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Guérison TCA : « Pourquoi rien ne fonctionne pour moi ? »

Guérison TCA : « Pourquoi rien ne fonctionne pour moi ? »

On se retrouve pour un nouvel article que j’ai appelé « Pourquoi rien ne fonctionne pour moi en guérison ? ». Ce titre, je l’ai mis entre guillemets, car il s’agit d’une phrase que tu as déjà pu te dire, et que beaucoup de personnes ayant un trouble alimentaire (ou ayant eu) peuvent être amenées à penser (moi la première !).

Du coup, j’ai eu envie de créer un contenu qui va venir répondre à cette question, en quelque sorte, et que tu pourras lire dès que tu te diras cette réflexion.

J’ai plein de choses à dire par rapport à ça (j’ai toujours plein de choses à dire sur le sujet des TCA toute façon, parce qu’il n’y a jamais une réponse simple et concise. Enfin, rarement ! Puisque les TCA sont des maladies aux problématiques complexes…). Mais tout ça pour dire que je vais un peu donner mes idées « en vrac », ce n’est pas forcément ordonné.

C’est normal que tu ressentes ça

Je commence par te dire que vraiment, c’est normal ce ressenti que rien ne fonctionne pour toi. Comme je viens de le dire, tu n’es pas la/le seul(e)l à ressentir ça :  je fais le pari que quasi toutes les personnes ayant un TCA ont au moins pensé ça une fois dans leur guérison, y compris les personnes qui en sont totalement sorties. 

Moi-même je me suis souvent dit ça lorsque j’étais malade. Parce que, encore une fois, les TCA sont des maladies vraiment complexes. C’est l’une des maladies mentales les plus difficiles à combattre, donc forcément, iil y a de nombreuses phases de désespoir (peut-être même que tu ressens ce sentiment que rien ne marche constamment). C’est une maladie aux problématiques complexes, donc il n’y a pas de « traitement » qui a des effets notables. Ce n’est pas un chemin de guérison où tu vas essayer une séance de n’importe quelle thérapie et tu vas voir un effet direct.

Donc ce qu’il faut retenir de ce premier point, c’est que c’est normal de ressentir ça et surtout, ça ne veut pas dire que c’est la réalité. Je veux dire que moi, la plupart du temps, je n’avais pas l’impression d’avancer. Ou alors, j’avais la sensation qu’à chaque pas en avant, j’en faisais 10 en arrière. Et pourtant, j’en suis sortie ! C’est avec le recul que je peux analyser les moments où j’avançais dans ma guérison. Mais à l’instant T, je ne le percevais pas. Donc c’est pareil pour toi ! Ce n’est pas parce que tu as la sensation que rien ne fonctionne que c’est le cas, en réalité, tu avances !

Tu ressens ça à cause de la comparaison

L’une des raisons qui peuvent expliquer ce sentiment que rien ne fonctionne, c’est à cause de la comparaison. La comparaison, c’est pour moi un symptôme ultra-fréquent dans les TCA, j’appelle d’ailleurs ça la comparaison malsaine, et j’en ai dédié un épisode complet (l’épisode 36). Ici, je vais vous parler de la comparaison que tu peux avoir avec les autres personnes malades (ou celles qui ont été malades).

Souvent, cette comparaison, elle se fait via des groupes de parole, ou pour les personnes qui sont prises en charge à l’hôpital et qui rencontrent d’autres malades. Mais la comparaison est surtout faite sur les réseaux sociaux. Même chose, j’ai fait un article sur le sujet des réseaux sociaux (comment ça impacte votre guérison et comment s’en protéger). Je t’invite à lire ces deux articles évidemment, mais je voudrais vraiment te rappeler que les chemins de guérison représentés sur les réseaux sociaux ne peuvent pas représenter la réalité.

Déjà parce que les personnes qui créent ces contenus ne montrent pas toujours tout. Mais surtout, parce que c’est ultra-difficile de représenter exactement ce qu’est un chemin de guérison. On ne peut pas en un post ou un réel représenter des années de combat. Donc non, la guérison ce n’est pas : 

❌ Manger des bols d’avoine ou d’avocado toast

❌ Devenir une fit girl qui va à la salle et qui progresse de semaine en semaine 

❌ Pleurer devant un fear food ou lors d’une sortie au resto, mais finalement en être fière

❌ Faire une énième crise, mais en tirer des leçons et réussir à les diminuer petit à petit

La guérison, c’est bien plus complexe, ce sont vraiment des montagnes russes. 

Et d’ailleurs, je suis assez certaine que certaines d’entre vous ont déjà comparé leur chemin de guérison au mien et ont peut-être culpabilisé en se disant « Mais elle, elle y arrivait, elle avançait vraiment contrairement à moi ». Et j’en suis sincèrement désolée si tu t’es déjà dit ça. Je pense que la maladie et l’exigence qu’elle impose aux personnes malades rendent cette comparaison assez inévitable. Et bien que je le dise très souvent, que j’essaie d’être la plus transparente possible pour vous montrer à quel point j’ai galéré aussi, tu l’as peut-être quand même ressenti cette comparaison. D’ailleurs, c’est l’une des raisons qui a fait que j’ai voulu écrire mon roman « L’anorexie, mon bouclier mortel ». Parce que c’est beaucoup plus « facile » de représenter toutes les galères que j’ai traversées, de le faire transparaitre dans un livre de 300 pages plutôt qu’un carrousel de 10 pages sur Instagram. 

Mais en tout cas, si tu t’es dit que je m’en sortais mieux que toi : non, chacun avance à sa façon, à son rythme, et il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon de guérir.

Tu as des attentes irréalistes

Une autre raison pour laquelle tu as la sensation que rien ne fonctionne, c’est que tes attentes sur la guérison sont irréalistes. Et ces attentes peuvent d’ailleurs être faussées par ce que tu vois sur les réseaux sociaux, ce qui rejoint le point précédent et renforce mon conseil sur l’importance de se détacher de ce que tu vois sur les réseaux sociaux.

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Peut-être que tes attentes sont irréalistes sur le côté temporel, c’est-à-dire que tu t’attends à vite remanger ou réussir certaines choses qui te terrifiant en peu de temps. Ou peut-être que tu as déjà fait une dizaine de séances de psy et tu t’attends à ce que tes problèmes psy soient totalement réglés. Je vais dire quelque chose qui va peut-être décourager, mais personnellement, j’ai eu besoin d’au moins 7 ans de thérapie pour que mes problèmes psy soient quasi totalement réglés (et j’ai encore des petites choses à travailler). Alors non, ça ne veut pas dire que tu vas prendre des années, parce qu’en quelques mois, j’allais déjà mieux sur certains aspects, mais il faut garder en tête quand même que souvent les problèmes sont tellement profonds, qu’ils datent de plusieurs années, voire de l’enfance, que oui, ça prend du temps.

Tu as aussi peut-être des attentes irréalistes sur une méthode, une thérapie en particulier. Par exemple, je parle souvent de l’EMDR. Certaines personnes s’attendent à des effets un peu « du jour au lendemain », en 2-3 séances. Personnellement, j’ai vu des effets en plusieurs mois. Et au-delà de ça, c’était une thérapie qui m’allait, et ça ne veut pas dire que ça te conviendra forcément. 

L’état d’esprit que j’adoptais quand je tentais une nouvelle thérapie, c’était de me dire que ça pouvait vraiment fonctionner (parce que si tu pars défaitiste, il y a de grandes chances que cette thérapie ne t’apporte rien. Le mental joue beaucoup.) Mais par contre, je ne m’attendais pas à des miracles, ou à des changements notables. Je partais en sachant que ça m’apporterait quelque chose, ça m’aiderait, mais ça n’allait pas me transformer. Et je pense que c’est important de ne pas placer ses attentes trop haut parce que sinon tu vas être déçu et tu vas te décourager. 

L’autre fois, j’ai eu un flower call, donc un appel individuel, avec une fille qui souffrait d’anorexie. Et on a eu un échange ultra-intéressant sur les attentes justement. Elle me disait grosso modo qu’elle voulait guérir, et que du coup, elle avait très souvent des périodes où elle était à fond dans la guérison, mais dès qu’une crise revenait ou dès que la maladie « gagnait », alors elle s’arrêtait dans son mindset de guérison parce qu’elle se disait « en fait, ça ne sert à rien, ça ne fonctionne pas ». Et je lui disais qu’il ne faut pas viser la guérison totale tout de suite. J’avais alors réalisé qu’en fait, je n’avais pas visé initialement une guérison totale, parce qu’on m’a tellement dit « ça reste toujours en fond », que je me disais, il faut déjà que j’arrive à cet état de mieux, même s’il y a des restes. Et je suis arrivée à cet état de « mieux » qui n’était donc pas la guérison totale (c’est ce que j’appelle la quasi-guérison). Et c’est quand j’étais à ce stade, que j’avais déjà fait de nombreux pas, que j’avais déjà avancé sur de nombreuses problématiques, que j’avais déjà plus d’énergie, que j’ai finalement pu atteindre la guérison totale (parce que oui, elle est possible, sans qu’elle reste en fond à vie). 

Mais c’est comme la métaphore de l’escalier : quand tu montes l’escalier, tu regardes la prochaine marche, tout au plus les 3 prochaines. Tu n’espères pas arriver sur le palier d’au-dessus dès le prochain pas en avant. 

Et j’en profite aussi pour redire que la guérison, c’est surtout essayer plus que réussir. Dans mon chemin de guérison, si je l’analyse grosso modo, j’ai la sensation que 95 % du temps, j’essayais de lutter contre la maladie, mais que c’était elle qui « gagnait ». Peut-être que concrètement, j’avais encore compensé, je m’étais encore restreint, j’étais restée dans ma zone de confort. Mais j’avais essayé de lutter contre, j’avais indiqué à mon cerveau qu’il existait une autre voie possible que celle de la maladie, un chemin plus positif qui amène à la vraie vie. Et quand tu essaies, tu avances. Vraiment, même si en finalité, c’est la maladie qui a gagné, tu as avancé. 

Ça me fait penser aussi aux personnes qui sont malades depuis 20 ans et qui me disent que de ce fait, elles n’arriveront pas à en guérir. Oui, c’est vrai que la maladie est installée depuis plus longtemps. Mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas possible de s’en sortir. Par contre, oui, peut-être que l’on ne peut pas avoir les mêmes attentes qu’une personne qui est malade depuis 3-5 ans. Mais les attentes vont être différentes sur le temps que ça prendra, sur les types d’avancés. Donc pour moi, c’est quand même possible, mais il ne faut pas se fixer d’objectifs non réalisables, et se dire que c’est vraiment un travail qui se fait petit à petit.

Donc, fixe-toi vraiment des objectifs atteignables, réalistes. Par exemple : 

  • Ne plus avoir de balance chez soi
  • Changer son utilisation des réseaux sociaux
  • Faire une activité qui va t’aider à te reconstruire, qui n’a pas de rapport avec le corps/l’alimentation
  • Utiliser une distraction dès que tu entends une conversation sur les régimes
  • Dès que tu as un discours intérieur négatif, t’apporter de la bienveillance et te dire quelque chose que tu dirais à une personne que tu aimes vraiment

Ces objectifs te paraissent peut-être bidon ou pas assez grands, mais moi, je parle de ces objectifs. Parce que rien que quand tu réussiras vraiment à remplir déjà tout ce que j’ai dit là, tu vas avancer dans la guérison, tu auras affaibli la maladie. Et c’est avec des petits pas comme ça que tu avances. 

J’en profite d’ailleurs aussi pour dire que je ne recommande pas d’avoir des objectifs chiffrés sur le poids, l’IMC, les grammes, les calories… La guérison, c’est aussi prendre du recul sur toutes ces données chiffrées, c’est changer son regard par rapport au poids, aux calories, etc. Donc si vraiment ce sont des données qui doivent être surveillées, préfère garder ça aux médecins, sans que tu aies à t’en occuper. Et surtout, on ne peut pas prédire comment le corps va réagir, on ne peut pas contrôler la reprise de poids ni les besoins de ton corps (certains jours tu auras plus faim, et se mettre un objectif de gramme ou de calorie, c’est risquer de se le mettre comme maximum, plutôt que comme minimum. Donc ça en devient contre-productif pour la guérison, et ça finit par alimenter le côté maladie).

Wow, j’ai dit beaucoup de choses sur ce point-là, mais je trouve vraiment que c’est des informations importantes, des prises de conscience que j’ai eu et qui ont beaucoup joué dans mon chemin de guérison, donc j’ai envie de vous les partager (même si c’est des choses que j’ai déjà pu dire dans d’autres contenus, la répétition ne fait pas de mal dans la guérison des TCA !)

Nécessité de combiner & tester plusieurs approches

Une autre raison pour laquelle tu as l’impression que ça ne fonctionne pas, c’est qu’il y a certaines dimensions de la guérison qui ne sont pas traitées. 

Je l’ai déjà dit dans plusieurs contenus et je pense notamment à celui où je parle de mon parcours de soin que je t’invite à lire.

Mais en gros, les troubles alimentaires touchent pas mal d’aspects de ta vie et ce sont des maladies dont le traitement est multidimensionnel.

Si je devais catégoriser les dimensions à travailler, ce seraient les suivantes : 

Physique

Évidemment, le côté physique doit être travaillé. C’est-à-dire que si tu es en sous-poids, en dénutrition, ton corps a besoin de retrouver son poids de forme pour avoir l’énergie nécessaire de se battre contre la maladie. 

Alimentaire

Même chose, si tu ne réintègres pas les catégories d’aliments que tu diabolises, si tu es toujours dénutrie, la guérison totale ne sera pas possible.

Psychologique

Qui est pour moi la phase la plus importante. L’alimentation, le poids, ce sont des conséquences de la maladie, mais pas les causes. Donc c’est important de traiter les causes pour une guérison totale.

Restructuration cérébrale

restructuration cerebrale trouble alimentaire

Quelque chose qui est très souvent oublié/mis de côté. Je trouve qu’on en parle trop rarement dans les traitements. Mais pour faire simple, notre cerveau va créer des schémas de croyances à partir de nos pensées et de nos actions. Exemple : si devant un plat de pâtes, le TCA te fait avoir peur. Alors ton cerveau associe que pâtes = danger. Et à chaque fois que tu ressentiras cette peur, ça renforcera cette croyance (qui est erronée). Autre exemple : Si dès que tu as un paquet d’aliments dans les mains, tu regardes les calories, alors ton cerveau enregistre que les calories sont une donnée auxquelles il faut accorder de l’importance.

En gros, ton TCA (et parfois la société, et même ton éducation) va te donner un ensemble de croyances erronées. Et ça concerne la nourriture, l’apparence, mais aussi de nombreux autres aspects de ta vie (exemple : parfois au travail, tu te dis que toi, tu dois travailler plus que les autres, car tu es moins intelligent(e). Parfois dans ta vie sentimentale : tu te dis que tu ne mérites pas quelqu’un qui te respecte, que tu dois te dévouer à cette personne pour être aimé, etc). Et en gros, la restructuration cérébrale, c’est identifier ces croyances erronées pour les déconstruire et reconstruire un ensemble de croyances saines. C’est un travail minutieux, qui prend du temps, qui va se faire petit à petit. Ça passe par beaucoup d’introspection personnelle, mais tu peux t’aider avec des thérapies comme les TCC (thérapie cognitivo-comportementale). Pour moi, c’est l’un des aspects de la guérison les plus importants et qui est trop souvent oublié, et qu’en fait, en France, peu de professionnels intègrent. J’ai découvert ça très tard dans ma guérison, en faisant mes propres recherches, vers la fin, quand j’étais en quasi-guérison, donc vers 2020. Et je suis sûre que si je l’avais découvert avant, ça m’aurait aidé plus tôt.

La confiance en soi/la reconstruction de votre identité

Indépendamment de la maladie.

L’acceptation corporelle

Pareil, c’est quelque chose de peu travaillé en France je trouve. C’est quelque chose sur laquelle j’ai dû faire beaucoup de recherche et de travail seule pour la travailler.

Tous ces aspects, je propose de les travailler avec des exercices et vidéos concrètes dans mon programme Butterfly Body. Mais évidemment, je vous invite à vous rapprocher aussi de professionnels qui sont spécialisés dans les TCA.

Mais tout ça pour dire qu’il y a beaucoup de personnes, quand je discute avec elles, je me rends compte que le travail de guérison s’est surtout fait sur les symptômes de la maladie, sur les conséquences (donc souvent le poids, et la nutrition), mais que le travail psychologique est resté assez « en surface », donc ces personnes restent dans une espèce de quasi-guérison, et ont de ce fait la sensation qu’on ne peut pas vraiment s’en sortir. 

Et je ne les blâme pas parce que je pense qu’en France, on a encore beaucoup de progrès à faire sur la prise en charge de la santé mentale et notamment des TCA. Même si je remarque que de plus en plus de professionnels développent une approche pluridisciplinaire, mais je pense qu’ils ne sont pas assez nombreux au vu du nombre de personnes malades. 

Les problématiques sous-jacentes ne sont pas traitées

C’est un point qui est lié à ce que je viens de dire, et notamment à la dimension psychologique de la guérison. 

C’est pour moi d’ailleurs le point le plus important qui explique parfois le pourquoi certaines personnes ont l’impression que rien ne fonctionne.

Les troubles alimentaires sont liés à des problématiques sous-jacentes (traumatisme, anxiété importante, dépression, etc.). Je le dis souvent, un TCA vient en réponse à un mal-être profond. C’est comme une échappatoire que ton corps a trouvée pour t’aider à survivre face à la douleur interne qu’il ressentait, même si tu n’en avais pas conscience. Et donc, c’est important de travailler ça en parallèle des autres dimensions pour espérer une guérison totale.

J’ai rapidement eu un suivi psychologique dans mes TCA et je l’ai gardé jusqu’à là, récemment (alors que je n’ai plus de TCA). Pour moi, c’est primordial. Je sais qu’il y a beaucoup de professionnels qui disent qu’à un certain stade de la maladie, c’est des choses qu’on ne peut pas travailler.

Par exemple : pour les patients trop dénutris, où la maladie a trop de « puissance dans leur vie ». Et je suis d’accord quand même. C’est sûr que si tu es dénutri, que ton poids est trop faible, tu auras beaucoup moins d’énergie et tu vas mal raisonner pour pouvoir avancer avec lucidité sur tes problématiques psychologiques. D’où le fait qu’il est important de travailler la renutrition en parallèle. 

C’est certain que si tu as un gros traumatisme, je ne conseille pas de le travailler quand tu es déjà au plus bas. Mais c’est important d’avancer sur certaines problématiques. Parce que malheureusement, c’est rarement une seule cause. Par exemple, moi, je devais travailler la problématique d’attouchement subi en étant enfant. Mais ça, je l’ai travaillé tard, vers 2021, quand j’étais quasi sortie des TCA. Par contre, avant, j’ai beaucoup travaillé sur ma peur d’être adulte, ma peur de grandir, ma peur de me détacher de ma mère, mon estime de moi-même, etc.

Comment travailler sur ça ?

Honnêtement, chacun va un peu trouver la méthode qui lui convient. Moi, j’ai toujours beaucoup écrit sur des carnets, à me faire des moments d’introspection, de prise de recul et ça m’a beaucoup aidé pour prendre conscience de schémas toxiques que j’avais en moi. 

Des livres de développement personnel m’ont aussi aidé à prendre conscience que je n’avais pas le bon état d’esprit sur la vie, ça m’a aidé sur mon perfectionnisme, etc. (je pense notamment aux livres de Laurent Gounelle, mais il y en a plein, j’ai fait un article avec toute une liste de livres que je recommande, je vous mettrai le lien en description). Et après, évidemment, les thérapies psychologiques aident.

Alors, il y a les thérapies où tu vas surtout parler. Mais parfois, ce n’est pas simple de mettre des mots sur ce que tu ressentes, ou parfois, tu as déjà parlé de nombreuses choses, mais en vain, tu n’arrives pas à avancer sur une problématique, comme si ça bloquait dans ton corps. Je recommande du coup les thérapies psychocorporelles. Je pense par exemple aux thérapies suivantes : kinésiologie, EMDR, Access Bars, EFT. Je ne vais pas les détailler une à une, d’un parce que je ne suis pas experte, mais aussi parce que l’article serait trop long haha (il l’est déjà assez). Mais je vous invite à vous renseigner sur des thérapies psychocorporelles qui sont pour moi à tester, en complément évidemment d’autres thérapies. Ne vous attendez pas à des miracles, mais ça + ça… ça va vous aider à avancer.

Quelque chose que je voudrais préciser : je te parle d’avancer sur les problématiques psychologiques, d’avoir des réflexions, des prises de conscience, des discussions sur ces problématiques. Je ne t’ai dit à aucun moment qu’il faut les résoudre pour guérir. J’insiste là-dessus parce que ça pourrait te décourager sinon. Tu ne dois pas tout résoudre pour guérir. Parfois, vous allez avoir une prise de conscience ou avoir une discussion à un moment T, puis c’est 2 ans plus tard que tu vas y repenser et que ça te fera beaucoup plus « déclic » dans ta tête. Donc encore une fois, au moment de la prise de conscience tu ne vois pas de progrès concrets, mais pour autant, tu as avancé. 

Donc la dimension psychologique est vraiment importante, parce que parfois, on me dit « j’ai envie de reprendre du poids, d’avancer, mais c’est comme si mon corps ne voulait pas m’aider ». Et le corps est vraiment dans ton camp, dans le sens où il veut te protéger. Donc parfois, ton corps, t’envoie un signal pour te dire « eh oh, quelque chose n’est pas réglé ». Et je suis d’accord, ce n’est pas toujours facile de mettre le doigt dessus, d’où la possibilité de tester les thérapies psychocorporelles où le thérapeute va surtout faire parler ton corps + que toi. Je pense aussi au fait que parfois, il faut aller chercher du côté de la psychogénéalogie, donc la mémoire de tes ancêtres pour comprendre certaines choses.

Les bénéfices de la maladie sont supérieurs aux bénéfices de la guérison

Un autre point qui est encore une fois lié au précédent : c’est le fait que la maladie t’apporte des bénéfices secondaires qui représentent donc des barrières très fortes à ta guérison. J’ai dédié un article à ça, où je vous parle de comment trouver tes bénéfices secondaires et je te donne tous les bénéfices que j’avais moi-même identifiés. Pour moi, cet exercice, c’est un indispensable de la guérison des TCA. Tu ne vas pas forcément les identifier tout de suite, ils vont aussi potentiellement évoluer. J’ai certaines personnes qui m’ont dit l’avoir fait une fois, puis avoir réitéré l’exercice 6 mois plus tard et elles ont découvert beaucoup plus de choses. 

Donc je t’invite à le refaire de temps en temps aussi.

Mais parfois, les bénéfices de la maladie te protègent encore beaucoup trop, parce que justement, le côté psychologique est encore trop en souffrance, trop à vif. Ne t’en veux pas pour ça, « bénéfices secondaires » c’est le terme psychologique, mais ce n’est en rien conscient et volontaire de ta part. Ça ne veut pas dire que tu préfères rester malade. Je ne développe pas plus ce point parce que c’est lié à ce que je viens de dire et j’en parle énormément dans l’article dédié.

Tu es trop dans ta zone de confort

Ta zone de confort, c’est celle de la maladie. Et je sais que ce n’est pas simple, mais si tu restes constamment dans ta zone de confort, tu déloges beaucoup moins la maladie. Sortir de ta zone de confort est ce qui te terrifie le plus, mais ce qui te fait le plus peur en guérison est justement ce qui peut te sauver. Ce sont les choses qui m’ont fait le plus peur qui m’ont permis d’avancer le plus dans ma guérison. Et je dis ça encore une fois avec du recul. Parce que c’est sûr que sur le moment même, c’est inconfortable, et tu as plus la sensation de mal faire que de bien faire. Mais c’est comme ça, justement, que tu vas à l’encontre de la maladie.

Encore une fois, je sais que c’est difficile, mais c’est important que tu te mettes dans des situations « d’inconfort » de temps en temps. 

Encore une fois, ne t’en demande pas trop. Cela dépend vraiment d’où tu en es dans ton parcours de guérison. À certains moments de ma guérison, notamment à la fin, quand j’avais déjà repris du poids et que j’avais beaucoup avancé, là, je sortais de ma zone de confort presque tous les jours. Mais la plupart du temps, notamment au début, c’était plutôt une fois par semaine, voire parfois à une fréquence encore moindre quand je n’allais vraiment pas bien. Donc ça rejoint ce que je te disais sur les attentes irréalistes, parfois, c’est contre-productif de se mettre des défis qui sont trop grands. C’est difficile de juger quel défi se mettre, d’où l’importance encore une fois d’avoir un suivi avec des professionnels spécialisés.

Tu ne manges pas assez

Ce point est aussi lié au précédent. Et je sais à quel point il est difficile. Mais en gros, si tu manges constamment les mêmes aliments, ceux qui te rassurent, ceux que ton trouble alimentaire estime comme sains, alors encore une fois, tu restes trop dans ta zone de confort. Et même chose si tu es en dénutrition, ton cerveau a beaucoup moins d’énergie pour raisonner convenablement, donc c’est beaucoup plus difficile de lutter contre la maladie. Je sais vraiment que ça, ce n’est pas simple. Quand j’étais malade j’en avais conscience, et pour autant je suis resté des mois voire année dans la restriction à manger tout le temps les mêmes aliments, et de ce fait, à faire souvent des compulsions sur les aliments que je m’interdisais. Mais je me dois de dire ce point-là parce que c’est vraiment quand j’ai réintégré les différentes catégories, quand je remangeais de tout, que j’ai pu voir vraiment une grosse différence, parce que mon cerveau était réalimenté, je raisonnais mieux et du coup, les pas que je faisais en avant étaient davantage « notables », et mes peurs étaient beaucoup moins irraisonnées. 

Tu restes dans le même environnement (toxique) de la maladie

Encore une fois ce point est lié au précédent. Mais personnellement, j’ai vraiment vu aussi un changement dans ma guérison quand j’ai un peu quitté l’environnement de la maladie. 

Dans mon livre « L’anorexie, mon bouclier mortel », je vous parle du fait que quand je suis sortie de ma première hospitalisation, je suis retournée exactement dans le même environnement que celui où la maladie s’est développée et j’ai rechuté tout de suite.

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Et par exemple un changement qui m’a beaucoup aidé aussi dans ma guérison, ça a été de ralentir le rythme que je m’imposais, donc pour ça j’ai fait une pause de quelques mois dans mes études. Je ne dis pas qu’il faut forcément arrêter ses études ou son travail, c’est vraiment au cas par cas ce choix. D’ailleurs, j’ai fait un article sur ce sujet où je vous expose ma réflexion sur “faut-il faire une pause dans sa vie pour guérir des troubles alimentaires ?”. Et un autre grand changement qui m’a aidé dans ma guérison, ça a été de déménager.

Donc je ne vous dis pas de quitter ton travail ou de déménager pour guérir. Par contre, je t’invite vraiment à faire un point dans ta vie pour voir si tu n’es pas bloqué dans un environnement toxique. Je t’invite vraiment à te poser et à réfléchir aux différents aspects de ta vie : que ce soit ton logement, ton travail, ton rythme de vie, les lieux que tu fréquentes souvent, même les proches que tu vois souvent… Essaye de faire le point et de voir s’il y a des choses qui te semblent toxiques, qui te mettent en difficulté. Et si tu en identifies, essaies de voir comment tu pourrais diminuer, voire arrêter cette toxicité. Ça demande parfois de faire des choix difficiles, mais ta vie et ton futur t’en remerciera. 

Et parfois, ce ne sont pas des grandes choses. Ça peut être remarqué que tu fais des petites habitudes toxiques. Rien que le faite, par exemple, de consulter fréquemment des comptes de recovery mais qui montrent leur poids, leurs assiettes, etc., ça, ça peut être une habitude toxique qui vous maintient dans la maladie.

Tu es seul-e

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Une autre raison pour laquelle tu as l’impression que ça ne fonctionne pas, c’est que tu êtes trop seul(e). Je sais que ce n’est pas toujours évident, parce que déjà, la maladie elle te pousse à te refermer sur toi-même. Elle te convainc également que tu es un poids pour les autres. Parfois aussi, il y a des personnes qui se sont éloignées de toi après des mois, voire des années dans la maladie.

Mais ça, pour le coup, je trouve que ça fait vraiment une grande différence dans la guérison. Et je le vois aussi sur les personnes avec qui j’échange en Flower call. Je vois sincèrement une différence entre les personnes qui sont entourées et celles qui ne le sont pas.

Je suis parfois étonnée et hyper triste parce qu’il y a des personnes qui me disent que par exemple, leur conjoint ou leurs propres parents ne savent pas qu’ils ont un trouble alimentaire. Il y a vraiment des personnes qui vivent leur trouble alimentaire sans que personne autour d’elles sachent qu’elles sont malades. Et ça me rend vraiment triste parce que ces personnes qui sont malades ont besoin d’aide, de soutien, pas de solitude.

Donc si c’est ton cas, je t’invite vraiment à essayer de trouver une ou deux personnes. Au moins une, en qui tu peux avoir confiance, qui est sensible aux problématiques de santé mentale et à qui tu te confies. Moi aussi, j’avais l’impression d’être un poids pour mes amis. 

Mais honnêtement si j’avais une copine dans le besoin, mais je serais ravie qu’elle m’en parle en fait. Et c’est vrai qu’à un moment de ma vie, mon discours était peut-être plus négatif, j’avais besoin de soutien, d’aide. Mais c’est temporaire. Aujourd’hui parfois les rôles se sont inversés et j’ai été la personne qui a pu soutenir mes amis. 

Donc là je te parle de l’entourage personnel, mais j’insiste aussi sur le fait que tu aies un accompagnement avec des professionnels. Tu ne pourras pas te sortir seul(e) de ton trouble alimentaire. Ça, c’est un mythe que ton trouble alimentaire lui-même essaye de te convaincre pour continuer de se développer en fait. 

Et au-delà d’avoir un suivi avec des professionnels, parfois, il n’est pas assez fréquent. Pour moi, voir son psychologue une fois par mois, ce n’est pas assez. C’est au moins une fois par semaine. J’avais même eu des périodes où je voyais plusieurs professionnels dans la semaine. Après, je sais que financièrement ce n’est pas toujours possible, mais tu n’es pas non plus obligée de voir un psychologue, ça peut être aussi des groupes de soutien ou des groupes de parole qui sont organisés à bas prix ou même gratuitement dans des associations. Et n’oublie pas aussi, tu peux demander l’ALD à ton médecin traitant. Ça veut dire “affection à longue durée”. Et ça permet que tout ce qui est en rapport avec ton trouble alimentaire soit pris en charge par la Sécurité sociale. Malheureusement ça reste les professionnels où l’on peut passer sa carte vitale comme le psychiatre par exemple, mais pas le psychologue. Mais ça peut déjà réduire tes coûts.

Tu n’aides pas ton cerveau

Une autre raison qui peut expliquer pourquoi tu as l’impression que rien ne fonctionne, c’est parce que tu n’aides pas ton cerveau. Ce point rejoint le point où j’ai parlé de la restructuration cérébrale. En gros, il faut vraiment voir le trouble alimentaire comme un poison dans ton cerveau qui va créer un brouillard mental. Et pour moi, c’est important d’aider ton cerveau avec de la positivité, avec de l’espoir, pour travailler le côté sain en toi.

Quand on a un trouble alimentaire, on note souvent de l’ambivalence en soi, c’est-à-dire qu’on a l’impression qu’il y a un côté noir et il y a un côté plutôt blanc qui est toi en fait.

Donc aide son cerveau, déjà, c’est croire en la guérison, croire que c’est possible et croire que tu vas y arriver. Ça, je te le dis souvent et c’est vraiment important. Après évidemment tu peux avoir des jours où tu n’y crois pas, mais globalement l’idée c’est quand même de se dire que tu vas y arriver. 

Ensuite je donne plein de conseils pour créer un environnement favorable à la guérison en aidant ton cerveau à être dans un environnement positif dans mon article sur les 16 outils à mettre en place. Donc même chose, je vais pas tout redire ici, je t’invite vraiment à aller le lire. Dans cet article, je réalise que je vous ai souvent envoyé vers d’autres de mes contenus, mais c’est parce que déjà, là j’ai plein de choses à te dire, et comme les troubles alimentaires sont très complexes, il y a énormément de choses à expliquer et à nuancer. Donc ça vaut le coup que tu lises le contenu qui est dédié sur la problématique en question.

Tu vois les rechutes comme quelque chose de négatif

Une autre raison qui fait que tu as l’impression que rien ne fonctionne, c’est que tu vois les rechutes et les jours difficiles comme quelque chose de fataliste. Alors évidemment, c’est tellement difficile que c’est normal que tu le voies comme ça. Mais j’en avais parlé dans mon article sur les rechutes justement, où je dis que vraiment, les journées difficiles et les rechutes, c’est dans ces moments-là où finalement, tu avances le plus. Moi, si je repense à mon parcours de guérison, j’ai l’impression qu’il y avait beaucoup plus de jours négatifs que positifs. Pourtant j’en suis sorti. Parce que ce sont les jours négatifs qui comptent dans la guérison. Et ce n’est pas parce que tu as rechuté que tu es retourné au point de départ. Les rechutes et les journées négatives n’effacent pas tes avancées.

Donc finalement ça rejoint le tout premier point que je disais, c’est que ce n’est pas parce que tu as l’impression que ça ne fonctionne pas que c’est la vérité.

Célèbre tes petits pas

Et du coup, par rapport à ce dernier point et puis globalement par rapport au fait que tu as l’impression que rien ne fonctionne, je t’invite vraiment à te poser et à noter dans un carnet régulièrement tous les petits pas que tu fais en avant, toutes les fois où tu es fier de toi. 

C’est important de les noter pour les relire quand tu as l’impression que tout va mal. Et si tu ne l’as jamais fait, je t’invite aussi à faire un peu une rétrospective depuis que tu es malade, des choses que tu as réussies, de tes avancées. Même si c’étaient des choses qui te paraissent insignifiantes, même si depuis tu as l’impression que tu as régressé sur ces points-là. Encore une fois, ce n’est pas parce que tu as rechuté ou que tu vas moins bien que ça efface tes avancées passées. Quand un sportif a remporté un match en 2022 et qu’en 2023 il a perdu un autre match qui était tout aussi important, ça n’efface pas sa victoire de 2022. 

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Parfois j’ai des personnes qui me disent « je suis malade depuis X années et je n’ai jamais réussi à avancer, je n’en vois pas le bout ». Et finalement, en discutant avec elles, on prend conscience ensemble des avancées qu’elles ont déjà faites. Et ça peut t’aider à te garder motivé.

Et puis je terminerai cet article en te disant aussi de vraiment t’accorder de la patience. Je sais que ce n’est pas simple de dire ça à une personne qui souffre et qui n’en peut plus. Mais vraiment la guérison des troubles alimentaires, elle prend du temps. Et pour autant, moi, j’ai eu des moments, et notamment vers la fin, où j’ai eu des avancées très rapides, bien plus vite que ce que je n’aurais pensé. Par exemple mes tocs qui ont disparu quasiment tous du jour au lendemain. Mais c’est parce que j’avais avancé sur d’autres aspects de ma guérison en amont. Et pourtant je n’en avais pas conscience. Je ne sais pas si tu arrives à percevoir ce que je veux dire là, c’est quelque chose sur lequel j’ai plus longuement insisté dans mon roman autobiographique, « l’anorexie, mon bouclier mortel », tu peux le trouver sur Amazon si ça t’intéresse. 

J’espère que cet article et tous les éléments que je t’ai donnés là t’auront aidé à te dire que même si tu as l’impression que ça ne fonctionne pas, tu avances quand même. J’espère que ça t’aura réconforté, que ça t’aura apporté de l’espoir et des nouvelles pistes peut-être pour ton chemin de guérison. N’hésite pas à me faire le retour !

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2 commentaires

Super Mathilde, c’est exactement ça, tout ce que zu as écrit dans ton article
Merci encore une fois!
Ça me fait énormément de bien lire tout cela !
J’ai commandé ton livre sur Amazon !
Je me réjouis de le recevoir.
Une douce nuit 🌃 🙏💫
Suzanne

👍👍Coucou Mathilde, c’est tellement “vrai” ce que tu exprimés ici, et pour ma situation: c’est
long, franchement, surtout quand ton entourage est totalement absent…
Prends soin de toi ma belle, et 😉de ta famille;

😘😘😘

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