Hyperactivité & anorexie : comment y mettre fin ?
Aujourd’hui, je vais parler d’un sujet qui est assez attendu, je le sais puisqu’on me l’a souvent demandé. Le sujet en question c’est l’hyperactivité dans l’anorexie, dans les troubles alimentaires.
L’une des raisons qui expliquent pourquoi c’est un sujet que vous m’avez beaucoup demandé, c’est parce que déjà, je pense que malheureusement, beaucoup d’entre vous sont sujets à l’hyperactivité. Mais en plus de ça, les “recommandations” vis-à-vis de l’hyperactivité restent assez floues. Certains médecins “interdisent” à leur patient de ne pas en pratiquer. D’autres parlent de réduire. D’autres encore n’en parlent même pas. Bon, ça, c’est clairement dommage parce que ne pas en parler n’évite pas le problème. Au contraire…
Mais je tenais à commencer par ce point pour vous rappeler que je vais parler de mon expérience, mais qu’encore une fois, chacun aura sa façon de faire. Ce n’est pas parce que moi, ça s’est passé comme ça, que pour vous, ce sera la même chose, et que pour les autres personnes malades, ça doit être la même chose.
Alors, qu’est-ce que l’hyperactivité ?
Certaines personnes me disent, “non, je ne fais pas d’hyperactivité, je ne fais plus de sport”. Sauf que l’hyperactivité, ce n’est pas que le sport. En effet, le fait de pratiquer du sport fait partie de l’hyperactivité. Mais l’hyperactivité, dans les TCA, pour moi, ce sont surtout les petits mouvements parasites qui sont dangereux :
- Le fait de ne pas s’autoriser à s’asseoir
- Se forcer à ne prendre que les escaliers, pas les ascenseurs ni les escalators (ou alors grimper dans les escalators)
- Le fait de s’imposer de marcher une certaine distance
- Le fait de vouloir faire les magasins ou le ménage à tout prix (qui est une façon, consciente ou inconsciente, de faire de l’exercice)
- Choisir tes occupations selon le niveau d’activité physique que ça te demande
- Avoir la “bougeotte” : je ne savais pas trop comment appeler ça, mais c’est le fait d’être toujours actif, que ses jambes bougent, ses pieds bougent…
Dans les TCA, il y a également l’hyperactivité mentale, évidemment, et malheureusement. Donc c’est le fait de penser h24 à quelque chose, de réfléchir sans arrêt, de se poser des tas de questions, d’être assommé par des doutes, de la culpabilité… Mais aussi de s’imposer de travailler sur ses cours, sur son boulot (si c’est un travail de bureau), d’apprendre de nouvelles choses, etc. Mais pour ce contenu, je vais rester sur l’hyperactivité physique 🙂
Des explications biologiques à l’hyperactivité dans l’anorexie ?
Dans cette partie, je vais vous partager des hypothèses biologiques qui pourraient expliquer l’hyperactivité dans les TCA. J’aime bien apporter plusieurs points de vue, plusieurs angles pour expliquer une problématique. Comme ça, ça vous permet de prendre ce qui vous parle, de vous faire votre propre opinion. Je ne dis pas que ces théories sont forcément valides, j’apporte la dimension scientifique que je trouve intéressante.
Explication scientifique 1 - Expérience sur des rats de laboratoire
Donc, il y a une équipe de scientifiques qui a fait des expériences sur des rats en laboratoire. Pas top… Mais bon. Ces rats avaient donc à disposition une petite roue sur laquelle ils pouvaient courir. Vous savez, c’est la petite roue que l’on voit souvent dans les dessins animés. Voilà les observations qui ont été faites :
- Lorsque les rats ont été sous-alimentés, ils ont commencé à courir plus longtemps.
- S’ils avaient le choix entre manger ou courir, ils privilégiaient souvent leur temps pour courir.
- Au plus ils perdaient du poids, au plus ils couraient longtemps
Explication biologique 2 - Que font les animaux en cas de famine ?
Nous sommes des êtres vivants comme les animaux. Et il y a deux réactions communes chez les animaux lorsqu’ils se trouvent dans un endroit où la nourriture n’est plus présente (exemple : certains endroits où il y avait avant de quoi se nourrir, mais que les conditions climatiques font que ce n’est plus le cas) :
- Réaction 1 : Ils économisent au maximum leur énergie, restant sur place et entrant en hibernation
- Réaction 2 (la plus courante) : ils se mettent en mouvement, à la recherche de nourriture.
D’ailleurs, ces deux réactions démontrent que tout le monde souffrant TCA ne fait pas systématiquement de l’hyperactivité. Même si ça reste une majorité dans les troubles alimentaires restrictifs.
Explication scientifique 3 - la dépendance à la récompense
Enfin, une dernière théorie scientifique : apparemment, la restriction accompagnée d’activité physique activerait les circuits de récompenses du cerveau, créant ainsi une dépendance. Ce qui pourrait notamment expliquer pourquoi c’est difficile de s’arrêter.
“Mais le sport me fait du bien”
Une autre difficulté qui explique pourquoi c’est difficile d’arrêter, c’est qu’on est dans une société où le sport, l’activité physique est valorisé. C’est finalement très facile de cacher aux autres que l’on fait du sport d’une façon maladive. Tout comme c’est très fréquent que les autres soulignent ta capacité à être assidu en sport, alors que toi tu sais dans ta tête qu’en réalité, ça fait partie de ton trouble. Et ces commentaires ne t’aident pas à arrêter.
C’est difficile aussi, car tu te dis “si les autres en font, il faut que j’en fasse”. Sauf que les autres ne souffrent pas de TCA. Et encore que, ils souffrent de TCA : tu ne peux pas te comparer aux autres. Tu dois faire les choses pour toi, pour ta guérison. Je sais que c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Mais je me dois te le rappeler. Moi aussi je ressentais cette injustice et frustration en moi, cette culpabilité à ne pas faire du sport quand je voyais que tous les autres allaient à la salle ou courraient le soir.
Prendre du recul face au discours de la culture du régime
L’une des clés de la guérison de cet aspect “hyperactivité”, ça va être d’apprendre à prendre du recul vis-à-vis de ce que font les autres et de ce que dit la culture du régime.
Tu ne peux pas attendre que les autres ne fassent plus de sport ou que la société évolue et arrête de nous culpabiliser en nous incitant à courir à la salle. Si tu attends ça pour t’arrêter de faire de l’hyperactivité, tu ne pourras jamais guérir totalement.
Lorsque j’entendais des discours encourageant le sport comme moyen de changer son corps, de perdre du poids… je me répétais que ce n’était pas pour moi, que ça ne me concernait pas, qu’ils avaient tort d’avoir cette approche-là. Et d’ailleurs, j’avais raison à ce moment-là. Aujourd’hui, j’ai une relation totalement saine à l’activité physique, je ne compense plus jamais. Et les personnes qui faisaient des régimes et des programmes sportifs pour perdre du poids ou contrôler leur corps quand j’étais en guérison… Sont toujours bloqués (5 ans plus tard) avec les mêmes malêtres. Ils sont toujours enfermés dans des régimes et des heures à la salle alors qu’elles n’aiment même pas ça. L’activité physique pour perdre du poids n’est pas saine. L’activité physique pour une personne qui est en guérison d’un TCA n’est pas saine.
"Le sport = bon pour la santé"
Beaucoup disent “je fais du sport, car c’est bon pour ma santé, ça me fait du bien”. Je me cachais beaucoup derrière cette excuse quand j’étais malade. Évidemment, je ne peux pas dire que j’ai forcément raison. Je le répète : on est tous différents, et je ne peux pas dire qu’une personne souffrant de TCA qui me dit ça ment. Mais en tout cas, me concernant, maintenant que j’en suis sortie, je vous le dis : si je faisais tout ce sport, ce n’était pas parce que ça me faisait du bien. C’est parce que ne pas le faire me rendait terriblement anxieuse et me remplissait de culpabilité.
D’ailleurs, c’est fréquent aussi d’avoir ce sentiment que le sport permet de réduire l’anxiété. Lorsque j’étais malade, tant que je n’avais pas bougé, fais mon sport dans la journée… je me sentais mal, anxieuse en effet. Une fois que je l’avais fait, j’étais apaisé, car “ouf, j’ai fait ça”. Mais la réalité, c’est que c’était terriblement malsain. L’anxiété que je ressentais avant le sport, c’est mon TCA lui-même qui me l’instaurait en me disant que tant que je n’avais pas fait mon sport, je n’étais pas “pure”, je ne faisais pas les choses bien. Une fois que je l’avais fait, c’est la partie TCA en moi qui était rassurée, contente parce que j’avais compensé ce que j’avais mangé, ou alors je pouvais de ce fait m’autoriser à manger…
On entend parfois dire que le sport est bon pour les personnes en dépression. Est-ce que c’est le cas pour les personnes qui ont des TCA sachant que le sport est vu comme un moyen de compensation & de restriction, soit un outil destructeur du trouble lui-même… ? Je ne sais pas. Vraiment, je ne sais pas. Car il y a des personnes qui disent s’être sorti des TCA en devenant runneuse, ou en faisant beaucoup de salles de sport, en musclant leur corps. Mais est-ce que finalement, ce n’est pas garder une partie du trouble dans sa vie ? Honnêtement, je ne sais pas. Je n’ai pas envie d’avoir d’avis tranché sur ça, car on est tous différents, et je ne peux pas dire que les personnes qui font ça ont forcément tort, je ne suis pas à leur place. Mais me concernant, tant que je gardais le sport comme un moyen de compensation ou de contrôler mon corps / mon poids… je sais que c’était encore le trouble alimentaire qui en était à l’origine. Et c’était malsain. Maintenant que j’ai totalement fait la coupure, que je ne fais plus de sport pour compenser… je vois la différence.
Comment savoir si le sport & l’activité physique que je fais sont malsains ?
Je dis souvent qu’une chose importante (et qui n’est pas toujours facile à faire…), c’est d’être honnête avec soi-même. Et parfois, le TCA te ment tellement bien que tu ne te rends même pas compte qu’il te manipule.
Je vais te donner quelques questions à te poser pour savoir si le sport ou l’activité physique que tu fais est fait de façon saine ou malsaine :
- Est-ce que le fait de ne pas le faire génère en toi de la culpabilité ?
- Est-ce que si tu ne peux pas faire ta séance ou ne peux pas bouger, tu vas réduire ta ration alimentaire ? Est-ce que ça te rend irritable ?
- Dans quel objectif fais-tu du sport ? Et si tu selon toi ce n’est pas pour perdre du poids, ou pour contrôler ton corps, pose-toi cette question :
- Si tu étais certaine que cette activité physique n’avait pas d’impact sur ton poids ou ton corps ; est-ce que tu la ferais quand même ?
Les risques de l’activité physique quand on souffre de TCA
Avant de vous donner quelques petits tips, et vous parler de mon expérience et du comment j’ai fait pour arrêter le sport, je voulais d’abord vous parler des risques liés à l’hyperactivité avec un TCA.
- Blessure musculaire : vos muscles n’étant pas suffisamment nourris (notamment dans un TCA restrictif), ils sont déjà affaiblis. En les sollicitant, et d’autant plus quand ils ont peu de repos, vous risquez de vous blesser. Et comme votre organisme n’est pas en bonne santé, vous prendrez bien plus de temps pour vous “réparer”. De plus, les problèmes d’ostéoporoses sont également fréquents lorsqu’on souffre de TCA, ce qui augmente le risque de fracture.
- Problème cardiaque : le cœur est un muscle, et comme les autres, il est affaibli, réduisant sa capacité à pomper le sang efficacement. Lors d’un exercice intense, les risques cardiovasculaires augmentent.
Je m’arrête là pour les risques, mais il en existe d’autres. Mon but n’est pas de vous faire peur pour vous faire peur. Le but est d’essayer de vous faire prendre conscience de à quel point votre corps a besoin de repos. Car ça, je n’en avais moi-même pas conscience quand j’étais malade, et ça m’aurait peut-être aidé dans la gestion de mon hyperactivité.
Arrêt total ou progressif de l’hyperactivité ?
C’est une question qui revient souvent. La réponse théorique et qui est préférable, c’est TOTAL. Pourquoi ? Parce que aujourd’hui, votre cerveau a fait le lien entre mouvements et manger (et comme je l’ai dit précédemment, c’est quelque chose de valorisé dans notre société, et même normalisé). Mais non, il ne devrait pas avoir de lien entre les deux. Combien de fois j’entends “Allez, on a bien marché, on peut s’accorder ça” ou “Après l’effort, le réconfort” ou “Bon allez je peux prendre un cookie, hier j’ai fait un marathon”. STOOOOOOOOP. Le sport, c’est un outil pour se faire du bien. Ce n’est pas un outil pour compenser un repas ou pour s’autoriser de manger un prochain repas. Vraiment pas.
Et comment casser ce lien ? En faisant un sevrage, et en arrêtant totalement le sport.
Sauf que là, quand je dis ça, il y a une alarme qui s’active dans votre tête en disant “Alerte ! Alerte ! C’est impossible pour moi d’arrêter le sport du jour au lendemain”. Et je comprends. Comme je disais, c’était la réponse théorique. Qui a pour autant été la solution pour moi. Mais pas du jour au lendemain.
C’est déroutant d’arrêter du jour au lendemain. Et si c’est imposé, et non intégré par la personne malade elle-même, je pense que parfois, ça peut être contreproductif, et qu’à terme, la personne va rechuter rapidement, ou qu’elle trouvera un moyen de faire du sport “en cachette”.
Mais alors comment moi j'ai fait ?
J’ai tenté d’arrêter progressivement. Vraiment progressivement, de 5 minutes en 5 minutes en moins.
J’ai tenté de changer le type d’exercice : d’exercices de cardio, je suis passée à des mouvements plus doux, de type Yoga, étirement musculaire, balade à pas plus lent…
Un autre conseil, ça peut être aussi de changer pour une activité en équipe. Ou rien que le fait d’être accompagné par une autre personne. Ça permet de discuter d’autres choses, d’être moins dans les ruminations de la maladie. Mais pour d’autres, ça peut entraîner des comparaisons… Donc à voir selon vous.
Mais je le dis quand même, ce qui a été le plus efficace pour moi, ça a été d’arrêter totalement le sport. Sauf que ce n’est clairement pas linéaire. C’est-à-dire que parfois je parvenais à tenir, une semaine, puis je rechutais, je reprenais un nouveau sport. Puis j’arrêtais 1 mois, puis je rechutais, 5 mois, puis je ré-arrêtais… et ainsi de suite, jusqu’à ce que je parvienne à être longtemps (+ d’un an) sans faire de sport dans un but de compenser.
Surmonter ta peur de prendre du poids avec une approche englobant TOUS les aspects de la guérison
Dimensions…
- Psychologique,
- Restructuration cérébrale,
- Physique,
- Nutrition,
- Acceptation corporelle,
- Reconstruction de ton identité,
- Anti-compensation…
...pour un chemin de guérison durable et consolidé.
Intégrer l’arrêt du sport dans un parcours de soin pluridisciplinaire
Si je n’avais pas travaillé sur les autres différents aspects de la guérison, je suis certaine que je ne saurais pas parvenue à arrêter totalement le sport, et à reprogrammer mon cerveau pour cesser ce lien entre mouvements & nourriture.
Ces autres aspects, ce sont notamment ceux que je parle dans l’article sur la quasi-guérison. Je le répète souvent, la guérison d’un TCA doit être multidimensionnelle. Je ne vais pas réexpliquer, car je le dis souvent, donc je vous invite à écouter aussi l’article sur mon parcours de soin en TCA.
Mais un trouble alimentaire se développe de façon inconscience à des blessures plus profondes, à un mal-être. L’alimentation, le poids qui fluctue, l’hyperactivité, la prise de laxatifs, le recours aux vomissements… tout ça, ce sont des symptômes, des conséquences du TCA. Mais ce ne sont pas les causes. Et j’insiste, à nouveau car je sais que je le rabâche souvent, mais c’est vraiment important de travailler tout l’aspect psychologique. Parce que si vous vous concentrez sur l’arrêt de l’hyperactivité, qui est un moyen que votre corps trouve pour exprimer son mal-être (en quelque sorte)… mais que le mal-être n’est pas travaillé, que vous n’ayez pas avancé sur ça… Alors, soit vous allez vite rechuter, soit vous allez tomber dans un autre mécanisme tout aussi destructeur.
Déconstruire les croyances erronées autour du sport.
Un autre aspect qui fait partie des différentes dimensions de la guérison, c’est ce que j’appelle la reprogrammation du cerveau. Le TCA vous a fait croire tout un tas de mensonges, de croyances erronées (qui sont d’ailleurs souvent des croyances provenant de la culture du régime et/ou de votre entourage). Ces croyances, même si au fond de vous, vous savez que c’est faux, que ce n’est pas sensé, vous en êtes tout de même terrifié.
Je vous donne quelques exemples qui seront plus parlants :
- Si je ne fais pas d’activité physique juste après avoir mangé, mon corps va trop stocker
- Si je m’arrête de faire du sport, je vais prendre du poids
- Si je ne fais pas de sport, mon corps sera flasque
- Un corps sain, c’est un corps musclé et mince
- Plus on fait de sport, plus on est fort.
- Il faut marcher minimum x pas par jour.
Je vous invite à vous demander quelles sont vos croyances erronées sur le sport et l’activité physique. Qu’est-ce que votre TCA vous dit qu’il va se passer si vous n’en faites pas ?
Faites la liste, et ensuite, mettez en face tous les arguments pour contrer ces croyances erronées. Ce n’est pas toujours facile à faire seul, c’est même rarement facile. Donc je vous invite à le faire avec votre thérapeute (d’où l’importance qu’il soit spécialisé en TCA, sinon, il risque d’avoir des pensées de la culture du régime… Une fois on m’a dit “non, vous n’avez pas besoin de faire autant de sport. Quand vous faites un restaurant ou un plus gros goûter, pourquoi pas mais pas tous les jours”….)
Une thérapie que j’avais suivie qui utilise ce processus de déconstruction des croyances erronées, c’est la thérapie cognitivo-comportementale.
Alors, évidemment, le simple fait de déconstruire ne permet pas à elle seule d’arrêter l’hyperactivité. Mais la répétition de ces arguments pour contrer le TCA, le travail psychologique à côté, le fait de mettre en place des actions concrètes pour déjà tenter de diminuer en intensité, en temps… et clairement, la renutrition… tout ça a pour moi fini par payer.
Quand est-ce que je pourrais reprendre le sport ?
C’est assez difficile pour moi de répondre à cette question. La personne la plus appropriée pour vous dire ça, c’est le professionnel qui vous suit depuis un petit moment, qui vous connait bien. Car ça dépend de plusieurs facteurs :
- Physique (où en est votre corps dans la réparation des dommages causés par le TCA, où en est votre santé osseuse….)
- Et surtout votre état psychologique. Si vous êtes toujours dans l’optique de vouloir reprendre le sport pour perdre du poids, pour contrôler votre corps… ce n’est pas le bon état d’esprit (et aucun jugement, car je sais que ce sont là des pensées de la maladie).
Pour moi, au plus la coupure est longue, au plus la cassure avec le lien malsain est faite.
Si je peux donner deux petits conseils sur la façon de reprendre le sport :
- Reprenez progressivement, autant sur l’intensité que la durée. Vraiment.
- Et aussi, si possible, changez de sport ou du moins, des conditions dans lesquelles vous les exercez lorsque vous étiez malade. Peut-être, changez de salle de sport si c’était dans une salle par exemple.
- Et encore une fois, rappelez-vous que dans tous les cas, ça ne sera pas linéaire. Ça m’a pris plus de 3 ans pour retrouver une relation totalement saine avec l’activité physique.
Essayez vraiment de trouver un sport qui vous plait. Si le yoga ou le pilate ça ne vous parle pas, alors n’en faites pas. Ne faites pas du sport parce qu’on vous a dit de le faire ou parce que les autres le font, ou parce que c’est à la mode. Pendant longtemps je fonctionnais comme ça, et je n’étais pas bien. J’ai même été à la salle de sport pour être une de ces fitgirls, mais moi ça ne me correspondait pas. Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire de sport dans sa vie, mais c’est important de faire quelque chose qui vous plait. Moi, c’est la marche. Si j’écoutais autour moi, je culpabiliserais parce que je ne fais pas de sport cardio ni un sport qui muscle. Mais au moins, je fais un sport qui fait du bien à ma tête, et donc à mon corps.
D’ailleurs, où j’en suis aujourd’hui avec l'activité physique ?
Je n’étais pas une personne sportive avant mes TCA. J’avais clairement fait du sport dans ma vie que pour perdre du poids. Aujourd’hui, je ne fais pas vraiment de sport à proprement parler. Par contre, j’adore la musique, et la nature. Donc j’aime marcher dans la nature, j’essaie chaque jour pour m’aérer l’esprit. Mais ça n’excède jamais 30 minutes, c’est à pas lent, pour me faire du bien, sans aucun lien avec un objectif de pas ou de calorie dépensée. Et parfois, je fais quelques étirements (mais j’ai du mal à m’y tenir). C’est ma kiné & ostéo qui me l’a prescrit en quelque sorte, car j’ai des tensions au niveau des cervicales et haut du dos (merci le stress). Mais il y a des jours où je ne marche pas, car pas l’envie ou pas le temps, et ça ne me stresse pas, ça n’impacte pas non plus ce que je mange, ni la quantité.
Par contre, un truc que je peux vous assurer : non, je n’ai pas repris du poids à l’infini et mon corps n’est pas devenu flasque depuis que j’ai arrêté totalement le sport. Même si au début j’en étais persuadée parce que le TCA avait plein de bons arguments pour me convaincre. Mais maintenant, avec une tête saine, je peux vous assurer que ce sont vraiment des croyances erronées.
3 derniers conseils & rappels :
Je vous donne encore quelques conseils en vrac concernant l’hyperactivité :
- Les distractions : j’en ai souvent parlé. Le but des distractions, ce n’est pas de vous empêcher de ressentir ce que vous ressentez. C’est normal de ressentir de l’anxiété, de la culpabilité. Mais souvenez-vous que lorsque vous avez la sensation de mal faire, c’est que vous allez à l’encontre du TCA, donc que vous faites bien. Les distractions ont pour but de vous aider à focaliser votre cerveau sur autre chose. Peut-être que si vous tentez de réduire de 5 minutes en 5 minutes par jour, pendant ce temps gagné, vous pouvez faire 5 minutes de musique, de lectures… idéalement une activité qui mobilise bien votre attention. Non, les distractions, ce n’est pas magique. C’est un outil en plus. Et encore une fois, tout le travail à côté, pluridisciplinaire est nécessaire.
- Rappelez-vous que le repos fait partie de votre ordonnance, au même titre que votre alimentation. Le repos, ce n’est pas quelque chose qui se mérite. C’est un besoin que tous les hommes ont pour vivre, et pour vous, c’est d’autant plus vital (oui, même si vous mangez 4 repas par jour, même si vous avez repris selon vous votre poids de forme).
- Évitez les déclencheurs : c’est-à-dire d’éviter tout ce qui peut vous donner de la culpabilité par rapport au sport : Les trackers, les montres connectées qui comptent vos pas, les machines qui comptent vos calories dépensées… (En plus ce n’est absolument pas fiable ces trucs-là, c’est juste du marketing pour inciter les gens à augmenter leur utilisation). Les comptes Instagram qui partagent leur réussite sportive (si ça vous met mal évidemment). Les salles de sport. Cela peut mettre dans une ambiance de comparaison malsaine et de se pousser toujours plus, à augmenter ses “performances”.
Je pense que cet article n’a pas forcément plus à ceux qui font beaucoup de sport, et qui ont une passion pour le sport. Encore une fois, je rappelle que j’ai commencé par dire que chaque personne est différente. J’ai aussi dit que je ne peux pas dire qu’une personne passionnée le fait dans une optique malsaine. Parce que je ne suis pas tout le monde, et les meilleurs conseils sont peut-être ceux de la personne professionnelle qui vous suit depuis longtemps, et puis, votre vous intérieur. Je pense que parfois, au fond de soi, on sait pourquoi on fait les choses (même si la maladie biaise beaucoup la réflexion).
C’est peut-être pour ça que j’ai pris du temps à faire cet article, car je le trouve tout de même délicat. Mais encore une fois, je ne suis pas catégorique dans ce que je dis, d’autant que ça dépend aussi d’où vous en êtes dans votre guérison.. En tout cas, j’ai pris pas mal de temps pour faire cet épisode parce que je voulais vraiment lire des choses sur le sujet, pour faire quelque chose de complet. J’espère avoir répondu à vos interrogations. Évidemment, j’aurais pu déconstruire chaque croyance erronée sur le sport, mais ça, c’est plus le rôle d’un professionnel.
Dites-moi ce que vous avez pensé de cet article en commentaire 🙂
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Vraiment un super article Mathilde 👍, plein de sincérité et bienveillance👏👏…
😘😘de Stephanie g.
Merci beaucoup, pour tout ces articles ! Ils sont vraiment utiles ! Et dans mon cas, ils me permettent de mieux comprendre la maladie et ses fonctionnements parfois inconscients !
Mathilde, vos articles sont très complets, pleins d’informations, de vérités, d’encouragements, de témoignages, de conseils,…
Je vous remercie sincèrement pour ce que vous écrivez ! Et j’espère qu’ils pourront aider beaucoup et qu’ils pourront aussi m’aider !
Encore merci ✨