Anorexie témoignage : mon histoire
Je te partage mon témoignage sur l’anorexie, et te raconte toute mon histoire avec les troubles alimentaire dans le premier épisode de mon podcast
Comment et quand est-ce que ça a commencé ?
C’est une bonne question ! Quand je songe à mon enfance, mon adolescence… Je n’ai pas de souvenirs d’un « moi » non préoccupé par son apparence. Je n’avais jamais aimé mon corps. Je me disais que j’étais la plus grosse de mon groupe de copine. J’ai toujours été très gourmande et très anxieuse. Et les deux ont un lien ensemble ! Avec du recul, je pense qu’étant enfant, j’apaisais mes angoisses avec le sucre (gâteau, bonbon, chocolat…).
Mais pour autant, je n’ai jamais été trop grosse ni trop maigre. J’étais dans la “moyenne”. Et quand je regarde mes photos d’enfant, il n’y avait rien d’alarmant, au contraire ! C’est dire à quel point j’avais déjà un regard biaisé sur mon corps…
Mais c’est à 19 ans, en 2015 que je suis insidieusement tombée dans le cercle infernal de l’anorexie.
Peu à peu, l’anorexie m’a volé ma vie
Avant de me dire que j’étais anorexique, j’ai pris 1 an. Avant ça, je disais que ça ressemblait à de l’anorexie mais que moi, c’était différent et que dans tous les cas, “je gérais”. J’étais dans une sorte de déni. Je souffrais de dysmorphophobie donc je ne voyais pas vraiment mon corps maigrir.
Mais peu à peu, la restriction était de plus en plus drastique. J’étais obsédée par les calories, les aliments que je mangeais, à choisir toujours ce qui était le moins calorique. Je réduisais toujours plus les quantités, supprimais de plus en plus de catégorie d’aliments que je jugeais comme “mauvais”. J’avais une fixation maladive sur mon poids, je finissais par me peser plusieurs fois par jour.
La nourriture diminuait dans mon assiette mais l’activité physique augmentait fortement. Je ne pouvais pas être une journée à me reposer chez moi. Sinon, la voix culpabilisante de l’anorexie m’accablait. Je faisais beaucoup de sport, marchait le plus loin possible, restait toujours debout… Je n’avais plus le droit au repos, même lorsque je sentais mon cœur ralentir.
Mais en réalité, l’anorexie ne me restreignait pas seulement de nourriture. Ma santé au global était touchée : j’avais constamment froid, même au printemps ou en été. Je perdais mes cheveux en masse. J’avais beaucoup plus d’acné. J’avais mal dans tous les membres de mon corps. J’avais mal à la tête. J’étais épuisée. J’avais des problèmes intestinaux. J’avais même des trous de mémoire…
Et je me coupais de ma vie sociale : j’étais constamment irritée, mes relations sociales avec mes proches étaient devenues chaotiques. J’étais constamment contre-eux et ça me faisait du mal parce que je voyais bien que je les rendais tristes. Mais je n’arrivais pas à faire autrement. J’étais dans l’évitement de tout événement social (restaurant, soirée, repas de famille…). La solitude était l’alliée de mon anorexie.
Et puis je me suis retrouvée en réanimation…
J’avais tout de même très vite commencé les suivis avec des professionnels : psychologue non spécialisé en TCA dans un premier temps. Puis j’ai contacté le service des TCA (Trouble du Comportement Alimentaire) du CHU de Lille. Les psychiatres me disaient que mon corps allait finir par lâcher mais je n’y croyais pas.
Et puis un jour, des douleurs de ventre abominables m’ont surpris. Cela a duré plusieurs jours… jusqu’à ce que je ne puisse plus bouger, tordue de douleurs dans mon lit. Mes parents m’ont emmené aux urgences et j’ai été très vite pris en charge au vu de la gravité de mon état : syndrome de renutrition.
Mes intestins avaient cessé de fonctionner et ne digéraient plus la nourriture qui était donc bloquée. Une dizaine de jours en réanimation pour relancer mes intestins et me nourrir à la sonde nasogastrique. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance. Si c’était mon cœur ou mon foie qui avait lâché en premier, je ne serai plus de ce monde à l’heure où j’écris ce récit.
Ma première hospitalisation pour anorexie commença
À la suite de ce séjour en réanimation, j’ai demandé une hospitalisation en unité de trouble alimentaire. J’ai été hospitalisé presque 3 mois. Lors de ce séjour, j’allais étonnamment super bien. Je mangeais toutes mes assiettes, j’acceptais tout ce qu’on me donnait sans me restreindre. Je restais assise tout le temps. Après être sortie de l’hôpital, j’ai tenu 1 mois dehors avant de rechuter. Avec beaucoup de recul, j’ai compris qu’en fait, cette hospitalisation, je l’avais faite pour les autres : je voulais que mes parents soient fiers de moi, que les médecins me voient comme “la bonne élève” et que mes amis qui venaient me voir à l’hôpital soit impressionné de voir à quel point j’ai été forte.
Quelques mois plus tard, je suis retournée à l’hôpital après une tentative de suicide. Retour dans la même unité de troubles alimentaires à l’hôpital de Lille. Cette fois-ci, c’était bien plus compliqué. Quand mes parents venaient me voir, je passais mon temps à pleurer. J’augmentais très doucement ma ration, je rendais parfois des plateaux avec des restes, je refusais parfois de m’assoir. Et je refusais aussi que mes amis viennent me rendre visite. C’était beaucoup plus difficile mais j’avançais à mon rythme, même si c’était très doucement. Je travaillais mes blessures, les vraies causes de mon anorexie. Et avec cette hospitalisation de presque 3 mois à nouveau, je suis ressortie avec moins de poids gagné qu’à la première. Pourtant, elle était beaucoup plus efficace. Et 1 mois après en être sortie, j’étais partie sur la montée ascendante de la guérison.
J’ai compris que je n’étais pas responsable de l’anorexie, mais j’étais responsable de ma guérison
Durant cette hospitalisation, j’ai compris que la guérison émane d’actions concrètes à mettre en place. Et en fait, je n’ai pas cherché à guérir mon alimentation en priorité. L’alimentation, c’était la conséquence. Je me suis concentrée sur les causes, les schémas de croyance qui étaient inscrits dans mon fonctionnement depuis mon enfance.
J’ai lu quelques livres sur le développement personnel qui m’ont aidé à avoir des déclics.
J’ai commencé à adopter de nouvelles habitudes saines : livre des affirmations positives quotidiennement, pratiquer des courtes séances de relaxation/respiration, prendre du temps pour essayer des activités plus créatives – colorier des mandala, dessiner (spoiler : je dessine très mal mais ça me détend haha), écrire ce que je ressens dans un journal pour être davantage à l’écoute de mes émotions, etc. –
Je te partage quelques templates (50 raisons de guérir, mantras positifs, excerices de détente, ebook pour travailler ta confiance en toi…) dans mon kit de guérison :
J’ai multiplié les prises en charge auprès de professionnels
J’ai testé différentes approches de traitement pour guérir l’anorexie pour voir ce qui me convenait le mieux : TCC (thérapie cognitivo-comportementale), suivi avec ma psychiatre spécialisée en TCA, sophrologie, hypnose… J’ai eu un traitement médicamenteux également (anxiolitique et antidépresseur). Et surtout, j’ai fait une pause dans ma vie (dans mes études et ma vie professionnelle) de quelques mois pour me consacrer à ma guérison : faire de nouveaux projets, aller à nouveau à la rencontre de ma vie sociale, prendre du temps pour me reposer…
Pourtant, la guérison me faisait peur
Lorsqu’on souffre de trouble alimentaire, la maladie a une telle emprise sur les pensées, les actions, les comportements, les paroles… Que l’on s’y perd. On ne sait plus si ce que l’on fait est le résultat de nos propres goûts & envies ou si c’est le trouble alimentaire qui est le moteur de tout ça.
L’anorexie était tellement omniprésente que j’avais peur de guérir, peur de ne plus savoir à quoi penser, peur d’avoir un vide à combler, peur de ne plus savoir qui je suis sans elle…
J’étais perdue. J’avais peur de perdre les bénéfices secondaires de ma maladie. Peur de perdre l’attention de mes proches.
J’avais aussi très peur de ce poids qui remontait. Je savais que je devais le reprendre pour guérir, ce poids que je n’aurais pas dû perdre. Mais j’avais terriblement peur que ça ne s’arrête jamais.
Et puis il y a eu la phase de faim extrême…
Je pense que ce fut la phase la plus compliquée à vivre psychologiquement pour moi dans toutes mes années de troubles alimentaires.
Avant mes hospitalisations, j’avais déjà eu des phases de compulsions alimentaires, notamment sur du pain ou des pommes. Mais je parvenais à reprendre le contrôle. Cette fois-ci, une faim extrême se manifestait en moi et j’avais l’impression d’être dans un état second.
Je n’arrivais plus à m’arrêter, j’avais de grosses compulsions alimentaires sur tous les aliments que je m’étais interdit. Au début j’en avais 1 par semaine, puis 1 par jour jusqu’à en avoir plusieurs fois par jour. Je ne comprenais pas comment j’avais réussi à me restreindre auparavant car j’en étais maintenant incapable. Et je ne savais plus si j’avais vraiment faim, je me disais que j’étais trop gourmande, j’avais peur de tomber dans un autre trouble alimentaire comme la boulimie ou l’hyperphagie. J’avais peur de prendre du mauvais poids, peur d’aller trop vite. J’avais peur que ça ne s’arrête jamais et que ça impact mon poids à l’infini…
C’était une période extrêmement difficile où j’étais démunie, je pleurais tous les jours. Et lorsque je traversais cela, les contenus sur internet et Instagram n’existaient pas comme ça l’est aujourd’hui.
Avec du recul, j’ai compris à quel point cette période est complètement normale ! C’est une réponse physiologique du corps. J’ai fait un long article dessus et même un épisode de podcast où je donne tous mes conseils.
Et c’est pour ça que j’ai voulu aider les autres
Quand je suis sortie de ma période de faim extrême, j’avais envie de partager ce que j’avais vécu pour aider ceux qui le traversaient.
C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de partager mon histoire. J’ai commencé à blogger en 2020 et à ouvrir mon compte Instagram aussi pour te prouver que la guérison est possible et accessible pour tout le monde. Quand bien même tu es malades depuis des mois, voire des années, que tu as cette impression d’être au plus bas mais de continuer de creuser : tu vas y arriver !
L’anorexie a développé en moi une rage d’aider les autres à vaincre ces troubles. J’ai une volonté immense de venir en soutien aux personnes souffrantes de troubles du comportement alimentaire, car je les ai vécus et vaincus. Je sais à quel point ils te rongent, te dévorent de l’intérieur en anéantissant ta vie pas à pas.
J’en suis où aujourd’hui ?
Aujourd’hui, en septembre 2022, les TCA sont derrières moi. Je considère que j’ai été anorexie restrictive sévère pendant 3 ans. Puis pendant 3 autres années, j’étais en guérison.
J’ai fait face au fait d’avoir la sensation que mon corps était guéri avant ma tête. C’était difficile car d’apparence, je semblais guéri, notamment pour ceux qui m’entouraient, mais dans ma tête, c’était encore extrêmement compliqué et j’étais toujours prise dans les mécanismes de l’anorexie.
J’ai connu aussi l’après-anorexie et le fait que même guéri des TCA, j’avais encore des choses à travailler. L’une des causes principales de mon anorexie a été un traumatisme durant mon enfance. Et je pense que c’est en travaillant cette cause via la thérapie de l’EMDR que je suis définitivement sortie des mécanismes de mon trouble alimentaire. Je vous parle de ma thérapie de façon détaillée dans cet article :
Aujourd’hui, je me sens libérée. Parfois, je repense à quand je me restreignais de vivre et cela me fait très bizarre de me sentir libre. J’en suis presque émue car pendant longtemps j’ai cru que j’allais être bloquée dans ce qu’on appelle la “quasi-guérison” et que je serais prise par ces mécanismes de TCA toute ma vie.
Je ne suis pas plus forte que toi. Moi aussi j’étais terrorisée et je me disais que j’avais tellement de choses sur lesquelles je devais travailler. Mais j’ai réussi ! Et plus rapidement que je ne me l’imaginais d’ailleurs. Tu as toutes les ressources en toi ! Et je sais que tu vas y arriver. L’envie de guérir, de se battre, c’est déjà une énorme étape qui détermine ta capacité de guérison. Et si tu en es ici dans la lecture de cette page, ça prouve à quel point tu es motivée ! ♥︎