Crise de boulimie : que faire le lendemain ?
J’ai connu des compulsions alimentaires de 2017 à 2021. Lorsque j’avais terminé ma crise de boulimie, je me détestais, je me dégoutais, je me sentais sale, je m’en voulais d’avoir autant mangé. J’avais la sensation de ne pas avoir de volonté et la première chose à laquelle je pensais, c’était “comment réparer cette crise ?”. Alors, je faisais des recherches sur internet, et “Crise de boulimie : que faire le lendemain ?” (qui est le titre de cet article), c’est typiquement ce que j’aurai pu taper à l’époque.
Bien souvent, je suis tombée sur des conseils qui, en réalité, ne m’aidaient pas tellement à atténuer la culpabilité. Et je lisais parfois des conseils qui allaient finalement empirer ma situation et déclencher une nouvelle crise quelques jours plus tard, si ce n’est pas le lendemain.
Ayant connu de nombreux épisodes de compulsions alimentaires, et étant aujourd’hui définitivement sortie des TCA, j’ai eu envie d’écrire cet article pour donner mes conseils pour savoir comment réagir après une crise de boulimie.
Par rapport au terme “crise de boulimie”, je pense que c’est ce qui peut venir en tête assez rapidement. Me concernant, j’appelais ça dès le début “crise de boulimie” ou “d’hyperphagie” parce qu’il s’agissait d’une courte période où j’étais comme en pilote automatique et je mangeais beaucoup, rapidement, de la nourriture sucrée et souvent grasse. Mais avec le temps, j’ai compris que mes compulsions alimentaires étaient due à ma faim extrême, dû à la restriction que je m’imposais avec l’anorexie. Je ne peux pas vous dire exactement de quel type de compulsion il s’agit parce que je ne vous connais pas. Et c’est pourquoi le premier conseil que je vous dirai en amont, c’est d’avoir un avis médical par un professionnel SPÉCIALISÉ dans les TCA. C’est vraiment important qu’il connaisse bien, même extrêmement bien, les troubles alimentaires. Parce que le nombre de personnes que je connais qui ont en fait eu un mauvais diagnostic… Or, c’est très important de pouvoir identifier le type de compulsions alimentaires, car ça donnera beaucoup d’indications sur les causes. Si vous voulez en savoir plus sur la faim extrême, j’ai fait plusieurs contenus à ce sujet ici :
Pareil, j’ai mis “lendemain de crise”, parce que souvent, moi, elles se produisaient le soir. Mais si ça s’est passé dans la journée, alors peut-être que tu te demandes juste “quoi faire après une crise”. Tu es sur le bon article 🙂
Sinon, on va démarrer ! Peu importe le type de compulsion, ces conseils s’appliquent dans n’importe quel cas si tu as fait une crise, compulsion alimentaire (de boulimie, d’hyperphagie, de faim extrême…) :
Sois bienveillant·e avec toi
Je sais que là, tu te trouves comme une mer*e, que tu te détestes, que tu as peut-être même envie de te faire du mal. Je sais que tu penses n’avoir aucune volonté, peut-être ton corps te dégoute. Et peut-être que tu te parles super mal. Mais stooooooop. Doucement, ne sois pas si dure avec toi-même.
Si tu as eu cette compulsion, c’est que ton corps et/ou ton mental sont en souffrance. Ne continue pas de l’assaillir d’insulte et de mauvaises intentions. La vérité, c’est que tu n’as rien fait de mal. Tu n’as commis aucun crime, aucun acte préjudiciable.
Vraiment, accorde-toi bienveillance, de l’auto-compassion. Et ça, je t’assure que c’est très important. Ce n’est vraiment pas simple, je le sais. Mais te détester n’arrangera rien, au contraire. Essaie de penser à une personne qui compte beaucoup pour toi, que tu aimes beaucoup. Si cette personne venait te dire qu’elle avait fait une compulsion alimentaire, est-ce que tu lui dirais toutes ces choses que tu te dis à toi-même ? Traite-toi de la même façon que tu traiterais une personne que tu aimes. Vraiment, c’est important. Je ne te parle pas de te parler avec “amour” (parce que je peux comprendre que tu n’y arrives pas, surtout à ce moment-ci). Mais tu as besoin d’acceptation, au moins. Être dans l’autocritique, le rejet de toi-même ne te permet pas d’accepter ta crise. Tu ne peux rien faire d’autre qu’accepter. Parce que ta crise, elle est arrivée. Tu ne peux pas changer le passé. Le passé est passé, c’est terminé. Ce que tu as, c’est le présent, c’est maintenant. Et avec ces conseils, on va tout essayer pour que dans ton présent, tu apaises ton corps & ton mental pour que tu te sentes mieux dans ton futur.
2. Sport ou pas sport ?
Pas sport, vraiment ! Je sais que la plupart des sites mettent de pratiquer de l’activité physique. Mais le problème, c’est que ces sites ne prennent pas en compte les croyances erronées que tu as dans ta tête. Moi, je sais que tu vois l’activité physique comme un moyen de compenser tes repas précédents et/ou de te donner le droit de manger aux prochains repas. Or, vraiment, il ne faut rompre le lien sport-nourriture. Le sport, c’est un moyen de prendre soin de toi ; ce n’est pas un instrument pour te punir ou t’autoriser à manger. Si tu recours à une activité physique après ta crise avec, dans un coin de ta tête, un soulagement parce que tu auras “rattrapé un peu” ta prise alimentaire. Alors c’est vraiment le mauvais chemin à prendre. Tu peux mentir aux gens qui t’entourent, tu peux te mentir à toi-même, mais tu ne peux pas mentir à ton cerveau. Ton cerveau, il sait que tu fais cette activité physique pour compenser. Or, la compensation est une forme de restriction, et la restriction, c’est la cause n°1 des compulsions (bien souvent). Donc pratiquer du sport pour compenser une crise précédente, c’est le meilleur moyen d’en préparer une prochaine (sans s’en rendre compte évidemment). Mais je vous assure, je sais de quoi je parle, j’ai fait cette erreur plein de fois. Je le dis avec la plus grande bienveillance parce que je sais à quel point c’est difficile. Il n’y a aucun jugement dans ce que je dis là.
Par contre, ce que tu peux faire, c’est une petite balade pour t’apaiser. Je te conseille quand même d’attendre au moins 30 minutes – 1 heure après, parce que sinon, tu vas te sentir très ballonné·e et ça peut être douloureux. Mais je te parle là d’une balade pour te faire du bien. Donc, c’est-à-dire marcher à un pas de balade, pas de course ou de marche nordique. Et l’idée, c’est te balader pendant 30 minutes, dans la nature, avec de la musique ou un podcast si tu préfères, même accompagné. L’idée est vraiment de créer un moment de relaxation. Je sais que ce n’est pas du tout du tout simple ce que je conseille là. Et c’est complètement normal si durant cette balade la crise que tu viens d’avoir (ou que tu as fait la veille) te revient plusieurs fois en tête. Mais une petite balade bienveillante ne peut que te faire du bien.
3. Non, ne bois pas une quantité d’eau après
Alors ça aussi, je pense que c’est l’un des conseils que tu retrouveras le plus. Du coup, à chaque fois, je me forçais à boire beaucoup pour me “purifier”. Mais la réalité, c’est qu’une fois de plus, je ne prenais pas en compte les besoins de mon organisme, je me faisais même du mal. Je buvais une quantité d’eau, ce qui me faisait encore plus mal au ventre alors que j’étais déjà ballonnée. Donc ça ralentissait ma digestion et je me forçais une fois de plus à m’imposer quelque chose que mon corps ne voulait pas. Donc mon conseil, c’est bois de l’eau si t’as plus soif, mais sinon, non. Ne te force pas à boire plus que d’habitude. Du moins, ne t’impose pas des grandes quantités. La seule exception, c’est si tu as eu recours à des vomissements, des laxatifs, où là ton organisme est déshydraté, donc c’est important de bien boire.
4. Oublie la balance
Pour certain, l’automatisme est de monter sur la balance le lendemain, pour voir “les dégats”. Aucune utilité, à part se faire du mal. Vraiment ! Parce que oui, il y a de forte chance que le chiffre soit supérieur à la dernière fois que tu es monté·e sur une balance. Mais c’est tout à fait normal. Les aliments que tu as mangés durant ta compulsion sont souvent riches en glucides. Or, les glucides ont des molécules “hydratées” avec de l’eau. Ces glucides sont donc stockés sous forme de glycogène dans vos muscles et votre foie. Lorsque le glycogène est stocké, 3 grammes d’eau sont stockés pour chaque gramme de glycogène. Donc 300 grammes de glucides = 900 grammes d’eau, donc c’est presque 1 kg en plus. Donc l’eau, ça va se résorber. Ça veut dire que c’est temporaire, c’est pas du “vrai poids”. Et deuxième raison qui explique la hausse de poids soudaine : toute cette nourriture prend plus de temps à être digérée, donc elle est présente physiquement dans ton bol intestinal. Ce qui fait que oui, ça pèse plus lourd sur la balance. Mais même chose, ça fait être digéré, c’est temporaire. Donc vraiment, se peser le lendemain n’a aucun intérêt. J’ai déjà souvent expliqué ce que je pense de la balance. Personnellement, je l’ai tout simplement supprimé de ma vie (alors je dis tout simplement, mais ça a été très dur de sauter le pas). Et personnellement, ça m’a été indispensable dans l’acceptation de mon corps, dans ma façon de le voir. Mais c’est un autre sujet 🙂
5. Fuis les compensations
Que ce soit les vomissements, les laxatifs, le sport… vraiment, compenser est la pire idée. Je sais que là, ce n’est pas parce que je te dis ça que du coup, tu ne vas pas compenser. Je sais que la compensation c’est comme une addiction, c’est super difficile de s’en passer. J’étais personnellement addict à l’hyperactivité comme moyen de compensation.
Mais évidemment, je me dois quand même de te le dire. Que ce soit n’importe quel moyen de compensation, les conséquences sont graves sur l’organisme. Et si jamais tu n’y as jamais recouru et que tu as envie d’y recourir, vraiment, je t’assure, ne commence pas.
Pour ce point-là, il faudrait en parler des heures et des heures. C’est un énorme travail que de se détacher des compensations, ça demande de comprendre les causes de ton mal-être, de travailler sur toutes tes croyances erronées, de travailler sur tant d’aspect… d’où, une fois de plus, l’importance d’avoir un accompagnement.
6. Repose-toi, créé toi un moment cocooning
L’une des manières de lutter contre la compensation et toutes les ruminations après ta crise de boulimie, c’est de te créer des distractions cocooning. Clairement, c’est pas simple. Et évidemment que toutes ces pensées vont te revenir comme un boomerang dans la tête. Mais c’est quand même une action qui va t’aider, qui va indiquer et entraîner ton cerveau à focaliser son attention sur autre chose.
Si ça t’est arrivé le soir, pose-toi dans ton lit : lis un livre, regarde une série, écoute de la musique qui te fait du bien, et dors. Oui, tu as le droit de rester dans ton lit, posé, de dormir alors que tu viens d’avoir une compulsion. Non, tu ne dois pas te punir, souffrir, te faire payer cette crise. Encore une fois, ne sois pas si dure avec toi-même. Tu as besoin de compassion, de bienveillance, pas de critique et de jugement.
Si c’est en journée, tu as plus de possibilité sur les activités à faire, tu peux sortir pour n’importe quelle activité qui pourra te changer les idées. C’est contrintuitif, tu n’as absolument pas envie de faire ça, je sais. Mais c’est pourtant ça qui t’aidera le plus, bien plus que de te critiquer.
Et j’en profite ici aussi pour te conseiller de te mettre dans des vêtements confortables. Mets des vêtements qui ne te collent pas à la peau (pas des leggings trop serrés ou des jeans slims). Ton corps a besoin d’être cocooné, aidé dans la digestion. Tu te sens mal dans ta peau… donc autant l’envelopper dans des vêtements doux, confortables.
Mais en tout cas, repose-toi. Il est fort probable que tu te sentes d’ailleurs d’un coup très fatigué. Parce que émotionnellement, c’est beaucoup d’émotions. Et physiquement, ton système digestif doit digérer et ça lui demande beaucoup d’énergie. Mais non, tu ne deviens pas paresseux-se. Accorde-toi le droit de te reposer, ton organisme en as besoin. Est-ce que tu dirais à cette personne que tu aimes qu’elle est paresseuse parce qu’elle se repose après une crise alimentaire, qui est une épreuve très difficile ?
Par contre…
7. Évite les réseaux sociaux
Parfois, pour essayer de “s’anesthésier” le cerveau et ne plus penser à rien, on est tenté de courir sur les réseaux sociaux. Pour moi, ce n’est pas la bonne idée. Il a été prouvé que les courtes vidéos, les shorts, les tiktok ont des mauvais impacts sur le cerveau (si vous ne l’avez pas vu je vous conseille cette vidéo de Simon qui explique très bien : ). Alors, je ne vais pas mentir. Moi aussi j’en regarde. Mais avec modération. Et même si c’est tentant, dans les moments où tu vas mal, les réseaux sociaux c’est pas l’endroit qui va te remonter le moral. Tu peux ressentir une oppression face à la quantité de posts, de vidéos. Tu peux être confronté à des posts sur la nourriture, sur des photos de physique qui te font te sentir encore plus mal. Ton cerveau a besoin d’être nourri avec des ondes positives, pas enfermé dans un petit écran. Personnellement, j’ai remarqué que les fois où je me coupe totalement des réseaux sociaux (ne serait-ce qu’une journée), ça me fait beaucoup de bien au moral. Mais c’est mon point de vue, peut-être que toi, tu l’utilises pour quelque chose de spécifique qui te fait du bien 🙂
8. Ne reste pas seul·e
Je sais que t’as envie de t’isoler, parce que tu as honte, que tu ressens une culpabilité énorme. Tu as peur du regard des autres, du jugement des autres, de l’incompréhension des autres. Et je comprends, ce n’est pas facile de trouver quelqu’un qui comprenne les compulsions alimentaires. Je conseille toujours de trouver au moins une ou deux personnes à qui tu peux parler de ces problèmes-là, qui sont plus ouverts sur ces questions de santé mentale. Et du coup, en post-crise, c’est important de leur parler : au téléphone, mais aussi pourquoi pas les voir. A chaque fois, avant d’y aller, je n’avais pas du tout envie d’y aller. Et après, finalement, ça m’avait trop du bien. Parce que ça te change les idées quand même, ou ça t’apporte un nouvel œil sur la question, ou souvent, ces personnes qui sont tes amis ou même tes thérapeutes, t’apportent de la bienveillance et de la compassion. Et comme je te disais, c’est ce dont tu as besoin.
9. Ne te lance pas dans des réflexions sur la nourriture
Je sais aussi qu’après une compulsion, les ruminations fusent par millier dans ta tête. Et c’est souvent dans ces moments-là qu’on se met à procéder à des recherches sur internet. Du genre “quels types d’aliments manger après une crise ?” → La vraie réponse : mange normalement, de tout, sans exclure certains aliments. Ça aussi, c’est l’une des causes n°1 des compulsions. Après je sais que ce n’est pas aussi simple, et je sais que si tu soufres d’un trouble alimentaire restrictif, c’est vraiment très difficile pour toi de réintégrer des aliments qui te font peur. Mais le travail se trouve donc sur ces aliments qui te font peur, pas sur les aliments que tu dois manger après une crise. Le seul aliment que je peux conseiller c’est la banane, notamment si tu as recours au vomissement. La banane est forte en potassium et lorsque tu te fais vomir, tu as une chute du potassium, ce qui peut être très dangereux pour ton cœur.
Peut-être que tu fais plein de recherche sur le nouveau régime que tu pourrais essayer dès demain pour compenser. Mais même chose, c’est retourner dans la restriction et tant que tu es bloquée dans ce cercle vicieux de restriction-compulsion, tu ne régleras rien.
Et enfin, peut-être que tu tentes de calculer toutes les calories que tu as potentiellement ingérées durant ta prise alimentaire. (Je fais mes suppositions sur les comportements que j’avais). Même chose, ça ne sert à rien. Ta compulsion est terminée, passée. Tu veux calculer pour savoir le nombre de calories à compenser ? Mais c’est vraiment le mauvais chemin. Ce chemin-là, c’est celui qui t’amène à une autre compulsion pour sûr. Je te jure, je le sais parce que j’ai emprunté ce chemin-là et centaine de fois, et ça s’est toujours terminé par une autre compulsion (le lendemain ou dans les jours à venir).
Encore une fois, je dis tout ça avec énormément de bienveillance parce que je sais que dans les faits, tu as la sensation que faire tout ça te rassure et que tu n’as aucun autre choix que de compenser. Mais je me dois de te dire que c’est le chemin opposé à celui que tu dois prendre. Ce n’est pas du tout simple et tu ne parviendras pas à t’en libérer en une fois, mais tu vas y arriver.
10. Et tes repas d’après ?
Sûrement que ta voix critique intérieur te dit de sauter le repas suivant, ou de te restreindre sur le ou les repas suivants. Mais une fois de plus, cela ne fera qu’indiquer à ton cerveau qu’il est dans la restriction, et donc que la prochaine fois qu’il sera face à de la nourriture qu’il lui fait envie, il en fera le stock en te faisant compulser avant la prochaine restriction. La restriction, je vois ça comme la pression qui augmente dans une cocotte minute. Et au bout d’un moment, elle finit par exploser sous la pression, ce qui donne naissance à la compulsion.
Donc vraiment, continue de t’alimenter, ne supprime pas tes collations si tu en prenais déjà, voire, ajoute des collations, car c’est peut-être aussi parce que tu as faim ou que tu t’interdis des plaisirs que tu finis par compulser.
11. Fais des exercices de relaxation
Pratique des exercices de relaxation, pour gérer toutes les idées que tu as dans ta tête, toute l’anxiété générée par ta crise. Dans mon livre sur l’anxiété liée aux troubles alimentaires, je te propose 26 exercices pour gérer ton anxiété, basé sur 42 techniques différentes. Donc tu peux choisir la technique qui te correspond le mieux, qui est le plus efficace pour toi.
Le but est de calmer toutes les questions, les doutes que tu as dans ta tête. Et l’idéal est aussi de revenir sur l’instant présent, en recourant à un exercice de pleine conscience. Ça peut paraitre barbant dit comme ça. Mais vraiment, ça peut aider. Si tu veux, déjà, dans mon kit de guérison que tu reçois en t’inscrivant à la newsletter, je partage des techniques de détente.
12. Recourir au journaling
Comment j’ai pu oublier d’en parler en premier ? haha
Le journaling, c’est tout simplement le fait d’écrire ton ressenti. Parfois, juste après, tu n’as juste pas envie d’écrire et t’es tellement enseveli sous toutes ces émotions négatives, qu’en effet, ce n’est pas forcément le meilleur moment pour écrire, tu n’as pas la prise de recul nécessaire.
Mais le lendemain ou quelques heures après, tu peux écrire sur un journal ou juste une feuille de papier.
Le but, c’est d’écrire ce qu’il s’est passé mais sous un angle d’analyse. Je m’explique : en gros tu essaies de comprendre les déclencheurs :
- Est-ce que tu t’es restreint en amont ?
- Est-ce que depuis plusieurs jours, semaine, mois… tu te restreins, tu t’interdis des choses… et même restriction mentale ! C’est-à-dire, peut-être que tu manges mais que dans ta tête tu te dis “c’est pas bien”, “il ne faut pas que je mange ça”, “ces aliments sont mauvais”, etc.
- Est-ce que dans ta journée ou récemment, tu as eu une contrariété ?
Ensuite, c’est d’expliquer comment ça s’est passé, quelles pensées et croyances erronées tu as eu (envers toi ou envers la nourriture, ou quoi que ce soit d’autres).
Le but d’écrire, c’est d’identifier tout le côté émotionnel et essayer de comprendre les mécanismes qui se sont passés dans ta tête avant et au moment de la compulsion. C’est vraiment important pour pouvoir avancer dans ton chemin de guérison et te sortir du cercle vicieux des compulsions.
Ce n’est pas un travail simple à aborder, donc tu peux aussi t’accompagner d’un médecin spécialisé.
Et d’ailleurs, pour le côté émotionnel, ne bloque pas ce que tu ressens, ne minimise pas non plus. C’est normal que tu pleures, que tu aies peur, que tu sois affolé, que tu te sentes très mal. Je me souviens que moi après une compulsion alimentaire, j’étais dans tous mes états. Et les autres ne comprenaient pas autour de moi. Mais moi je te comprends. Et je sais à quel point c’est dur à accepter psychologiquement et même physiquement. Donc c’est normal que tu sois mal parce que tu es dans une grande souffrance et c’est une grande épreuve que tu traverses là, donc c’est normal. T’es légitime à ressentir tout ça.
13. Entamer une thérapie, un travail profond, sur le long terme
Ta crise s’est passée à l’instant T, sur une courte durée finalement (quelques minutes, quelques heures tout au plus). Et peut-être que dès que tu te sentiras mieux, tu préféreras ne plus y penser et basta. Mais si ça se répète plusieurs fois, rien que 2 fois c’est plusieurs fois, je te conseille vraiment de faire un travail profond.
La cause des crises de boulimie est différente selon chaque personne. Je donne quelques causes possibles :
- La restriction (le fait de se restreindre, même si toi, tu penses manger assez)
- Les règles alimentaires (le manque de flexibilité dans l’alimentation, le fait de catégoriser les aliments comme “bon” ou “mauvais”, s’imposer de manger à telle heure, s’interdire des catégories d’aliments, tu planifies tous tes prises alimentaires, tu refuses des sorties sociales pour éviter des repas à l’extérieur, etc.)
- La rigidité, le contrôle et le perfectionnisme imposé dans d’autres aspects de ta vie (et donc potentiellement, le fait de n’avoir aucune source de plaisir, autre qu’alimentaire)
- Le fait de recourir à des activités de sport intense sans adapter sa ration alimentaire (l’organisme en manque d’énergie finit par compulser)
- Le fait de traverser une période compliquée, d’être bloqué dans une relation toxique, d’être harcelé au travail, etc. (la nourriture devient alors une échappatoire)
- Le fait d’avoir un traumatisme non résolu (la nourriture devient alors une façon de te dissocier, de te faire du mal)
Tu vois, il existe vraiment plein de raisons possibles, et je précise que ces raisons peuvent être cachées dans ton inconscient.
Donc c’est vraiment important de faire un gros travail sur soi, ça prend du temps mais c’est nécessaire.
Et c’est aussi important de faire un gros travail d’acceptation corporel, de remise en question des standard de beauté. Et un gros travail sur les croyances erronées concernant la nutrition. Alors, ça peut paraitre barbant aussi comme travail à faire mais je vous jure que c’est essentiel. Personnellement, c’est depuis que j’ai fait ce travail (qui se fait en continu, sur plusieurs années honnêtement, petit à petit), que je n’ai plus jamais eu de compulsion. Pourquoi car depuis je ne suis plus aussi dur sur mon physique envers moi-même et je ne me restreins plus jamais, même mentalement. Vraiment ça prend du temps, rien de magique. Mais c’est un travail essentiel.
Dans le programme Butterflybody, le module 2 fait 3h30 et dedans il y a 26 exercices (c’est le module où y’a le plus d’exercice) où le but c’est justement de vous aider à identifier les racines profondes de ta relation conflictuelle avec ton image corporelle, apprendre à te détacher de ton influence familiale, des croyances erronées de la culture du régime, et beaucoup d’exercices pour travailler sur l’acceptation corporelle. Et dans le module 3, on travaille tout ce qui est alimentaire, les croyances erronées sur la nutrition, affronter ses peurs alimentaires, et se détacher de la compensation. C’est un travail qui nécessite vraiment du concret, donc c’est pour ça que je vous recommande de passer aussi par des thérapies concrètes comme la TCC (thérapie cognitivo-comportementale). Si vous voulez en savoir plus sur le programme, je mets le lien en description.
Surmonter ta peur de prendre du poids avec une approche englobant TOUS les aspects de la guérison
Dimensions…
- Psychologique,
- Restructuration cérébrale,
- Physique,
- Nutrition,
- Acceptation corporelle,
- Reconstruction de ton identité,
- Anti-compensation…
...pour un chemin de guérison durable et consolidé.
14. Ne pas oublier que tu n’es pas seul
Vraiment, tu n’es pas seul. Des milliers de personnes connaissent des compulsions alimentaires dans leur vie, et beaucoup s’en sont sorti. On le voit d’ailleurs sur les réseaux sociaux, il y en a de plus en plus qui témoignent de leur passé avec les compulsions. Moi-même j’en ai eu, et je te le dis ,c’est possible de ne plus en connaître dans sa vie. Et oui, franchement, ça change la vie de ne plus en avoir. Ce n’est pas magique, c’est un long travail, douloureux, et pas du tout linéaire (j’ai eu des périodes où c’était revenu, notamment parce que je n’avais pas fini d’avancer sur certaines problématiques, comme l’acceptation corporelle par exemple). Mais vraiment, c’est possible d’en sortir, donc ne perd pas espoir.
15. Ne vois pas les compulsions comme quelque chose de négatif
Je sais que là, maintenant, c’est peut-être impossible pour toi de te dire que c’est positif. Moi au moment-même, je trouvais que les compulsions étaient la pire chose qui me soit arrivée dans mon histoire avec les troubles du comportement alimentaire. Mais en fait, les compulsions, c’est un signe de ton corps qui s’exprime, qui t’alerte que quelque chose ne va pas.
Et il m’a fallu énormément de temps, beaucoup de recul, et d’en être presque sorti pour dire que les compulsions alimentaires que j’ai connu m’ont aidé dans ma vie. Cela m’a permis de travailler sur des choses dont je n’aurais travaillé si je les avais pas eu. Et sans ce travail, je ne serais pas aussi sereine avec mon corps et la nourriture aujourd’hui. Attention, ça ne veut pas dire que j’aime mon corps. J’ai toujours du mal avec certaines parties, mais plus jamais ça n’impacte ma façon de m’alimenter parce que je m’accepte physiquement (nuance avec le fait de l’aimer).
Et aujourd’hui, je dis même que les compulsions étaient des pulsions de vie de mon corps qui m’ont permis de sortir de l’anorexie.
Oui, je sais, c’est difficile de voir ça positivement, surtout que peut-être que tu prends du poids via tes compulsions. J’en ai pris du poids et c’était horriblement difficile à accepter. J’avais même des compulsions alors que j’avais repris tout mon poids, et que je n’étais clairement pas en sous-poids. Donc je sais, vraiment, à quel point c’est difficile.
D’ailleurs, je parle énormément de tout ça dans mon programme sur la faim extrême. Programme qui concerne les personnes qui sont dans un trouble alimentaire restrictif, je le précise. Mais si vous vous posez des questions sur ce programme que j’ai d’ailleurs appelé pulsion de vie, n’hésitez pas à m’envoyer un DM sur Insta ou un mail.
Je termine en te disant : ne te dis pas qu’à cause de cette compulsion tu as foutu en l’air ta journée, ta semaine, ton weekend. Je sais que tous les conseils que je t’ai donnés là ne sont pas simples à appliquer dans l’immédiat. Et d’ailleurs, la plupart du temps, j’appliquais l’inverse de ces conseils-là. Mais c’est justement parce que je les ai faits et que je sais que ça ne mène à rien que je vous dis tout ça ici.
Ne te dis pas non plus “demain, je me reprends en main” ou “c’était la dernière crise”. Parce que ça aussi, le cerveau comprend cela comme de la restriction. D’ailleurs, un jour, ça faisait des mois que je connaissais des compulsions, je n’avais pas une semaine sans compulsion (et souvent, c’était 2-3 dans la semaine). Et là, je me suis dit “bah ok, je lâche prise, si mon corps veut faire des compulsions, qu’il les fasse. Dans tous les cas, soit j’essaie de contrôler mon alimentation et ça fini toujours pas une compulsion. Soit, je laisse faire la compulsion… Dans les deux cas, ça finit par une compulsion”. Alors, j’avais fait déjà un gros travail dans ma tête en amont, mais à ce moment-là j’ai eu quand même un gros changement. J’ai commencé à avoir beaucoup moins de compulsions car mon cerveau savait que je n’étais plus dans l’optique de le restreindre, et j’étais ok d’avoir des compulsions. Dans la pratique, c’était quand même très difficile ! Mais le fait d’accepter mes compulsions et d’être même prête à me dire que j’en connaîtrais finalement d’autres ne m’a pas conduit à en avoir à répétition par la suite, mais m’a plutôt conduit à en avoir de moins en moins.
Je te souhaite en tout cas plein de force, d’énergie positive pour cette épreuve que sont les compulsions. Je sais que c’est très difficile, j’ai eu des périodes où j’en pleurais tous les jours et je dirais même que c‘était la pire période de tous mes troubles du comportement alimentaire..
Tu souhaites recevoir un shot de bienveillance et de motivation pour ta guérison chaque semaine ?
Inscris-toi à ma newsletter pour des conseils exclusifs (PS : J’ai des cadeaux pour toi 🤗)
Coucou, je tenais à te dire un grand merci pour cet article que tu as écris sur quoi faire après une crise hyperphagique.
Je fais des crises hyperphagiques une fois par semaine maximum, un peu plus quand je me sens vraiment pas bien et que je suis seule chez moi. Je ne suis pas boulimique ni anorexique, j’ai une alimentation équilibrée et sans restriction, et je fais un peu de sport.
Je ne sais pas pourquoi je fais ces crises parfois, mais elles ne me perturbent pas au point de voir un professionnel pour l’instant, et leur fréquence est raisonnable. En plus je suis incapable de me faire vomir.
Mais je me sens tellement coupable à chaque fois après, et pendant une courte période qui suit la crise j’avais l’habitude de faire tout ce que tu déconseilles.
Aujourd’hui, pour la première fois après une crise, j’ai cherché à me remonter le moral en cherchant sur internet des gens avec une expérience similaire.
Ton article m’a beaucoup réconfortée alors vraiment, merci beaucoup ❤️
Hello,
Merci pour ton long et touchant article.
Mes pulsions se résument à 3 par semaine voir tous les soirs parfois.
Je serai incapable de ne faire vomir et l’hypnose ne prend pas sur moi.
Par contre je viens de savoir que j’ai beaucoup de carences et c’est peut-être le pourquoi du comment..
Je mange équilibré et gourmand à chaque repas mais je pense que mon estomac n’absorbe pas les nutriments d’où mes grosses carences.. et peut-être ces pulsions.
À noter aussi que certaines crises sont dues à des traumatismes de dette vie et parfois de vies antérieures. Tu peux avoir connu une famine dans une autre vie et ce besoin de manger pour te rassurer.
Un travail spirituel peut être très intéressant.
Je vais creuser sur mes carences et mes traumatismes. Suis sûre que c’est la clé de libération pour moi.
Bravo de t’en être sortie. Je te souhaite pleins de bonnes choses.
Hello,
Un grand merci pour cet article “à coeur ouvert”.
Je me reconnais pleinement dans les comportements / attitudes que tu décris, je vais donc faire de mon mieux pour suivre tes conseils en espérant voir le bout du tunnel prochainement.
C’est une forme de réconfort de voir que l’on est pas seul à vivre cela, pour autant je te félicite de t’en être sortie…ça entretient l’espoir.
Bonne continuation