Gymnastique, ballet… des facteurs de risque aux TCA ?

Je voudrais mettre le doigt sur un problème beaucoup trop grave mais pourtant normalisé : la pression qui est mise sur l’image corporelle dans le milieu de la dance, et notamment du ballet ; ainsi que chez les gymnastes. J’ai sélectionné ces deux sports car ce sont les deux principaux qui me semblaient avoir cette problématique. Mais si tu en as un autre en tête, partage-le en commentaire.
Les facteurs de risques de la gym & du ballet au développement des troubles alimentaires
Cet article me tenait à cœur de le faire car trop souvent, j’ai des filles qui ont fait ou font encore du ballet, de la gym… et elles me témoignent le rôle qu’a eu ce sport dans le développement de leur trouble alimentaire. Je n’ai pas trouvé les chiffres français, mais une étude américaine de 2022 montrait que 1 gymnaste sur 2 souffrait de TCA. Et un danseur de ballet a 10 fois plus de risque de développer un TCA qu’un autre danseur. Je voudrais donc te présenter les différentes raisons possibles qui peuvent expliquer pourquoi ces sports amènent parfois au développement de trouble alimentaire.
#1 - Des performances liées au poids, aux courbes du corps
Les performances de gymnastique et du ballet ne se mesurent pas dans le fait d’atteindre une ligne d’arrivée. Les performances sont très tournées autour du poids et de l’apparence physique.
Pour ce qui est de la gym, les gymnastes soulèvent leur propre poids corporel contre la gravité. Ainsi, pour améliorer leur performance, les jeunes athlètes tombent rapidement dans des régimes alimentaires pour diminuer leur poids vers un chiffre toujours plus bas.
Pour ce qui est du ballet, l’accent est mis sur leurs courbes corporelles, la “légèreté de leur mouvement”. On s’attend à ce qu’ils soient “flottant”. Beaucoup de danseurs commencent le ballet très jeune et y restent des années. Entre temps, la puberté fait son apparition. Or, les courbes sont très peu acceptées dans le monde du ballet. À la vue de leur corps qui se développent naturellement et par peur que cela affecte leurs performances, les jeunes ballerin(e)s tombent rapidement dans des entraînements sportifs plus intenses ou des régimes restrictifs pour chercher à modeler leur corps pour qu’il corresponde aux attentes.
#2 - La mentalité de ces industries et les stéréotypes de la société
Le pire dans tout ça, c’est que ces pratiques sportives intenses et ces régimes restrictifs dans lesquels tombent les jeunes athlètes, c’est considéré comme normal. Dans ces industries, l’insatisfaction corporelle est considérée comme étant la norme. Et si tu parles de tes difficultés à accepter ton corps ou de tes prises de tête sur la nourriture, sur ton poids… c’est perçu comme un signe de faiblesse, ou de “ne pas travailler assez dur”.
Les professeurs les poussent même à aller en ce sens. Même les danseurs et gymnastes entre eux se tirent vers le bas, dans ces pratiques destructrices pour leurs corps et leur santé. Il y existe d’ailleurs une réelle compétition qui peut naître entre les athlètes (un peu comme entre les malades des troubles alimentaires…).
C’est un monde où l’accent est mis sur le perfectionnisme, sur la discipline, sur le contrôle (de son corps, de ses mouvements, de sa façon de marcher…). Il s’agit là de facteurs communs que l’on retrouve chez les personnes qui souffrent de trouble alimentaire.

D’ailleurs, durant les compétitions, l’apparence physique fait clairement partie de la notation impactant le score. Une triste anecdote à ce sujet : Christy Heinrich, la gymnaste d’élite de la fin des années 80 aux États-Unis souffrait d’anorexie et de boulimie. Un juge américain lui a dit qu’elle devait perdre du poids pour faire partie de l’équipe nationale. Elle est décédée des complications de ses TCA en 1994, elle ne pesait plus que 27 kg…
Dans les clubs de gym les plus compétitifs qui veulent amener leurs athlètes à un haut niveau, les entraîneurs vont recruter des athlètes toujours plus jeunes. Le but ? Confronter les enfants à des sauts périlleux le plus tôt possible, tant qu’ils n’ont pas encore une trop grande notion du danger. Mais de ce fait, ces enfants sont plongés très rapidement dans un monde porté sur l’apparence alors qu’ils sont encore vulnérables.
Et les clichés de la société participent à cette pression sur le corps, une fois de plus ! Dans les films, dans les séries TV, dans les médias… On nous montre qu’un bon danseur ou un bon gymnaste est une grande personne, mince. C’est comme s’il fallait être maigre pour gagner dans ces sports. De ce fait, de nombreux stéréotypes subsistent et entretiennent cette pression sur l’image corporelle qu’ils renvoient :
“Ah bon, tu fais du ballet et tu manges tout ça ?”
“Mais tu ne vas pas manger ça quand même ? Et tes compétitions de gym ?”
#3 - Un environnement matériel favorable aux développements des TCA
Pour les ballerin(e)s, l’entraînement se fait devant des miroirs pour avoir un œil continue sur ses mouvements, sur son corps. Cela participe à l’obsession corporelle.
Et que ce soit les gymnastes ou les danseurs de ballet, leur uniforme correspond souvent à des justaucorps, des costumes ajustés qui collent à la peau. Donc une fois de plus, cela rajoute une pression supplémentaire pour ne pas avoir un “bout de peau en trop”…

Comment faire pour lutter contre cette pression à l’image corporelle ?
On peut avoir l’impression que je dépeins un tableau assez noir de la gymnastique et du ballet. Si c’est ce qui est ressenti, ce n’est pas ce que je voulais faire. En réalité, mon but était surtout de sensibiliser pour bien comprendre les risques que présentent ces pratiques sportives pour le développement des TCA.
Mais je comprends bien qu’il s’agit de sports artistiques et que l’accent est mis sur les mouvements du corps, la beauté des tenues, etc. Et d’ailleurs, ce sont deux sports dont j’aime beaucoup regarder en spectacle et j’ai un grand respect pour ceux qui pratiquent ces sports.
Mais je pense qu’une évolution des mentalités est tout de même indispensable pour la bonne santé physique et mentale des pratiquants de ces sports.
Déjà, je voulais quand même préciser que toutes les personnes qui font de la gym et du ballet ne tombent pas dans les troubles alimentaires. Évidemment, d’autres facteurs externes jouent : le contexte environnemental, un événement stressant, un traumatisme, un contexte d’abandon/ de séparation avec autrui, un caractère perfectionniste, etc.
Mais il faudrait tout de même qu’il existe des campagnes de sensibilisation aux troubles alimentaires dans ces écoles de gym, de ballet. Il devrait même y avoir des cours de diététique pour rappeler ce dont le corps a besoin. Il me semble que ça existe dans quelques grandes institutions, mais ça ne devrait pas être réservé à l’élite.
Et bien que la discipline fait partie des sports à haut niveau, il faudrait tout de même qu’il y ait une évolution de l’état d’esprit des professeurs pour qu’ils gardent en tête que chaque corps est beau tel qu’il est. Il faudrait que ceux qui enseignent, désapprennent les idées reçues alliant beauté et minceur. Ainsi, cela se ressentira dans leur discours pour y mettre un peu plus de bienveillance, je l’espère.
Et faut-il interdire son enfant s’il souhaite faire de la gym ou du ballet ?

Selon moi, non, si c’est sa passion, qu’il en a envie, il faut le laisser faire. Mais en étant conscient des risques et en apportant donc une grande vigilance à son insatisfaction corporelle et à ses habitudes alimentaires. Il faudrait aussi lui rappeler que sa pratique sportive ne doit pas se faire au détriment de sa santé. Il faudrait lui rappeler que son corps est parfait tel qu’il est, qu’il doit en prendre soin ; et pour cela, il faut répondre à ses besoins. Il faudrait lui dire que peu importe ce qu’il entend, son corps a des besoins primaires auxquels il faut répondre. Il faudrait l’aider à prendre du recul sur ce qu’il peut entendre durant ses cours.
Vos témoignages à ce sujet
N’ayant jamais fait de gymnastique ni de ballet, j’ai écrit cet article à partir de mes recherches et de mon point de vue.
Je serais donc super contente d’avoir des témoignages de danseurs, de gymnastes ou même de leurs parents.
Tu peux me faire part de ton témoignage directement en commentaire en bas de l’article, ou via mon Instagram sur @norain.noflower
Je mettrai alors la capture d’écran de ton témoignage dans cette partie de l’article, ci-dessous.
Je mets quelques questions pour te guider si tu souhaites témoigner :
- Présente-toi : Prénom, âge.
- Si tu fais de la gym / ballet, depuis combien de temps en fais-tu ?
- As-tu développé des TCA avant, pendant ou après ce sport ?
- Dans quel cadre ce sport a déclenché ton TCA ?
- Est-ce que ce sport a empiré ton TCA ?
- Est-ce que tu te souviens de ta relation aux autres sportifs ?
- Est-ce que tu te souviens d’une pression particulière mise par les coaches ? As-tu des souvenirs de choses qu’ils ont dites/ fait dans ce sens ?
- Qu’est-ce que tu penses que le monde de la dance / du ballet a besoin pour diminuer le risque de développer des TCA ?
- Quel conseil dirais-tu à une personne qui soufre de TCA & qui fait de la gym/dance aujourd’hui ?
Merci beaucoup pour ta lecture (et ta participation peut-être) 🙂
J’espère que cet article t’a plus ! N’hésite pas à me faire ton petit retour en commentaire.
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