Boulimie sans vomir : c’est quand même de la boulimie ?
Je fais cet article en réponse à une question que l’on m’a déjà posé plusieurs fois. La boulimie sans vomir, est-ce que c’est possible ? Je pense qu’il y a tellement d’idées reçues sur les troubles alimentaires que même lorsqu’on souffre soi-même de TCA, on en est victime. Je dois dire que moi-même, lorsque j’étais malade, la boulimie sans vomissement ne me semblait pas possible. Je pense d’ailleurs que si cette question se pose, c’est parce que les termes “boulimie vomitive” sont très souvent associés.
Je vais donc répondre à cette question dans cet article ! Toutefois, je fais cet article pour donner des pistes de réponse. Mais vraiment, c’est important d’avoir l’avis d’un professionnel qui est spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire.
Boulimie avec vomissement v/s boulimie sans vomissement
Il existe deux types de boulimie : la boulimie avec purge et la boulimie sans.
Les symptômes communs :
Les deux présentent de nombreux symptômes en commun.
Les personnes boulimiques, qu’elles recourent ou non aux vomissements, présentent souvent plusieurs des symptômes suivants :
- Problème d’image corporelle (dysmorphophobie, se sent mal dans sa peau, ressent peut-être même un dégoût envers lui)
- Obsession pour la perte de poids et le contrôle du corps
- Relation à la nourriture compliquée (vision dichotomique des aliments : soit ils sont “bons” ou “mauvais”, beaucoup de règles alimentaires, alimentation désordonée…)
- Anxiété, perfectionnisme
- Faible estime de soi voire haine envers soi-même
La crise de boulimie est également la même, peu importe s’il s’agit d’une boulimie vomitive ou non.
La crise présente donc souvent les caractéristiques suivantes :
- Manger une grande quantité de nourriture, sur un laps de temps court, et ce même si la personne n’a plus faim (ou du moins n’a plus la sensation d’avoir faim, que son ventre est ballonné)
- Sentiment d’une perte de contrôle sur la nourriture consommée et sa quantité
- La personne a parfois la sensation de ne pas être vraiment consciente de ce qu’elle fait durant la crise
- Elle peut se diriger vers des aliments encore même surgelés
- La crise se fait seule, à l’abri des regards, par honte de son comportement
- S’ensuit une grande culpabilité qui génèrera alors des comportements compensatoires
Les différences
La différence notable se fait sur les compensations qui sont faites, le type et la façon.
Dans le cadre de la boulimie avec purge, le patient va recourir aux vomissements et/ou prise de laxatifs. Une fois que la crise de boulimie est terminée, les personnes boulimiques ressentent un besoin compulsif urgent de recourir à ces pratiques. Sensuivra un sentiment de soulagement une fois qu’elle aura répondu à ces pulsions.
Dans ce cas-ci, tout comme les crises en elles-mêmes, les comportements de compensation se font en privé, à l’abri des regards et potentiels jugements.
Dans le cadre d’une boulimie sans recours à la purge, il y a tout de même des comportements compensatoires, mais qui prennent une forme différente. Il s’agit d’ailleurs de compensation que l’on retrouve également dans l’anorexie mentale.
La personne boulimique peut recourir à l’hyperactivité, la restriction sur les repas suivants la crise, voire le jeûne total sur un ou plusieurs repas. Elle peut également recourir à la prise de pilule amaigrissante ou des diurétiques stimulants. La différence dans ces moyens de compensations, c’est que même si le patient ressent également un besoin compulsif de le faire, il y a moins cette notion d’urgence. La compensation se fera souvent dans la journée, mais pas forcément dans l’heure, contrairement aux vomissements ou laxatifs. De même, ces comportements de compensation peuvent se faire en public : la compensation physique ou la restriction ne sont pas forcément visibles.
Donc non, les vomissements ne sont pas systématiques dans la boulimie ; et on peut souffrir de boulimie sans se faire vomir. Ce n’est pas un critère nécessaire pour un diagnostic.
Boulimie sans purge v/s l’hyperphagie
Du coup, on peut se poser la question de la différence entre l’hyperphagie et la boulimie sans purge. Et en effet, les frontières sont très minces. D’ailleurs, globalement, entre les différents types de troubles du comportement alimentaire, beaucoup de symptômes se retrouvent en commun et quelques petits points les distinguent. D’ailleurs, les termes “hyperphagie boulimie”, “boulimie hyperphagie” ou “hyperphagie boulimique” sont couramment employés ensemble. C’est dire à quels points les deux pathologies sont proches.
Les symptômes communs :
L’hyperphagie présente les mêmes signes que la boulimie non vomitive, à quelques distinctions près, que je développerais après.
Les conséquences sur la santé sont les mêmes :
- Les conséquences psychologiques : l’anxiété, la faible estime de soi, le sentiment de honte, de dégout de soi, l’isolement social
- Les conséquences sur l’organisme : brûlure d’estomac, indigestion, fatigue, déshydratation, dommages à l’œsophage…
Les différences :
Les symptômes communs sont ceux que j’ai listés au-dessus. Mais il faut enlever les points suivants :
- Problème d’image corporelle : il aurait été remarqué que les patients souffrant d’hyperphagie présente moins de problème d’image corporelle qu’une personne boulimique. Certes, une personne hyperphage ne se sent pas particulièrement bien non plus dans sa peau. Mais l’obsession autour du poids et du contrôle du corps semble moins intense.
- Le déclencheur de la crise d’hyperphagie : Même si dans les deux cas, le manque de nourriture, la restriction (qu’elle soit concrète ou simplement mentale, comme le fait de catégoriser un aliment comme mauvais et se l’autoriser qu’en petite quantité ou une fois de temps en temps) amène à la naissance des épisodes de crise.
Mais il aurait été noté que chez les patients hyperphagiques, le déclencheur est d’autant plus émotionnel. La crise viendrait en moyen de combler un vide émotionnel intérieur, ou pour réguler des émotions qui ne sont pas gérées.
Là-dessus, je trouve que ça reste flou, car ayant souffert de faim extrême, même si elle était là en conséquence de la restriction, j’avais la sensation que parfois, c’était également émotionnel.
Peut-on souffrir de boulimie ET d’anorexie ?
Même chose, les termes “anorexie boulimie” sont très souvent liés. Et l’on entend souvent “il n’y a qu’un pas entre les deux”, phrase qui personnellement me terrifiait lorsque je souffrais d’anorexie. J’avais très peur de “tomber dans l’autre extrême”.
Il faut savoir que l’on parle de boulimie lorsque les crises que j’ai décrites dans la section 1 se répète souvent, et qu’elles sont présentes depuis plus de trois mois. Donc, une compulsion de temps à autre ne serait pas de la boulimie.
Je précise également qu’il est courant d’avoir la sensation de faire une crise alors qu’en réalité, ton corps te demande simplement plus que ce que tu avais prévu. Parce que ce que tu avais prévu (ou ce que ton tca t’a autorisé) est bien en deçà de ce que ton corps a besoin. Si ton corps est restreint, c’est normal qu’il te réclame plus. Car il a des besoins vitaux pour vivre. Tu es comme carencé⸱e en énergie, et ton corps doit avoir suffisamment d’énergie pour contrebalancer la carence. Le trouble alimentaire trouve le moindre petit aliment mangé en plus par rapport à ce qu’il t’avait autorisé pour te faire culpabiliser et t’inciter à te restreindre. Donc parfois, tu n’as pas compulsé, tu as juste répondu aux besoins de ton organisme.
Pour autant, les épisodes de crise existent dans le cadre de l’anorexie, et c’est pour cela que l’on parle souvent d’”anorexie à tendance boulimique” ou “d’anorexie boulimie”.
De mon expérience, je pense que la faim extrême est très courante dans la guérison de l’anorexie, mais que c’est un terme employé dans le monde médical et qu’à la place, on parle vite de boulimie.
Et donc la faim extrême dans tout ça ?
J’avais donc quand même envie de parler de la faim extrême dans cet article ! Que l’on te parle de “faim extrême” ou de “boulimie” dans le cadre de l’anorexie, ça importe peu. C’est juste un terme, en réalité.
Je sais que le terme “boulimie” a tendance à faire peur lorsqu’on souffre d’un trouble restrictif comme l’anorexie. Parce qu’on a la sensation de tomber dans l’autre extrême. Je me souviens que lorsque j’étais malade, je répétais “je préfère contrôler et souffrir d’anorexie, que perdre le contrôle et souffrir de boulimie”. Mais je t’assure que dans aucun des cas tu contrôles la situation. Si tu contrôlais, tu saurais arrêter ta maladie du jour au lendemain. Or, tu ne le peux pas. Cette sensation de contrôle c’est un leurre de la maladie justement.
La boulimie est souvent diabolisée, mais pour autant, ça reste un trouble alimentaire qui se soigne, pour lesquels il existe un traitement possible, au même titre que l’anorexie.
J’ai connu de nombreux épisodes de compulsions alimentaires dans mes 6 années de TCA. Et sur certains papiers des médecins, c’était noté “anorexie à tendance boulimique”. Pour autant, je ne me suis jamais considérée comme une “boulimique à part entière”. Je veux dire que pour moi, je ne souffrais pas de boulimie. Ces crises de boulimie étaient le résultat de mon anorexie, et j’aurai appris plus tard dans ma guérison que ça avait un nom ; la faim extrême.
En faim extrême, tu vas surtout te diriger vers des aliments que tu t’interdis, donc pour ma part, c’était beaucoup de sucre. Dans le cadre de la boulimie, tu peux manger “ce qui te passe par la main, voire même du surgelé”. Le surgelé est moins fréquent dans le cadre de la faim extrême.
En faim extrême, tu vas souvent faire des compulsions seules, par honte du regard de l’autre. Mais ça peut aussi arriver que tu le fasses en présence d’autres personnes, en compulsant par exemple sur des desserts lors d’un repas en famille. La boulimie, il y a plus cette notion de solitude.
Il y a énormément de choses à dire sur la faim extrême, et j’ai déjà fait beaucoup d’articles dessus si tu veux : Ici, je te parle de mon histoire avec la faim extrême. Sur mon instagram @norain.noflower, dans les guides (3ᵉ onglet du profil), tu as toutes les publications sur ce sujet. Et j’ai même un programme complet sur le sujet, qui s’appelle Pulsion de vie.
Ils peuvent être dus à plusieurs facteurs. Par exemple, le fait d’avoir faim peut réveiller en plein milieu de la nuit. Ensuite, souvent, des problèmes d’endormissements ou une qualité de sommeil médiocre sont dus à toute l’anxiété. Parfois, le corps se réveille parce qu’il est en mode “survie”, et il est plongé dans un état de stress, donc il maintient éveillé pour ne pas “mourir”.
Ce que je pense de tout ça
Les termes “anorexie boulimie” “boulimie hyperphagique” “faim extrême” “boulimie vomitive”… Sont surtout des termes justement. Et tu vois qu’entre tous, les limites restent flou. Encore une fois, je ne suis pas médecin, et donc je n’ai pas la vérité absolue. Vraiment pas ! Chacun expérimente le trouble alimentaire à sa façon et c’est pour ça que c’est super important de demander de l’aide, pour avoir comme un diagnostic sur-mesure, un suivi personnalisé pour répondre à TES problématiques et spécificités de ton TCA.
Tu n’as pas besoin d’avoir un mot précis pour caractériser ton trouble alimentaire, tu n’a pas besoin de rentrer dans une case pour pouvoir demander de l’aide.
Je serais curieuse de savoir si cet article t’a aidé ? Et selon TON expérience, qu’est-ce que tu rajouterais toi ? 🙂
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