Les bénéfices secondaires de la maladie et les coûts de la guérison
C’est un sujet que je trouve très important à aborder dans le parcours de guérison. Cependant, c’est un contenu que je ne savais pas comment aborder car je dois avouer que j’ai « peur » de comment ça pourrait être pris. En effet, tout le monde n’est pas au même stade d’avancement dans son parcours de guérison.
Et notamment si tu es au « début » ou que tu n’as jamais exploré l’aspect psychologique de ta maladie, c’est quelque chose qui peut-être difficile à entendre / comprendre.
En fait, il se peut grandement que certaines choses que je dis dans ce contenu te tiraille ou te met comme en colère. Je le sais parce que les premières fois où j’ai lu ou entendu des choses sur ce « phénomène psychologique », j’étais assez mal à l’aise en quelque sorte. Rien que le début du titre « les bénéfices de la maladie » peut déjà susciter de l’incompréhension.
Et d’ailleurs, il faut bien garder en tête que dans cet article, j’évoque ce sujet avec beaucoup de recul maintenant. Mais dans tous les cas, je vais essayer de l’expliquer en vulgarisant les choses, et surtout en l’exprimant de mon point de vue de patiente (donc étant moi-même concernée par ça).
Je rappelle d’ailleurs que je ne suis pas psychologue ou psychiatre, même si j’aurai adoré. Mais c’est la psychologie me passionne, j’ai fait des années de thérapie et lu énormément de livre donc j’ai matière à discuter sur ce sujet. Mais ça n’en reste pas moins MA compréhension des choses et MON vécu.
C’est quoi les bénéfices secondaires de la maladie ?
Les bénéfices secondaires sont les avantages qu’une personne peut retirer à ne pas surmonter un problème. Donc tu vois, là je ne parle pas de « maladie » dans ma définition.
Donc c’est un élément important parce que ça veut dire que les bénéfices secondaires touchent TOUT LE MONDE. Et pas uniquement les personnes qui souffrent de maladie mentale.
D’ailleurs, cet article peut être intéressant pour n’importe quelle personne, avec ou sans trouble alimentaire.
Je donne quelques exemples pour être plus concrets et mieux comprendre ce concept de « bénéfices secondaires ».
- Monsieur X est submergé par la pression / l’ambiance / la charge mentale de son travail. Il est en burn-out. S’il va mieux, il devra retourner au travail et faire à nouveau face à tout ça mais il a peur de ne pas en être capable.
- Madame Y a extrêmement peur de sortir dehors, peur des foules, peur des endroits bruyants ou avec une forte affluence. Ses amis ne lui en tiennent donc pas rigueur lorsqu’elle refuse une invitation. Si elle n’avait plus ses peurs, ses amis ne comprendraient pas pourquoi elle refuse, et elle aurait peur d’être rejetée.
Là, t’as déjà peut-être fait une tête choquée en lisant « les avantages qu’une personne peut retirer ». Moi, quand j’avais entendu ça pour la première fois je me suis dit « Pardon ?! Mais j’ai aucun avantage à être malade ! ». Ou peut-être que tu te dis « Mais du coup les gens créent exprès leurs symptômes pour avoir comme des excuses ?! »
Et c’est pour ça qu’il est important de comprendre qu’il s’agit d’un mécanisme comportemental INCONSCIENT dans lequel la personne est prise au piège.
Ici, plusieurs mots sont à retenir :
- Il s’agit d’un mécanisme comportemental, donc ce n’est pas un trait de caractère de la personne.
- Et c’est inconscient. C’est pour ça qu’on dit bénéfices SECONDAIRES.
Donc ça veut dire que, la personne ne fait pas les choses consciemment, elle est pas manipulatrice, ni elle ne fait pas semblant.
Les symptômes sont bien réels, la souffrance aussi. Monsieur X souffre réellement d’un burn-out, et Madame Y est réellement effrayée lorsqu’elle est à l’extérieur de chez elle.
Et d’ailleurs les bénéfices secondaires ne sont pas positifs pour la personne qui les a (inconsciemment, je le rappelle). Si je reprends l’exemple de Madame Y : son bénéfice secondaire c’est donc que ses amis comprennent pourquoi elle refuse des invitations et donc de ne pas être rejetée à tord. Sur le moment, ça lui fait du bien, ça l’apaise de savoir qu’elle ne va pas devoir affronter ses peurs dehors. Mais sur le long terme, Madame Y, elle se sent seule. Elle voit qu’elle rate des choses que ses amis eux vivent. Elle rate des rencontres, des moments de bonheur. Et ça, elle en souffre.
Et ça peut être difficile à comprendre d’un point de vue extérieur, notamment pour quelqu’un qui ne comprend pas forcément que les bénéfices secondaires c’est un mécanisme psychologique inconscient. Parce que ces personnes se disent « Bah si Madame Y elle en souffre de sa solitude, elle a qu’à affronter ces peurs et sortir de chez elle ! ». Oui mais c’est pas aussi simple. Sinon, croyez-moi Madame Y sortirait. Encore une fois la souffrance de Madame Y est réelle, elle ne fait pas semblant.
En fait, il faut bien comprendre que les bénéfices secondaires sont une forme de protection, selon moi, face à des blessures très intenses.
Et ça, je pense que ça peut aider les proches pour mieux comprendre. Parce que les bénéfices secondaires affectent aussi les proches.
Les proches ont parfois le sentiment d’être manipulé, que la personne malade fait exprès de rester dans des actions d’auto-destruction. Les proches ont parfois l’impression que l’autre profite de sa maladie, que la personne se complait dans son mal-être.
Mais c’est faux ! Et c’est pour ça que c’est important de comprendre qu’il s’agit d’un mécanisme comportemental. C’est-à-dire que ça ne fait pas partie de la personnalité de la personne malade. Et d’ailleurs la première personne à souffrir de ça, c’est la personne qui en est malade elle-même.
N’oubliez pas aussi que c’est inconscient, donc la personne qui en est malade ne réalise pas ce qu’elle veut réellement, elle tente de répondre à un besoin inconscient non satisfait, dans son passé ou son présent.
Attention, je ne suis pas en train de dire que si tu souffres de trouble alimentaire, c’est pour en tirer des bénéfices secondaires même s’ils sont inconscients. Les causes d’un trouble alimentaire sont propres à chacun, variées, il y a rarement une cause. Et d’ailleurs je ne dis pas non plus que les bénéfices secondaires sont la cause de ta maladie.
Par contre, et là je vais parler dans mon cas parce que je ne vous connais pas personnellement : j’ai pris conscience que ce qui m’empêchait d’avancer dans certains pas de la guérison, ou qui m’empêchait même de sortir totalement de mes troubles alimentaires (et de pas rester dans cette quasi-guérison) était dû à des bénéfices secondaires. Donc en fait, les bénéfices secondaires sont plus pour moi l’une des barrières à la guérison, l’une des raisons qui peut aussi expliquer la peur de guérir.
Comment tu peux faire pour travailler sur ces bénéfices secondaires ?
Peut-être que tu t’es dit « Euhhhh, c’est un processus inconscient mais toi t’en as conscience ? ». Alors, comme j’ai dit en préambule, je parle de ça aujourd’hui avec une énorme prise de recul. Ma vision d’aujourd’hui, je l’ai acquise avec beaucoup de réflexion, de prise de conscience.
La première partie de ce contenu avait surtout pour but de te faire connaître ce phénomène qui est courant. Et surtout, te dire que c’est pas quelque chose que tu dois avoir honte. Et ça, c’est important parce que si tu en as honte, tu vas difficilement vouloir travailler dessus parce que ça te met dans une situation inconfortable. Et tu vas encore moins te sentir à l’aise d’en parler avec un thérapeute.
Parce que moi ce qui m’a beaucoup aidé dans ce processus, c’est d’en parler avec mes psys. Et on m’a déjà demandé si pour moi un accompagnement psy est indispensable, je réponds toujours oui. Après, c’est mon point de vue. Comme je dis souvent, la guérison est propre à chacun et il n’y a pas une seule bonne façon de guérir.
Si tu n’as pas de psy, ou que tu veux déjà commencer par toi-même à avancer dans tes propres réflexions, je te propose différentes questions qui peuvent t’aider.
Je t’invite à vraiment te poser pour répondre à ces questions, et vraiment y répondre à l’écrit. Le fait de mettre des mots sur ces maux est souvent extrêmement bénéfique. Bien plus que de juste y réfléchir dans sa tête.
Pour travailler sur ce point-là, tu peux te demander :
- Quels sont les bénéfices de ma maladie ? Qu’est-ce que j’en retire ?
- Qu’est ce que j’y perdrais que j’ai peur de perdre ?
- Qu’est-ce qui me retient de guérir ?
- Quelles sont mes peurs présentes ?
Encore une fois, sois bienveillant avec toi-même. Ne te dis pas « Bah en fait, je suis malade de ma faute. ». Non, tu n’as pas demandé à être malade. Tu n’es pas responsable de ta maladie.
Je précise ça parce que je suis passée par ces réflexions. Il m’est arrivé de me dire « mais en fait, c’est peut-être ma faute ? C’est moi qui le veut d’être malade ? Du coup ça me donne des excuses, ça me permet d’avoir l’attention, etc. » Et je culpabilisais en fait. Mais pour ma part, oui, l’anorexie a aussi été un bouclier pour moi, une protection. Et je pense que j’en avais besoin à un moment dans ma vie. C’est ainsi que j’ai pu travailler sur des blessures bien plus profondes. C’est ainsi que j’ai pris conscience de mécanismes, de dysfonctionnement dans mes relations, et que j’ai pu travailler dessus. Mais c’est pas pour autant que j’ai créé ma maladie. Je suis tombée malade sans vraiment m’en rendre compte. Je ne me suis jamais levée un matin en me disant « tiens, aujourd’hui je vais développer un trouble alimentaire qui va me pourrir la vie pour qu’on comprenne que je souffre ». Une fois de plus, c’est un mécanisme inconscient.
Et là, je te parle de maladie mais tu peux appliquer ça pour n’importe quel problème. Par exemple, si tu prends conscience que tu fais des actions répétitives qui te rendent malheureux-se, ça peut être intéressant de te poser la question. Exemple : Si tu acceptes constamment tout ce que te demande un-e collègue alors que tu ne veux pas / peux pas. Le bénéfice secondaire c’est de ne pas être rejeté.
En fait, je t’invite à faire ça sous forme de tableau. Première colonne, le symptôme / l’action ; deuxième colonne, le bénéfice et/ou ce que tu y perdrais si tu allais mieux. Troisième colonne, le pourquoi tu fais ça (selon toi), c’est quelle blessure, sur quoi tu devrais travailler. Si je prends l’exemple de la personne qui accepte tout, ne sait pas dire non : sa blessure c’est la peur d’être rejeté. Donc là ça vient peut-être faire écho à un abandon dans son enfance, à une relation toxique passée. Enfin, il y a plein de chose. Et c’est pour ça que c’est pas toujours évident de voir ça par soit même et que ça demande une discussion avec un thérapeute.
Surmonter ta peur de prendre du poids avec une approche englobant TOUS les aspects de la guérison
Dimensions…
- Psychologique,
- Restructuration cérébrale,
- Physique,
- Nutrition,
- Acceptation corporelle,
- Reconstruction de ton identité,
- Anti-compensation…
...pour un chemin de guérison durable et consolidé.
Des exemples de bénéfices secondaires
Pour te guider, et te montrer d’ailleurs que je n’en ai pas honte et qu’il faut pas en avoir honte, je vais te partager des exemples ce qui ont été pour moi des bénéfices secondaires (et les causes).
Encore une fois, je rappelle que toute cette réflexion que je t’apporte là est le fruit d’un processus long. Je pourrais dire que du moment où j’ai pris conscience des bénéfices secondaires à aujourd’hui, il y a bien 6 ans de passé. Et chacun prend le temps qu’il lui faut 🙂
Alors, dans mes bénéfices secondaires de mon anorexie, et pourquoi j’avais peur d’aller mieux :
Bénéfice secondaire #1
Je pense que le principal bénéfice secondaire que j’avais, c’était pour faire face à ma peur d’être adulte, ma peur de grandir. Je pense que l’anorexie me permettait d’avoir comme une « excuse » de ne pas affronter les difficultés de l’adulte. C’était comme une façon de ne pas assumer les responsabilités qui me faisaient peur. Et dans la même continuité, c’était une façon de garder ma position de « enfant de ma maman » plus que d’être une « femme, adulte » qui peut voler de ses propres ailes sans la protection de sa mère / de ses parents.
Ce que je viens d’aborder là mériterait un épisode de podcast dédié tellement c’est complexe haha. Mais comment j’ai travaillé là dessus : bah en avançant sur le concept d’être adulte justement. Parce qu’en fait j’ai pris conscience j’avais peur d’assumer des responsabilités que j’assumais déjà. Et en travaillant beaucoup sur ma relation d’attachement à ma mère (travail toujours en cours). Et en prenant confiance en moi, en la femme et l’adulte que je suis, en mes capacités : dans le fait que oui, je peux m’en sortir. Et en travaillant du coup sur ma peur d’échouer, de pas réussir sa vie, ma peur de décevoir, ma peur du regard des autres, ma peur de pas être parfaite. J’ai fait évoluer mon état d’esprit sur ces points-là et ça m’a beaucoup aidé. C’est d’ailleurs ce que je vous partage dans mon livre sur les peurs liées au trouble alimentaire :
Le premier est un livret qui traite les différents sujets d’anxiété que tu peux éprouver dans tes troubles alimentaires, et dans la vie en général. Il s’agit d’un livret qui reste interactif avec des questionnaires à remplir et 22 questions avec un espace dédié pour y répondre. Tu retrouveras toutes les infos ici :
Bénéfice secondaire #2
Un autre bénéfice secondaire c’est que l’anorexie me permettait d’être comme une autre personne, de créer un « faux moi ». Je dis faux parce qu’en fait ce n’était pas moi la maladie, c’était pas ma personnalité. Et ça c’est quelque chose aussi de très important dans la guérison : apprendre à se reconstruire indépendamment de sa maladie. Et pareil, en fait j’ai pris conscience que je ne m’aimais pas, je me pensais indigne d’être moi. Et du coup je préférais vivre dans le corps / la vie de quelqu’un d’autre, en l’occurrence de la maladie. Et ça c’est un gros travail que d’apprendre à se reconstruire. Et c’est tellement propre à chacun.
Bénéfice secondaire #3
Un autre bénéfice secondaire c’est le faux pouvoir et contrôle que me donnait la maladie, que j’avais peur de perdre. Encore une fois je dis « faux » car c’est un leurre de la maladie. Quand tu es malade, tu as justement plus aucun contrôle sur ta vie. Et ça je dirais aussi que je l’ai beaucoup travaillé avec le temps, en prenant conscience des ravages de la maladie sur ma vie. Et en changeant mon état d’esprit comme je parle encore une fois dans mon livre sur le peurs liées aux troubles alimentaires.
Bénéfice secondaire #4
Un autre bénéfice secondaire, et là ça parait assez dingue de dire le mot « bénéfice » quand on voit ce que je vais dire après. Mais justement, ça prouve bien à quel point c’est inconscient et que c’est un mécanisme dont la personne est piégée. Ce bénéfice, c’était d’exprimer ma haine envers moi, de m’attaquer à moi-même. Et en fait, ça me faisait comme du bien de me « punir ». Et là, encore une fois, c’est propre à mon histoire mais en fait, c’est parce que je portais une culpabilité énorme, que je ne devais pas, qui ne m’appartenait pas. Et le fait de travailler sur ça, m’a aussi aidé dans ce bénéfice secondaire.
Bénéfice secondaire #5
Un autre bénéfice secondaire c’était de ressentir autre chose que la détresse psychologique dans laquelle j’étais. Et parfois, des personnes ont tellement un sentiment d’inutilité, de dégoût envers elles-même, elles sont tellement en lutte contre des blessures profondes (souvent inconsciemment encore une fois), que ressentir la souffrance d’une maladie est plus simple. C’est comme un évitement.
Bénéfice secondaire #6
Un autre bénéfice secondaire c’était aussi pour moi de « paraître bien », d’essayer de rentrer dans des cases, de faire bien comme il faut, comme les autres voudraient que je fasse. Parce qu’en thérapie, j’ai pris aussi conscience que dans ma famille je ressentais des interdits, une image à tenir. Comme s’il y a avait des choses à ne pas dire, pour ne pas attirer les regards. Rester bien droit dans ses bottes, pas faire de faux pas. Et là, c’est aussi en apprenant à être moi-même, à me construire indépendamment de la maladie, que j’apprends à assumer qui je suis, indépendamment de mes proches, de ma famille, de mon éducation. Et aussi indépendamment du regard des autres, comme j’en parle encore une fois dans le livre sur les peurs du TCA.
Autres bénéfices secondaires
Je pense que je vais poursuivre avec d’autres bénéfices secondaires possibles, que j’ai eu ou non. Comme ça, ça peut donner des pistes de réflexion :
Ça peut être …
- Une façon d’éviter des conflits, des cris, des mécontents de ses proches
- Une surcompensation pour se « prouver » plus fort, plus confiant; face à la réelle image que l’on a de soi, ou à l’étiquette qu’on vous a collé depuis que vous êtes enfant
- Une façon de démontrer de l’amour, de répondre aux besoin d’un être cher. Par exemple, parfois je me suis demandée si ce n’était pas une façon de rester l’enfant de ma mère, pour qu’elle s’occupe de moi car j’avais le sentiment que ma mère avait beaucoup de mal à voir ses enfants grandir et partir.
- Une façon de se cacher à soi-même des vérités, une façon de se protéger face à une décision à prendre
- Ça peut être une façon d’exprimer une injustice vécue, une rancune jamais évoquée. Comme une façon de se venger (de façon inconsciente, je le rappelle toujours)
Et pour ce qui est des coûts à aller mieux ?
Et du coup dans mon titre je parle aussi de coûts à la guérison, au fait d’aller mieux mais je n’en ai pas encore parlé.
C’est très lié aux bénéfices secondaires forcément. Moi je pense que ce que j’avais peur de perdre / d’affronter en guérissant, c’était :
- Que mes proches se désintéressent de moi, qu’ils passent moins de temps avec moi, qu’ils soient moins conciliant. Mais en fait, tes proches ne t’aiment pas parce que tu es malade. Ils t’aiment parce que tu es toi. Et autre chose, c’est aussi que tu te rends compte avec le temps (enfin pour ma part je parle), que les symptômes que tu avais disparaissent ou s’atténuent, en travaillant sur ça justement. Par exemple moi je refusais toujours les invitations (comme Madame Y, en fait c’était moi je l’avoue haha). Mais à mesure que j’ai fait évoluer mon état d’esprit, que j’ai travaillé sur moi, sur l’acceptation de qui je suis, sur la reconstruction de moi… Eh bien je refusais de moins en moins parce que j’étais contente d’aller à la rencontre de l’autre. J’avais moins ce problème de confiance en moi donc je n’avais plus besoin de vivre cachée.
- Un autre « coût » c’était aussi que j’allais devoir accepter de ne plus être l’enfant de ma mère, mais plus une adulte responsable, capable de se débrouiller seule. Et ça me faisait terriblement peur, et pour être honnête je travaille toujours sur ça.
- Un « coût » c’est peut être aussi le fait d’accepter d’avancer sur son passé et de se tourner vers le futur. Parce que ça fait terriblement peur de sortir de sa zone de confort.
- Le coût ça peut aussi être de libérer des émotions qu’on ne sait pas forcément gérer, des traumatismes qu’on a jamais résolu. D’où l’importance aussi d’être accompagné justement.
- L’un des « coûts » que j’avais aussi c’était d’assumer la responsabilité de mes actes. De me dire que si je faisais une erreur, c’était « ma faute ». Quand on est enfant, c’est tes parents qui en sont responsables en quelque sorte. Tu es protégé. Quand tu es adulte, tu dois assumer. J’en reviens à la peur d’être adulte. Une fois de plus, j’ai fait évoluer ma façon de voir l’adulte, de voir l’erreur… Mais aussi ma confiance en moi, etc.
Voilà, je t’ai donné pas mal d’éléments de réponse, plutôt même des pistes de réflexion. Le but de les trouver est de te permettre des prises de conscience, mais aussi de trouver des solutions avec un accompagnement pour faire en sorte que ça ne soit plus des bénéfices à ta maladie, des barrières à ta guérison.
Mais c’est important aussi pour moi de dire que tu n’as pas besoin de travailler, de résoudre tous les coûts, d’avoir avancé sur tous les bénéfices secondaires. Je te prends l’exemple de la peur d’être adulte, de me détacher de ma position « d’enfant » : je l’ai pas encore totalement résolu. Et il y a d’autres bénéfices secondaires d’ailleurs sur lesquels je n’ai pas terminé de travailler parce que ça prend du temps
J’ai fait des pas de géant mais je sais que j’ai encore des petits pas à faire pour m’en libérer totalement. Pourtant, je n’ai plus de trouble alimentaire. Donc ne te mets pas la pression.
Tu n’as pas besoin de travailler sur tout ça pour guérir. C’est plus avancer dessus, avoir des prises de conscience qui peuvent t’aider à cheminer dans ta guérison.
Bon, je dois avouer que c’est la première fois que j’aborde un sujet plus « psychologique » et ça me stress un peu. J’ai peur de brusquer certaines personnes. Et c’est pour ça d’ailleurs que je mesure beaucoup mes mots, que j’essai de vous rassurer au maximum.
Mais c’est pour moi tellement important dans la guérison, d’avoir ces réflexions là. Et on en parle finalement peu en général. On parle surtout de la peur de prendre du poids, de sa relation au corps, à la nourriture. Mais pour moi, les réflexions beaucoup plus profondes m’ont tellement aidé à guérir, que je veux vous les partager. Mon but c’est de vous aider dans votre propre chemin de guérison.
Voilà, dites moi sincèrement, faites moi des retours c’est important pour moi pour que je sache les contenus que je peux vous proposer. Donc dites-moi si ça vous a aidé. Parce que si oui, j’ai d’autres sujets que j’ai beaucoup envie d’aborder, qui sont plus sur les causes, ou des réflexions psychologiques qui ont été pour moi indispensables dans ma guérison.
Je parle notamment de la peur de grandir / d’être adulte, mais aussi de la relation à la mère / aux parents. C’est certain que c’est propre à moi ça et qu’encore une fois, la guérison est propre à chaque personne. Donc on a pas du tout tous les mêmes sujets d’anxiété on va dire. Mais c’est vrai que je trouve que c’est des thèmes qui ressortent souvent avec les personnes avec qui j’échange.
Tu souhaites recevoir un shot de bienveillance et de motivation pour ta guérison chaque semaine ?
Inscris-toi à ma newsletter pour des conseils exclusifs (PS : J’ai des cadeaux pour toi 🤗)
Juste merci pour cet article TELLEMENT intéressant, profond. Tu peux devenir ma psy stp? Haha. Tout ce que tu décris a raisonné en moi, m’a fait prendre conscience de certaines choses, et m’a aussi apaisée (on se sent moins seule face à tous ces ressentis, cette anxiété constante, ces doutes sur qui l’on est, où l’on va…). C’est une partie des TCA qui est peu abordée effectivement, c’est pour cela que j’adore ton compte / blog / tes podcasts, parce que tu vas au-delà des symptômes alimentaires (qui ne sont plus présents non plus pour ma part), tu nous aides à plonger un peu plus profondément derrière cette face visible de l’iceberg… alors merci, mille fois merci. Pour ton aide qui n’a pas de prix, et pour la belle personne que tu es, pour ce que tu donnes aux autres!
Merci Mathilde pour cet article qui est hyper vrai et pas du tout gênant.je trouve même qu on pourrait aller plus loin dans la réflexion car bien sur qu on se complaît à rester dans notre maladie de merde inconsciemment pour certaines raison.et je trouve que le rapport aux parents est commun a bcp de malades alimentaires .c est d ailleurs ce que m avait ma psy:souvent un tca est un trouble affectif à la base
Ps j ai adore « c était moi madame Y je l avoue »j ai éclaté de rire
Belle soirée
Salut Mathilde, je me reconnais bcp dans ton mail…je ressens/ai ressenti quasiment les mêmes “choses” que tu décris et explique, et oui, le travail avec ma thérapeute est encore long et complexe, surtout toute seule sans personne(sauf les soignants tjrs débordés…) mais je veux y croire car c’est vraiment un enfer de vivre et de rester avec un TCA; La vie, on en a qu’une, alors autant faire en sorte qu’elle se “termine” plus sereinement…
Pardon mais bien “émue” de me retrouver autant dans ce que tu nous partages; belle continuation à toi,
????????Stéphanie g
Cet article sur les bénéfices secondaires est parfait.
Bravo! Il explique tellement bien et simplement ce concept.
Bravo!
Ces prises de conscience sont tellement réelles ! Apprendre à se détacher de sa maladie, tout en regrettant de ne plus être, comme tu le dis, dans sa zone de confort. En effet, travailler sur l’origine du problème = la blessure psychologique est la clé de la réussite. Bon courage à tous.tes !
Merci je me reconnais, dans tout se que tu dis.
Bonjour, surtout n’aies pas peur de ce que tu écris.. Tout ce que tu dis es juste dans le sens où je pense que la majorité des personnes qui ont souffert ou souffre de TCA se reconnaissent dans tes propos. Tu n’as pas fait d’etudes de psy mais tu dis des choses beaucoup plus pertinentes que certaines psys!!!! cette maladie est tellement complexe que je pense que seul un thérapeute qui a vécu un TCA peut vraiment faire progresser qqn…en tout cas merci encore pour tes posts, tes reflexions, tes mots sur des idées que l’on ose pas dire et pour ta franchise car contrairement à certains compte instagram qui du coup nous font culpabiliser je trouve, tu ne caches rien et assumes le fait que tu as encore des choses à travailler. bn courage
Oh oui ça me parle énormément et me rejoint totalement la peur de grandir et la relation avec la mère ouff ! Merci pour ces éclairages sur ce qui doit être vu.