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IMC anorexie : pourquoi ce n’est pas un bon indicateur dans les TCA

IMC anorexie : pourquoi ce n’est pas un bon indicateur dans les TCA

Trois petites lettres qui sont pourtant une grande source de stress lorsqu’on souffre de troubles alimentaires, notamment d’anorexie. IMC, c’est l’acronyme d’Indice de Masse Corporelle. Mais ça aurait clairement pu être l’acronyme d’Indice de Mesure de Conneries. 

Le domaine médical donne beaucoup trop d’importance à l’IMC dans le diagnostic des troubles alimentaires, mais aussi dans la guérison. Or, il s’agit d’une maladie mentale… Donc je vois pas bien comment une donnée chiffrée devrait être au centre du diagnostic et de la guérison d’un TCA. 

Bref, je suis certaine que beaucoup d’entre vous se prennent la tête avec cet indicateur. Je suis presque sûre que tu l’as déjà calculé plein de fois, que tu t’es demandé à partir de quel poids tu auras un IMC dit “normal”… Ou pire, tu as peut-être fait le calcul pour t’assurer que tu es bien toujours en sous-poids, comme pour te donner une légitimité à être malade (je sais que c’est la maladie qui te fait faire ça, zéro jugement). Et si tu es dans la catégorie “normal”, tu dois culpabiliser et même te dire que finalement, tu n’es “pas si malade”.

Je le sais parce que c’est ce que j’ai fait quand je souffrais de trouble du comportement alimentaire.

Donc j’ai voulu te faire un article que tu devras relire dès que quelqu’un te dit que tu n’as pas le bon indice de masse corporel pour avoir un TCA, ou que tu te bases dessus pour mesurer la gravité de ta maladie, ta légitimité ou même ta guérison.

À la base, cet article devait être un article court. Mais en faisant mes recherches, j’ai découvert plein de choses intéressantes à te partager. Et j’ai plein de choses à dire sur ce sujet. Donc désolée, mais ça sera encore un article long haha.

Les sombres coulisses de l’IMC

Les informations que je vais te dire là, je les ai découvertes cette année en faisant des recherches sur le sujet. Quand j’étais malade, je ne connaissais pas la sombre histoire qui se cachait derrière cet indicateur et franchement, ça m’aurait bien aidé de la connaître. Donc je te le partage 🙂 

Qu’est-ce que c'est ?

Il s’agit en gros d’un calcul qui établit le rapport entre la taille et le poids d’un individu pour le catégoriser selon différents groupes qui sont : maigreur ; poids normal ; surpoids ; obésité modérée ; obésité sévère. Et donc soi-disant, il s’agit d’une mesure pour établir un indicateur de bonne ou mauvaise santé.

Maintenant, on va revenir sur l’origine.

Cet indicateur a été créé en 1832 par Adolphe Quetelet. Il s’agit d’un Belge qui est mathématicien, statisticien, sociologue, astronome. Bref, c’est pas un médecin ! Mais en fait, à la base, l’IMC ne s’appelait même pas comme ça. ça s’appelait l’Indice de Quetelet. Et d’ailleurs son but était de recueillir des données sur une population. Donc c’était un outil statistique, absolument pas un outil médical. Autre fait important, pour réaliser sa formule de l’indice de Quetelet, ce mathématicien s’est basé sur des participants français et écossais. Donc, il s’est basé sur un échantillon d’Européen blanc. Je le précise car quand même, aujourd’hui, on l’utilise comme indicateur MONDIAL pour toute la population. 

Parce que oui, l’indice de Quetelet est devenu l’IMC. Et ça part d’une expérience célèbre dont j’ai déjà parlé : L’expérience de la famine d’Ancel Keys. Donc en 1972, Ancel Keys a repris l’indice de Quetelet pour son expérience et il aurait donc été le premier a utilisé ce terme dans ses études. Mais une fois de plus, Ancel Keys avait utilisé cet indicateur dans l’étude de la population de son expérience. Il avait même précisé que ça ne pouvait être pris comme indicateur individuel puisque trop de paramètres propres à chaque individu entrent en compte. Il avait souligné le fait que l’IMC ne permettait pas de préciser ni prédire les problèmes de santé d’un patient..

Donc finalement, ces scientifiques avaient fait leur boulot de prévention. Historiquement, c’était donc un outil statistique utilisé par des scientifiques (pas des médecins). Et ces derniers avaient spécifié que ça n’était pas un bon indicateur médical, encore moins pour un diagnostic personnel.

Mais tous ces avertissements, bien que très importants, sont tombés dans la case oubliette.  Pourquoi ? Comment est-ce qu’on en est arrivé à utiliser cet indicateur comme mesure de santé ? 

Entre autre, pour des questions d’argent…

Aujourd’hui, on indique qu’une personne est en surpoids (et donc en mauvaise santé) à partir d’un indice de masse corporel à 25. Pourtant, avant 1998, le seuil de surpoids était de 27,8. Et en 1998, il y a une institution gouvernementale, les National Institues of Health, qui ont décidé de baisser ce seuil à 25. Donc je ne sais pas à quelle date exacte cette décision a été prise. Imaginons que c’était un mardi. Le mercredi matin, il y a eu 29 millions d’Américains qui étaient considérés en bonne santé la veille, qui se sont réveillés dans la case “Surpoids”. Non mais ça montre bien l’absurdité…

Pourquoi il y a eu une “manipulation” de ces chiffres ? Certaines études annoncent que ces directives ont été rédigées en partie par des gros bailleurs de fonds à la tête d’entreprises fabriquant des médicaments amaigrissants. 

Eh oui, dire aux gens que leur corps est en mauvaise santé et qu’ils doivent perdre du poids, ça permet de gagner pas mal d’argent quand tu vends des produits amaigrissants.

Et les assurances aussi ont bien compris que la “mauvaise santé” rapporte de l’argent. Depuis déjà les années 80, beaucoup d’assurances américaines qui utilisaient le calcul de l’IMC pour déterminer la bonne ou mauvaise santé de leurs assurés. Une étude américaine avait révélé que les assurés de la catégorie “Surpoids” payaient en moyenne 22% de plus que celles de la catégorie “Poids normal”.

Bon, je pense que là, vous avez clairement compris que c’est aussi des chiffres manipulés et que ce n’est clairement pas un bon indicateur médical. C’est plus pour servir des objectifs financiers et marketing… 

Mais je vais vous donner d’autres arguments pour vous démontrer que cet indicateur n’est pas fiable dans le domaine des TCA.

Source : https://www.motherjones.com/politics/2014/08/why-bmi-big-fat-scam/

L’IMC dans le diagnostic des troubles alimentaires

Malheureusement, beaucoup trop de médecin utilisent l’IMC comme l’élément central qui permet le diagnostic d’un TCA.

Déjà, les médecins traitants.

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Généralement, ce sont eux que l’on voit en premier : parce qu’on les connait, qu’on se dit qu’il faut en parler au médecin traitant pour être potentiellement redirigé vers le bon thérapeute.

Mais le problème, c’est que beaucoup trop de généralistes ne sont pas sensibilisés aux problématiques des TCA. Et donc ils ne connaissent pas bien, ils sont victimes de plein de clichés, entre autre celui qui dit qu’il faut faire X poids ou X IMC pour avoir un trouble du comportement alimentaire, notamment comme l’anorexie. On associe forcément l’anorexie a un poids faible et donc à un indice de masse corporel faible. Sauf qu’il s’agit d’une maladie MENTALE, pas physique. 

Combien d’abonnés m’ont dit être allés voir leur généraliste parce qu’elles sentaient que quelque chose n’allait pas, qu’elles avaient potentiellement un trouble alimentaire. Et en retour de leur docteur, elles ont eu le droit à des commentaires du genre “Non, vous n’avez pas de TCA, votre IMC est normal” ou “votre poids n’est pas assez faible pour parler de trouble alimentaire”. Donc ces personnes se retrouvent seules, sans aide, sans légitimité de recevoir de l’aide et s’isolent avec leur maladie qui prend de plus en plus de terrain. C’est super grave !

Et c’est problématique au-delà des patients qui viennent en sachant qu’elles ont potentiellement un trouble. Parce que beaucoup de généralistes sont victimes de cliché sur l’IMC et peuvent dire à un patient random  “Vous avec un IMC un peu au-dessus de la norme : il faut perdre du poids, faire un régime, faire du sport”. Donc beaucoup de personnes ressortent de chez le docteur avec ce genre de commentaire alors qu’à la base, elles n’étaient même pas venues pour ça. Et pour certaines personnes, ce genre de commentaire est le début de comportements de restriction, d’hyperactivité. 

Attention, je ne dis pas que les médecins sont à l’origine des TCA. Je n’ai rien contre les médecins traitants, c’est un très beau métier et on en a besoin. Mais à mon sens ils ne sont pas suffisamment sensibilisés aux maladies mentales qui touchent pourtant énormément de monde. En fait, leurs commentaires peuvent être des déclencheurs à des comportements de compensation car ils représentent une autorité importante en qui les patients ont confiance.  

Je vais vous raconter une autre anecdote : dans mon chemin pour la guérison de l’anorexie, j’ai connu la phase de faim extrême où j’ai eu pas mal de compulsion. J’ai eu une otite importante à ce moment-là. J’ai été voir un docteur. Et comme dans son check up habituel, il me demande si je mange bien équilibré, etc. Donc, je lui dis que je souffrais d’anorexie, qu’en ce moment, j’ai des compulsions. Heureusement, j’étais suivi par une psychiatre spécialisée, donc je savais que ces compulsions faisaient partie de la guérison. Et je savais aussi que je reprenais un poids dont j’avais besoin pour guérir, même si c’était clairement super difficile. Bref, ce docteur que j’ai été voir me demande de me peser. Je lui réponds que je ne souhaite pas connaître mon poids car la balance est pour moi un déclencheur à des comportements compensatoires. Il me dit “Ok, alors levez-vous que je regarde votre corps”. Et là, il me dit “Bon va falloir arrêter les compulsions et faire attention à ce que vous mangez. Là, vous êtes bien mais faites quand même du sport.” Même chose, j’étais dans une période où je me sevrais de mon hyperactivité en arrêtant le sport. 

Bref, je suis ressortie en pleurant. “Arrêter les compulsions ?” Il a cru que c’était de ma volonté ? Il n’a même pas cherché à comprendre 2 minutes ce que je traversais dans ma guérison de l’anorexie. 

 

Et en fait, j’ai compris qu’il m’a recommandé ce qu’on m’a diagnostiqué comme trouble alimentaire quand j’étais maigre. En fait, il m’a recommandé sport + contrôle sur mon alimentation. Ce qui était les symptômes de l’anorexie dont les médecins me mettaient en garde quand j’étais maigre. 

Donc on prescrit aux personnes avec une corpulence normale ou plus large ce qu’on diagnostique comme trouble alimentaire à des personnes maigres. 

Ça montre encore une fois à quel point les praticien sont victimes de stigmatisations sur les troubles alimentaires. Et d’ailleurs beaucoup de gens dans la société en sont victimes. Mais quand tu es docteur, c’est plus grave. 

 

En fait, beaucoup de praticiens se permettent de dire à des patients d’une corpulence qui n’est pas en sous-poids des choses qu’ils ne diraient pas à des patients en situation de maigreur. Pourquoi ? Parce que pour eux, ces personnes sont moins “fragiles” que celles en insuffisance pondérale. Mais encore une fois parce qu’ils se basent sur l’apparence et pas le mental. La santé mentale d’un patient, ça ne se voit pas forcément sur son physique. J’imagine qu’ils pensent que leurs commentaires aura moins d’impact puisqu’elles paraissent en bonne santé physiquement. Sauf que c’est faux. Les conséquences sur leur santé mentale sont les mêmes que s’ils l’avaient dit à un patient qui est déjà en insuffisance pondérale. 

Alors c’est sûr pour connaître la santé mentale d’un patient, il faut parler avec elle, prendre plus de temps. Mais au moins, on a tous les paramètres à prendre en compte.

 

Et d’ailleurs, les personnes qui vont voir un médecin en sentant qu’elles ont potentiellement un trouble, elles attendent en retour de l’écoute, de l’empathie, de la réassurance. Utiliser des statistiques ou des calculs pour leur dire qu’elles n’ont pas de TCA, c’est la dernière chose donc elles avaient besoin. 

Dans le milieu médical des TCA :

Bref, là, j’ai parlé des généralistes mais le problème c’est que globalement, même dans le milieu médical spécialisé, on prend encore trop l’IMC comme indicateur phare du diagnostic et de la guérison.  Je me souviens que lorsque j’étais hospitalisée dans un service spécialisé, tout était fait en fonction de cet indicateur. Par exemple, il fallait atteindre tel indice de masse corporel pour avoir une permission, pour pouvoir parler d’une sortie d’hôpital. Et je me rappelle qu’il était calculé en permanence pour voir notre évolution. Après, j’imagine que les médecins ont besoin de statistiques. Mais du coup ça génère une obsession sur les chiffres par les patients. Beaucoup de patients et moi-même d’ailleurs, on se disait il me reste x kilos avant de retrouver un poids santé. Donc en fait on basait notre guérison sur des chiffres, sur notre poids, sur l’IMC. Mais c’est contre-productif quand on y réfléchit. Parce qu’on doit se détacher du contrôle, sur les chiffres, sur notre poids pour se sortir de la maladie. Mais on nous demande indirectement de focaliser notre attention dessus. 

J’en parle souvent mais l’une des clés de ma guérison a été de me détacher de la balance. Et en donnant autant de place à cet indicateur dans le diagnostic et dans la guérison des TCA, les médecins incitent indirectement à garder la balance. Donc en fait c’est comme si on soignait un trouble alimentaire par un trouble alimentaire. C’est-à-dire que lorsqu’on est malade on nous dit il faut se détacher du contrôle, il faut se détacher de son poids donc ce qu’on nous propose pour ça, c’est de contrôler notre poids. 

Après là je dresse un tableau assez dur du milieu médical. Tout n’est pas noir. J’ai rencontré de très bons professionnels qui m’ont sincèrement aidé. Et beaucoup de professionnels spécialisés savent tout de même que ce n’est pas l’indicateur phrase de bonne santé. 

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3 raisons démontrant que ce n’est pas significatif pour juger l’état de santé

Alors, je viens de faire un énorme paragraphe en expliquant à quel point ce n’était pas très intelligent finalement d’utiliser l’indice de masse corporel comme indicateur principal dans les TCA. Mais du coup dans ce paragraphe je vais vous expliquer pourquoi. Il y a 3 raisons principales :

#1 - Il ne prend pas en compte la génétique

La première raison, c’est qu’il ne prend pas en compte la génétique. Pourtant, la génétique influe énormément sur le corps. Et d’ailleurs, il y a plein de coachs, même globalement des entreprises qui vendent des pertes de poids, qui disent que tu peux contrôler ton corps à 100 %. Et moi, je suis pas d’accord avec ça parce que justement, il y a le côté génétique. Et ce qui fait aussi que chaque corps est différent, mais que chaque corps est beau tel qu’il est en fait. Il n’y a pas besoin de d’avoir un modèle à respecter. Et cet indicateur n’est vraiment pas pertinent puisque je vous l’avais dit dans l’origine : le calcul s’était basé sur un échantillon d’individus européens. Donc c’est pas possible qu’une statistique initialement faite pour des Européens soit utilisée pour le monde entier. Tout le monde n’a pas la même génétique dans le monde entier.

#2 - Il ne fait pas la différence entre les muscles, les os et la graisse

La deuxième raison, c’est que par son calcul, il ne fait pas la différence entre les os, les muscles et la graisse. Et donc on en revient à l’histoire de la génétique : quelqu’un qui génétiquement a une masse osseuse plus importante, elle va potentiellement être dans la catégorie “surpoids”. Donc elle va être dans la catégorie “mauvaise santé” alors qu’en fait elle n’a pas trop de masse graisseuse du tout.

#3 - Il ne prend pas en compte les cycles de la vie du corps

La troisième raison, c’est qu’il ne prend pas en compte les différents cycles de la vie du corps. C’est-à-dire que le corps c’est un être vivant qui évolue avec le temps, ce qui est complètement normal. Mais malheureusement la culture du régime nous dit que notre corps doit rester fixe toute sa vie, ce qui entraîne énormément de culpabilité. Mais il y a des périodes dans la vie du corps où l’indice de masse corporel va varier et c’est complètement normal. Je prends l’exemple de la puberté : lorsque l’organisme passe de la phase enfant à la phase adulte, il va avoir beaucoup de changements. Par exemple, les jeunes filles vont prendre plus de graisse corporelle parce qu’elles en ont besoin pour avoir leurs règles et les garçons d’année en année vont également prendre plus de poids, ce qui est entièrement normal. Donc à ces périodes-là, l’IMC connaît plus de fluctuation. De même, lorsque la femme connaît la phase de ménopause, elle peut aussi connaître des variations corporelles qui sont absolument normales.

Donc voilà, il y a énormément de gens qui ont un IMC élevé ou bas et qui sont en très bonne santé. Tout comme il y a beaucoup de personnes qui ont un IMC dans la catégorie poids normal alors qu’elles sont en très mauvaise santé. 

Et si on peut résumer le pourquoi ce n’est pas un bon indicateur médical, c’est parce qu’en fait le corps humain est un organisme et pas une équation de mathématique.

Un IMC “santé” n’est pas égal à guérison

Je vais terminer cet article avec une partie dédiée pour t’expliquer pourquoi se baser sur l’indice de masse corporel est contre-productif pour ta guérison..

Le mythe de l’IMC à 19

Quand je souffrais d’anorexie, j’entendais souvent parler de l’indice à 19. C’était un peu l’objectif de tout le monde j’avais l’impression. C’est-à-dire que j’avais inconsciemment acquis le fait qu’il fallait avoir un indice de masse corporel à 19 pour guérir. Comme j’ai expliqué en introduction, j’avais une vraie obsession sur cet indicateur. Et c’est vrai que je le calculais tout le temps.

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Et quand je me rapprochais de l’indice de masse corporel à 19, sincèrement, j’avais peur parce que j’avais peur de guérir. Et une fois que je l’ai dépassé, bah, je ne comprenais pas. Parce qu’en fait dans ma tête, c’était toujours le chaos et je me sentais toujours aussi malade sauf qu’en plus, il y avait un sentiment d’être illégitime et d’être moins comprise par les autres.

Et en fait, on ne m’avait pas préparé à ça : je veux dire que pour ma part, je n’avais vraiment pas compris, je pense que ce n’est pas parce que tu reprends du poids que tu es guéri. 

Et parfois, j’ai certains abonnés qui viennent me parler et qui me disent ‘mais je ne comprends pas parce que je suis guéri mais pour autant j’ai toujours au tel ou tel symptôme”’. Et en fait, je ne les juge absolument pas puisque comme j’en ai expliqué, j’ai eu le même raisonnement. Mais souvent, je leur dis sur quoi tu te bases pour dire que tu es guéri ?  Et dans la plupart des cas, ces abonnés me répondent “bah parce que j’ai atteint l’IMC normal ou j’ai dépassé mon poids de forme”.

Le problème de se fixer un poids de forme

Et donc j’en arrive à ce fameux poids de forme. Parce qu’en fait, c’est dans la même lignée de ce qu’on est en train de parler. 

Alors qu’est-ce que c’est un poids de forme ?

 En fait, on va dire qu’à votre naissance, votre corps, il est comme programmé pour atteindre un certain poids de forme. C’est là où votre corps se sent à l’aise, où il est en bonne santé. Et ce poids de forme, il dépend de chaque individu, il prend en compte plusieurs facteurs notamment la génétique. Ainsi, ce n’est pas possible d’établir ce poids de forme en fonction de votre âge, de votre taille. Donc ça ne sert à rien d’établir votre poids de forme en fonction de l’IMC. Parce que encore une fois, chaque corps est différent. Il y a un mouvement qui s’appelle Haes, Health At Every Size, qui justement prône le fait que chaque corps est beau tel qu’il est en fait et que la santé elle n’est pas définie qu’en fonction du poids. 

Et en fait le problème, c’est qu’il y a des patients qui vont calculer ce poids de forme pour l’atteindre sans le dépasser. Sauf que ton corps, comme ce n’est pas une machine, lui, il a un fonctionnement biologique. C’est-à-dire que le poids de forme, c’est aussi en fonction des besoins de ton organisme. Ton corps il ne va pas se dire “bah quand j’aurai atteint tel chiffre je vais arrêter de prendre du poids”. Parce que il prend pas en compte la dimension chiffrée lui.  Donc quand tu te fixes un poids de forme, tu peux pas savoir si justement, c’est celui de ton organisme. Et d’ailleurs une autre chose qui est importante à prendre en compte, c’est qu’un poids de forme, ce n’est pas un chiffre fixe. Un poids de forme c’est plutôt une fourchette de poids. Parce qu’encore une fois tu n’es pas une machine il ne dit pas “il faut que je sois à ce tel point fixe”. C’est souvent une fourchette à plus ou moins 5 kg. 

Donc si tu te fixes un poids de forme et que tu le dépasses (parce que ton organisme a besoin de +), tu vas potentiellement mettre en place des comportements de restriction ou de compensation. Donc du coup tu restes dans le contrôle et donc dans ton trouble alimentaire. Restriction et compensation, c’est incompatible avec la guérison. 

En fait pour moi, même si tu es classé dans la catégorie “normal”, tu peux être en sous-poids. Tu as pas besoin d’être maigre physiquement pour être en sous-poids. Je m’explique parce que c’est compliqué à comprendre : si le poids que tu fais actuellement c’est le résultat d’une restriction alors pour moi tu en sous-poids.

Pour moi, tu es en sous-poids peu importe ton poids et ta taille si tu as un poids inférieur à celui que tu devrais avoir naturellement, c’est-à-dire sans restriction ou compensation. 

Pour moi, être en sous-poids, peut arriver à n’importe quel poids. Car on peut ne pas répondre à ses besoins nutritionnels peu importe son poids. 

La récupération du poids n’est qu’une partie de la guérison.

Donc bref pour moi c’est contre-productif de se fixer un indice de masse corporel à atteindre ou un poids de forme à atteindre. Et la raison c’est que la récupération du poids ce n’est qu’une partie de la guérison. C’est ce que j’ai commencé à expliquer au-dessus, c’est que quand j’ai récupéré mon poids, ma guérison elle n’était pas du tout finie.

 D’ailleurs, la perte de poids, ce n’est pas un symptôme systématique dans les troubles alimentaires. Ceux qui sont en insuffisance pondérale et qui souffre de TCA représentent une très très faible minorité.  Évidemment, ce sont plus eux qu’on met en avant dans les médias parce que c’est peut-être plus choquant, que ça interpelle plus et les médias c’est ce qu’ils veulent. Donc la société associe le trouble alimentaire à une apparence très maigre. Mais la plupart des gens qui ont des TCA, ça ne se voit pas en apparence.

La guérison elle est pluridisciplinaire et la reprise de poids ce n’est qu’une partie infime de la guérison. Finalement, la prise de poids, notamment pour les patients qui ont connu une perte de poids, ça fait partie de leur guérison physique mais pas totale. Attention je ne minimise pas ça parce que c’est très important et c’est même nécessaire. Mais il faut prendre en compte que la guérison elle repose aussi sur la déconstruction de schémas de croyance sur son apparence, sur l’alimentation, mais aussi sur des croyances erronées générales dans sa vie.  La guérison, ça passe aussi sur un travail sur ses blessures d’enfance ou sur un traumatisme qui a eu lieu. En fait la guérison, elle est vraiment propre à chacun, donc ça prend en compte plusieurs paramètres qui sont propres à chacun.

Pour moi, la récupération de mon poids m’a permis de retrouver beaucoup d’énergie pour me battre pour la suite de mon combat. Ça m’a permis de donner de l’énergie à mon corps pour restructurer cérébralement toutes mes croyances erronées. Mais clairement quand j’avais retrouvé du poids, j’avais encore besoin d’aide professionnel et même de mes proches. Et ça c’est pas quelque chose que tous les proches comprennent donc c’est important de l’expliquer. Mais moi, j’ai continué d’avoir un suivi professionnel médical même si j’avais récupéré le poids perdu. Et ce pendant plusieurs années. Et c’est là où je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui abandonnent à ce moment-là en se pensant guéri alors qu’en réalité, elles en ont besoin pour justement approfondir vraiment leur guérison et pas rester dans une quasi-guérison 

Je sais sincèrement que ce n’est pas simple parce qu’on se sent vraiment illégitime et moins compris par les autres, mais il faut penser à soi dans ces moments-là. Et vraiment il faut se dire que vous agissez pour votre guérison et que les autres, leur regard, même si c’est difficile, il faut prendre du recul parce que c’est VOTRE vie.

Bon voilà, j’espère sincèrement que cet article vous aura aidé. Notamment si quelqu’un vous a déjà dit que vous n’êtes pas malade avec un IMC comme le vôtre ou que vous avez un poids trop levé pour souffrir de TCA. Et relisez cet article dès que vous vous sentez illégitime de votre maladie avec un IMC “normal” ou en “surpoids”.

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1 commentaire

Très chouette article ! Merci pour ces rappels 🙂

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