Culpabilité dans les TCA : la comprendre pour mieux y répondre
Aujourd’hui, on se retrouve pour parler de culpabilité. C’est un terme omniprésent dans les troubles alimentaires. Et c’est un terme assez connu, mais je trouve que, il a pas du tout la même signification dans la vie courante, pour une personne en bonne santé, que dans le cadre des troubles alimentaires, donc pour une personne malade.
Qu’est-ce que la culpabilité dans les TCA ?
Donc, je vais commencer par définir cette culpabilité dans les TCA. Je le précise, parce que je me souviens que lorsque j’étais malade, je parlais d’à quel point j’étais mal à cause de cette culpabilité, et on me répondait parfois “ah, mais moi c’est pareil, parfois je mange des chips avant de manger, et je culpabilise grave”. Bah, pour moi, ça n’est pas la même chose. Parce que la culpabilité dans les TCA, elle est bien souvent permanente. Et d’ailleurs, c’est pas que la culpabilité liée à l’alimentation, c’est aussi la culpabilité d’être malade, parfois de ne pas être assez malade, de ne pas avoir fait assez de sport, de s’être reposé, d’avoir gagné du poids, de ne pas être assez bien, de ne pas réussir à guérir, etc. Et lorsqu’elle est liée à l’alimentation, c’est pas “juste” une culpabilité d’avoir mangé un peu plus que d’habitude, c’est culpabilité d’avoir mangé un aliment considéré comme “mauvais”, d’avoir mangé trop de ceci ou trop de cela, d’avoir mangé plus que son voisin, d’avoir mangé alors qu’avant tu venais de faire une compulsion, etc.
Autre point : La culpabilité quand on n’a pas de TCA, on parvient facilement à se raisonner, à passer à autre chose, ce n’est pas paralysant. Tandis qu’avec un TCA, on ne parvient pas à se raisonner. La personne qui culpabilise est même persuadée que la voix de la culpabilité est la bonne, qu’elle est vraiment en tort et que c’est grave. Et d’un autre sens, c’est très souvent que les personnes malades disent “en réalité, je sais que c’est insensé, mais je ne parviens pas à me raisonner”. Donc c’est ultra-ambivalent, et c’est là toute la difficulté des TCA. Donc dans le cadre des troubles alimentaires, c’est vraiment une culpabilité qui emprisonne. Les sentiments associés à la culpabilité dans les TCA sont souvent des sentiments de dégoût, de honte, de désespoir. C’est une sensation d’être dans une impasse, d’être bloqué, de ne pas avoir d’autre choix que de répondre à la maladie pour mettre fin à cette culpabilité. Avec un TCA, lorsqu’on culpabilise, on a la sensation de manquer de volonté. Normalement, le sentiment de culpabilité est fait pour qu’on prenne conscience qu’on a fait une faute, quelque chose d’immoral, voire qui peut être puni par la loi. Mais dans les TCA, c’est vraiment une culpabilité malveillante, c’est un véritable poison. Souvent, cette culpabilité entraîne du stress, un renfermement sur soi donc une diminution de sa vie sociale, une mauvaise estime de soi, une baisse de confiance en soi… ça peut entraîner aussi des compulsions ! J’en parlerai plus tard de ce point-là.
Bref, en réalité, je prends le temps de définir la culpabilité, mais malheureusement, je pense que vous connaissez déjà trop bien tout ça puisque vous le vivez. C’est surtout intéressant pour les proches de ces explications, pour mieux comprendre la personne malade.
Je vais donc maintenant vous parler des causes de cette culpabilité, qui sont vraiment multiples, et en même temps, je vous donnerai des conseils pour diminuer cette culpabilité. C’est important cette partie parce que parfois, on ne parvient pas à savoir pourquoi, la raison profonde du sentiment de culpabilité. Or c’est indispensable de comprendre l’origine pour pouvoir travailler dessus.
Causes et conseils pour diminuer la culpabilité
#1 - Les déclencheurs
Le terme de “déclencheur” est souvent utilisé dans le cadre des TCA, en anglais ça se dit “trigger”. Les déclencheurs, c’est surtout ce qui va alimenter la culpabilité. C’est plutôt des outils de la culpabilité, plutôt qu’une cause.
Quand je parle de déclencheur, c’est :
- la balance (culinaire ou pèse-personne)
- les montres connectées qui indiquent les calories dépensées, le nombre de pas effectué
- les applications qui comptent les calories ou les pas, encore une fois
- les étiquettes alimentaires
- les réseaux sociaux
- etc.
En fait, parfois, vous culpabilisez après une certaine action : ça peut être après avoir fait un tour sur Instagram, après être monté sur la balance, etc. Il faut vraiment vous questionner : qu’est-ce qui m’a déclenché ce sentiment ? Est-ce un outil physique? Et si la réponse est oui, il faut vraiment supprimer ces déclencheurs. Combien de fois je vous ai dit de jeter la balance. Je sais que c’est un GRAAAAND pas, mais vraiment, c’est indispensable. La balance, elle ne vous apporte RIEN. Et si vous me répondez “si, ça me rassure” ou “si, ça me permet de garder le contrôle” ; je vous assure que ce sont des leurres du TCA. Ça rassure votre partie TCA (soit partie maladive) uniquement quand ça répond à SES exigences.
Pour ce qui est des réseaux sociaux, vraiment, ne suivez plus les comptes qui vous rendent mal, qui vous font culpabiliser. C’est des sujets qui reviennent souvent dans mes podcasts, mais parce que je sais que les réseaux, ça peut aider, mais ça peut aussi créer d’autres angoisses. Et pour ce qui est des étiquettes alimentaires, ça c’est difficile, je sais aussi. Je pense que ça m’a pris énormément de temps avant de perdre l’automatisme de ne plus regarder les étiquettes. Je sais que certains collent une étiquette blanche dessus, d’autres barrent au marqueur les informations susceptibles de faire culpabiliser. Une personne m’avait dit qu’elle achetait tout en vrac, ou le maximum possible, pour ne pas avoir les informations nutritionnelles.
#2 - Le poids & l’IMC
Une autre cause de la culpabilité, c’est parce que vous avez en tête un poids défini, souvent trop faible, ou un IMC (selon comment vous raisonnez). Le fait d’avoir un objectif de poids ou d’IMC va générer de la culpabilité, puisque selon ce que vous mangez ou l’activité que vous faites (ou ne faites pas), vous allez culpabiliser par peur de dépasser cet objectif, ou alors vous allez culpabiliser parce que justement vous avez déjà dépassé cet objectif.
Sauf que ça, ça fait clairement partie intégrante de la guérison : accepter que vous ne puissiez pas vous-même déterminer votre poids de forme. Le poids de forme, c’est votre corps qui sait lequel est le bon pour vous. Non, le poids, le corps, ne sont pas à maitriser, comme nous le fait croire la culture du régime. Le corps est un être vivant, et comme n’importe quel être vivant, il sait lui-même ce dont il a besoin et il envoie des signaux afin que vous y répondiez. Aucun être vivant ne fait de régime. Les animaux ne font pas de régime… sinon ils n’auraient plus de force pour rester à leur position dans la chaîne alimentaire, ils se feraient capturer facilement par des proies. Aucune fleur ne fait de régime, sinon elle fanerait puis mourait. C’est vraiment quelque chose sur lequel travailler, la notion de poids de forme et d’IMC. J’ai fait un article complet sur ce sujet, celui ci. Je vous laisse l’écouter parce que c’est vraiment une notion cruciale dans les TCA. Je pense qu’on me l’avait souvent dit, mais j’ai pris du temps à l’intégrer. Donc même si vos médecins ou d’autres contenus l’ont déjà dit ailleurs, n’hésitez pas à écouter quand même. Parfois, le fait de l’entendre, encore et encore, ça aide à ancrer l’idée en vous.
#3 - Les réseaux sociaux et les autres.
Une autre cause de la culpabilité, c’est la comparaison aux autres.
Souvent, les TCA vous amènent à vous replier sur vous-même.
Donc peut-être que finalement, vous avez moins d’occasions de vous comparer à ceux qui vous entourent. Mais de ce fait, beaucoup passent énormément de temps sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux, ce n’est pas que péjoratif. Cela peut vous aider, mais il y a quand même le problème de la comparaison. Les personnes qui souffrent de trouble alimentaire manquent de confiance en elles. Donc dès qu’elles vont voir une personne qui montre son corps, ou sa routine sportive, ou ce qu’elle mange… Elles vont se comparer ! Et ça, ça peut être source d’anxiété et de culpabilité.
Sur les réseaux sociaux, il y a une grosse communauté TCA. Alors il y a une partie aidante, avec des comptes comme le mien ou des comptes de professionnels, ça c’est top. Mais il y’a aussi une communauté des personnes malades. Souvent, c’est dans un but de s’entraider, de se motiver. Et ça peut être le cas, peut-être que toi qui m’écoutes tu as un compte et que ça te motive. Mais pour d’autres personnes, ou dans certaines situations, ça peut aussi être source de comparaison et de culpabilité.
Et puis au-delà des réseaux sociaux, même si vous vous renfermez, vous vivez peut-être avec de la famille, des amis… ou peut-être tout simplement les commentaires que vous entendez à l’école, au travail… ça peut générer de la comparaison, et donc de la culpabilité.
Même chose sur ce point de la comparaison, je vous renvoie à l’épisode 36 qui est dédié à ce sujet, et où je donne tous mes conseils dedans. Vous allez dire qu’au final, je n’arrête pas de renvoyer vers d’autres épisodes. Mais c’est parce que j’ai déjà traité ces sujets-là de la façon la plus complète possible et donc je risquerais de me répéter. Et c’est aussi parce que, malheureusement, la culpabilité est omniprésente dans les TCA comme je le disais en intro donc c’est un sujet transverse qu’on retrouve dans un peu toutes les autres problématiques de la maladie.
Je voudrais quand même préciser un petit quelque chose.
Quand on souffre de TCA, dans bien des cas, il s’agit de comparaison malsaine, de comparaison qui ne devrait pas lieu d’avoir. Souvent, on a la sensation que les autres nous observent, nous juge… Et tout ça ne fait qu’augmenter votre angoisse et votre culpabilité. Mais la réalité, c’est que les gens ne s’occupent pas de vous, ils ont leur propre vie et parfois ils vous regardent, mais sans analyser ni vraiment réfléchir à ce que vous mangez ou à quoi votre corps ressemble. Et si c’est le cas, ils ont oublié 2 secondes plus tard. Bref, je ne dis pas ça pour dire que vous êtes nombriliste. Parce que quand j’étais malade, j’étais aussi persuadée qu’on m’observait. La vérité, c’est que vous êtes plus mal dans votre peau que nombriliste. Mais bref, je divague.
Ce que je voulais surtout dire, c’est que malheureusement, parfois, ce n’est pas dans votre tête. Peut-être que vous avez vraiment des remarques de proche autour de vous qui vous parle de régime, de perte de poids, de restriction. Peut-être que ce n’est pas un conseil pour vous (clairement, je n’espère pas, parce que là, c’est ce de la malveillance).
Mais quand on a un TCA, toutes ces discussions que l’on entend sur des sujets de régime, de perte de poids… on les ramène à soi.
Si vos proches, votre famille, vos amis… sont coincés dans ces régimes… c’est LEUR problème. Ce n’est pas parce qu’ils le font qu’ils ont raison. Ce n’est pas non plus parce que tu as vu des tas de gens suivre le même régime sur les réseaux, qu’ils ont raison. C’est prouvé scientifiquement : 99,9% des régimes échouent. Quand vous voyez les avant-après, c’est sur du très court terme, on ne vous montre pas l’évolution à long terme. Et surtout, vous ne voyez que l’apparence, le résultat physique. Tous les dommages psychologiques causés par la restriction, elle n’est pas visible en photo. Si ces personnes vous donnent la sensation que vous ne faites pas les choses de la bonne façon, je vous le dis : le problème, c’est eux.
#4 - Ton mal-être
La culpabilité est aussi décuplée selon comment on passe sa journée. Et ça, on n’en a pas toujours conscience. Et donc, quand vous êtes pris par une vague d’anxiété, de culpabilité, je vous invite vraiment à prendre le temps de vous poser 2 petites minutes, de souffler et de prendre votre météo intérieure : demandez-vous comment vous allez réellement ? Est-ce que jusque là vous passez une bonne journée ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous dérange ? Quoi exactement ? Est-ce que c’est quelque chose qui pourra s’arranger ? Est-ce que vous pouvez changer cela maintenant ? Est-ce que vous avez le contrôle dessus ?
Prendre conscience de ces éléments est important, parce que souvent la culpabilité est corrélée avec comment vous vous sentez.
Or, ce n’est pas parce que vous passez une mauvaise journée que vous devez vous en vouloir d’avoir mangé, de vous être reposé, d’avoir mangé quelque chose qui vous faisait peur.
Ce n’est pas parce que vous allez mal intérieurement que vous devez vous punir, vous amener encore plus bas psychologiquement.
Et parfois, le fait de réaliser qu’en fait, aujourd’hui est une journée compliquée, ça peut vous aider à ne pas être dans la lutte, mais plutôt dans l’acceptation. Vous pouvez vous dire “ok, je ne vais pas bien, c’est pour ça que je ressens davantage de culpabilité, c’est un indicateur pour me dire que ça ne va pas, mais ce n’est pas un indicateur qui doit m’indiquer ce que je dois manger, ou si j’ai le droit de me reposer.”
Si la culpabilité augmente quand tu te sens mal, que tu t’es disputé… que tu t’en veux pour autre chose, que tu veux te punir. Le réel problème n’est pas ce plat ou cet aliment, mais un mal-être beaucoup plus profond et ce n’est pas en compensant ou en restreignant que ça arrangera le problème. Au contraire, il continuera de se perpétuer.
#5 - La restriction
Ce qui augmente et alimente la culpabilité, c’est évidemment la restriction. Parce qu’au plus vous vous restreignez, au moins votre cerveau est alimenté, au moins il peut raisonner convenablement, au plus il crée des peurs infondées pour vous faire culpabiliser, et au moins, vous avez d’énergie mentale pour lutter contre. Et c’est un cercle vicieux.
Un autre cercle vicieux que beaucoup connaissent, c’est celui de la restriction-compulsion. Vous vous restreignez, ce qui nourrit une compulsion. La compulsion entraîne de la culpabilité, qui vous pousse à vous restreindre. Or la restriction crée la compulsion, et ainsi de suite.
Une étude a demandé aux participants de déterminer si un gâteau au chocolat leur procurait de la culpabilité ou de la joie. Ceux qui associaient le gâteau à de la culpabilité étaient plus susceptibles de trop en manger et déclaraient ressentir une perte de contrôle en mangeant. (Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25186250/)
Donc voilà, je ne vais pas vous donner le conseil “arrêtez de vous restreindre” parce que je sais bien que c’est bien plus dur à faire qu’à dire, je suis passée par là. Mais ce que vous pouvez aussi retenir, c’est qu’au moins il y aura de restriction, au moins il y aura de culpabilité. Cela prouve bien que cette culpabilité est créée par votre TCA et qu’elle n’a aucune raison logique d’exister autrement. La culpabilité, c’est un sentiment de votre TCA, mais ça ne dit en rien la vérité, ni ne reflète en rien la réalité. Au moins il y aura de restriction, au plus vous retrouverez votre capacité à raisonner et au plus votre vous authentique comprendra que ce cookie est acceptable, que vous n’avez pas à vous sentir coupable pour ça. Manger des cookies, ça fait partie de la vie en vrai.
#6 - Le perfectionnisme
Une autre cause de la culpabilité, c’est le perfectionnisme que vous vous imposez, c’est parce que vous vous en demandez trop. Si j’arrive à trouver le temps un jour, j’essaierai de faire un épisode de podcast sur le perfectionnisme. Mais en tout cas, ce que je peux vous dire ici, c’est qu’il faut accepter qu’une alimentation parfaite n’existe pas. Il n’y a pas une seule bonne façon de s’alimenter. L’idée de manger “parfaitement” est créée par la culture du régime. Et si vous essayez d’appliquer à la lettre ce que cette culture vous enseigne, vous vous déconnecterez des signaux naturels de votre corps, et c’est comme ça que né la culpabilité.
La nourriture est censée apporter du plaisir. Et à chaque repas. Oui, c’est de l’énergie. Mais c’est aussi une façon de prendre soin de soi. Et ça aussi pour moi, c’est important de l’intégrer. Parce que ce qu’apprend la société c’est que se faire plaisir est une faute, c’est un manque de volonté ou alors ça doit être occasionnel. Mais le plaisir est une notion difficile quand on souffre de TCA et qui ne s’arrête pas à l’alimentation. D’ailleurs, demandez-vous : st-ce que vous vous faites plaisir aujourd’hui dans votre vie ? Au-delà de l’alimentation ?
Pleine conscience pour ne plus culpabiliser ?
On m’a parlé aussi de l’outil de la pleine conscience pour lutter contre la culpabilité. Alors, la pleine conscience durant le repas… perso ça ne m’a jamais aidé lorsque j’étais en pleine guérison. Évidemment, ça dépend de chaque personne et surtout de là où vous en êtes dans votre guérison. Pendant longtemps, en tout cas, ce fut mon cas, je n’avais plus de sensations de faim et de satiété qui étaient fiables. C’était faussé par la digestion de mon corps qui tournait encore au ralenti et par les peurs de mon TCA. Donc je ne pouvais pas me baser sur ça pour guider mes repas.
Et je dirais même qu’au contraire, moi au début j’ai eu besoin de manger en regardant une série pour aider mon esprit à focus sur autres choses que sur les pensées culpabilisantes de mon TCA qui tourbillonnaient dans ma tête. Et la pleine conscience post-repas, le moment où tu as envie de tout calculer, de ruminer, de ressasser ton repas, c’est pour moi pas le bon moment pour entrer en pleine conscience avec tes ressentis car c’est la tempête interne. Pour moi, si je donnais de l’attention à ces émotions négatives en les ressassant, j’alimentais la culpabilité car j’indiquais à mon cerveau que cette culpabilité il fallait lui donner de l’importance. Donc même chose, après les repas, je conseille d’utiliser des distractions.
Mais encore une fois, c’est MON vécu et je le dis bien, ça dépend d’où vous en êtes dans votre parcours de guérison. Par contre, en dehors des repas et post-repas, je pense que la pleine conscience, la méditation… ce sont de bonnes techniques pour t’aider à calmer ton esprit et à te reconnecter à toi. Mais pas dans les moments où la tempête est déjà déchainée. Mais ce n’est que mon avis et c’est fort possible que des témoignages me fassent nuancer ces propos.
"Même guérie, la culpabilité reste" ... ?
J’entends souvent “même une fois guérie, la culpabilité reste”. C’est un peu comme quand j’entends “on ne peut jamais vraiment en sortir”. Bon, ça, ça dépend du point de vue de chacun. Quand j’étais en quasi-guérison, et dans les premiers mois après la guérison, moi-même je disais ça. Mais aujourd’hui, après plusieurs années où je suis sortie des TCA, je peux vous le dire : on peut se sortir totalement de cette maladie et la culpabilité ne reste pas. Ou du moins, cela n’a plus rien à avoir avec la culpabilité toxique que j’ai décrit au tout début de l’article. J’allais presque dire que maintenant, c’est “une culpabilité normalisée”, mais ça prouve à quel point la culture du régime nous enseigne que la culpabilité est quelque chose de normal. Mais pour vous donner des exemples concrets, voilà comment ça se passe quand il m’arrive encore de culpabiliser. Souvent, c’est dans un contexte de vacances ou de fêtes, où j’ai enchaîné plusieurs repas qui étaient moins équilibrés, où il y avait des collations récurrentes. et là, ça peut arriver, une pensée furtive de “ohlàlà, on a peut-être quand même trop mangé là.” Mais c’est vraiment furtif. C’est-à-dire que maintenant, ça reste quelques secondes dans ma tête et je passe à autre chose. Et ce n’est pas parce que je ressens cette petite once de culpabilité que je vais me restreindre par la suite ou compenser avec de l’activité physique. Et c’est là qu’on peut parler de vraies guérisons pour moi, quand ça n’impacte plus la vie ni la santé de la personne. C’est juste une pensée furtive à laquelle on ne donne pas de poids.
Après, comme je le dis dans mon roman autobiographique, c’est ce que je ressens aujourd’hui. Peut-être que la vie me prouvera le contraire, mais je n’espère pas car j’ai travaillé en profondeur les causes du TCA. Mais voilà, c’est mon point de vue.
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Pour conclure, la culpabilité prend du temps à partir. ça ne part pas du jour en lendemain, ce n’est pas linéaire non plus, c’est possible qu’à certains moments elles reviennent de plus belle. Mais c’est normal, ça fait partie du process. Et par contre, non, elle ne part pas “juste” en patientant ou juste avec le temps. Cela demande un travail, sur les différents points que j’ai abordés ici :
- Déconstruire ces croyances erronées
- Travailler sur la notion de poids de forme
- Travailler sur son acceptation corporelle
- Éviter les déclencheurs
- Travailler sur la dimension psychologique du TCA, comme toujours.
Et en parallèle de ce travail, évidemment, il est indispensable de manger, d’augmenter son apport énergétique et de retrouver le poids de forme dans lequel votre corps se sent bien. Parce que sans manger ces aliments qui vous font peur, et sans répéter la confrontation à ces aliments, ce sera impossible d’indiquer à votre cerveau qu’il s’agit d’aliments safe, qu’il n’y a pas de quoi en avoir peur. Et sans réaugmenter votre apport, vous n’aurez pas suffisamment assez d’énergie pour vous aider à mieux raisonner et à faire tout ce travail de déconstruction.
J’espère que ce contenu vous aidera ! J’avais envie de faire un contenu sur la culpabilité parce que c’est central dans les TCA, mais pour autant y’a tellement de choses à dire et c’est tellement transverse à un tas d’autres sujets, que j’ai la sensation d’avoir dit énormément d’infos et ça manquait peut-être de clarté
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