des night snacks

Une autre solution, c’est d’intégrer des night snack. C’est à dire que vous savez que le soir, vous avez un dernier repas avant de vous coucher. Pourquoi faire ça ? Pour donner de l’énergie à votre corps jusqu’au bout de la journée. Ca peut être temporaire de faire ça, c’est pas forcément pour toujours si c’est quelque chose qui vous fait peur. Mais c’est quelque chose que je faisais lorsque j’étais malade. Et sachant que j’avais ce night snack, donc un snack vers 21h, j’avais moins de compulsion à certains moments. 

Mais attention, si vous ajoutez ce repas, ce n’est pas pour retirer un autre repas dans la journée. Parce que si vous faites ça, vous serez de nouveau dans la restriction. Une fois de plus, l’idée n’est pas de chercher à berner votre cerveau. 

Solution n°4 : un plateau avec tout ce qui vous donne envie

Une autre solution que ma psychiatre m’avait apporté lorsque j’avais beaucoup de compulsions, c’est lorsque vous sentez la compulsion arriver, essayez de prendre une inspiration, vous demander ce qui vous donne envie, et de sortir sur un plateau. Alors par exemple, ça peut être deux paquets de biscuits. Mais il ne faut pas que vous vous limitez à un seul gâteau, ou à un substitut. Encore une fois, l’idée c’est pas de berner votre cerveau, c’est de vraiment autoriser votre corps a ce qui lui fait envie. 

Pourquoi faire cette solution ? Parce que vous donnez à votre corps ce dont il a besoin. Donc ça peut se passer moins dans la précipitation, moins dans le stress. Vous vous autorisez à manger ce plateau, assis, à une table par exemple. 

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Attention, c’est fort possible qu’au début, vous mettiez en place ces solutions mais que les compulsions continuent. C’est normal. Il faut donner du temps à votre corps. Il a besoin de temps pour vous refaire confiance. Il a besoin que ça se produise plusieurs fois pour savoir que la restriction est terminée, que vous répondez à ses besoins. Et d’ailleurs, c’est rare de parvenir à lâcher prise du jour au lendemain. Donc souvent, il y a encore de la restriction cachée, donc c’est pour ça aussi que ça prend du temps, que votre corps doit reprendre confiance en vous petit à petit. C’est normal que ça soit un process qui prenne du temps. Mais dites-vous que c’est pour réparer une relation à la nourriture qui est brisée depuis plusieurs mois voire années, donc forcément ça prend du temps. 

Pareil, parfois on me dit “mais j’ai mangé plus aujourd’hui, et pourtant, j’ai compulsé ce soir”. Mais encore une fois, il faut du temps. Et si ça fait déjà plusieurs semaines que vous remangez plus dans la journée et que les compulsions sont toujours aussi intenses, demandez-vous si vraiment, vous n’avez pas de restriction cachée.

Une solution qui ne l’est pas : la restriction du lendemain.

Bon, je suis quasi certaine que la solution que vous souffle votre trouble alimentaire, c’est de vous restreindre le lendemain pour rééquilibrer. Sauf que faire ça, c’est juste signer pour une autre compulsion. La restriction vous emmènera forcément vers de nouvelles compulsions. Donc même si vous vous sentez mieux en vous restreignant à votre petit déjeuner, parce que vous avez l’impression d’avoir “corrigé” votre compulsion de la veille ; ce sentiment de réassurance, c’est celui de votre TCA, pas celui de votre corps. Votre corps se dit “mince, on tape de nouveau dans la dette d’énergie. Il va falloir que je refasse des compulsions pour refaire le plein d’énergie puisque je suis de nouveau privé”.

Le cas où l’on prévoit ses crises.

Il y a des cas où l’on a pas vraiment envie que ses crises s’arrêtent parce que finalement, vous avez réussi à les contrôler. Souvent, vous vous restreignez toute la journée, et le soir, c’est votre moment de détente. Vous prevoyez même ls choses sur lesquelles vous allez faire votre crise durant la journée.

Pourquoi vous prévoyez ? Parce que c’est votre moment où vous lâchez prise. Toute la journée, vous êtes en contrôle, c’est comme une autocuiseur, la pression augmente petit à petit. Et piouf, le soir, vous vous autorisez enfin à souffler. Et vous n’avez pas envie de perdre ça.

Je peux le comprendre, j’ai longtemps fonctionné comme ça aussi. Sauf qu’encore une fois, le corps a besoin d’énergie toute la journée. C’est comme si vous attendiez de votre voiture qu’elle roule en continu alors que sur la moitié du trajet, elle n’a plus de carburant dans son réservoir. 

L’idée dans ce cas est aussi de vous accorder des moments où vous lâchez prise autrement dans la journée, de prendre soin de vous, et surtout, de travailler sur votre perfectionnisme et la pression que vous vous mettez, pour baisser le niveau que vous vous imposez. J’ai pas de solution toute faite à donner la dessus puisque moi-même je m’impose encore beaucoup de perfectionnisme souvent, mais j’ai déjà beaucoup travaillé dessus en lisant des livres de développement personnel, en grandissant, en le travaillant avec des psys.

“Est-ce qu’il faut éviter d’acheter pour ne pas craquer ?”

C’est quelque chose que l’on m’a déjà souvent demandé. Souvent, pour éviter de “craquer”, vous n’achetez pas ce sur quoi vous pourriez potentiellement faire une crise. Sauf qu’en faisant ça, vous renforcez le côté interdit de ses aliments, donc vous augmentez l’attraction de votre cerveau vers ses aliments. Et donc, le jour où vous êtes en face de ses aliments,  votre cerveau va se dire “c’est une denrée rare, tant qu’il y en a sous mes yeux, il faut que je fasse le plein”. 

Donc non, la solution n’est pas d’éviter d’acheter. Si ça vous fait peur d’avoir en grosse quantité, vous pouvez acheter dans les magasins relay des gares, ou simplement à la caisse de n’importe quel magasin, parfois il y a certains gâteaux qui sont vendus à l’unité. Vous pouvez aussi aller acheter en vrac, souvent dans des magasins bio, où vous pouvez jauger la quantité. Cela peut être une alternative.

Le dernier conseil

Donc voilà, on arrive à la fin de cet article car je pense avoir tout dit sur le sujet des compulsions le soir. Pour résumé, c’est principalement dû à la restriction, et l’idée est donc de briser le cercle vicieux de la restriction compulsion. Je sais à quel point c’est difficile, mais si déjà vous avez conscience qu’il faut briser ce cercle vicieux, si vous avez conscience de vos mécanismes, de votre restriction, c’est déjà des petits pas en avant.

D’ailleurs, je me souviens que moi, souvent après les compulsions, quelques heures après ou le lendemain, je prenais le temps de me poser pour écrire : les émotions que j’ai ressenti avant cette crise, ce que j’ai ressenti pendant la crise et ce que j’ai ressenti après. Et selon moi, le pourquoi ? (émotions, stress, restriction le midi ou sport intense, etc.). Ca m’aidait à prendre du recul, à faire le point, et à essayer de démeler le cercle vicieux dans la théorie. Et je suis persuadée que ça a aidait mon cerveau à comprendre les choses pour en sortir petit à petit.

Aussi, je voudrais vous inviter à voir les compulsions comme une pulsion de vie, comme un message de votre corps et de votre esprit pour vous sauver, plus que comme un échec personnel. Vous n’avez pas échoué en répondant à votre compulsion, vous n’avez pas commis de faute, vous n’avez pas été faible, ni manqué de volonté. C’est votre corps qui a tenté de répondre à ses besoins car le TCA lui en empêche. Votre corps a fait ça car il veut vivre, parce qu’il en a besoin pour fonctionner et lutter contre la restriction imposée par votre TCA.

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Faim extrême, Mieux connaître, 0 commentaire
“Comment savoir si mon corps a retrouvé son poids de forme ?”

“Comment savoir si mon corps a retrouvé son poids de forme ?”

“Comment savoir si mon corps a retrouvé son poids de forme ?”

C’est une question que l’on m’a déjà souvent demandée, et je pense que j’ai dû aussi me la poser lorsque je souffrais moi-même d’anorexie.

En général, “retrouver un poids de forme,” c’est un peu l’objectif général que l’on se donne pour guérir de son trouble alimentaire. C’est peut-être même l’objectif que t’a donné un médecin, un de tes proches… ? Bref, c’est un peu une donnée qui revient souvent dans le cadre des troubles alimentaires. 

Pourtant, je l’ai déjà dit pleeeeeeeein de fois. Le poids de forme, tout comme le poids en général, ne sont pas des indications de guérison d’un trouble alimentaire. Et je le redis : prendre du recul vis-à-vis des chiffres, se détacher de la balance, de son poids… C’est vraiment indispensable, ça fait partie de la guérison (même si je sais bien que c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Mais si je n’avais jamais pris ce recul-là, j’aurais toujours un pied dans les TCA, je serais dans ce que j’appelle la quasi-guérison).

Pour autant, je vais quand même répondre à cette question en vous donnant les signes et je vous partagerai quelques conseils.

Qu’est-ce que le poids de forme ?

Je commence par redéfinir ce qu’est le poids de forme.

Le poids de forme, c’est le poids que le corps maintient naturellement pour être en bonne santé. C’est un poids où le corps fonctionne de façon optimale (tant sur le plan physique, mental, hormonal, etc.). Deux choses qui sont essentielles à dire, selon moi, concernant le poids de forme : 

Il varie d’une personne à une autre.

Il n’est pas défini selon votre taille, votre âge… Il est défini surtout selon la génétique. Donc ça, c’est vraiment important à garder en tête parce que ni moi, ni votre médecin, ni vous, ni n’importe quelle personne autour de vous ne pouvons prédire votre poids de forme. J’ai dit “ni moi” parce que parfois, on me pose la question “quel doit être mon poids de forme ?”, et je n’ai pas la réponse. Et je sais que ça, c’est vraiment difficile à accepter, parce qu’on est dans une société où l’on vous fait croire que vous avez le contrôle sur ça, que vous pouvez décider de votre poids de forme. Mais si vous cherchez à atteindre un poids précis, vous perdez le contrôle des besoins de votre corps, vous vous déconnectez de votre corps, et vous vous éloignerez justement de votre poids de forme. Donc tout ça pour dire que c’est inutile de se donner un objectif de poids de forme. Parce que vous ne pouvez pas le deviner en amont. Et si jamais vous dépassez ce poids que vous vous fixez, vous allez être affolé. Vous allez penser que vous vous y prenez mal, et donc vous allez vous engager dans des comportements de restriction ou de compensation… bref, vous n’allez absolument pas agir dans le cadre de votre guérison (au contraire).

il ne s’agit pas d’un poids fixe.

L’autre chose que je trouve importante à dire concernant le poids de forme, c’est qu’en réalité, il ne s’agit pas d’un poids fixe. Il s’agit d’une fourchette de poids, dans laquelle vacille votre corps, et dans lequel il se sent bien. Parce que oui, le poids varie, et c’est NORMAL. Vous n’êtes pas une machine qui doit cocher des cases et être réglée précisément sur une seule donnée numérique. Votre poids de forme ne sera pas le même toute votre vie. On ne fait pas le même poids de forme à 15 ans, à 20 ans, à 30 ans, à 40 ans… à 60 ans, etc. Il faut accepter que nous sommes des êtres vivants, on évolue avec le temps, on ne reste pas figé à un poids toute notre vie. Et encore une fois, il faut l’accepter. 

votre poids de forme ne sera peut-être pas le même qu’avant de tomber malade.

Donc, une autre chose à accepter, c’est que votre poids de forme ne sera peut-être pas le même qu’avant de tomber malade. Et d’ailleurs, un poids de forme ne dit rien de votre silhouette non plus. Je trouve que je n’ai absolument pas la même silhouette entre aujourd’hui et avant la maladie (j’avais 19 ans quand je suis tombée malade, j’en ai maintenant 29.) Donc 10 ans me séparent de ce moment-là. Évidemment, mon corps a changé. J’étais donc persuadée de faire un poids nettement supérieur à mes 19 ans. Vous le savez, la balance ne fait plus partie de ma vie, donc je ne connaissais spas mon poids, c’étaient des suppositions. Avec la grossesse que j’ai eue, j’ai été amené à connaître mon poids du 1ᵉʳ mois. Et j’ai été très étonné de réaliser qu’en fait, mon poids était 2-3 kilos en deçà de ce que je pesais au moment où je suis tombée malade. Tout ça pour vous dire que le poids ne veut rien dire, car pourtant, ma silhouette et mes formes se sont davantage développées entre temps. Je ne sais pas si vous avez déjà vu ces photos aussi où l’on voit genre 5 personnes avec une silhouette totalement différente, et il y a une phrase en dessous qui indique qu’en fait, elles font toutes le même poids. Cette image partage la même idée que ce que je viens de vous présenter. 

Donc voilà, je vous ai redéfini ce qu’est le poids de forme, dans un contexte de guérison de TCA. 

Comment accepter que l’on ne puisse pas choisir son propre poids de forme ?

Je viens de vous dire plusieurs fois que c’est primordial d’accepter que vous n’avez pas de contrôle sur ce poids de forme.

Mais alors, comment faire pour l’accepter ? C’est quelque chose que l’on me demande aussi.

Et moi je vous demanderai de vous poser d’autres questions : 

  • Pourquoi ne pas l’accepter ? Pour quelles raisons ?
  • Qu’est-ce qui se passerait si vous ne pouvez pas le contrôler ? 
  • Vous avez peur d’être une personne moins bien ? Moins belle ? Qui a moins de valeur ? 
  • Vous avez peur d’être moins méritante ? De moins réussir votre vie ? 
  • Vous avez peur de ne pas réussir votre vie si vous ne contrôlez pas ça ?
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La réalité, c’est que tout ça, c’est des croyances erronées, que vous avez à cause de la maladie, ou à cause de ce qu’on vous a inculqué, à travers la culture du régime, ou à travers votre éducation. Et c’est ultra-important de comprendre les croyances erronées que vous avez derrière ça, les peurs que vous avez, pour les déconstruire. 

Pour l’accepter, c’est aussi indispensable de faire un vrai travail d’acceptation corporelle (en retraçant votre histoire avec votre corps, les origines des croyances erronées que vous avez sur votre corps/votre poids. En apprenant à identifier les discours de la culture du régime, en apprenant à prendre du recul, à se protéger. Et en faisant des exercices pour apprendre à voir son corps autrement qu’à travers l’apparence, à mettre en place des routines, des exercices pour nouer une relation de confiance avec son corps.)

Donc tout ce que j’ai dit là, c’est quelque chose qui prend du temps déjà, mais qui doit être fait dans la guérison des TCA. C’est souvent quelque chose qu’on passe à la trappe parce qu’on ne sait pas trop comment le travailler. Je vous invite à trouver un psychiatre ou thérapeute spécialisé en TCA avec qui vous pourriez travailler ça. 

Une grosse partie de mon programme Butterfly Body se concentre aussi sur ça, si vous voulez le travailler en autonomie.

Le temps aide aussi. Juste le temps ne suffit pas, c’est certain. Mais je trouve qu’avec le temps, j’accepte mieux en général les choses sur lesquelles je n’ai pas de contrôle. Je trouve que c’est quelque chose sur laquelle j’ai beaucoup travaillé dans ma guérison : me demander “est-ce que tu as vraiment le contrôle ? Si la réponse est non, alors la seule chose sur laquelle tu as le contrôle, c’est ta façon de voir les choses sur ce point-là”. J’avais lu une citation durant ma guérison qui avait énormément résonné en moi, donc je vous la partage si jamais ça peut résonner en vous : “On ne peut pas contrôler ce qui nous arrive, mais on peut contrôler la façon dont on y répond.”

Les signes physiques démontrant que tu as atteint ton poids de forme

J’ai pris beaucoup de temps avant d’arriver aux signes. Parce que je voulais vraiment insister sur le fait qu’on ne peut pas contrôler le poids de forme, et que ça ne doit pas être un objectif de votre guérison.

Après, oui, il y a des signes physiques et psychologiques qui indiquent que tu as atteint ce poids de forme. 

Je commence par vous parler des signes physiques :

Le poids est maintenu naturellement.

Ça, je l’ai déjà dit, mais qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Ça veut dire qu’il n’y a pas d’actions de compensation ou de restriction qui sont faites pour maintenir ce poids. Typiquement, quelqu’un qui calcule à la lettre ses calories par jour pour s’assurer qui ne dépasse pas x calories/ jour au risque de dépasser le poids qu’il fait ; c’est que ce n’est pas son poids de forme. C’est que ce nombre de calories n’est pas non plus adapté aux besoins de la personne. Donc ça, c’est quelque chose que vous pourrez vous rendre compte sur le long terme. Parce que, notamment dans le cadre d’une reprise de poids après un TCA restrictif comme l’anorexie, il peut y avoir des variations de poids au début qui sont complètement normales (même si je sais que ça fait peur). J’ai fait une vidéo sur ce sujet qui est gratuite, dans mon programme offert. Si vous ne l’avez pas encore vu, vous pouvez vous inscrire à ce programme ici.

Les sensations de faim & de satiété sont stables.

Ça, c’est aussi un bon signe que vous avez atteint votre poids de forme. Mais c’est quelque chose que vous ne verrez pas rapidement, parce que là aussi, les sensations de faim & de satiété ne reviennent pas du jour au lendemain ni de façon linéaire. C’est-à-dire que si certains jours, vous avez la sensation de les avoir retrouvés, de savoir les écouter, d’autres jours, ça peut être complètement anarchique. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà cassé une jambe ou fais une entorse à n’importe quel membre en fait : la guérison n’est pas linéaire. Il y a des jours où la douleur peut être plus importante alors que ça semblait pourtant aller mieux. 

le retour du cycle menstruel pour les femmes ?

Un autre signe physique qui peut être clairement questionné, c’est le retour du cycle menstruel pour les femmes.  

C’est un facteur sur lequel beaucoup de personnes du corps médical (et pas que d’ailleurs) vont se baser et le prendre comme indicateur de guérison et comme retour d’un poids de forme.

Pourquoi c’est discutable ?

Parce qu’encore une fois, ce qui va surtout jouer ici, c’est la génétique. Certaines personnes vont vite retrouver des cycles menstruels alors qu’elles n’ont absolument pas atteint leur poids de forme, et d’autres personnes sont à leur poids de forme depuis quelques mois, pourtant, les règles ne reviennent pas. Ça, c’est vraiment propre à chacun et encore une fois, vous n’avez pas le contrôle là-dessus. Donc moi, je ne le mettrai pas en signe physique d’un poids de forme atteint.  

Température corporelle régulée

Les personnes qui sont en sous-poids ont souvent du mal à réguler leur température corporelle et ont donc très facilement froid, même en été parfois. Lorsque le poids de forme est atteint (et maintenu), le corps sait à nouveau réguler sa température corporelle.

Retour de la libido

Même chose, le retour de la libido peut être un signe que vous avez retrouvé votre poids de forme. Mais une fois de plus, ça reste subjectif à chaque personne. Quand on dit qu’il existe autant de TCA que de personnes qui en sont atteintes, c’est parce que le TCA se manifeste différemment chez chacun. Et donc certains vont être plus vite affectés par ce symptôme, alors que d’autres non. Et ce n’est pas parce que vous n’avez jamais eu de baisse de libido que votre TCA était moins grave ou que vous avez gardé votre poids de forme. Tout comme les femmes qui n’ont jamais vu leurs règles s’arrêter, ça ne veut pas dire qu’elles ont toujours été à leur poids de forme. Encore une fois, la génétique a un rôle majeur. 

Amélioration du système immunitaire

Un corps qui est malnutri, dont les besoins ne sont pas comblés, est forcément carencé. Donc c’est un corps qui est plus susceptible de tomber malade. Alors, personnellement, je me souviens que les premières années dans la maladie, à l’inverse, je n’étais pas du tout malade. Et donc j’étais fière, je disais “bah vous voyez, c’est depuis que je mange mieux !”. (Parce que selon moi, au début, je faisais juste un rééquilibrage alimentaire). Mais par la suite, je n’arrêtais pas de tomber malade h24, à me choper le moindre virus. En fait, au début, je ne me donnais même pas la possibilité de m’arrêter ½ journée pour être “malade”. J’avais la sensation sans doute de trop m’écouter, de ne pas mériter de repos donc “je tenais bon”. Mais jusqu’à ce que mon corps n’en puisse plus. Je vous le dis, au cas où vous vous faites la réflexion que vous n’êtes pourtant jamais malade, même en étant dénutri. C’est peut-être tellement vous bloquez mentalement. 

Finalement, en vous donnant ces différents signes physiques, je me rends compte que oui, il y a des signes. Mais en fait, ils ne sont pas immédiats (dans le sens où ce n’est pas dès que vous avez atteint votre poids de forme, vous récupérez un bon système immunitaire, vous avez une bonne gestion de votre température corporelle, etc. Le temps et la génétique influent énormément. 

Les signes psychologiques attestant que tu as atteint ton poids de forme

Je me suis noté quelques signes plutôt d’ordre psychologique cette fois: 

Meilleure gestion du stress & des angoisses

Lorsque vous aurez atteint votre poids de forme, vous pourrez remarquer une meilleure capacité à gérer votre stress aussi bien de façon mentale que physique d’ailleurs. Quand je dis physique, c’est que vous aurez moins de maux de tête ou de fatigue générés par le stress. Et d’un point de vue psychologique, vous verrez que vous aurez moins d’angoisses irrationnelles. Avant de reprendre du poids, j’avais une peur bleue de regagner du poids. J’étais persuadée que j’allais reprendre indéfiniment, j’avais peur de ne plus contrôler, j’avais peur de mal prendre, j’étais vraiment mal. Et à mesure que je reprenais du poids, même si évidemment, ce n’est pas simple à accepter sur le moment-même et ça restait difficile, bah pour autant, ces angoisses diminuaient. Et à la fin, j’acceptais des choses qui, quelques semaines auparavant, m’auraient semblé insurmontables. Parce qu’un corps qui n’a pas atteint son poids de forme est un corps qui a un cerveau dénutri. Et un cerveau dénutri, c’est un cerveau qui a peur, qui est obsessionnel, irrationnel, avec une réalité complètement biaisée. C’est un cerveau qui est plongé constamment dans un environnement anxieux. 

Et donc, plusieurs autres signes, qui sont la conséquence de ce que je viens d’expliquer : 

  • Moins d’obsession autour du poids, de la nourriture
  • Moins d’anxiété lors des repas
  • Capacité à penser à d’autres choses, à avoir de nouveaux projets, à ressentir davantage de joie, de plaisir avec d’autres choses que de la nourriture, du sport, etc.

En gros, les pensées autour de la nourriture et du corps seront moins envahissantes, vous aurez moins ce besoin de devoir tout anticiper, tout contrôler avant/durant les repas, vous aurez une meilleure gestion de la culpabilité. 

Mais globalement, une fois de plus, comme pour les signes physiques, ces signes psychologiques, ils viennent avec le temps. Ce n’est pas dès que vous aurez atteint votre poids de forme que tout va s’apaiser. Et d’ailleurs, ce n’est pas qu’en atteignant votre poids de forme que tout va s’apaiser, surtout sur les aspects psychologiques. Ce que je veux dire, c’est que c’est primordial de coupler la réalimentation (et reprise de poids) avec des thérapies psychologiques pour travailler sur tout l’aspect mental de la maladie. Je l’ai déjà souvent dit, les TCA demandent une prise en charge pluridisciplinaire. C’est-à-dire que sans travailler sur le côté psychologique, ce n’est pas possible d’en sortir, mais tout comme sans atteindre son poids de forme, sans réintégrer toutes les catégories d’aliments sans les diaboliser, on ne peut pas non plus parler de vraie guérison. 

“Si j’ai encore des symptômes de la maladie, ça veut dire que je n’ai pas atteint mon poids de forme ?”

Non vraiment, comme je dis, il y a aussi le temps qui joue et la génétique. Donc c’est possible que vous n’ayez toujours pas vos règles ou que vous avez toujours énormément d’angoisses, alors que vous arrivez doucement à votre poids de forme ou que vous l’avez atteint. D’où l’importance de se donner du temps et d’où l’importance aussi de faire un travail pluridisciplinaire. Par exemple, parfois, certaines personnes ne focalisent sur le poids et font tout pour atteindre un certain poids. Sauf qu’en parallèle, elles n’ont fait aucun travail sur les croyances erronées des aliments qu’elles ont peur, ou aucun travail d’acceptation corporelle, donc il y a encore énormément d’angoisses obsessionnelles autour du poids et de l’alimentation.

Après, moi, je suis littéralement passée par là, c’est-à-dire que j’ai regagné du poids et de mon expérience, on note quand même assez rapidement déjà des effets positifs. Par exemple, assez rapidement, j’ai ressenti un regain d’énergie ou d’intérêt sur de nouveaux sujets/projets. Assez rapidement, j’ai remarqué que certaines angoisses étaient amoindries. Quand je dis assez rapidement, c’était en moins de 2 mois. Mais pour d’autres symptômes, ça a pris beaucoup plus de temps. Donc encore une fois, c’est subjectif. 

Rah, je suis désolée, parce que ça doit être frustrant d’entendre ça pour les personnes qui s’attendaient à une réponse précise de ma part à la question “quand est-ce qu’on sait si on a atteint notre poids de forme ?” 

Votre poids de guérison n’est pas forcément votre poids de forme.

Après une autre chose que je voudrais partager, c’est que le poids se stabilise aussi avec le temps. Ce que je veux dire, c’est que le poids que vous pourriez atteindre durant la guérison n’est pas forcément votre poids de forme non plus.

Pourquoi je dis ça ? Parce que, comme j’ai connu le poids que je faisais au 1er mois de ma grossesse, ou du moins juste avant, et j’ai donc vu qu’il était inférieur au poids que je faisais la toute dernière fois où je m’étais pesée lorsque j’étais en guérison de l’anorexie. Le poids en guérison peut vraiment beaucoup fluctuer et être influencé par de nombreux facteurs (rétention d’eau, digestion ralentie qui maintient les aliments plus longtemps dans le bol intestinal, hormones, etc.). 

Ce qu’il faut retenir là-dedans, c’est que votre corps sait ce qu’il fait. Il agit pour vous et son objectif de vie, c’est d’être en bonne santé. Il n’a aucun intérêt à ne pas être en bonne santé. Donc s’il doit se stabiliser, il le fera. Et c’est quand vous lâcherez prise, que vous lui ferez confiance sur sa capacité à vous mener à son poids de forme, le poids où il est en bonne santé, qu’il vous y mènera justement à ce poids de forme, naturellement.

“Comment faire pour accepter son poids de forme s’il est supérieur à celui que je veux ?”

Alors, ça, c’est une question que l’on m’a posée. Et honnêtement, si vous vous la posez également, c’est que vous n’avez toujours pas accepté le fait que vous ne pouvez pas contrôler votre poids de forme. Et en vrai, ce n’est pas grave. Je veux dire que moi aussi, j’ai eu une longue période durant laquelle je n’acceptais pas ça. ça prend du temps. Et là, le fait de lire cet article, ça va vous permettre de semer une graine qui germera peut-être dans encore quelques mois. Ou ça aidera peut-être une autre graine à germer. D’ailleurs, n’hésitez pas à le lire plusieurs fois, pas d’affilée, genre dans 1 semaine ou 1 mois… pour entendre d’autres informations. C’est comme lorsque vous regardez un film plusieurs fois, la 2ᵉ ou 3ᵉ fois, vous allez parfois repérer des éléments que vous n’aviez pas vus la 1ʳᵉ fois. Ou parfois, lorsqu’on relit un livre, on y voit un message différent de la première fois où on l’a lu : parce qu’on n’est pas toujours disposé/prêt à tout entendre. Donc bref, ça peut être intéressant de le lire plusieurs fois. 

Donc comment faire pour accepter que ce poids de forme est supérieur… eh bien je vous renvoie un peu plus haut, à ce que j’avais dit en amont quand je réponds à la question “Comment accepter que l’on ne puisse pas choisir son propre poids de forme ?” 

Je sais que vous aimeriez avoir un chiffre précis, savoir exactement quand vous aurez atteint votre poids de forme. Mais ce n’est pas possible. Et accepter ça, ça fait partie de la guérison. Accepter que vous ne puissiez pas tout contrôler. 

Accordez du temps aussi à votre corps pour retrouver ses repères, se réguler, se réparer.

Je sais, vraiment, que ce n’est pas simple. Je vous dis ça maintenant que je suis sortie des TCA, que mon poids est stabilisé. Mais j’ai tout de même fait un gros travail d’acceptation corporel, pour accepter que mon corps est bien fait. Et c’est quelque chose qui vous servira pour toute votre vie. J’en suis la preuve une fois de plus. Je sors de 9 mois de grossesse au cours desquels j’ai pris 14 kilos (même si je ne voulais pas le savoir, j’ai fini par le savoir, car on te pèse à chaque rdv. Non pas qu’on veuille surveiller ton poids d’un point de vue apparence, mais une prise de poids rapide dans le cadre de la grossesse pourrait être lié à un diabète gestationnel ou à une autre pathologie qui mettrait en danger le bébé, donc c’est très surveillé).

Bref, si je n’avais pas fait ce travail d’acceptation corporelle et de confiance en mon corps durant la guérison des TCA, je pense que je vivrais très mal le post-partum d’un point de vue corporel, que je me pèserais sans cesse (et c’est hors de question que je remonte sur une balance chez moi, ça reste médical pour moi).

Donc, sachez que ce travail que vous faites là, vous le faites pour votre guérison, mais plus globalement, vous le faites pour votre vie, pour avoir un rapport plus sain à votre apparence, au corps, au poids d’un point de vue général. Et croyez-moi, vous vous démarquerez dans ce monde où (j’ai l’impression), la plupart des gens ont une relation très malsaine au poids et au physique plus globalement.

Aujourd’hui, avec le recul, je sais à quel point le poids est insignifiant, dans le sens où vraiment, ça ne veut rien dire. Ça ne dit pas qui tu es, ça ne dit pas non plus forcément ton état de santé. Si tu te fies à l’IMC par exemple, tu as plein de gens qui sont en mauvaise santé (en sous poids comme en surpoids) alors qu’en réalité, pas du tout. Et je vous dirais encore plus que le poids, dans le cadre de la guérison d’un TCA restrictif (où vous avez perdu du poids notamment), la première année, c’est encore moins parlant. Comme je vous l’ai dit auparavant : à cause de la rétention d’eau, des hormones qui ne sont pas encore forcément stables, de votre digestion qui tourne encore au ralenti… Enfin, je vous conseille vraiment d’aller voir la vidéo que j’ai faite qui s’appelle “Ce qui peut se passer vis-à-vis de ton poids” au début de la reprise de poids. 

Ce que je peux vous dire en mot de fin, c’est réellement de vous accorder du temps et de faire confiance à votre corps. Et puis, un conseil indispensable que je ne cesserais de donner : c’est de lâcher votre balance. Vraiment, c’est ultra-important. Votre balance, pour le moment, c’est un outil de votre TCA, pas de votre guérison. 

Bon désolée, parce que cet article peut être frustrant si vous vous attendiez à une réponse claire qui répondrait à la question posée dans le titre. Mais je préfère être honnête et vous rappeler l’importance de vous détacher des chiffres. Si vous voulez compléter, je vous invite à écouter un autre article que j’ai fait il y a un peu plus longtemps où je parle de l’IMC (et du poids de forme d’ailleurs) et j’explique pourquoi ce sont de mauvais indicateurs pour les troubles alimentaires.

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Publié par Norainnoflower dans Mieux connaître, Peur du poids, 0 commentaire
Trouble alimentaire & infertilité ?

Trouble alimentaire & infertilité ?

Trouble alimentaire & infertilité ?

La fertilité… ou l’infertilité après/avec des troubles alimentaires. C’est un sujet que je voulais aborder depuis longtemps, car je sais que vous êtes nombreux à vous questionner sur le sujet. Mais je voulais attendre d’expérimenter un peu plus avant d’en parler. Quand je dis expérimenter, en réalité, j’attendais de tomber enceinte ! Et c’est en portant mon premier enfant que je t’écris cet article de blog ! C’est donc pour moi le moment idéal pour écrire sur le sujet de l’anorexie et l’infertilité.

Je vous ai annoncé ma grossesse sur Instagram au début du mois d’août et à ma grande surprise, vous avez vraiment été nombreux à vouloir en savoir plus sur ma grossesse. Ça me touche vraiment et je suis heureuse de pouvoir partager ça ! J’arrive déjà à la fin du deuxième trimestre. J’ai donc pas mal de choses à vous partager ! 

Je vous ai partagé une « boîte à question » en story pour savoir les sujets qui vous intéressent dans la grossesse / maternité & les TCA. Et de nombreuses questions sont revenues sur la fertilité avec et/ou après des TCA

Dans cet article, je vais donc répondre à cette partie-là ! Pour ce qui est des autres questions, j’y réponds dans mon épisode de podcast dédié à la grossesse & TCA 🙂 

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Retour de règles après un TCA

Il y a eu plusieurs questions concernant le retour de mes règles après les TCA. 

Me concernant, j’étais sous pilule lorsque je suis tombée malade. Les médecins m’ont dit de la garder pour soutenir mes os et me protéger de l’ostéoporose. J’ai donc toujours eu des sortes de « règles » puisque j’étais sous pilule, mais ce n’était clairement pas des vraies. Et d’ailleurs, j’ai quand même vu une différence en voyant mes cycles être très courts et avec un flux vraiment minimes. Je dirais que mes règles sont revenues de façon plus naturelle après quelques mois de réalimentation et de reprise de poids. J’ai fait le choix en 2021 d’arrêter la pilule et du coup ça m’a permis de confirmer que j’avais de vraies règles.

Mais le retour des règles est vraiment subjectif pour chaque personne : certaines personnes vont vite les retrouver, d’autres vont prendre plusieurs mois tandis que leur apport alimentaire a augmenté et qu’elles ont atteint leur poids de forme. C’est la nature qui choisit, et aussi la génétique ! Le mieux reste d’avoir un suivi avec une gynécologue. Et si vous voulez, j’en ai parlé plus en profondeur dans les épisodes de podcast 22 et 23 qui sont dédiés à l’aménorrhée dans les TCA où Florence, du compte @jenaiplusmesregles_livre est mon invitée ! Elle met d’ailleurs en avant ce livre « Je n’ai plus mes règles » qui explique en profondeur le pourquoi et comment retrouver ses règles. Donc, je vous conseille vraiment d’aller écouter les épisodes, consulter le compte de Florence et lire ce livre pour avoir le maximum d’informations à ce sujet.  

Pourquoi & comment les TCA impactent votre fertilité ?

On entend beaucoup des « on dit » qui disent qu’une personne qui a des TCA ou a eu des TCA a dégradé sa fertilité, en quelque sorte. Et on entend même parfois dire que c’est très difficile d’avoir un enfant avec, voire après, un TCA. Sur la question du « après un TCA », j’y réponds plus tard, mais bon, je vous ai déjà annoncé la couleur en intro ;).

Pour la question de « la fertilité avec un TCA », en effet, il y a pas mal de choses à dire. 

Les problèmes d’infertilité sont malheureusement fréquents et sont l’un des effets secondaires des TCA comme l’anorexie, mais aussi la boulimie, l’hyperphagie ou tout autre trouble alimentaire restrictif et/ou compulsif. D’ailleurs, j’ai lu qu’1 femme sur 5 qui souffre d’infertilité souffre également de TCA. Et comme je l’ai déjà souvent dit, il y a plus de personnes qui souffrent de TCA qu’on ne le croit, mais aussi plus de personnes qui souffrent de TCA qu’elles ne le croient. Dans le sens où je pense que des personnes ont des problèmes d’infertilité, et peut-être qu’à cause ou « grâce à ça », elles prennent conscience qu’elles ont des TCA. Bref, c’est une parenthèse que je referme :).

Cause n°1 : La sous-alimentation

Pour ce qui est des TCA restrictifs, la sous-alimentation fait que votre corps ne peut répondre à ses besoins nécessaires. Il doit donc prioriser le peu d’énergie qu’il reçoit sur les fonctions vitales (faire battre ton corps, faire fonctionner tes poumons, alimenter ton cerveau…). Il juge alors que la fonction de reproduction n’est pas vitale. Le système endocrinien de la femme est affecté, or c’est lui qui permet la production des hormones de reproduction. Cela perturbe donc l’ovulation et réduit la quantité d’ovules, entraînant des cycles irréguliers, voire l’arrêt total des règles. 

Cause n°2 : Le faible niveau de graisse

Les TCA restrictifs entraînent également de faibles niveaux de graisse corporelle. Or, je le dis souvent, le corps a besoin de gras. Un corps qui n’a pas suffisamment de gras a une production d’œstrogènes réduite, qui est pourtant une homogène cruciale pour le maintien de la fertilité. 

Cause n°3 : Les conséquences psychologiques

Les personnes souffrant de TCA souffrent également de stress, d’anxiété, parfois de dépression… Tout ça impacte grandement les ovulations. Pour les personnes qui ont retrouvé leurs règles, je ne sais pas si vous avez déjà remarqué des cycles plus courts ou plus douloureux quand vous êtes dans des périodes stressantes. Moi je me souviens qu’il m’est arrivé de sauter un cycle ou d’avoir un retard de 10 jours quand j’étais dans des périodes stressantes de ma vie, et ce, même quand j’étais guérie des troubles alimentaires. Donc ça montre l’impact du stress sur l’ovulation.

Cause n°4 : Le cas de la boulimie et de l’hyperphagie

On parle souvent des problèmes d’infertilité dans le cas de l’anorexie. Mais on parle moins souvent des TCA compulsifs comme la boulimie ou l’hyperphagie

Dans les TCA compulsifs, on retrouve également des dérèglements hormonaux. Les compensations (vomissements, laxatifs, hyperactivité…) perturbent la régulation des hormones et donc du cycle menstruel, compliquant la conception. 

Les comportements de purge peuvent également impacter la qualité des ovocytes. 

L’hyperphagie est parfois associée à une résistance à l’insuline qui peut également être l’une des causes d’infertilité. 

Et enfin, les TCA compulsifs sont aussi touchés par le stress. Or comme je l’ai expliqué dans le point précédent, un niveau élevé de cortisol peut inhiber la fonction reproductrice. 

Cause n°5 : L’hyperactivité : quelles conséquences sur la fertilité ?

L’hyperactivité, un niveau intense d’activité physique, vient également se placer dans les causes principales d’infertilité. L’activité intense entraîne des niveaux d’œstrogènes et de progestérone en diminution, or ce sont des hormones essentielles pour l’ovulation. 

La pratique du sport intense peut également entraîner une diminution de la masse graisseuse, qui impacte la production d’œstrogènes comme j’en ai parlé précédemment. 

Et évidemment, cela peut également entraîner des carences alimentaires nécessaires à une bonne fertilité (manque de fer, de calcium, de vitamines ou minéraux…).

J’ai également lu que l’exercice physique en abondance peut perturber l’implantation de l’embryon dans l’utérus à cause des niveaux d’hormones qui sont déséquilibrés et le flux sanguin vers l’utérus est aussi en baisse. Or ce sont deux éléments essentiels pour soutenir une grossesse. 

Enfin, le sport excessif est vécu comme une forme de stress pour votre corps. Cela augmente donc encore votre niveau de cortisol, qui plus est était déjà élevé, ce qui inhibe l’ovulation et donc perturbe l’équilibre hormonal comme j’en ai parlé précédemment également. 

Cause n°6 : Les comorbidités addictives

Il n’est pas rare de souffrir d’une autre addiction lorsqu’on souffre de TCA comme l’alcool, le tabac ou autre drogue. Or, ces substances font partie des premières causes d’infertilité.

 

D’ailleurs, je parle énormément du système de reproduction des femmes, puisqu’étant une femme, je connais bien plus. Mais la production de testostérone chez l’homme est aussi affectée par ces différents comportements de TCA (hyperactivité, purge, etc.), ce qui entraîne une perte de libido, une baisse du nombre de spermatozoïdes ou une altération de leur qualité. Tout ça impacte donc négativement leur fertilité. 

 

Donc clairement, malheureusement, oui, les troubles alimentaires impactent la fertilité lorsqu’on souffre de TCA et augmente grandement le risque d’infertilité.

Aménorrhée & TCA : est-il possible de tomber enceinte ?

anorexie-infertilite

On m’a aussi beaucoup posé la question de savoir s’il est possible de tomber enceinte tandis qu’on est en aménorrhée. 

Comme je viens d’en parler dans la partie précédente, on a vu que c’est clairement plus difficile de concevoir un bébé lorsqu’on souffre de TCA. Mais est-ce impossible, notamment pour les personnes en aménorrhée, c’est-à-dire qui n’ont plus de règles, que les cycles menstruels sont arrêtés ?

Pour répondre à cette question, j’ai littéralement demandé à mon experte sur le sujet, Florence, dont je vous parlais à l’instant ! 

En aménorrhée, il n’y a plus de cycles menstruels, ce qui veut dire qu’il n’y a plus d’ovulation. J’en ai expliqué les causes dans la première partie. Donc la logique veut que sans ovulation, il ne soit pas possible de tomber enceinte. Mais ça, c’est dans la théorie ! 

Si on est à la limite du déficit énergétique, ou si on est dans le cas où les cycles mensuels sont très longs, alors il est possible d’avoir des ovulations imprévisibles et irrégulières. Cette irrégularité entraîne des difficultés à déterminer le moment opportun pour avoir un enfant. Parce que du coup, pour vous expliquer grosso modo, sur tout le cycle, on n’a que quelques jours où on est fertile et où on peut donc maximiser nos chances de tomber enceinte. Alors certaines personnes préfèrent être en mode totale naturel et avoir des rapports quand ils ont envie. J’ai été dans la team « on maximise nos chances d’avoir un bébé sur cette période en multipliant les rapports ». Et quand j’en parle autour de moi, je vois que beaucoup sont dans cette team 🙂 

Bref, pour revenir sur la réponse à la question « peut-on tomber enceinte même en aménorrhée ? », la réponse est OUI. C’est assez illogique, improbable, mais c’est possible, même si les chances sont considérablement réduites. 

Mais j’ai quand même déjà plusieurs fois entendu des personnes qui pensaient être totalement infertiles en raison de l’absence de règles et qui ont eu la surprise de tomber enceintes ! Donc si quelque part, vous voulez un enfant, c’est une bonne nouvelle ! Mais d’autres personnes n’en veulent pas ou ne sont pas prêtes, d’où l’importance d’avoir toujours un moyen de contraception. 

Risque d’infertilité même une fois guérie des TCA ?

Jusque-là, j’ai beaucoup parlé des risques d’infertilité lorsqu’on souffre d’un trouble alimentaire. 

Mais qu’en est-il des risques d’infertilité après un trouble alimentaire ? 

Mon expérience : mes essais bébé après un TCA ?

Comme je vous ai dit dans le début de l’article, j’écris actuellement en étant enceinte. Donc la conclusion est rapide : oui, c’est possible de tomber enceinte même après avoir eu un TCA.

On m’a du coup demandé si j’ai rencontré des difficultés pour tomber enceinte ?

Quand on s’est lancé dans le projet, je me suis mise en tête que ça prendrait au moins 6 mois pour tomber enceinte. La moyenne est même de 8 mois à 1 an. 

Par contre, à aucun moment, je ne me suis dit que mon parcours avec les TCA allait impacter mes chances de tomber enceinte. Parce que je suis totalement rétablie et que j’avais de ce fait confiance en mon corps.

Mais quand j’ai annoncé ma grossesse à mon copain et à ma mère, les deux m’ont dit qu’ils avaient peur qu’avec mon passif dans les TCA, je rencontre beaucoup de difficultés voire je ne parviens même pas du tout à tomber enceinte. 

norainnoflower-enceinte

Et bien, vous savez quoi, je suis tombée enceinte après 1 semaine d’essai ! 

Et je me sais vraiment très chanceuse d’être tombée enceinte dès nos premiers essais ! Je n’ai pas connu la déception de voir le test de grossesse négatif. Et vraiment, j’ai une gratitude infinie pour ça ! Et je pense sincèrement à tous les couples qui rencontrent des difficultés, vraiment, je suis de tout cœur avec eux parce que j’en ai eu plusieurs couples d’amis autour de moi qui ont été concernés (et qui ont un bébé ou sont enceintes actuellement d’ailleurs), mais je sais à quel point c’est quelque chose de très difficile à vivre.

Donc, non, je n’ai pas du tout rencontré de difficulté à tomber enceinte, même après avoir vécu des TCA. 

Infertilité persistante après les TCA

Évidemment, l’histoire de chaque personne est différente. Et ce n’est pas parce que je suis tombée enceinte du premier coup que c’est la même chose pour tout le monde. 

Déjà, encore une fois, la moyenne se trouve autour de 1 an pour la conception. 

Il me semble qu’on parle d’infertilité après 12 mois d’essais bébé justement. 

N’étant pas concernée par cette infertilité persistante après les TCA, je me suis renseignée pour voir si ça existait. 

>> Cause n°1 des difficultés de tomber enceinte après un TCA : la quasi-guérison

Déjà, on note que beaucoup de personnes dites « guéries » rencontrent des difficultés. Mais en réalité, beaucoup de ces personnes sont en « quasi-guérison ». C’est-à-dire que la médecine les considère parfois guéries, car elles ont un IMC ou un poids qui est selon des tableaux statistiques « dans la norme », mais ces personnes sont toujours en restriction ou bloquées dans des mécanismes du TCA. Je parle de la quasi-guérison dans cet article : comment ne pas être bloqué en quasi-guérison. Je vous invite à le lire, parce que je sais que beaucoup de personnes ont écouté l’épisode de podcast correspondant et sont venues me voir en me disant qu’à l’écoute de l’épisode, elles ont pris conscience qu’elles étaient bloquées dans cette quasi-guérison alors qu’elles se pensaient totalement guéries.

Bref, tout ça pour dire que parfois, on se pense guérie, on est en projet, mais comme on ne l’est pas totalement, on rencontre des difficultés. 

>> Cause n°2 des difficultés de tomber enceinte après un TCA : la durée de la maladie

Il semblerait que la durée durant laquelle vous avez été malade impacterait la fertilité sur le long terme. Il n’y avait pas de données d’âge indiqué dans les articles que j’ai lus, je dirais peut-être 20 ans de maladie ? Mais sachez que j’ai eu plusieurs mamans qui sont venues me parler lorsque j’ai annoncé ma grossesse. Plusieurs d’entre elles souffrent de TCA depuis plus de 20 ans, parfois 30-40 ans. Et elles avaient eu des enfants même en ayant un TCA. Donc ce n’est pas impossible encore une fois.

La durée de la maladie peut avoir des dommages à long terme sur la fonction ovarienne qui serait réduite, et pourrait causer dans des cas beaucoup plus rares qu’une ménopause prématurée.

>> Cause n°3 des difficultés de tomber enceinte après un TCA : le manque de temps depuis la guérison

J’ai mis en route mes essais bébés 3 ans après être totalement guérie de mes TCA

Et c’est clairement certain que ça m’a aidé. 

Comme on l’a vu précédemment, le TCA impact la qualité des ovocytes, perturbe les niveaux d’hormones. Il faut donc laisser du temps au corps de récupérer, de se réparer. D’autant que le corps a beaucoup de dommages causés par le TCA à réparer : les muscles, la reproduction des cellules, réalimenter les organes, relancer la digestion, etc. La fonction de reproduction peut passer en dernière priorité chez certaines personnes. Et ça, comme je le disais par rapport à la question du retour des règles après un TCA, c’est vraiment aléatoire chez chaque personne. Je sais que c’est frustrant, mais c’est la nature qui décide, pas vous. Ce sur quoi vous avez le ‘pouvoir’, c’est la réalimentation, la diminution de l’hyperactivité, la gestion du stress… Donc, vous pouvez soutenir votre corps, mais pas le forcer. 

Donc parfois, il faut s’armer de patience pour que le corps récupère et soit prêt à être opérationnel pour la reproduction. Dites-vous que si c’est long, c’est que votre corps n’est pas prêt à accueillir un bébé, et que de ce fait, il ne serait pas bien. Votre corps est dans votre camp, il fait tout pour vous réparer et faire en sorte que vous puissiez créer un nid douillet au sein de votre utérus pour votre futur bébé. 

>> Cause n°4 des difficultés de tomber enceinte après un TCA : autres problèmes gynécologiques

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Ensuite, il y a des personnes qui peuvent rencontrer des difficultés à tomber enceinte après un TCA sans que ça n’est aucun rapport avec leur passé dans les TCA. Il y a de nombreuses causes d’infertilité, comme des problèmes gynécologiques tels que l’endométriose ou un SOPK (Syndrome des Ovaires PolyKystiques). D’où l’importance d’être suivi par des professionnels, par une gynécologue et/ou sage-femme. D’ailleurs, peut-être que les gynécologues, ça vous fait peur. Je trouve qu’une sage-femme est parfois plus douce. J’ai souvent eu de très bons retours des personnes suivies par une sage-femme et je sais qu’on n’y pense pas forcément. Non, il ne faut pas être en projet bébé pour être suivi par une sage-femme. Tu peux avoir 15-16 ans, sans aucun projet bébé et être suivie par une sage-femme. 

>> Cause n°5 des difficultés de tomber enceinte après un TCA : autres causes psychologiques

On a parlé du stress comme facteur impactant la fertilité. Or, j’en ai déjà parlé plusieurs fois, mais ce n’est parce qu’on sort des TCA que miraculeusement, la vie devient sans problème. Je n’ai plus de TCA aujourd’hui. Pourtant, je suis toujours une personne très angoissée, anxieuse, stressée… Appelez ça comme vous voulez. Mais clairement, c’est quelque chose de toujours compliqué. Et je l’ai dit aussi juste avant, mais j’ai eu des cycles impactés par ce stress.

Donc c’est possible que vous soyez sortis des TCA, mais que votre stress fasse que ça impacte votre fertilité.

 

Enfin, il y a d’autres causes possibles qui peuvent faire que vous rencontrez des difficultés à tomber enceinte, mais qui ne sont pas liées à votre passé avec les TCA. De toute façon, après 1 an d’essai, souvent on va chercher de l’aide auprès de professionnels spécialisés dans les problématiques d’infertilité pour faire toute une batterie d’examens et investiguer sur les causes possibles. 

grossesse avec un TCA ?

Je fais un petit aparté sur la grossesse lorsqu’on souffre d’un TCA.

Les personnes souffrant de TCA peuvent rencontrer des complications lors de la grossesse

Déjà, il y a un risque de fausses couches qui est plus accru. Une fausse couche ce n’est malheureusement pas rare, c’est 1 grossesse sur 5. C’est lorsque la grossesse s’interrompt, dans la plupart des cas, c’est dû au fait que la grossesse est non évolutive. C’est-à-dire que le fœtus se développait mal ou il y a un autre problème chromosomique quelconque. Mais ce n’est pas la faute de la maman. 

Le risque de fausse couche peut être plus accru, car le niveau de stress subi par le corps est trop élevé (avec les carences nutritionnelles ou l’hyperactivité par exemple). Le déséquilibre hormonal peut également entraîner des anomalies de l’endomètre (la muqueuse de l’utérus).

Il y a d’autres complications de grossesse qui peuvent lorsqu’on souffre d’un TCA : 

  • Retard de croissance : le fœtus ne recevant pas suffisamment de nutriment, cela peut impacter sa croissance, son développement et faire que le bébé ait un poids plus faible à la naissance. 
  • Accouchement prématuré : parfois, pour la bonne santé du bébé et/ou de la maman, il est nécessaire de déclencher l’accouchement de façon prématuré ou alors parfois, le bébé nait de façon prématurée naturellement.
  • Décollement placentaire : il y a un risque plus accru de décollement du placenta, ce qui peut être dangereux. Mais sachez quand même que ça, ce n’est pas rare, même hors TCA et que pour autant, la grossesse se poursuit, et le décollement peut se réduire par lui-même avec du repos.

Je vous parle de tout ça, parce que ça fait partie du sujet « infertilité, grossesse et TCA ». Mais pour autant, le but ce n’est pas de vous faire peur. Mais on ne peut pas non plus le nier : une grossesse lorsque le corps (et l’esprit) sont en souffrance, ça comporte des risques, que ce soit pour le bébé et pour la maman. Pour autant, VOUS N’ÊTES PAS RESPONSABLES. Vous n’avez pas choisi d’être malade, ça ne dépend pas de votre volonté. C’est une maladie, vous n’y êtes pour rien et vous faites ce que vous pouvez. 

Je tiens quand même à dire, encore une fois, que j’ai eu beaucoup de retours suite à l’annonce de ma grossesse, des personnes qui ont un TCA et ont eu une grossesse et que tout s’est globalement bien passée. Les risques de complications de grossesse ne veulent pas dire que vous les aurez systématiquement. Ce sont juste des risques qui existent. Et d’ailleurs, ils existent aussi, peut-être en probabilité plus faible, pour n’importe quelle femme. Et pourtant, ça reste des cas rares sur l’ensemble des grossesses qui existent.

 

Personnellement, je conseille d’être guérie pour tomber enceinte. Moi, je me souviens que c’était une grande motivation pour moi : être guérie totalement pour ne plus avoir ce fardeau dans ma vie lorsque je serai maman. Je me souviens que malade, guérir était une motivation pour mes futurs enfants, alors que je n’avais même pas de copain lorsque j’y pensais. Après, je sais que tout le monde ne veut pas d’enfant, et c’est un choix que je respecte, ce n’est pas automatique d’avoir des enfants ! Je sais aussi que certaines personnes ont peur d’avoir des enfants parce qu’elles ont un TCA et que quelque part, elles s’en empêchent parce qu’elles ont peur des conséquences que ça peut avoir sur leur alimentation, leur poids, leur corps, le contrôle général qu’elles ont dans leur vie. J’en parlerai dans l’épisode de podcast où je réponds à vos questions. 

 

Mais je conseille de régler au maximum vos TCA avant un projet bébé pour éviter les risques de rechute aussi. Quoique, j’ai déjà entendu aussi des témoignages de personnes guéries grâce à leur grossesse…

Je vous parle de ça en dernier point : 

La grossesse : un risque de rechute dans les TCA ?

Je pense que la grossesse peut vraiment être à double tranchant. 

Pour moi, si la guérison n’est pas consolidée, si on est en quasi-guérison, alors ça veut dire qu’on a toujours des mécanismes de restriction qui reste en fond, qu’il y a aussi possiblement toujours pas d’acceptation de son corps, de son poids. Et donc, oui, il y a un risque de rechute dans les TCA. J’ai déjà entendu des témoignages comme ça. Parce que oui, clairement, la grossesse engendre de nouvelles réflexions sur son corps et son poids (je parlerai de mon expérience dans l’épisode FAQ sur ma grossesse).

Donc oui, je pense qu’un risque de rechute existe SI LA GUÉRISON N’EST PAS CONSOLIDÉE.

J’insiste sur ça. 

 

Mais en même temps, j’ai déjà eu des témoignages de femmes me disant que la grossesse a pour elles été un déclic et que c’est même grâce à ça et à leur enfant qu’elles sont sorties des TCA. Donc, vous voyez, il n’y a pas de règles. Je sais que lorsqu’on souffre de TCA, on aimerait pouvoir tout anticiper, savoir comme ça va se passer. Mais ce n’est pas possible. Je le dis très souvent, on est tous différents et il y a autant d’histoires de guérison que de personnes qui souffrent de TCA. 

D’ailleurs, je vous invite vraiment à partager votre propre expérience en commentaire de cet article pour diversifier les expériences et enrichir le contenu sur ce sujet !

Aperçu de l'épisode de podcast "faq sur ma grossesse après un tca"

Je crois que je vous ai tout dit sur le sujet fertilité et TCA, je vous ai même fait un aparté grossesse & TCA. Je voudrais quand même vraiment que vous reteniez une chose : ne stressez pas trop pour ça. Si vous vous soignez, physiquement (par la réalimentation, la réduction des purges & compensations) et psychologiquement, alors ça va le faire. Oui, c’est sûr, il y a plus de risques, plus de difficultés, mais ce n’est pas impossible. Et encore une fois, le mieux est que vous sortiez de cette maladie et que vous ayez un avenir plus paisible avec vos futurs enfants si tel est votre souhait ! 

 

Je vais maintenant répondre à toutes vos questions sur ma grossesse après un TCA dans un épisode de podcast dédié. 

Un petit aperçu du programme de cet épisode : 

  1. Mes essais bébé après un TCA (l’état d’esprit que j’ai adopté)
  2. Comment je vais ? 
    1. Comment s’est passé mon 1er trimestre ? 
    2. Comment s’est passé mon 2e trimestre ?
    3. Est-ce que le bébé va bien ? Et moi ?
  3. Mon rapport au corps 
    1. Comment je réagis à la prise de poids ?
    2. Est-ce que la prise de poids me fait peur ?
    3. Comment supporter les changements du corps après l’accouchement ? 
  4. Mon rapport à l’alimentation 
    1. Est-ce que mon rapport à l’alimentation a changé ? A-t-il été impacté ?
    2. Est-ce que j’ai dû augmenter mes apports ?
  5. Est-ce que j’ai des peurs particulières ?
    1. Accouchement ?
    2. Post-partum ?
    3. Temps pour moi
    4. Avenir professionnel
    5. Gestion du manque de sommeil, des pleurs de bébé
  6. Ce que j’ai mis en place pendant ma grossesse pour gérer mon stress de l’insécurité 
  7. Autres questions 
    1. Ai-je eu de nouveaux déclics ?
    2. Est-ce que j’ai peur que mon enfant ait des TCA ?
    3. Est-ce que j’ai changé d’état d’esprit ou mis en place de nouvelles choses depuis que je suis enceinte ?
    4. Est-ce que j’ai hâte ?
  8. L’envie et la peur d’avoir un enfant quand on a un TCA

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, 2 commentaires
Réseaux sociaux & TCA : aide ou préjudice ?

Réseaux sociaux & TCA : aide ou préjudice ?

Réseaux sociaux & TCA : aide ou préjudice ?

Je vous retrouve pour parler du sujet des réseaux sociaux dans les TCA. C’est un sujet un peu incontournable de nos jours, dont j’avais envie de vous parler depuis un petit moment, et vous avez été une majorité à me dire que c’est un sujet que vous vouliez que j’aborde dans mon podcast. Donc c’est parti ! 

Les réseaux sociaux font partie de la vie de la plupart des jeunes, et je dirais même de la plupart des gens, de tout âge maintenant ! Mais les réseaux sociaux ont donné ces dernières années une nouvelle dimension aux TCA je trouve. Je me suis souvent fait la réflexion ces 2 dernières années : si les réseaux sociaux avaient été autant développés au moment où je suis tombée malade, ça aurait été tellement difficile. Autre réflexion : si les réseaux sociaux avaient été aussi développés lorsque j’étais au collège, je serais peut-être tombée plus rapidement dans les TCA. Je vais paraître un peu vieille en disant ça, mais du coup quand j’étais au collège, c’étaient les premières années de Facebook. Et quand je suis tombée malade, c’était le début d’Instagram, où on partageait essentiellement des photos de paysage mais pas tant de nourriture ni de corps. Bon, ces petites réflexions perso montrent déjà ce que je pense des réseaux sociaux haha. Mais en réalité, j’ai plutôt un avis mitigé, c’est-à-dire que je n’y vois pas que du négatif. D’un point de vue général, les réseaux sociaux nous permettent de rester connecté avec nos amis, notre famille, notamment quand on est loin ou que notre emploi du temps ne nous permet pas des rencontres régulières. Mais les réseaux sociaux sont aussi associés à pas mal de problématiques. 

Allez, je vous parle de tout ça : 

Les dangers que représentent les réseaux sociaux pour tout le monde

Je commence par parler des « dangers » (même si y’a pas de notion de danger de mort non plus) mais dans un contexte de « vie en général ». Parce que oui, les réseaux sociaux peuvent être toxiques, mais pas que pour les personnes qui souffrent d’une maladie mentale. Au contraire, une personne qui est bien dans sa tête peut se voir avoir des problèmes de santé mentale à cause des réseaux sociaux, ou du moins que ça les déclenche ou les empire.

Perte de concentration, de motivation

Les réseaux sociaux nous apportent tout, très vite, à porter de main. Dès qu’on a quelques minutes (dans les transports, dans une salle d’attente, en attendant quelque chose…) : HOP, on ouvre une appli d’un réseau social. Et parfois, on y reste bien plus que quelques minutes. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé de vous dire « allez, j’y vais un tour 5 minutes » (par exemple avant d’aller dormir). Et puis finalement, ¾ d’heure plus tard, vous y êtes toujours… 

Et souvent, quand on fait ça, on a cette sensation d’avoir perdu du temps, ou de ramollir son cerveau. Je dis « on », car je me compte dans le lot. Il n’y a pas longtemps, je me suis dit « allez, je vais sortir de chez moi, bosser dans un cowork, sortir me balader ». Sauf que juste avant, j’ai décidé de faire un petit tour sur des réels. Et finalement, j’y ai passé un temps fou, j’y ai perdu toute motivation et je suis restée enfermée chez moi, avec une concentration minimale. Donc, même si on n’en a pas conscience sur le moment même, l’un des premiers points, c’est que les réseaux sociaux impactent notre motivation, concentration et de surcroît estime de soi. 

La comparaison

D’ailleurs, une autre raison pour laquelle ils impactent l’estime de soi, c’est à cause de la comparaison. C’est une notion que je parlerai d’autant plus dans la suite de cet article quand je parlerai spécifiquement des TCA. Mais déjà chez énormément de gens, les réseaux sociaux engendrent de la comparaison. Et même chose, on ne s’en rend pas forcément compte sur le moment, mais les contenus que l’on peut voir engendrent de la comparaison à nos valeurs, à de l’apparence, à nos emplois du temps… parfois, on voit des « familles parfaites », des « mamans parfaites », ou des personnes qui semblent tout réussir dans tous les aspects de leur vie. Évidemment que ça pousse à culpabiliser ! La réalité, c’est qu’autour de moi, que je connais vraiment bien, je ne connais personne qui gère toutes les parties de sa vie. C’est que sur les réseaux sociaux qu’on nous montre ça… D’ailleurs, souvent, c’est des influenceuses qui ont une si grande communauté, que leur gagne-pain, c’est justement de filmer leur lifestyle. Donc, elles ont toute leur journée pour tout faire en effet, mais elles ne sont que quelques-unes dans le monde entier. Tous ces contenus peuvent aussi créer de la frustration : « Pourquoi moi je ne voyage pas autant ? Pourquoi sur moi les vêtements ne me vont pas aussi bien ? Pourquoi moi je n’ai pas autant de bijoux dans mon armoire ? Pourquoi moi je n’arrive pas à faire autant… ? »

Et puis, pour certaines personnes, il peut aussi y avoir une comparaison aux chiffres : au nombre de vues, au nombre de likes, de partage, etc. Elles peuvent se sentir moins bien selon le nombre de réactions qu’elles reçoivent. 

Désinformation de masse

Un autre point sur l’impact des réseaux sociaux dans la vie des gens en général, c’est aussi qu’il y a une grosse désinformation. Il y a énormément de contenus qui balancent des informations non vérifiées, mais où la personne le dit avec tellement de conviction, que tout le monde y croit. Et parfois, ça crée des réactions ultra-violentes, où des gens dépensent une énergie de dingue alors que l’info de base n’est pas vérifiée… D’ailleurs, énormément de personnes vont faire des posts avec des infos choquantes pour faire réagir, parce que c’est comme ça que l’algorithme fonctionne. Donc ils s’en foutent de si l’information est vraie, tant que ça fait des vues. Donc parfois, vous culpabilisez peut-être pour des contenus qui sont totalement irréels. 

Donc voilà, je pense que j’ai déjà donné pas mal de points qui montrent à quel point les réseaux sociaux peuvent être toxiques. Et encore, je n’ai pas parlé du cyberharcèlement, où des gens se permettent d’insulter les autres sous prétexte qu’ils sont protégés par un pseudo et un écran. Et ça peut aller tellement loin… à croire qu’ils en oublient que derrière, ces insultes s’adressent à de vrais humains. 

Réseaux sociaux et TCA : quels dangers ?

Je vais maintenant me concentrer sur l’impact des réseaux sociaux dans le cadre des TCA, mais sachant que tous les points que j’ai énoncés juste avant sont d’autant plus impactant pour des personnes ayant une santé mentale fragile. 

Pour préparer mes contenus, j’aime bien vous demander votre avis sur Instagram en amont (comme quoi, les réseaux sociaux peuvent être un outil utile dans certains cas haha ! Mais je le dis, je ne blâme pas à 100 % ! Sinon, je ne serais pas moi-même dessus). Mais du coup, j’ai fait un sondage. 

Je vous ai demandé votre relation avec les réseaux sociaux : 

  • Vous n’avez été que 7 % à me dire que vous trouviez qu’ils vous aidaient, 
  • Contre 19 % à dire que ça vous rend plus mal que ça ne vous fait du bien. 
  • Et la majorité a répondu « ça m’aide, mais parfois ça me rend mal ». Donc c’est bien ce que je dis, c’est que ça peut être bien mais il y a pas mal de dangers !

Et du coup, je vous ai aussi demandé les raisons de ce qui vous rendait mal dans les réseaux sociaux. Vous avez été énormément à me parler de la comparaison.

Danger n° 1 : déclencheurs à la comparaison

Vous avez été nombreux à m’avoir partagé le fait que les réseaux sociaux engendrent chez vous beaucoup de comparaison. 

Les réseaux sociaux pullulent de publications sur la perte de poids, des régimes, souvent déguisés par le terme de « rééquilibrage alimentaire », véhiculant des images corporelles avec des idéaux complètement irréalistes. 

Une abonnée m’a répondu « les publications sur la nourriture et le sport, et l’interprétation qu’en fait la maladie ». Et j’ai trouvé ça tellement pertinent ! C’est-à-dire que déjà chez beaucoup ça pourrait engendrer de la comparaison, mais quand vous souffrez de TCA, il y a aussi l’interprétation de la maladie qui va vous dire « toi, tu ne fais pas assez » « tu as vu, ces personnes mangent moins ou font plus de sport, tu devrais faire pareil », etc. 

Danger n° 2 : déclencheurs à des comportements de la maladie

Et le problème, c’est que toute cette comparaison engendre des comportements malsains de la maladie. C’est-à-dire que ces publications sont de véritables déclencheurs. Par exemple, des publications sur la nourriture peuvent vous inciter à manger moins. Combien « d’astuces » il y a sur les réseaux sociaux pour mincir, dépenser des calories… C’est tellement malsain, on vous apprend à vous déconnecter de votre corps alors que vous avez déjà du mal à être connecté à ses besoins. Il y a aussi des déclencheurs lorsque vous voyez d’autres personnes faire du sport, ou juste le corps d’une autre personne peut vous donner envie de perdre du poids. Il y a une personne qui m’a aussi dit « certains posts de diététicien présentent des aliments comme mauvais alors que moi je les consomme ». 

Danger n° 3 : La communauté TCA

Là, je vous ai parlé des réseaux sociaux en général, mais dans les TCA, il y a aussi la particularité d’avoir une communauté TCA. On va dire qu’il y a deux types de contenu dans cette communauté : 

  • Les contenus éducationnels, qui sont là pour aider, donner des conseils… 
  • Les contenus des personnes qui sont en guérison. Toutes ces personnes ne partagent pas le même contenu, mais pour certaines, elles ressentent le besoin de partager ce qu’elles mangent, ce qu’elles ont accompli comme défi, leur hospitalisation, leur variation de poids, etc. Et peut-être que pour eux-mêmes, c’est source de motivation, peut-être que pour d’autres, c’est source d’inspiration. Mais je pense que malheureusement, pour beaucoup, c’est source de comparaison. 

Donc, il y a d’une part la comparaison aux gens en général sur les réseaux sociaux, mais peut-être que la comparaison à d’autres personnes malades peut être aussi dangereuse. Moi je me souviens que lorsque j’étais malade, j’étais presque rassurée de voir que j’allais moins bien que d’autres, comme si j’étais davantage légitime alors que c’était débile. Mais ça me rassurait, c’était la maladie qui me faisait croire ça. Donc si je voyais quelqu’un qui semblait plus en difficulté que moi, je culpabilisais presque et ça pouvait me ralentir dans mes avancées dans la guérison. 

tiktok-tca

Focus TikTok & TCA : 

Une personne m’a dit que son déclencheur sur les réseaux sociaux, ce sont « les filles sur TikTok qui romantise les TCA ». Alors, TikTok, je connais beaucoup moins. C’est moins de mon âge je pense (je semble super vieille en disant ça haha). Mais c’est vrai que j’avais été voir il y a 1 an je crois, ce qui se faisait sur TikTok en termes de TCA. Et j’avais été assez choqué de voir beaucoup de contenus en effet qui semblaient romantiser la guérison, la réalimentation, les hospitalisations, etc. Et j’avais trouvé que certains contenus étaient vraiment malsains et n’aidaient en rien ! Surtout qu’il me semble que la communauté TikTok est en effet plus jeune, et être confronté à ce genre de contenu peut vraiment être dangereux je trouve ! 

La mention « TW »

Alors, je ne sais pas si vous avez déjà vu cette mention dans certains posts, ce n’est pas seulement réservé aux TCA hein. Mais TW, c’est l’abréviation de Trigger Warning, qui signifie en anglais que le contenu peut contenir un déclencheur pour la personne qui lit. Donc c’est un avertissement, pour dire que le post peut contenir des informations qui vont vous sentir mal. Le fait de mettre « TW » permet un peu au créateur de contenu de se dédouaner de toute responsabilité, en disant « c’est vous qui faites le choix de vous y confronter ». J’ai moi-même déjà utilisé cette mention il y a longtemps, en 2021 je dirai. Mais courant 2022, j’ai lu une étude américaine qui disait que le fait de mettre cette mention attirait d’autant plus les gens à aller consulter ces contenus. Donc c’est vrai que je ne sais pas trop ce qui est le mieux : ne pas mettre cette mention ou pas ? Je vous conseillerais de faire vraiment attention quand vous voyez cette mention TW, même si vous êtes attirés, ne le lisaient pas. Personnellement, je ne mets plus la mention TW mais je fais surtout très attention à ne pas parler de choses qui pourraient être trigger pour ma communauté. 

Ce que je pense de la sensibilisation des TCA sur les réseaux sociaux

Justement, je voudrais vous parler de la sensibilisation des TCA sur les réseaux sociaux. Alors, évidemment, je trouve ça positif. Je participe moi-même à ça. 

Ce que je trouve bien : 

  • Le fait d’ouvrir la parole sur des sujets qui ne sont encore pas assez connus ou du moins mal compris du grand public
  • Le fait de donner la parole aux personnes malades, elles en parlent le mieux 
  • Le fait que ça peut aider les personnes malades à se sentir moins seules, mieux comprises et peut-être même avoir des prises de conscience 

Mais par contre, je pense que comme partout, il y a parfois des choses qui peuvent ne pas aider. Je pense notamment aux posts tels que « X choses que j’ai faites lorsque je souffrais de TCA », « X choses que mon TCA m’a fait faire » en donnant en quelque sorte des comportements malsains, des choses qui s’apparentent presque à des « astuces » pour la maladie. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. Les personnes qui partagent ça ne font pas ça du tout à mal, mais je pense que parfois, ça donne des idées au côté « maladie » en vous. Par exemple, peut-être que vous pourriez vous dire « tiens, elle a fait ça mais moi je ne l’ai jamais fait, c’est que je suis moins malade » « tiens, c’est vrai que je n’avais pas pensé à ça pour dépenser plus de calories ». La personne qui l’a écrit, si elle est passée par les TCA et qu’elle en est sortie, elle a une prise de recul sur ces actions du TCA que la personne malade qui lit le post n’a peut-être pas encore, et donc ça peut être néfaste. Donc je pense qu’il y a certains contenus qui sont parfois trigger alors qu’à la base ils étaient là pour aider. Mais bon après, ça peut être trigger pour certaines personnes et pas pour d’autres. 

Après, je pense que c’est de la responsabilité de chacun qui crée du contenu de savoir si ça pourrait heurter sa communauté, de savoir où mettre des limites. Par exemple, moi je ne publie JAMAIS de contenu avec de la nourriture parce que je me dis que ça pourrait être trigger pour certaines personnes. Peut-être une infime partie de ma communauté mais je ne préfère donc pas le faire. Là où d’autres comptent en partage, et ça peut même être inspirant pour leur communauté. Je me pose toujours énormément de questions quand je fais un contenu car je veux vraiment aider et pas porter préjudice, et je trouve que ça demande de prendre beaucoup de précautions, de me souvenir quand j’étais malade, comment j’aurais reçu cette information. Pour vous dire, ça m’est déjà arrivé de rédiger tout un contenu pour finalement l’effacer, au cas où ça serait néfaste pour quelques personnes. Et encore, c’est grave possible que j’ai déjà publié du contenu qui ait été problématique pour vous et je vous assure que je m’en excuse vraiment, j’essaie de faire au mieux. Mais c’est ça aussi le problème avec les réseaux, c’est qu’on s’adresse à une communauté de plusieurs centaines voire milliers de personnes et donc forcément, on ne peut pas prendre en compte les problématiques spécifiques de chaque personne, puisqu’évidemment, on ne connait pas tout le monde personnellement. Et c’est là où il faut aussi savoir prendre du recul en tant que lecteur/utilisateur, de se dire « ça ne m’est pas adressé spécifiquement ».  

Par contre, il y a une partie de la sensibilisation des TCA que je n’aime pas sur les réseaux sociaux. C’est quand ça vient de la part des influenceuses/influenceurs qui vendent des programmes de perte de poids, de régime… et qui savent qu’évidemment, ça a des conséquences, donc pour se donner bonne conscience, de temps en temps, ces personnes font un post de sensibilisation pour les TCA. Je ne trouve personnellement pas ça crédible, puisqu’en fait, ils font partie des personnes qui publient du contenu qui envenime le mal-être des personnes qui ont des TCA. Tu ne peux pas parler de perte de poids toute l’année puis une semaine par an, parler de trouble alimentaire. Tu ne peux pas faire la prévention des troubles alimentaires tout en favorisant les régimes. 

Danger n° 4 : se renfermer sur les réseaux sociaux

J’ai déjà pas mal parlé des dangers, j’en ai un dernier à partager avant de passer à la partie « conseils ». 

Un autre danger, qui peut pourtant faire du bien quelque part et je le comprends, c’est le fait de trouver dans les réseaux sociaux un refuge. On le sait, les TCA ont tendance à éteindre la vie sociale, à renfermer la personne sur elle-même. Et les réseaux sociaux offrent des contacts sociaux derrière un écran, donc c’est beaucoup moins de barrières pour la personne malade. Et pour certaines personnes, ça peut les aider à renouer avec des amitiés, à se sentir moins seules, à être avec d’autres personnes. J’ai eu la chance d’être entouré dans ma guérison, donc je ne peux pas 100 % me mettre à la place des autres. Mais ce que je voudrais tout de même dire : c’est attention à ne pas vous renfermer exclusivement aux réseaux sociaux. Parce que ce n’est pas la vraie vie les réseaux sociaux. Et une partie de la guérison consiste justement à renouer avec la vraie vie. Mais ça, j’en parlerai dans la partie « conseil », mais je voulais déjà le dire ici comme « danger potentiel ». 

Les conseils pour une utilisation plus positive des réseaux sociaux.

Ces conseils peuvent s’appliquer à une personne souffrant de TCA, mais pas que. J’ai pas mal parlé de danger, mais je voudrais quand même rappeler que oui, les réseaux sociaux peuvent aider : 

  • À se sentir moins seule, à être mieux compris
  • À trouver des contenus éducatifs qui vous aident à mieux comprendre la maladie
  • À rester en lien avec des proches, à faire des rencontres, à maintenir un minimum de vie sociale

Mais je voudrais vous donner quelques conseils pour vraiment les utiliser de la façon la plus positive possible. Bon, sachant que moi-même, j’essaie d’appliquer certains de ces conseils et certains jours, je n’y arrive pas et ce n’est pas grave. C’est normal d’avoir des jours de « moins bien », j’en parlerais justement dans le contenu que je ferais sur le burnout de la guérison. 

#Conseil 1 - Suivre les bons comptes TCA

C’est un conseil qui revient fréquemment, que vous avez déjà dû entendre : suivez les bons comptes. C’est-à-dire que dès que vous voyez un contenu qui vous trigger, et que vous remarquez peut-être que ce n’est pas la première fois que ce compte poste des contenus qui vous dérangent, alors désabonnez-vous. Moi je me souviens qu’à la fin de mes TCA, je suivais pas mal de filles de compte recovery, mais aussi des filles fitgirl, qui partageaient des recettes avec les calories, etc. Et dans ma tête je me disais que c’était pour me donner des idées, pour élargir mes possibilités de repas. Mais en réalité, ça me maintenait dans la mentalité « il faut associer des calories à la nourriture ». Et une fois mon copain m’a regardé faire et m’a dit « mais regarde, tous les soirs tu regardes ton feed, il y a que de la bouffe ». Et il avait raison ! Et ça a été vraiment dur pour moi de plus suivre ces comptes-là, c’était presque devenu une routine. Et un jour j’ai tout defollow, et vraiment, ça m’a fait du bien et ça a été un pas en plus dans ma guérison, mais un vrai grand pas qui a fait la différence pour moi en tout ça.

À l’inverse, je vous invite vraiment à suivre des comptes TCA qui vous aident, qui partagent des choses plus éducatives sur le sujet. Évidemment, je vais vous parler du mien @norain.noflower où je partage plein de posts qui répondent souvent à des questions qu’on me pose mais pas que ! Mais il y en a plein et qui sont vraiment chouettes ! Et n’hésitez pas à enregistrer leurs posts, pour vraiment en faire une utilisation « utile », pour que vous ayez des posts qui vous aident, rassemblés au même endroit, comme votre propre base de données d’aide, que vous pouvez consulter à n’importe quel moment.

#Conseil 2 - Ayez (peut-être ?) un compte TCA

Suivre des comptes qui vous aident dans la guérison de votre TCA c’est vraiment bien. Mais le truc, c’est que la guérison des TCA, c’est justement s’ouvrir à d’autres choses que la maladie. 

Donc c’est vrai qu’il y a peut-être ce truc où vous êtes sur les réseaux sociaux juste pour vous changer les idées, ou peut-être qu’enfin vous avez réussi à décrocher quelques instants du monde du TCA, et là bim, l’algorithme qui a remarqué que c’est un sujet qui vous intéresse, il vous met des infos sur les TCA. Et parfois, vous n’avez pas envie de ça ou juste, de ce fait, ça vous replonge dans le monde de la maladie (même si c’est plus de la guérison). Mais ce que je veux dire dans le fait d’avoir un compte « TCA », c’est peut-être un compte où vous pouvez suivre tous ces comptes qui vous aident (je ne vous parle pas d’un compte où vous partagez vos assiettes, vos victoires, etc). Le but de ce compte « exclusivement TCA », c’est que c’est vous qui choisissez quand vous avez envie d’aller voir des posts à ce sujet. Ce n’est pas l’algorithme qui décide de vous mettre ça sous le nez à n’importe quel moment. Et en plus c’est très facile de swipper d’un compte à l’autre, que ce soit sur Insta ou TikTok, ils ne vous redemandent pas de mot de passe ou quoi que ce soit. Donc ça, c’est à vous de voir, mais ça peut être un conseil intéressant. 

#Conseil 3 - Diversifiez les comptes que vous suivez

Un autre conseil, notamment si vous gardez un unique compte, c’est de diversifier les comptes que vous suivez : soit ne pas suivre uniquement des comptes TCA. Essayez de diversifier : des comptes d’humour, de déco, de calligraphie, de lecture, de voyage, d’animaux… enfin, ce qui vous plaît en fait ! Mais si vous ne suivez que des fitgirls, des comptes recovery et des comptes de recettes… bah une fois de plus, ça vous maintient dans l’univers de la maladie, c’est plein de trigger que la maladie peut facilement utiliser contre vous. 

#Conseil 4 - Réinitialiser votre algorithme

Si vous avez décidé d’avoir un compte TCA mais que votre compte de base est déjà plein de contenu TCA ou si vous en avez juste marre de voir plein de contenu sur les TCA… il vous faut manipuler votre algorithme.

L’algorithme des réseaux sociaux fonctionne de la façon suivante : 

Au plus vous montrez de l’intérêt à un contenu, au plus l’algorithme sait que ce genre de contenu vous plait, et il va donc vous mettre en avant des contenus similaires. 

algotihme-tca-reseaux-sociaux

Comment vous montrez de l’intérêt à un contenu ? En le likant, en le partageant, le commentant, et en le regardant. Et ça, c’est quelque chose qui devient très important, ça s’appelle le watchtime. Si votre algorithme remarque que vous passez 2 secondes de plus à lire un contenu sur la perte de poids ou sur de l’alimentation, même si vous ne l’avez pas liké ou n’avez fait aucune interaction, alors il enregistre que ça vous intéresse. 

Donc comment manipuler son algorithme ?

En vous forçant à regarder du contenu différent, et à swipper très vite les contenus que vous ne voulez plus voir. 

Et ça, vous pouvez le faire simplement déjà 10 minutes, et ça devrait suffire pour manipuler votre algorithme, pour qu’il ne vous montre plus les contenus que vous ne voulez plus voir.

#Conseil 5 - Protégez-vous des contenus inappropriés

Alors, là je vais vous parler uniquement d’Instagram car TikTok, comme je vous disais, je l’utilise peu donc je ne connais pas assez. 

Mais sur Instagram, vous pouvez faire quelques manipulations pour vous protéger. Ça marche pas à 100 % mais ça peut déjà réduire je pense. 

Déjà, s’il y a un contenu, n’importe lequel qui vous dérange, vous pouvez cliquer sur les trois petits points à la verticale à droite de la publication, et cliquer sur « Masquer ». Au moins, si vous ne souhaitez pas vous désabonner, vous ne verrez plus les publications de cette personne. Et elle ne le saura pas, rassurez-vous.

Ensuite, rendez-vous sur votre profil > sur les trois barres latérales à droite > vous arrivez sur paramètres et activité directement. Là dans la barre de recherche vous écrivez « pub » > sélectionnez « sujet publicitaire » > allez dans la barre de recherche et là vous aurez tout en bas « contrôle du poids corporel » > cliquez et sélectionner « voir moins ». Et dans la barre de recherche vous pouvez mettre d’autres termes mais en anglais. Par exemple « diet » pour régime, et faire la même chose. D’expérience, ça ne marche pas à 100 % mais ça permet normalement de limiter un peu. 

#Conseil 6 - Prendre du recul

Un autre conseil, c’est de prendre du recul vis-à-vis des réseaux sociaux, et notamment garder en tête que les réseaux sociaux, ce n’est clairement pas la vraie vie. Sur les réseaux, vous ne voyez qu’un instant qui est capturé, vous ne savez pas ce qu’il se passe avant ou après. Une personne peut sembler avoir un mode de vie saine, mais être très malade psychologiquement. La souffrance psychologique ne se voit pas en photo. Et même chose, d’expérience, c’est souvent ceux qui affichent le plus sur les réseaux sociaux qui ont le plus de souffrance, et pas forcément ceux qui ont « la plus belle vie ». Comme s’il fallait prouver que leur vie était bien. Sur mes réseaux perso, je dois poster 1 photo par an voire tous les 2 ans. Et pourtant, je ne suis pas malheureuse ! J’ai plein de trucs où je me dis que je pourrais le montrer. Mais les réseaux, ce n’est pas la vraie vie, je préfère vivre ces choses à fond plutôt que de tout le temps montrer. Ça ne veut pas dire que ceux qui postent souvent c’est pas bien, chacun ses choix, mais c’est juste pour dire que ce n’est pas corrélé avec à quel point votre vie est bien ou non. 

Et c’est important de prendre du recul et de se faire un esprit critique vis-à-vis des contenus que vous voyez. Ça aussi je trouve que ça fait partie de la guérison. Quand vous voyez des contenus qui prônent des régimes, des pertes de poids, des produits minceurs ou quoi que ce soit : gardez en tête que bien souvent, ces contenus jouent sur les émotions et peurs de gens pour vendre quelque chose derrière. Comme je disais, il y a bien des contenus où ils se foutent de savoir si leurs informations sont vérifiées, tant qu’ils font le buzz et qu’ils vendent derrière. C’est une triste réalité… Mais du coup, il faut prendre du recul vis-à-vis de ça. 

#Conseil 7 - Diminuer votre temps d’écran

Ça franchement, c’est l’un des meilleurs conseils que je pourrais donner. Je l’applique moi-même et vraiment, ça aide de fou ! Psychologiquement, et même, vous gagnez du temps. Et je ressens personnellement une oppression en moins. 

Donc quelques astuces pour vous aider : 

  • Mettre votre portable en mode silencieux, c’est-à-dire où vous ne recevez pas les notifications. Et je vous dirai même de faire en sorte que ce mode s’active automatiquement (plutôt que vous le mettiez manuellement). Quitte à l’enlever manuellement si ça vous dérange. Mais par exemple, moi il est en silencieux avec zéro notif jusqu’à 8 h et puis, prend le relais d’un autre mode qui ne me montre que les notifications importantes : SMS et appel quoi. Et à 22 h, je repasse automatiquement en zéro notification. Moi je suis sur iPhone, donc je ne sais pas comment ça se fait sur Androïd, mais ces modes-là, vous les paramétrez dans Réglages > Concentration. Et là, vous pouvez définir des programmes avec des heures ou choisir les applications dont vous souhaitez garder les notifications. 
  • Vous pouvez aussi mettre votre téléphone dans une autre pièce. Par exemple, si vous travaillez dans votre bureau, laissez-le dans le séjour. Et ça même chose, ça aide vraiment. Si vous l’avez à portée de main, la tentation est plus grande. 
  • Vous pouvez aussi utiliser des applications qui vous aident à limiter votre utilisation des réseaux sociaux. Je vous en donne 4 et je vous laisserai regarder par vous-même si ça vous intéresse : Forect, Flipd, Space, AppBlock

#Conseil 8 - Faire des digitales detox

Une digitale detox, une vraie, c’est de ne plus avoir d’écran du tout pendant une période de temps définie. Bon, c’est plus difficile à mettre en place concrètement. Mais ce que je fais personnellement, puisque je sais que ce qui me prend le plus de temps, c’est Instagram ou les vidéos Facebook (ouais, je suis vieille…), je vais me faire des journées entières sans aller dessus. Et je vous conseille d’avoir au moins une journée sans y aller dans votre semaine, par exemple le dimanche, où vous laissez vraiment votre portable dans un coin. Je fais ça aussi parfois sur des plages horaires. C’est-à-dire que je sais que de 9 h à 18 h je ne me connecte pas. Mais après il faut faire attention à ne pas s’accorder les réseaux juste avant de dormir, ce qui peut clairement impacter votre sommeil avec la lumière bleue du portable, et le fait que les écrans juste avant de dormir ce n’est pas génial ! Je dis ça, mais ça m’arrive encore trop souvent de le faire… 

Je vous ai déjà donné pas mal de conseils concrets qui j’espère vont vous aider. Je voudrais terminer en donnant un conseil très spécifique.

On me dit souvent que j’inspire d’autres personnes malades à faire ce que je fais sur les réseaux : à savoir aider les autres. Je vous redonne mon vécu par rapport à ça. En 2020, j’avais lancé mon compte alors qu’en fait, je n’étais pas totalement guérie. J’étais en quasi-guérison. J’allais vraiment mieux et moi aussi j’ai eu envie de partager mon vécu. D’un coup, j’ai eu plein de messages de gens qui vivaient ce que j’avais vécu ou que je vivais encore à ce moment-là, et j’ai ressenti en fait une oppression où les réseaux dans les TCA devenaient ma nouvelle vie en quelque sorte, alors que je cherchais à me reconstruire indépendamment de la maladie. Au final, j’ai tout arrêté du jour au lendemain, sans rien à personne. Parce que ça me portait préjudice dans ma guérison. Je suis partie 17 mois, le temps de guérir totalement et de faire une vraie coupure entre le moment où je guéris et le moment où je voulais en faire une force, et aider d’autres. Et pour moi, ça a été vraiment indispensable. Pour moi, la coupure est importante pour vous comme pour ceux que vous voulez aider. Pour apporter plus saine et être capable de prendre un véritable recul sur ce que vous entendrez et/ou lirez et/ou verrez d’autres personnes.

Donc voilà, je tenais à le dire. Pour autant, chacun fait comme il veut. Et c’est super de vouloir en faire une force, de vouloir aider, de témoigner, ça aide clairement les autres ! Mais pensez à vous, à consolider VOTRE guérison avant tout. C’est vraiment un conseil bienveillant que je vous donne là 🙂 

J’espère que cet article vous aura aidé ! Mettez vos propres conseils en commentaire de l’article de blog correspondant, que vous retrouverez sur mon site norainnoflower.com. Ça peut être sympa de partager ça aux autres pour enrichir ce contenu !

Je vous remercie pour votre écoute et je vous dis, à bientôt ! 

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, 0 commentaire