Trouble du comportement alimentaire

Les mécanismes de résistance : Pourquoi ton cerveau résiste à la guérison

Les mécanismes de résistance : Pourquoi ton cerveau résiste à la guérison

Les mécanismes de résistance : Pourquoi ton cerveau résiste à la guérison

Vous le savez maintenant si ça fait un moment que vous me suivez, j’aime bien comprendre les choses pour avancer. Dans ma guérison, savoir, c’est ce qui m’a donné du pouvoir en quelque sorte. Et je trouve ça tellement important que c’est pour ça que je vous explique souvent beaucoup de choses, de concepts, de mécanismes dans la maladie.

Et aujourd’hui, j’ai envie de vous parler des résistances au changement. Les résistances au changement sont quelque chose de très courant dans n’importe quel processus psychologique ; ce n’est pas réservé à la guérison des troubles alimentaires. Ce n’est pas un manque de volonté. Ce n’est pas une faiblesse. C’est le cerveau qui fait son travail de protection. Pour vous expliquer tout ça, je vais donc commencer par vous parler de neuroscience.

Pourquoi le cerveau résiste au changement ?

Je le dis souvent, le corps est ultra intelligent. Et le but de ton cerveau, c’est de vivre, de te garder en vie. Pour cela, il a développé au fil de l’évolution des circuits neurologiques qui cherchent avant tout la sécurité et la prévisibilité.

Ce que le cerveau déteste entre autres :

  • Le danger (même symbolique, comme le changement ou l’inconnu)
  • L’imprévu

La conséquence ? Même si une habitude est douloureuse ou autodestructrice (comme la restriction alimentaire, les compulsions, l’hypercontrôle), si elle est répétée et connue, le cerveau la considère comme plus “sûre” qu’un changement. Il préfère rester dans un schéma toxique mais familier que s’aventurer dans l’inconnu, même si celui-ci mène à la guérison.

La neuroplasticité désigne la capacité du cerveau à former de nouvelles connexions neuronales au fil du temps. Cela signifie qu’il est toujours possible d’apprendre, de s’adapter, de se réparer.

Mais la neuroplasticité a un revers : le cerveau se renforce dans ce qu’il répète.
Autrement dit, plus un comportement est répété, plus les circuits neuronaux qui le soutiennent deviennent solides et automatiques. Par exemple : si chaque fois que tu ressens de l’angoisse tu te restreins, ton cerveau apprend : angoisse = restriction = soulagement. Il va donc automatiser ce réflexe pour “t’aider” à l’avenir.

Des chercheurs ont montré que même les pensées négatives ou les schémas comportementaux pathologiques peuvent devenir des “autoroutes neuronales” si on les renforce assez.

Chez les personnes souffrant d’anorexie mentale, des études d’imagerie cérébrale ont montré que certaines régions du cerveau (notamment le striatum et le cortex orbitofrontal) sont hyperactivées en réponse à des comportements restrictifs ou de contrôle, comme si ces comportements avaient été “surappris” par le cerveau (Kaye et al., 2013, Nature Reviews Neuroscience).

Le changement perçu comme une menace

Changer un comportement ancré, même si on le veut profondément, active les circuits de l’alerte dans le cerveau.

  • L’amygdale (centre de la peur) s’active face à tout ce qui ressemble à un danger.
  • L’insula (interneuronal sensoriel et émotionnel) capte l’inconfort intérieur, les signaux du corps, et participe à l’aversion face à certains ressentis (ex. : inconfort digestif, anxiété…).
  • Le cortex préfrontal (lié à la prise de décision, la régulation émotionnelle) est souvent sous-performant chez les personnes en restriction alimentaire sévère, ce qui rend la prise de recul et la flexibilité mentale plus difficile (Zhu et al., 2012, Biological Psychiatry).

Résultat : même si, rationnellement, on sait qu’on veut guérir, une autre partie du cerveau, plus archaïque, perçoit cela comme une prise de risque.

Donc pour résumer cette partie, le cerveau préfère les habitudes connues, même douloureuses, au changement inconnu. En effet, le changement active des circuits cérébraux associés à l’alerte, à l’inconfort, et à la peur. Donc, ce n’est pas un manque de volonté si tu ressens une résistance intérieure. C’est une stratégie neurologique de survie. Mais je te rassure, ce n’est pas irréversible. Ça ne veut pas dire que tu vas être bloqué toute ta vie avec ton TCA. Je t’en parle plus loin dans cet article de comment aider ton cerveau à surmonter ces mécanismes de défense. Mais c’est important de comprendre ça pour avoir conscience que tu n’es pas faible, et que c’est neurologique.

Concrètement, quels sont les mécanismes de défense dans les TCA ?

Dans la première partie, je vous ai expliqué la théorie, le pourquoi votre cerveau résiste aux changements. Et maintenant, je vais parler des mécanismes de défense dans les troubles alimentaires, soit concrètement, comment ça se manifeste. Et je pense que vous allez vous reconnaitre sur pas mal de ces mécanismes.

Un mécanisme de défense, en psychologie, c’est une stratégie inconsciente mise en place par notre esprit pour nous protéger d’une douleur psychique jugée trop intense. Ce n’est pas “de la mauvaise foi” : ce sont des stratégies de survie psychique, souvent héritées de l’enfance ou forgées dans des contextes douloureux.

Le déni

« Je n’ai pas vraiment un trouble. »
Le déni permet de ne pas affronter l’angoisse d’avoir un “problème” ou d’avoir besoin d’aide. Il protège l’image de soi.

La minimisation

« C’est pas si grave. Je mange quand même. »
Elle permet de rester dans la zone de confort, de ne pas changer, sans se sentir “hors-norme”. Elle évite d’avoir à affronter la douleur du constat.

L’intellectualisation

« Je comprends tous les mécanismes, donc ça va. »
Ici, on déplace la problématique sur un plan intellectuel, rationnel, pour ne pas ressentir les émotions. Le savoir devient un refuge émotionnel. Je vous dis souvent que c’est important de savoir, je l’ai encore dit en début de cet épisode, mais l’important est de ne pas s’arrêter au savoir.

Le clivage (ou pensée en tout-ou-rien)

« Si je mange un cookie, c’est que j’ai tout gâché. »
Ce mécanisme empêche la nuance, car la nuance est angoissante. Il permet de rester dans un monde binaire, plus rassurant. C’est noir ou blanc, pour éviter le flou.

Le mensonge ou la dissimulation

« J’ai dit que j’avais mangé alors que non. »
C’est souvent une tentative inconsciente d’éviter la honte, la confrontation ou la déception des autres. On protège l’image de soi et la relation à l’autre.

Ces mécanismes sont liés à une surcharge émotionnelle que le cerveau tente de réguler. Lorsqu’une émotion intense (peur, honte, colère…) surgit, l’amygdale s’active. Si le cerveau perçoit que cette émotion met en péril la stabilité psychique, il met en place ces défenses automatiques via des circuits déjà bien rodés.

Il ne faut pas voir ces mécanismes comme des ennemis : ce sont des stratégies qui ont un jour été utiles, parfois vitales. Et peut-être même qu’elles sont toujours utiles pour toi actuellement, mais que tu n’en as pas conscience.
Le problème n’est pas que ces mécanismes de défense existent, mais qu’ils s’activent encore, même quand ils ne sont plus adaptés à ta situation actuelle.

Par exemple : si, enfant, mentir permettait d’éviter la punition ou la honte, ton cerveau a intégré ce schéma comme “efficace”. Aujourd’hui, il continue de le proposer… même si tu es en sécurité.

Et l’enjeu c’est de faire comprendre à ton cerveau que tu es en sécurité. Et pour cela, tu as des thérapies comme l’EMDR pour aider ton cerveau à prendre conscience que ce qui appartient au passé n’est plus présent aujourd’hui.

Ce que tes résistances cherchent à éviter

Pour comprendre pourquoi certaines résistances sont si fortes, il faut regarder ce qu’elles essaient d’éviter en toi.

À un niveau conscient, tu veux peut-être guérir.
Mais à un niveau plus profond, ton cerveau archaïque (le cerveau limbique, émotionnel) peut percevoir la guérison comme :

  • Un saut dans l’inconnu
  • Une perte de repères
  • Une exposition à des émotions trop intenses

Résultat : il active des résistances pour t’épargner ce qu’il croit être insupportable.

Voici les émotions principales que ces résistances aux changements essaient de te faire éviter : 

La peur

Peur de grossir, de perdre le contrôle, de ne plus te reconnaître.
Ton trouble a parfois été un rempart face à l’anxiété. En sortir, c’est faire tomber ce rempart. Le cerveau, qui déteste l’incertitude, préfère rester dans un terrain connu.

La honte

Honte d’avoir un trouble, d’être “différent·e”, de ne pas y arriver, d’avoir repris du poids, d’avoir menti.

Le vide

Tu as peut-être construit une partie de ton identité autour du trouble.
Il t’a donné un cadre, des repères, des règles. En le quittant, tu peux ressentir un vertige existentiel : qui suis-je sans ça ?

Ce vide identitaire est souvent plus difficile à gérer que le trouble lui-même.
Les résistances sont alors un moyen de rester attaché·e à ce qui “remplit”.

La colère refoulée, la tristesse, les traumas

Certains comportements alimentaires permettent d’anesthésier ou de canaliser des émotions anciennes : colère rentrée, sentiment d’abandon, besoin d’amour non comblé. En sortant du trouble, ces émotions peuvent remonter à la surface, comme un couvercle qu’on soulève trop vite.

Résistance = “Je ne suis pas prêt·e à ressentir ça.”

Comment repérer ses résistances ?

Je vous le dis souvent, la prise de conscience est souvent la première étape indispensable. Parce qu’on ne peut pas travailler sur ce qu’on ne voit pas, ce dont on a pas conscience.

Les résistances ne sont pas toujours visibles ou identifiables d’emblée. Je vais donc te donner quelques conseils pour t’aider à en avoir conscience. Mais d’ailleurs, moi il y a certaines de mes résistances au changement que j’ai eu conscience en parlant avec mon psy, c’est lui qui m’en a fait prendre conscience.

Qu’est-ce qu’une résistance ?

Une résistance, ce n’est pas forcément un grand “non”.
C’est souvent une esquive discrète, un micro-sabotage, une fausse bonne excuse, un petit “plus tard” répété.

Voici quelques formes concrètes que la résistance peut prendre quand tu entames une démarche de guérison :

  • Rationaliser ce que tu fais :
    « C’est pas que je veux contrôler, c’est juste que je fais attention à ma santé. »
  • Repousser l’action à demain :
    « Je vais m’en occuper quand je serai moins fatigué·e / stressé·e / occupé·e. »
  • Surintellectualiser :
    Tu passes des heures à lire ou écouter des contenus sur la guérison… mais sans rien changer concrètement.
  • Minimiser ta souffrance :
    « C’est pas si grave comparé à d’autres. »
  • Faire semblant d’aller bien :
    Tu rassures tes proches, tu dis “ça va”, même quand ça ne va pas du tout.
  • Saboter tes petits progrès :
    Tu fais un pas en avant, puis tu “te punis” inconsciemment en revenant en arrière.

Là en m’écoutant, je pense que tu vas dire “ah mais oui j’ai des résistances en fait” et c’est NORMAL. Encore une fois, ça fait partie du process. Le but de ces résistances, inconsciemment, c’est de te protéger.

Souvent, les résistances apparaissent quand deux parties de toi s’opposent :

  • Une part veut avancer, guérir, lâcher le trouble.
  • Une autre a peur, doute, s’accroche à ce qu’elle connaît, même si ce sont des mécanismes qui te détruisent.

C’est ce tiraillement qui fait que lorsque tu souffres d’un TCA, tu as souvent l’impression de te battre contre toi-même. Et ce que tu ressens n’est pas de la faiblesse : ton cerveau est littéralement en train de traiter une dissonance cognitive. Quand tu es face à un choix qui remet en question un comportement ancré (comme ne plus te restreindre), ton cerveau entre dans une forme de tension appelée dissonance cognitive.Pour soulager cette tension, le cerveau choisit souvent la voie de moindre inconfort émotionnel : il nie, minimise ou repousse.

Pour t’aider à prendre conscience de tes résistances, tu peux te poser ces questions : 

  • Est-ce que je me trouve des excuses pour ne pas faire une action de guérison ?
  • Est-ce que je me surprends à dire “je veux guérir”, mais à agir à l’inverse ?
  • Tu peux aussi avoir des moments où tu sens que tu vas mieux, et que tu as envie de retourner à un moment de ta guérison où tu allais mal.

Comment faire pour faire face à ces résistances à la guérison ?

Maintenant que je vous ai parlé de ces résistances au changement, soit à la guérison, ce que c’est concrètement, comment potentiellement les repérer, comment elles se manifestent, on va passer à la partie plus concrète. Sur Norainnoflower, ce que j’aime apporter c’est du concret, des solutions, des choses à essayer, des pistes pour avancer vers la guérison parce que c’est ce que je manquais à l’époque où j’étais malade. 

Donc c’est parti !

Entraîner ton cerveau à la nouveauté

La bonne nouvelle, c’est que tu n’es pas bloquée advitam eternam à cause de ces résistances. Guérir c’est possible, j’en suis la preuve et je ne suis pas la seule, heureusement ! 

Comment cest possible ? Grâce à la neuroplasticité. Cette capacité de ton cerveau à former de nouvelles connexion neuronales tout au long de sa vie. Chaque nouvelle expérience, même minuscule, crée une micro-empreinte dans ton système nerveux.
Plus elle est répétée, plus elle s’ancre. Mais il ne faut pas attendre de “réussir à manger” ou de “lâcher prise” pour enclencher cette transformation neuronale.  Tu peux commencer hors du champ de l’alimentation, en activant d’autres voies.

Exemples de petites habitudes à créer (hors alimentation) pour entraîner ton cerveau à la nouveauté :

Ces actes n’ont rien à voir avec la nourriture, mais ils ont tout à voir avec ton cerveau.
Ils t’aident à réapprendre à sortir du contrôle, à faire de la place à l’inconnu, à créer de nouvelles associations positives.

  • Changer un détail dans ta routine quotidienne (ex : te brosser les dents avec l’autre main)
  •  Faire une activité créative sans objectif (dessin, collage, peinture…)
    → Développe la tolérance à l’imperfection 
  •  Prendre 2 minutes par jour pour respirer sans but (Diminue l’activité de l’amygdale)
  • Changer ton chemin habituel pour aller au travail, au sport, ou en balade
    → T’entraîne à sortir de l’automatisme.
  • Écouter une musique que tu ne connais pas et laisser ton corps réagir spontanément (mouvement libre, danse)
    → Stimule les zones liées à la spontanéité et à la joie corporelle.

Ces “petites nouveautés” nourrissent ton cerveau de sécurité dans le changement. Elles t’apprennent qu’on peut faire différemment… sans danger.

Accepter d’aller lentement

La guérison n’est pas un sprint. Et surtout pas dans un cerveau qui a longtemps utilisé des stratégies de contrôle, de rigidité ou d’évitement.

Aller lentement, c’est ce qui permet au cerveau d’intégrer réellement les changements.

Utiliser la visualisation pour reprogrammer ton cerveau

J’en ai déjà parlé parce que c’est quelque chose que j’utilisais dansa ma guérison. La visualisation est puissante puisque ce que tu imagines avec intensité, ton cerveau le traite presque comme une expérience réelle. Des études en neurosciences montrent que visualiser une action active les mêmes régions cérébrales que le fait de la faire réellement. C’est un levier très puissant de neuroplasticité.

Ce que ça veut dire pour toi : Tu peux t’habituer à la guérison, à la sécurité, au lâcher-prise avant même de les vivre réellement, en les visualisant régulièrement. Moi je m’imaginais littéralement guérie, comment mes proches seraient fière, ce que je ferai comme activité, je m’imaginais “comme si je n’avais plus aucune peur”.

La co-régulation

On guérit dans le lit, pas dansl’isolement. Et c’est là qu’intervient un mécanisme fondamental : la co-régulation. La co-régulation, c’est ce processus naturel par lequel le système nerveux d’une personne s’apaise au contact d’un autre système nerveux calme et bienveillant. Ce n’est pas “dans la tête”. C’est physiologique. C’est pour ça que parfois aller chez le psy fait du bien parce qu’on est face à un être humain calme, qui ne juge pas, qui écoute. Parfois, ça fait la même chose quand on est avec une personne de confiance. Et à l’inverse, parfois on se sent tendu sans trop savoir pourquoi en compagnie de certaine personne qui n’ont pas un système nerveux apaisé on va dire. 

La co-régulation repose sur un mécanisme clé : le nerf vague ventral.
C’est une branche du système parasympathique, activée quand on se sent en sécurité sociale (regards doux, voix posée, contact physique rassurant, ton chaleureux).

Quand ce nerf est activé, il :

  • diminue le rythme cardiaque et la respiration
  • détend les muscles
  • désactive les réponses de stress ou de fuite
  • active les zones du cerveau liées à la connexion sociale et au plaisir (aire tegmentale ventrale)

Je vous en avais déjà parlé brièvement dans mon épisode hors série où je vous parlais des choses que j’avais mises en place pour sortir d’une période très difficile.

Donc en gros : la présence d’un autre qui est calme peut calmer ce que seul·e, on n’arrive pas à apaiser.

Quand on lutte contre un trouble alimentaire ou un traumatisme, le corps est souvent en mode survie.
Le cerveau se méfie, anticipe le danger, se replie. Il résiste. Il évite. Il se protège. Dans cet état-là, il est très difficile de se rassurer seul·e.
Parce que le système nerveux est déréglé, trop activé, ou au contraire figé. La co-régulation vient alors comme une bulle de sécurité. La co-régulation ça peut être un véritable outil pour aider à apaiser les résistances à la guérison. 

Comment activer la co-régulation dans sa vie ?

ça passe par des choses simples :

  • Se faire prendre dans les bras
  • Entendre une voix calme 
  • Partager un rire
  • Écouter une voix apaisante (oui, même en podcast)

Chaque fois que tu vis ce type d’expérience, ton cerveau apprend une chose nouvelle : “La sécurité existe. Je peux relâcher le contrôle.”

Le contact sensoriel

Quand on parle de résistance à la guérison, on imagine souvent un blocage “psychologique”.Mais en réalité, la résistance est souvent corporelle. D’ailleurs, parfois ça peut se voir physiquement, car tu peux parler de quelque chose en ayant les bras croisés, les jambes croisés… C’est ton corps qui parle pour indiquer qu’il est fermé à cette idée.

Et c’est là que le contact sensoriel positif devient un outil clé. Ce type de contact stimule l’insula, une zone du cerveau qui gère la perception des ressentis internes (faim, chaleur, douleur, confort, émotions…). Quand tu te masses les mains ou que tu sens une odeur réconfortante :

  • Tu donnes à ton cerveau des signaux concrets de sécurité
  • Tu actives ton système parasympathique (celui qui calme et répare)
  • Tu crées des associations de plaisir déconnectées de la nourriture ou du contrôle

Et moi quand j’étais malade, une psychiatre m’avait dit que c’était important de prendre le temps chaque jour de se passer de la crème sur le corps délicalement. Et je ne comprenais pas pourquoi c’était si important mais en faisant cet épisode je comprends mieux. 

Concrètement, ça ressemble à quoi ?

  • Te masser les mains avec une crème que tu aimes
  • T’envelopper dans une couverture ultra douce
  • Marcher pieds nus sur un sol moelleux, un tapis, une moquette
  • Te passer une huile essentielle sur les poignets 
  • T’asseoir au soleil pour sentir la chaleur sur ta peau
  • Prendre une douche chaude en te concentrant sur les sensations

Toutes ces expériences réinforcent la connexion entre ton corps et ton cerveau. Le contact sensoriel positif vient rééduquer ton système nerveux.
Il te dit : “Tu peux ressentir… sans danger. Tu peux exister dans ton corps… sans souffrance.”

Le mouvement libre

Souvent, dans les TCA, le mouvement est associé à la performance, à la punition, à un moyen de s’autoriser de manger ou compenser un repas. Mais il existe une autre façon de bouger. Et cette forme-là, on l’appelle le mouvement libre.

Le mouvement libre (danse spontanée, marche intuitive, étirements doux) stimule plusieurs zones cérébrales :

  • le système sensorimoteur (relié à la conscience du corps et à sa position dans l’espace)
  • le cerveau limbique, siège des émotions
  • les circuits de libération émotionnelle et de plasticité neuronale

L’étude de Koch et al. (2014) sur la danse-thérapie montre que :
→ Le mouvement spontané, sans but esthétique ou sportif, réduit significativement les symptômes dépressifs, le stress, l’anxiété
→ Il renforce la régulation émotionnelle et le sentiment d’ancrage corporel

Tu ne bouges ni pour maigrir, ni pour réussir, ni pour mériter quoi que ce soit. Tu bouges juste pour te reconnecter. Moi ce que je faisais c’est que je mettais de la musique à fond dans ma chambre et je bougeais mais sans faire de la danse pour faire du sport, c’est vraiment du mouvement doux, pour “t’abandonner” en quelque sorte. 

C’est te balancer doucement, fermer les yeux, t’étirer mais sans chercher à forcer, c’est juste faire des mouvements doux pour prendre soin de ton corps. Te laisser danser n’importe comment, faire des mouvements fluides, amples. Aucune performance. Aucune règle.

Le mouvement libre te permet de reprendre contact avec ton corps en douceur. Il rééduque ton système nerveux à bouger sans se faire violence

La cohérence cardiaque

Face à une résistance au changement, ton corps perçoit la guérison comme un danger : un espace inconnu, sans contrôle, sans repères. Et face à l’inconnu… il se crispe. Pour calmer cette alarme, tu n’as pas besoin de “te forcer à aller mieux”. Tu as besoin de réassurer ton système nerveux. Et l’un des moyens les plus simples, les plus puissants, les plus prouvés scientifiquement, c’est… la respiration. Je suis sure que tu en as déjà entendue parler. a cohérence cardiaque, c’est une respiration rythmée, lente, régulière, volontaire.

Par exemple :

→ 5 secondes d’inspiration

→ 5 secondes d’expiration

Ce rythme synchronise le cœur et le cerveau. Et ce faisant, il envoie au système nerveux un signal de sécurité profonde. Selon Thayer et al. (2012), la cohérence cardiaque :

  • Apaise l’amygdale (le centre de la peur dans le cerveau)
  • Active le nerf vague (volet du système parasympathique qui calme le corps)
  • Améliore la régulation émotionnelle
  • Réduit le cortisol, l’hormone du stress

Les comportements de résistance apparaissent souvent quand le cerveau se sent menacé. Mais quand tu pratiques la respiration consciente, tu envoies un message opposé à ton corps : “Tu es en sécurité. Tu peux te détendre. Il n’y a pas de danger ici.” Et plus tu répètes ce message, plus ton système nerveux apprend à faire confiance.Il n’a plus besoin de résister.

Il existe des applications pour t’aider à faire la cohérence cardiaque, comme l’appli Respire (c’est celle que j’utilise). Et tu peux programmer des alertes pour te rappeler de le faire. Je te conseille de le faire au moins 2-3 fois par jour.

Voilà, j’arrive sur la fin de mon épisode. J’espère qu’il vous a plus. J’aime beaucoup parler des mécanismes du cerveau, de la neuroplasticité, de la science et du lien avec le corps et mental, je trouve ça personnellement passionnant. J’espère que ça vous a plu ! Encore une fois n’hésitez pas à me faire un retour, j’y mets beaucoup de temps, d’investissement, d’énergie. Donc n’oubliez pas de me laisser une note sur votre appli d’écoute sur Spotify ou Apple Podcast, ça me soutient énormément. Merci pour votre écoute et à bientôt !

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, Trouble du comportement alimentaire, 0 commentaire
Le burnout de la guérison des TCA

Le burnout de la guérison des TCA

Le burnout de la guérison des TCA

Aujourd’hui, je voudrais vous parler du “burnout de la guérison” dans les troubles alimentaires. Alors, c’est pas un concept officiel. Je veux dire que c’est un peu moi qui ait donné ce nom là au phénomène que je vais vous expliquer. Mais en discutant avec pas mal d’entre vous, je remarque que c’est quelque chose de courant. Dans cet article, je vais donc vous expliquer ce que c’est, vous donner les causes et surtout des choses à mettre en place si vous vous retrouvez dans le burnout de la guérison.

Qu’est-ce qu’un burnout de la guérison ?

Le burnout de la guérison s’apparente à un burnout classique, mais dû à la guérison des troubles alimentaire, dû à votre lutte contre le trouble alimentaire. 

Souvent, vous avez : 

  • la sensation de ne plus avancer dans votre guérison
  • l’impression d’avoir un tas de choses sur lesquelles travailler pour guérir
  • l’impression de ne pas savoir par quoi commencer, sur quoi travailler 
  • vous ressentez un épuisement mental, vous êtes fatigués de vous battre
  • vous perdez la motivation et surtout l’espoir qu’une guérison est possible
  • vous remettez en question vos propres progrès dans la guérison
  • vous avez cette sensation d’être à bout d’énergie, de ne plus en pouvoir
  • vous pouvez avoir des idées noires, la sensation qu’aucune autre issue est possible

Bon, si vous ressentez tout ça, déjà, je vous invite à écouter mon épisode de podcast qui s’appelle “Si tu n’as plus espoir… écoute ça !”, c’est l’épisode 25. 

Ensuite, je vais vous dire une chose, c’est assez courant de passer par cette phase et c’est pas anormal. Je vais vous expliquer tout ça quand je vais lister les causes. Mais en tout cas, la solution n’est pas d’abandonner, de répondre à ses idées noires. Si vous en avez, vraiment, ne restez pas seul et parlez en autour de vous, à des professionnels ou à des proches. Mais je vous assure que j’ai eu ces idées noires, je me suis demandée dans mon parcours de guérison si la meilleure solution ne serait pas de tout arrêter et NON je vous assure qu’une vie après les TCA existe. Aujourd’hui, je n’ai plus de restriction, plus de compulsion, mon poids et mon corps ne sont plus une obsession. J’ai une vie saine avec une relation saine et j’ai un petit bébé depuis 3 mois ; et clairement, je n’aurai pas tout ce bonheur dans ma vie si j’étais toujours dans les TCA. Donc la vie sans TCA c’est possible et ça vaut le coup de se battre.

Il faut que vous sachiez que cette période est normale dans la guérison des TCA et que vous ne pourrez pas ne pas ressentir d’émotions négatives et de désagréments, ça fait malheureusement partie de la guérison. La guérison est inconfortable, mais surtout au début. Avec le temps et en avançant, vous ressentirez de plus en plus les effets positifs de la guérison. Mais c’est vrai que c’est difficile de guérir des TCA car on ressent d’abord et pendant un moment des sensations d’inconforts et d’impression de mal faire. Et comme je dis très souvent, quand vous avez la sensation de mal faire, c’est que vous faites bien, parce que vous luttez contre votre trouble alimentaire. Quand c’est “facile” au début, c’est que vous répondez à votre TCA, c’est que vous êtes encore dans le contrôle.

Les causes du burnout de la guérison

Je vais vous parler des causes de ce burnout pour que vous puissiez comprendre que vous êtes légitimes de ressentir ce burnout. Et parfois comprendre le pourquoi aide à mettre des solutions en place.

La guérison d’un TCA est épuisant

Déjà, vous ne vous rendez pas compte que vous luttez contre la maladie mentale la plus difficile, ou du moins l’une des plus difficiles. Un trouble alimentaire c’est épuisant. Et la guérison vous demande des efforts qui requièrent beaucoup d’énergie : se challenger sans cesse, affronter ses peurs, gérer les pensées négatives toute la journée et même la nuit, aller à l’encontre du poison que représente le TCA pour votre cerveau. En plus de ça, la conséquence du TCA se reporte sur l’alimentation, or tu ne peux pas éviter l’alimentation puisque tu en as besoin pour vivre. Et les repas occupent une place importante dans notre société, dans notre vie sociale, notamment en France. Et qui plus est, la société d’aujourd’hui est baignée dans une culture du régime, donc en plus de lutter contre ton trouble alimentaire, tu te prends des bâtons dans les roues à cause de cette culture du régime. 

Donc évidemment, lutter contre un TCA est épuisant et tu ne te rends pas compte à quel point tu es une guerrière (un guerrier) de te battre contre cette maladie. 

Les conséquences du TCA épuisent

Souvent, un TCA t’amène à te sous-alimenter, et à faire de l’hyperactivité. Je ne parle pas forcément de faire du sport, mais je parle de cette activité constante que tu as aussi dans ta tête : de tout calculer, tout réfléchir, toutes les questions que tu te poses, tous ces TOCS imposés par ton TCA. Tout ça, c’est énormément de stress et d’activité mentale et dans beaucoup de cas aussi physique… Donc les comportements imposés par ton TCA t’épuisent aussi.

La pression personnelle que tu te mets

Beaucoup des personnes qui souffrent de TCA ont un niveau d’exigence envers elle-même très élevé. Certaines personnes se mettent une pression monstre pour guérir avant telle date, ou pour telle personne. Si tu te mets une pression de guérir pour quelqu’un ou avant une date ou avant une certaine étape de ta vie, tu vas te mettre une grosse pression. 

Peut-être que tu essaies aussi d’avoir une guérison parfaite. C’est-à-dire que tu sais que certains font des rechutes, n’y arrive pas de façon linéaire, mais tu te dis que toi, tu vas te renseigner à fond pour éviter tout ça. Sauf qu’une tentative de guérison parfaite est impossible. Vouloir une guérison sans rechute et sans faux pas n’est pas réaliste. Cette exigence envers soi-même peut engendrer une pression énorme et mener au burnout de la guérison.

La pression des proches

Parfois les proches, sans même s’en rendre forcément compte, mettent une pression parce qu’ils n’aiment pas te voir mal. Alors quand tu es avec eux, tu te sens comme obligée de montrer que tu vas mieux, que tu avances dans ta guérison. Et leurs regards te met une pression supplémentaire. Parfois, tu veux leur faire plaisir, ne pas les décevoir, notamment s’ils payent pour ta thérapie par exemple. Donc ça, ça représente une pression supplémentaire.

Le syndrome de l’objet brillant

Une autre raison de cet épuisement, c’est peut-être parce que tu as le syndrome de l’objet brillant. Le syndrome de l’objet brillant, c’est un biais psychologique qui pousse une personne à être constamment attiré par de nouvelles solutions ou de nouvelles stratégies.

Donc dans le cadre de la guérison des TCA, ça peut être le fait d’être en quête perpétuelle de la solution miracle. Ça peut être le fait de lire un tas de livre sur la guérison mais sans jamais mettre en place de solutions concrètes. Ça peut être d’enchaîner les thérapies sans prendre le temps de ressentir les effets de chacune. Le syndrome de l’objet brillant, ça peut être aussi d’être incapable de s’engager sur le long terme dans une thérapie parce que chaque nouveauté, chaque nouveau thérapeute semble être meilleur. 

La pression des comptes recovery

Une autre cause du burnout de la guérison, ça peut être la pression que tu ressens avec les comptes de recovery sur Instagram. Et quand je parle de compte recovery, ça peut être les comptes des personnes malades qui font un compte guérison, mais ça peut aussi être les comptes des gens guéris, comme moi j’ai un compte. Je sais que les comptes de professionnels aussi se développent de plus en plus. Alors c’est bien parce que ça partage des conseils et des infos importantes pour ta guérison. Mais parfois, il y a une nouvelle forme de pression qui peut se développer par rapport à ça : la peur de rater une info qui pourrait aider, la peur de rater le post qui donnerait les bons conseils. Et donc vous allez parfois passer des heures à lire plein de posts, à rechercher des informations pour vous aider mais vous sentir finalement assommé sous la quantité d’information que vous avez lue sans rien en retirer. 

J’en ai déjà parlé quand je parle des réseaux sociaux, mais le fait d’être constamment plongé dans le sujet de la guérison sur Instagram ou sur TikTok, bah ça fait que vous ne vous changez pas les idées. Parfois, vous ne pensez peut-être pas à votre TCA ou à votre guérison, vous vous connectez sur les réseaux et BIM, vous avez un post qui vous fait penser à ça alors que votre but, c’était de vous changer les idées. La quantité d’information sur les TCA sur les réseaux peut représenter une oppression pour vous et être contre productif pour votre guérison à certains moments. Avoir trop d’informations sur la guérison peut submerger et donner l’impression de ne pas savoir par où commencer.

Et encore une fois, je sais que mon compte Instagram a pu représenter une oppression pour vous à certains moments. Et c’est d’ailleurs pour ça que je fais cet article de blog. Parce que parfois je dis aussi des choses dans mes podcasts, je parle des éléments à travailler pour guérir par exemple. Mais quand je me mets à votre place (parce que j’ai littéralement été à votre place il y a quelques années), et bien je me dis qu’en fait, ça peut plus oppresser qu’aider. Peut-être que parfois, je vous donne des pistes à suivre pour guérir et vous ça vous perd plus qu’autre chose parce que ça vous donne beaucoup d’informations à emmagasiner. Je ne sais pas, c’est une supposition… Mais c’est pour ça que je fais cet article pour aussi vous donner des solutions pour relativiser et prendre du recul dans votre guérison. 

Les solutions à mettre en place

Je viens donc de vous lister toutes les causes possibles du burnout de la guérison. Après, il y a peut-être d’autres raisons qui vous sont propres. Mais maintenant je vais vous donner quelques pistes pour vous aider à prendre du recul si vous ressentez ce burnout de la guérison. 

Se donner du temps

La première chose à faire, c’est vraiment de se donner du temps pour guérir. Parce que oui, la guérison va prendre du temps. J’ai pris 7 ans à en sortir totalement. Si je vous dis que vous allez prendre des années, ça va être démotivant, clairement. Mais j’ai connu des mieux déjà avant. Et quand je dis 7 ans, c’est aussi le nombre d’années où j’étais malade. Parce que pour moi, la guérison commence le jour où vous tombez malade en quelque sorte. Parce que souvent, il y a une petite période de déni où l’on ne fait rien, mais très vite, on se remet en question, on réfléchit à essayer de manger plus, on tente de comprendre ce qui ne va pas. Enfin je pense. 

Et en tout cas, pour moi, il ne faut pas se donner un délai, une deadline de temps. Il faut se dire “on verra chaque jour à la fois”. Parce que si vous vous dites “cet été il faut que je sois arrivé à tel stade de ma guérison”, vous allez ressentir une pression énorme. Parce que la guérison ne dépend pas de votre volonté. Et la guérison des TCA est un processus long. Moi, je me souviens que je me mettais une pression de dingue notamment pour sortir de mes compulsions alimentaires. Et un jour je me suis dit “c’est tout, tu as toute ta vie pour guérir”. Et je le pensais vraiment, je me disais que dans tous les cas, passer une vie à tenter de guérir, c’était mieux qu’une vie à être malade. Et le fait de me dire ça, ça m’a comme enlevé un poids, et à partir de ce moment-là, la guérison a été finalement plus vite. 

Se concentrer sur soi

ça c’est un conseil qui vaut pour tout dans la vie. Oui, c’est intéressant d’aller écouter des récits de guérison pour s’inspirer. Je reçois beaucoup de messages me disant que mon podcast aide donc je me doute que ça doit aider et c’est d’ailleurs pour vous aider que je fais tout ça. Mais trop se comparer peut être contreproductif. Je le répète très souvent mais je vais encore le dire : concentrez-vous sur votre propre chemin de guérison. Vous n’êtes pas obligé de tester tout ce que j’ai testé moi pour guérir, ou tout ce qu’une autre personne a testé pour guérir.

Voir les échecs autrement

Le mot “échec” fait peur. Souvent, quand on est perfectionniste (et je le suis donc je sais de quoi je parle), le mot échec est terrifiant. On veut tout faire pour éviter les échecs. Mais je vais vous dire, j’ai eu un tas d’échec dans ma guérison : 

  • Toutes les fois où j’ai pris des alternatives healthy plutôt que l’aliment qui me faisait envie, et que donc ça se terminait en compulsion
  • Toutes les fois où je suis allée me restreindre pour finalement compulser 
  • Toutes les fois où je suis allée m’épuiser au sport
  • Toutes les fois où j’ai tenté un nouveau type de régime ou un nouveau programme sportif pour me sortir de mon TCA
  • Toutes les fois où je me concentrais sur la mauvaise cause de mon TCA

Bref, j’ai fait un nombre incalculable d’erreurs. Mais c’est en faisant ces erreurs que j’ai compris ce que mon corps avait besoin, que j’ai compris le pourquoi de ma maladie, que j’ai compris les mécanismes du TCA. C’est en faisant tous ces faux pas que j’ai pu guérir.

Oui, vous allez faire des erreurs, c’est inévitable. Mais autant le savoir, ça enlève un sacré poids de se dire “je sais que je vais faire des erreurs”. Je vais même vous dire : vous avez besoin de faire des erreurs dans votre guérison pour ajuster votre chemin de guérison en quelque sorte. 

Donc faire des erreurs est bénéfique. Voyez le vraiment comme ça parce que ça l’est sincèrement. 

Si quand vous testez un nouveau conseil, vous savez que potentiellement, vous n’y arriverez pas, ça enlève une charge émotionnelle à ce que vous essayez. Si, par exemple, vous tentez d’introduire un aliment qui vous fait peur. Mais qu’au final, vous le prenez mais vous finissez par vous restreindre après (donc c’est un faux pas en avant). Et bien, vous saurez qu’en effet, ce n’est pas la bonne solution, mais ce n’est pas grave car les échecs comme ça font partie de la guérison. Si la guérison était aussi facile que de faire que des pas en avant sans jamais rencontrer de difficulté, je n’aurais pas un podcast sur le sujet. Et guérir serait bien plus facile. 

Et encore une fois, dans ma guérison, 98% du temps j’ai essayé et 2% du temps j’ai réussi. Mais c’est les 98% du temps où j’ai essayé qui m’a surtout aidé à guérir. Parce que même si en finalité votre défi n’est pas accompli, vous aurez essayé donc montré à votre cerveau qu’il existe un autre chemin que celui de votre trouble alimentaire. 

Quelque chose qui m’aidait aussi, c’était de me dire “je fais de mon mieux avec les ressources que j’ai actuellement”. Ne vous en voulez pas si vous n’arrivez pas à surmonter un défi. Vous ne le faites pas exprès d’être malade, ce n’est pas votre faute et vous faites de votre mieux.

Augmenter votre apport alimentaire & réduire l’activité physique

Alors, ce conseil, je sais très bien qu’il est bien plus facile à dire qu’à faire. Mais je me dois de vous le dire. Au plus vous augmenterez votre apport alimentaire, au plus vous donnerez de l’énergie à votre corps, à votre cerveau pour lutter contre le TCA. La culpabilité que vous ressentez quand vous mangez, c’est parce que manger est un médicament qui lutte contre le TCA. Je vais faire une comparaison osée. Mais les chimios ont pour but de guérir, pourtant elles rendent malade la personne qui la subit. Et bien c’est un peu pareil pour vous quand vous mangez. Ça vous met mal mais en réalité, c’est ça qui peut vous aider à guérir. 

Et même chose, l’activité physique vous fatigue. Même si vous avez l’impression que ça vous donne de l’énergie, que vous vous sentez mieux une fois que vous l’avez fait. En réalité, c’est votre TCA qui se sent mieux parce que vous avez répondu à ses volontés. Donc oui, au plus vous allez réduire l’activité physique, au plus vous allez gagner de l’énergie.

Après, je l’ai déjà dit dans un autre épisode, mais au début, c’est complément normal que vous ressentez plus de fatigue qu’avant. Parfois, certaines personnes me disent qu’elles se sentent plus fatiguée depuis qu’elles sont en guérison. En fait, c’est parce qu’avant, votre corps concentrait le peu d’énergie qu’il recevait sur votre survie, sur faire battre votre cœur, faire fonctionner vos poumons, etc. Si vous le nourrissez davantage et que vous faites moins de sport, vous avez plus d’énergie. Donc votre corps n’a plus besoin de concentrer l’énergie que sur votre survie, il va prendre toute cette énergie pour l’allouer à la reconstruction de votre corps, à la réparation de tous les dommages qui ont été causés par votre TCA. Donc toute votre énergie est allouée à ça et c’est pour ça que vous avez la sensation d’être plus fatigué. Mais c’est temporaire. 

Prendre des compléments alimentaires

Vous pouvez aussi vous donner un coup de pouce en prenant des compléments alimentaires. C’est pas la peine de multiplier les cures. Le plus important en cas de fatigue et de stress, c’est le magnésium. Celui de chez Nutri&co a la meilleure composition. Il y a le Rhodiola qui, comme le magnésium, va venir réguler la production de cortisol (l’hormone du stress) et régule le système nerveux. Je sais que chez Nutri&Co, ils font un pack anti stress où il y a les deux.

Soigner son sommeil

Le sommeil, c’est vraiment un allié dans ta guérison. Quand tu dors mal (ou pas assez), tout est plus dur : gérer tes émotions, faire face aux pensées TCA, etc. 

Tu peux essayer de mettre en place des petites choses :

  • Éviter les écrans juste avant de dormir (même si c’est tentant)
  • Te créer une mini routine calme le soir (douche chaude, lecture, lumière douce…)
  • Te coucher à peu près à la même heure (ton corps adore les habitudes)

Faire une pause dans sa vie professionnelle

Ensuite, je vous conseille également si vous le pouvez de faire un aménagement de votre vie professionnelle ou vie scolaire. Vous n’êtes pas faible parce que vous avez besoin d’un aménagement. C’est temporaire et vous êtes malade. Vous avez besoin de concentrer le peu d’énergie sur vous et pas sur votre travail. Et je sais que beaucoup des personnes qui souffrent de TCA sont des gros bosseurs, que ce soit à l’école ou dans le monde professionnel. 

J’ai dédié un épisode de podcast sur ce sujet, l’épisode 16 où je réponds à la question “faut il faire une pause dans sa vie pour guérir de son trouble alimentaire ?”. Après, c’est vraiment du cas par cas, et chez certaines personnes, le travail représente un moteur et une source réelle de bien-être. Mais si vous avez conscience que c’est un facteur de stress, ça vaut le coup de demander un mi-temps thérapeutique ou un aménagement de ses cours. Moi j’étais en école de commerce et en alternance losrque j’étais au plus fort de ma maladie, et j’ai eu un mi-temps thérapeutique et un allégement de mon programme scolaire. Et ça m’a été primordial. 

Avoir des projets à long terme

Je vous ai souvent parlé de faire une bucket list. Une bucket list, c’est la liste des choses que vous voulez faire au moins une fois dans votre vie. Faire une bucket list ça peut vous donner des objectifs de vie long terme, des choses sur lesquelles vous rattacher, des choses sur lesquelles vous pouvez rêver, vous évader. Moi personnellement, ça a été important de me référer souvent à cette liste, de la relire, pour me rappeler de mes projets de vie.

Faire une pause de thérapie

Si vous avez la sensation de ne plus avancer dans votre thérapie, vous pouvez aussi faire une pause. Si vous êtes à une période difficile de votre vie, je vous conseille pas plus d’un mois la pause. Mais si vous avez besoin de plus longtemps; prenez quelques mois. J’ai récemment fait ça (parce que oui, j’ai toujours une thérapie, non plus pour les TCA mais pour mon anxiété on va dire). Et à un moment, j’ai arrêté la thérapie en pensant que mon thérapeute n’était plus le bon pour moi, pour mes problématiques. Mais en fait, j’avais juste besoin d’une pause pour me recentrer sur moi, pour respirer un peu et prendre du recul. Donc n’hésitez pas à prendre une pause si vous avez besoin de 2-3 mois. Et parlez en avec votre thérapeute quand vous avez la sensation de ne plus avancer. Il ou elle ne le prendra pas mal, c’est leur métier. Ils pourront vous guider et donner leur propre point de vue.

Faire des activités ressourcantes

Un autre conseil, ça va être d’avoir des activités qui sont ressourçantes pour vous. Je parle souvent de mandala, coloriage, peinture au numéro… mais ça peut être n’importe quoi. Quelque chose qui est créatif ou pas. Mais quelque chose qui vous fait du bien, et si possible, autre que du sport. Le but est que cette activité vous apaise le cerveau, vous aide à mettre en pause votre cerveau. 

Limiter son utilisation des réseaux sociaux

Ensuite, par rapport aux réseaux sociaux, si vous ressentez de la pression face aux contenus recovery : je vous conseille de limiter votre utilisation des réseaux sociaux. Ou alors d’avoir un compte recovery et un compte personnel. Comme ça, quand vous ne voulez pas voir de contenus concernant votre TCA, vous allez uniquement sur votre compte personnel.

Ne pas viser l’objectif où vous n’aurez plus du tout de TCA

Ensuite, un autre point important, c’est de ne pas viser à atteindre tout de suite la guérison totale. La guérison totale existe et elle est possible. Mais si vous cherchez à atteindre ça tout de suite, les pas vont vous paraître être des pas de géants avant de les atteindre. La guérison c’est vraiment des tout petits pas et il faut vous fixer de petits objectifs réalisables. 

Equilibrer vie personnelle & guérison

Tout comme dans la guérison d’un burnout professionnel, l’idée est de retrouver un équilibre entre vie personnelle et vie (pas professionnelle) mais vie de guérison on va dire. Si toute la journée vous ne faites que penser à voter guérison, si tous les jours vous vous donnez des défis, si tous les jours ou tous les 3 jours même vous vous challengez, c’est un rythme énorme. Accordez-vous du temps, accordez-vous des jours de repos en quelque sorte. 

Je sais que ton cerveau perfectionniste aimerait tout réussir bien : écouter tous les podcasts, réussir chaque repas, ressortir des choses de chaque séance avec ton thérapeute, faire des exercices de développement personnel, utiliser des outils de gestion de tes émotions… Sauf que t’es pas un robot, t’es humain. Tu as le droit de faire des pauses. Tu as même le droit de ne pas penser à tout ça pendant quelques jours. Tu ne vas pas empirer ta guérison si pendant quelques jours tu t’autorises à couper un peu de la mentalité guérison. Et franchement, faire des petites pauses va t’aider justement à prendre du recul. 

Parfois, tu es peut être tellement plongé dans la guérison que tu oublies de vivre tout court.

Si tu suis plein de comptes Insta/TikTok sur les TCA, que tu lis 1000 choses sur la guérison, que tu fais des to-do list pour ton suivi… c’est top, mais ça peut vite te submerger.

Tu peux faire un petit tri :

  • Garde 2-3 ressources qui te font vraiment du bien
  • Arrête de suivre les comptes qui te mettent la pression (même s’ils sont bien intentionnés)
  • Allège tes routines si elles deviennent étouffantes (genre 6 pages de journal tous les soirs… non)

Souligner ses petits pas

On a tendance à ne voir que ce qui reste à faire… et à zapper tout ce qu’on a déjà accompli.

Mais chaque petit pas compte. Même si t’as “juste” réussi à manger un goûter, ou à ne pas te peser aujourd’hui, ou à parler de ton ressenti sans culpabiliser… c’est énorme.

Tu peux noter chaque soir une petite victoire (même minuscule, même juste te le dire dans ta tête, sans noter). Tu peux tenir un “cahier des fiertés” par exemple que tu relis quand tu as l’impression de ne pas avancer. 

On arrive à la fin de cet article. J’espère que je t’ai aidé à relativiser si tu te retrouves dans ce burnout de la guérison, et à comprendre pourquoi tu es en burnout. J’espère t’avoir donné quelques pistes pour t’alléger et t’aider à redescendre la pression. N’oublie pas que la guérison c’est pas un sprint, c’est un marathon. L’importance c’est de tenir sur la durée, pas d’aller vite. Si tu vas vite, c’est un risque d’avoir une guérison qui n’est pas consolidée et c’est un risque de rechuter dans quelques mois ou quelques années. 

Et l’idée c’est vraiment de vous apporter de la bienveillance. Demandez-vous ce que vous diriez à une autre personne en guérison qui vous partagerez le ressenti que vous avez. Demandez-vous ce que vous diriez à une personne que vous aimez et qui ressentirait la même chose que vous. Souvent, on est toujours plus difficile avec soi-même, donc faire cet exercice peut vraiment aider. 

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Publié par Norainnoflower dans Conseils, Mieux connaître, Trouble du comportement alimentaire, 0 commentaire
Gymnastique, ballet… des facteurs de risque aux TCA ?

Gymnastique, ballet… des facteurs de risque aux TCA ?

Gymnastique, ballet… des facteurs de risque aux TCA ?

Je voudrais mettre le doigt sur un problème beaucoup trop grave mais pourtant normalisé : la pression qui est mise sur l’image corporelle dans le milieu de la dance, et notamment du ballet ; ainsi que chez les gymnastes. J’ai sélectionné ces deux sports car ce sont les deux principaux qui me semblaient avoir cette problématique. Mais si tu en as un autre en tête, partage-le en commentaire.

Les facteurs de risques de la gym & du ballet au développement des troubles alimentaires

Cet article me tenait à cœur de le faire car trop souvent, j’ai des filles qui ont fait ou font encore du ballet, de la gym… et elles me témoignent le rôle qu’a eu ce sport dans le développement de leur trouble alimentaire. Je n’ai pas trouvé les chiffres français, mais une étude américaine de 2022 montrait que 1 gymnaste sur 2 souffrait de TCA. Et un danseur de ballet a 10 fois plus de risque de développer un TCA qu’un autre danseur.  Je voudrais donc te présenter les différentes raisons possibles qui peuvent expliquer pourquoi ces sports amènent parfois au développement de trouble alimentaire.

#1 - Des performances liées au poids, aux courbes du corps

Les performances de gymnastique et du ballet ne se mesurent pas dans le fait d’atteindre une ligne d’arrivée. Les performances sont très tournées autour du poids et de l’apparence physique. 

Pour ce qui est de la gym, les gymnastes soulèvent leur propre poids corporel contre la gravité. Ainsi, pour améliorer leur performance, les jeunes athlètes tombent rapidement dans des régimes alimentaires pour diminuer leur poids vers un chiffre toujours plus bas.

 

Pour ce qui est du ballet, l’accent est mis sur leurs courbes corporelles, la “légèreté de leur mouvement”. On s’attend à ce qu’ils soient “flottant”. Beaucoup de danseurs commencent le ballet très jeune et y restent des années. Entre temps, la puberté fait son apparition. Or, les courbes sont très peu acceptées dans le monde du ballet. À la vue de leur corps qui se développent naturellement et par peur que cela affecte leurs performances, les jeunes ballerin(e)s tombent rapidement dans des entraînements sportifs plus intenses ou des régimes restrictifs pour chercher à modeler leur corps pour qu’il corresponde aux attentes.

#2 - La mentalité de ces industries et les stéréotypes de la société

Le pire dans tout ça, c’est que ces pratiques sportives intenses et ces régimes restrictifs dans lesquels tombent les jeunes athlètes, c’est considéré comme normal. Dans ces industries, l’insatisfaction corporelle est considérée comme étant la norme. Et si tu parles de tes difficultés à accepter ton corps ou de tes prises de tête sur la nourriture, sur ton poids… c’est perçu comme un signe de faiblesse, ou de “ne pas travailler assez dur”.

Les professeurs les poussent même à aller en ce sens. Même les danseurs et gymnastes entre eux se tirent vers le bas, dans ces pratiques destructrices pour leurs corps et leur santé. Il y existe d’ailleurs une réelle compétition qui peut naître entre les athlètes (un peu comme entre les malades des troubles alimentaires…).

C’est un monde où l’accent est mis sur le perfectionnisme, sur la discipline, sur le contrôle (de son corps, de ses mouvements, de sa façon de marcher…). Il s’agit là de facteurs communs que l’on retrouve chez les personnes qui souffrent de trouble alimentaire.

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D’ailleurs, durant les compétitions, l’apparence physique fait clairement partie de la notation impactant le score. Une triste anecdote à ce sujet : Christy Heinrich, la gymnaste d’élite de la fin des années 80 aux États-Unis souffrait d’anorexie et de boulimie. Un juge américain lui a dit qu’elle devait perdre du poids pour faire partie de l’équipe nationale. Elle est décédée des complications de ses TCA en 1994, elle ne pesait plus que 27 kg…

Dans les clubs de gym les plus compétitifs qui veulent amener leurs athlètes à un haut niveau, les entraîneurs vont recruter des athlètes toujours plus jeunes. Le but ? Confronter les enfants à des sauts périlleux le plus tôt possible, tant qu’ils n’ont pas encore une trop grande notion du danger. Mais de ce fait, ces enfants sont plongés très rapidement dans un monde porté sur l’apparence alors qu’ils sont encore vulnérables. 

 

Et les clichés de la société participent à cette pression sur le corps, une fois de plus ! Dans les films, dans les séries TV, dans les médias… On nous montre qu’un bon danseur ou un bon gymnaste est une grande personne, mince. C’est comme s’il fallait être maigre pour gagner dans ces sports. De ce fait, de nombreux stéréotypes subsistent et entretiennent cette pression sur l’image corporelle qu’ils renvoient : 

Ah bon, tu fais du ballet et tu manges tout ça ?

Mais tu ne vas pas manger ça quand même ? Et tes compétitions de gym ?”

 

#3 - Un environnement matériel favorable aux développements des TCA

Pour les ballerin(e)s, l’entraînement se fait devant des miroirs pour avoir un œil continue sur ses mouvements, sur son corps. Cela participe à l’obsession corporelle.

Et que ce soit les gymnastes ou les danseurs de ballet, leur uniforme correspond souvent à des justaucorps, des costumes ajustés qui collent à la peau. Donc une fois de plus, cela rajoute une pression supplémentaire pour ne pas avoir un “bout de peau en trop”…

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Comment faire pour lutter contre cette pression à l’image corporelle ?

On peut avoir l’impression que je dépeins un tableau assez noir de la gymnastique et du ballet. Si c’est ce qui est ressenti, ce n’est pas ce que je voulais faire. En réalité, mon but était surtout de sensibiliser pour bien comprendre les risques que présentent ces pratiques sportives pour le développement des TCA.

Mais je comprends bien qu’il s’agit de sports artistiques et que l’accent est mis sur les mouvements du corps, la beauté des tenues, etc. Et d’ailleurs, ce sont deux sports dont j’aime beaucoup regarder en spectacle et j’ai un grand respect pour ceux qui pratiquent ces sports.

Mais je pense qu’une évolution des mentalités est tout de même indispensable pour la bonne santé physique et mentale des pratiquants de ces sports. 

Déjà, je voulais quand même préciser que toutes les personnes qui font de la gym et du ballet ne tombent pas dans les troubles alimentaires. Évidemment, d’autres facteurs externes jouent : le contexte environnemental, un événement stressant, un traumatisme, un contexte d’abandon/ de séparation avec autrui, un caractère perfectionniste, etc.

Mais il faudrait tout de même qu’il existe des campagnes de sensibilisation aux troubles alimentaires dans ces écoles de gym, de ballet. Il devrait même y avoir des cours de diététique pour rappeler ce dont le corps a besoin. Il me semble que ça existe dans quelques grandes institutions, mais ça ne devrait pas être réservé à l’élite. 

Et bien que la discipline fait partie des sports à haut niveau, il faudrait tout de même qu’il y ait une évolution de l’état d’esprit des professeurs pour qu’ils gardent en tête que chaque corps est beau tel qu’il est. Il faudrait que ceux qui enseignent, désapprennent les idées reçues alliant beauté et minceur. Ainsi, cela se ressentira dans leur discours pour y mettre un peu plus de bienveillance, je l’espère. 

Et faut-il interdire son enfant s’il souhaite faire de la gym ou du ballet ?

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Selon moi, non, si c’est sa passion, qu’il en a envie, il faut le laisser faire. Mais en étant conscient des risques et en apportant donc une grande vigilance à son insatisfaction corporelle et à ses habitudes alimentaires. Il faudrait aussi lui rappeler que sa pratique sportive ne doit pas se faire au détriment de sa santé. Il faudrait lui rappeler que son corps est parfait tel qu’il est, qu’il doit en prendre soin ; et pour cela, il faut répondre à ses besoins. Il faudrait lui dire que peu importe ce qu’il entend, son corps a des besoins primaires auxquels il faut répondre. Il faudrait l’aider à prendre du recul sur ce qu’il peut entendre durant ses cours.

Vos témoignages à ce sujet

N’ayant jamais fait de gymnastique ni de ballet, j’ai écrit cet article à partir de mes recherches et de mon point de vue.

Je serais donc super contente d’avoir des témoignages de danseurs, de gymnastes ou même de leurs parents. 

Tu peux me faire part de ton témoignage directement en commentaire en bas de l’article, ou via mon Instagram sur @norain.noflower

Je mettrai alors la capture d’écran de ton témoignage dans cette partie de l’article, ci-dessous.

Je mets quelques questions pour te guider si tu souhaites témoigner : 

  • Présente-toi : Prénom, âge. 
  • Si tu fais de la gym / ballet, depuis combien de temps en fais-tu ? 
  • As-tu développé des TCA avant, pendant ou après ce sport ?
  • Dans quel cadre ce sport a déclenché ton TCA ?
  • Est-ce que ce sport a empiré ton TCA ?
  • Est-ce que tu te souviens de ta relation aux autres sportifs ?
  • Est-ce que tu te souviens d’une pression particulière mise par les coaches ? As-tu des souvenirs de choses qu’ils ont dites/ fait dans ce sens ?
  • Qu’est-ce que tu penses que le monde de la dance / du ballet a besoin pour diminuer le risque de développer des TCA ? 
  • Quel conseil dirais-tu à une personne qui soufre de TCA & qui fait de la gym/dance aujourd’hui ? 

Les témoignages que j'ai reçu :

Salut, je m’appelle Thelma et j’ai 17 ans. Ça fait 2 ans et demi que j’ai des Tca (entre anorexie, boulimie et hyperphagie). A la fin du confinement, j’ai commencé à développer une obsession pour la nourriture mais avant ça, comme on était confiné chez nous, je faisais du sport tout les jours chez moi donc en réalité, j’ai commencé à avoir un problème avec les Tca pendant le confinement. Je voulais témoigner mon approche de la gym et des Tca.
Je fais de la gym depuis que j’ai 2 ans donc ça fait maintenant 15 ans que j’en fait. À un moment de mon parcours, je faisais plus d’entraînement que les autres et j’évoluais plus vite. C’était pour moi une récompense et j’étais fière de moi de voir que j’arrivais à faire de nouvelles choses. Puis j’ai grandi et c’était de plus en plus dur de progresser rapidement. J’ai remis la cause sur mon poids, je ne voyais pas autre chose qui pouvait me ralentir dans ma progression (en fait c’est tout à fait normal que ça soit plus dur). Et je voyais les autres gymnastes avec qui je m’entraînais grandir mais rester toujours autant fortes, énergiques. Ça m’a fait beaucoup de peine mais j’ai continué. En 2018, une gymnaste a développé un Tca mais elle arrivait à faire énormément de sport et elle était tellement musclée. Ensuite une deuxième gymnaste et même si elles avaient des poids faibles, elles arrivaient à évoluer (mais je savais pas que c’était de l’hyperactivité). Du coup je me suis dit qu’il fallait que je fasse pareil. (Je n’ai pas développé un Tca que pour cette raison). Je ne ratais plus aucun entraînement et je n’arrêtais pas une seule minute pendant ceux-ci. Pendant le confinement c’était tous les jours muscu. Puis mon médecin spécialisé dans les tca m’a fait une dispense de sport. C’était un moment horrible quand on te dit que tu n’as plus le droit de faire du sport alors que c’était en quelque sorte une addiction. Puis j’ai été hospitalisé et ensuite j’ai fait de l’hôpital de jour pendant 1an et demi. Donc je n’ai pas fait de sport pendant 2ans
Il y a quelques mois, j’ai été autorisé à refaire du sport. Les premiers mois, je n’ai pas réussi à y aller par peur du regard des autres puis je n’étais pas prête psychologiquement. J’ai repris la gym il y a maintenant 3 mois. C’est très compliqué pour moi d’y aller même si au final ça me fait du bien de voir des gens. Mon club où je suis n’est pas un club où il faut absolument la performance. C’est plutôt un lieu où l’on fait du sport ensemble pour se défouler, s’entraider, s’amuser et tout ça dans une bonne ambiance. Mais malgré tous ces points positifs, je me compare énormément aux autres gymnastes et pendant ces 2 années sans sport, j’ai beaucoup perdu (muscles, souplesse…) et voir et me dire que je dois recommencer tout à zéro est vraiment démotivant.
Derrière ce témoignage, je veux dire aux gens qui souffrent ou pas de tca que peu importe le sport que l’on pratique, ce n’est pas une forme d’acharnement contre soi même. Même si on a des courbes ou bien peu de muscles, on est libre de pratiquer un sport comme on le souhaite et que se soit une forme de plaisir. En pratiquant un sport trop intensif, les choses vont empirées mais le plus dur est de remonter.
Voilà je vous souhaite tous bon courage et on tient bon.

Thelma

Vers mes8-10ans ma mère m’a biensur fait faire de la danse classique, je ne peux malheureusement pas vraiment témoigner suite aux plutôt lourdes conséquences qu’a eu mon parcours d’anorexie avec mes problèmes de mémoire…Mais j’ai quand même des “flashs” qui me sont revenus et c’est clair que les profs mettent une pression assez lourde sur leurs élèves, surtout concernant le poids-l’apparence et l’élégance;Vu le contexte personnel dans lequel j’ai “grandi” aussi (avec ma mère anorexique+mon père assez absent…)cela n’a pu que m’aider, entre autres, à ce que je tombe ds l’anorexie sans problème de poids à l’époque…Si j’ai un conseil à donner pour ceux qui veulent tenter un de ces domaines, ou pour leur entourage, ce serait vraiment de tenir compte en1er de l’état d’esprit de celui qui veut faire cette activité, ainsi que du pourquoi…Je pense qu’il ne vaut mieux pas mettre la pression lorsque l’activité est commencée, et voir par la suite le comportement du “nouveau sportif”, et au moindre doute l’amener consulter une “bonne” personne;

Stéphanie

Bonjour!  j’ai vu qu’un article allait être écrit sur le thème du ballet/gymnastique et des TCA et j’aimerais donner mon petit témoignage là-dessus!
J’ai fait de la danse de mes 4 à mes 18 ans et suis dans la maladie depuis mes 16 ans ( j’en ai 21 ans mais ne me considère pas totalement guérie, je débute cependant une thérapie!), et je me souviens des compliments que j’ai reçu en perdant du poids! Tous les adultes de la compagnie me félicitaient, trouvaient que j’avais de la force d’avoir perdu autant de poids si vite … personne ne s’est demandé si perdre 20 kg en 3 ou 4 mois, à 16 ans,ce n’était pas un peu dangereux ? ( à n’importe quel âge d’ailleurs) … je pense que ces compliments ont rendu mon TCA encore plus fort car ‘y voyais un réel accomplissement et ça m’aidait à penser que ce que je faisais était « bien » et que j’avais le contrôle, que je devenais une meilleure version de moi-même …
je me sentais plus belle en me regardant dans les miroirs de la salle de danse! Mais évidemment ça n’a pas duré et une fois la « lune de miel » passée j’ai commencé à subir les réelles conséquences ( encore aujourd’hui) alors la danse n’a pas déclenché mes TCA mais je me dis qu’elle y a peut-être contribué un peu ( je me souviens aussi que quand j’étais plus jeune, vers mes 14 ans, une pesée régulière avait été instaurée à la danse par de nouveaux sponsors et une fille grosse avait d’ailleurs été refusée pour un spectacle alors qu’elle dansait merveilleusement bien! C’est indécent de peser des ados et des enfants et de commenter leur poids comme si ça contribuait à la valeur en tant que personne … et en plus de faire de la discrimination assumée avec cette fille par exemple )

Juliette

Merci beaucoup pour ta lecture (et ta participation peut-être) 🙂 

J’espère que cet article t’a plus ! N’hésite pas à me faire ton petit retour en commentaire.

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Publié par Norainnoflower dans Mieux connaître, Parents, Trouble du comportement alimentaire, 0 commentaire
À cœur ouvert : je vous l’avoue enfin…

À cœur ouvert : je vous l’avoue enfin…

À cœur ouvert : je vous l’avoue enfin…

17 mois. C’est le temps qu’il s’est écoulé depuis que j’ai publié mon dernier article de blog. 17 mois, c’est long, c’est plus d’un an. Et en un an, il s’est passé beaucoup de chose.  

Plusieurs fois, je me suis dit que je devais écrire sur mon blog. Les premiers mois, j’avais envie d’écrire sur d’autres sujets pour aider mes lecteurs à sortir des TCA ou à aider un proche à en sortir. Mais j’avais la sensation de ne pas être honnête.  

Rétrospective des 17 derniers mois

Il y a 17 mois, je vivais encore à Marseille, cette ville à l’opposé de ma région natale. Je ne m’y étais jamais vraiment senti bien, mais j’avais enfin trouvé un travail qui correspondait à mes compétences. Je sortais donc de quelques mois de chômage et surtout de deux mois de confinement. Bien qu’une grande partie de la population ait mal vécu le confinement, personnellement, j’ai adoré. C’est d’ailleurs la période où j’ai sorti ce blog ainsi que le compte Instagram associé et que j’ai terminé la première ébauche de mon livre. Pour vous dire, j’ai tellement aimé ce confinement, que les autres fois où cela nous menaçait, j’espérais sincèrement retourner dans le cocon que j’avais au printemps 2020.  

Avec du recul, je comprends pourquoi le confinement fut un réconfort pour moi. En fait, j’ai employé un mot qui résume assez bien la situation dans le paragraphe précédent : cocon. Pendant le confinement, j’avais mes petites routines qui se répétaient chaque jour. Et surtout, je n’avais pas d’imprévu. Il n’y avait pas de risque d’avoir une soirée organisée à l’imprévu, pas de personne qui démarquerait sans que je ne m’y sois préparée psychologiquement… Je pouvais prévoir un planning sans qu’il ne soit dérangé. Je contrôlais tout.  

Quand je vous parle de contrôle ici, je ne vous parle pas au niveau alimentation. On sait tous que les troubles alimentaires sont intrinsèquement liés à la notion de contrôle. Dans mon cas, le contrôle a toujours été global lorsque j’étais anorexique. J’en profite pour rappeler que l’alimentation est souvent la conséquence d’un problème initial. C’est la seule façon que notre corps et notre esprit ait trouvée pour se protéger d’une blessure plus ou moins consciente. 

Personnellement, quand je contrôle tout et que je n’ai pas d’imprévu, je me sens en sécurité. Quand un imprévu surgit dans ma vie, je ressens un séisme dans tout mon corps. J’ai mal au ventre, je mordille mes ongles, j’écris un planning heure par heure et… je contrôle mon alimentation. Avec la thérapie que je suis actuellement (je vous en parlerai en détail plus tard), j’ai compris que le contrôle, c’est mon bouclier. On m’a fait du mal dans un moment où je ne m’y attendais pas, où je ne « contrôlais » pas. Alors instinctivement, mon corps et mon esprit tente de contrôler tous les paramètres de ma vie afin de me protéger

Bref, à la sortie du confinement, quand j’ai commencé ce travail, je me suis rendu compte qu’en fait, les 3 derniers mois n’avaient rien de la vie réelle. Et franchement, je me suis pris une très grosse claque. J’ai eu la sensation qu’on me mettait un gros coup de batte dans les jambes. J’étais sur les genoux et j’ai même rampé pendant plusieurs mois.

De là, j’ai enchaîné des périodes restrictives où je tentais de manger super sain (trop)… aux périodes boulimiques où je mangeais à toute heure des grosses quantités de muffins, viennoiseries, bol de céréales, etc. Je ne vais pas vous mentir, puisque je veux être à 100 % honnête : j’ai pris du poids. Je ne sais pas combien je n’ai plus de balance. Et franchement, heureusement que je ne l’ai pas su. Ça n’aurait fait que m’enfoncer.

En décembre, j’ai changé de travail. Avec mon copain, on avait envie de migrer vers Lyon.

Je commence alors un nouveau travail où ça se passe très mal. Je vous passe les détails, mais au niveau moral, je pleurais 1 jour sur 2 et la nourriture était mon réconfort. Je ne me restreignais plus, je n’avais plus de crises de boulimie. En revanche, je mangeais gras et sucré, sans limite. J’étais souvent fatiguée, mes vêtements ne m’allaient plus… Et ma confiance en moi, qui soit-dit en passant n’était déjà pas très élevée, s’est vu s’amoindrir à cause de l’homme que j’avais pour patron dans l’entreprise en question. Je me suis remise en question au point où j’étais prête à changer d’orientation professionnelle. Bref, j’ai fini par quitter ce travail en février.

En mars, par chance, j’ai trouvé rapidement un nouveau travail. Je craignais sincèrement de retomber sur des managers malveillants. J’avais peur aussi de ne pas être à la hauteur du travail qu’on me demanderait. Les derniers mois que je venais de vivre m’avaient affaiblie mentalement. 

rechuter

Et c’est là je pense qu’elle en a profité pour revenir. Si vous aussi vous souffrez de trouble alimentaire, vous devez savoir de qui je parle quand je fais référence à « elle ». Elle, la maladie, celle qui vient semer des troubles dans ma tête, qui me plonge dans un brouillard m’empêchant d’avancer sur la route de la vie. Celle qui créait un éboulement de rochers pour parsemer mon chemin de gros cailloux, d’obstacles qui rendent ma vie plus difficile à vivre.

Franchement, elle est maligne. Elle fait les choses implicitement, sans qu’on s’en rend compte.

Au début, ça prenait l’allure d’un rééquilibrage alimentaire. Quelque chose de plutôt sain, qui ne paraissait pas extrémiste. J’ai commencé par diminuer les aliments gras, manger plus de choses saines. Puis j’ai racheté ma balance alimentaire. Au début, je calculais approximativement, seulement quelques aliments d’ailleurs. Jusqu’en juin, je pense que ce rééquilibrage alimentaire était positif pour moi. Je me sentais mieux dans mes vêtements, j’étais moins fatiguée, j’avais une meilleure opinion de moi-même. Mon nouveau boulot se passait super bien, j’aime beaucoup le poste que j’occupe. Et j’ai des collègues de mon âge avec qui je partage des bons moments, des managers bienveillants qui ont la volonté de me faire grandir professionnellement.

J’ai l’impression que j’avais tout pour être bien. Pourtant, je n’acceptais toujours pas mon corps. Je le haïssais même. Ce pauvre corps qui m’a gardé en vie alors que je l’ai mis à rude épreuve pendant plusieurs années. Ça faisait 4 mois que j’avais commencé ce rééquilibrage alimentaire. Je n’avais pas conscience que mes troubles alimentaires revenaient. C’est à l’approche de mes vacances, en août, que je l’ai compris.

Les vacances. Pour ma part, elles étaient tant attendues, mais aussi très redoutées. Les vacances résonnaient pour moi comme une perte de contrôle dans mon alimentation. Durant les trois semaines d’août, j’avais de nombreux repas prévus à l’extérieur, en compagnie d’autres personnes, au restaurant… J’étais angoissée à l’approche de ces vacances juste à cause des repas. Mais pourtant, je fonçais : j’allais au restaurant, je répondais à toutes ces invitations même si cela me demandait de ne pas contrôler mon repas. Je me faisais plaisir, je m’accordais la possibilité de tout manger.

Et soudain… Le brouillard

Avec du recul aujourd’hui, j’ai compris que mon comportement de cet été était plutôt malsain. Je me suis accordé la possibilité de manger comme je voulais… Mais à quel prix ? Je me souviens que durant mes 4 ans d’anorexie mentale, lorsque j’avais la sensation de beaucoup manger, en quelque sorte, je me punissais. Je n’avais plus le droit de manger pendant 24 heures et je devais faire des heures de sport. Même si j’étais épuisée, même si je n’avais plus de souffle, même si j’avais mal aux os, même si j’étais à quelques heures de la mort. Je n’avais pas le droit de juste manger et de me reposer. C’était elle qui me l’interdisait.

À la rentrée de septembre, c’était beaucoup moins violent, mais j’ai encore réduit la quantité dans mes assiettes. Je me restreignais encore un peu plus. Je pense que c’est à la rentrée que j’ai pris conscience que j’avais rechuté. Je me rappelle d’un soir en particulier où j’étais terrorisé parce qu’une soirée s’organisait avec mes collègues et que j’allais devoir manger des aliments que je ne contrôle pas.

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Et soudain… ce fut le brouillard dans ma tête. J’ai eu l’impression de m’être menti pendant les derniers mois. J’étais déçue de moi.

C’était il y a environ deux mois. Je souriais beaucoup moins, je n’avais plus envie d’écouter de la musique positive. J’étais passée de la playlist « Feel Good Vibes » à « Sad Songs Sing-along ». J’étais fatiguée, irritable, triste. J’ai eu l’impression de retourner 3 ans avant. Et ça a été mon électrochoc : vivre une semaine dans ma vie d’anorexique d’il y a 3 ans.

J’ai eu du mal à accepter que j’ai pu rechuter. Mais en fait, quand j’ai fait la rétrospective des trois années depuis laquelle je suis sortie de ma dernière hospitalisation, je me suis rendu compte que je n’en étais jamais vraiment totalement sortie.

Pourtant, je vous assure qu’en mars 2020, j’étais persuadée que plus jamais je n’aurai de troubles alimentaires. Je pensais que tout était terminé.

Mon trouble alimentaire est invisible

J’ai rechuté, mais cette fois, c’est différent de mes 4 années d’anorexie. Lorsque j’étais anorexique, j’étais allé à un stade très bas… Je pesais à peine 30 kilos et ce corps si fragile et squelettique, c’était mon bouclier. Même si je détestais qu’on regarde ce corps, les autres devinaient très facilement que j’étais malade en me contemplant. Cela me donnait une certaine crédibilité. Oui, ma souffrance était bien visible. Je ne cherchais pas la pitié des gens, seulement de l’empathie. Je voulais seulement qu’ils puissent voir à quel point c’était difficile de se battre contre cette maladie, que ce n’était pas juste dans ma tête, que je n’avais pas « qu’à faire un effort » pour aller mieux.

Après mes deux dernières années de crises de boulimie, compulsions alimentaires et j’en passe… j’ai pris du poids. Aujourd’hui, je ne sais pas quel poids puisque, comme je l’ai dit plus haut, je n’ai plus de balance. Mais depuis le mois de mars, j’ai largement réduit ma ration. Je mange bien en deçà de ce que je devrais. Pourtant, mon corps n’a pas changé, il n’a pas maigri ou très peu. Je le sais, car je fais toujours la même taille de pantalon. Je ne donnerai pas de données chiffrées, car ça n’a aucune utilité de se comparer, chaque corps est différent.

Mon corps ne perd plus de poids car il se souvient. Il se rappelle du manque dans lequel je l’ai plongé il y a quelques années. Il se rappelle que la privation l’a amené jusqu’à la réanimation, qu’il avait un nombre incroyable de fils et de sonde rattachés à lui pour l’aider à survire. Il ne veut plus vivre cela. Il n’a plus envie d’être aussi proche de la mort. Il se protège et donc me protège. C’est en ça que je le remercie.

Je le remercie, car depuis qu’elle est revenue dans ma tête, je pense que si j’avais vu mon corps maigrir, je ne sais pas si j’aurai réussi à arrêter le cercle vicieux infernal que j’ai connu quelques années plus tôt.

Mais c’est aussi parce que mon corps me protège qu’aujourd’hui, que mon trouble alimentaire est invisible. Alors certes, je ne suis plus aussi malade qu’avant, et heureusement. Mais depuis le mois de Septembre, je n’ai jamais été aussi mal, aussi loin dans mes troubles alimentaires que depuis que je suis sortie de ma dernière hospitalisation en 2018. Pourtant, personne ne peut le voir et donc me comprendre.

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Aujourd’hui, je suis épuisée mentalement. Je n’en veux pas à mes proches qui ne comprennent pas, car pour moi, seules les personnes réellement atteintes de troubles alimentaires profonds peuvent comprendre. Alors je préfère savoir qu’ils ne comprennent pas, ça signifie qu’ils ont une relation saine à leur corps et à l’alimentation. Mais c’est tellement fatiguant pour moi de devoir tout le temps contrôler. Aujourd’hui, je suis incapable de manger un repas non prévu ou non cuisiné par moi-même. J’ai besoin de connaître la quantité, la composition, la valeur énergétique… Et non, ce n’est pas un caprice. S’il on me demande de manger quelque chose que je ne connais pas sans que je ne m’y prépare, je tremble, j’ai une boule à la gorge, j’ai envie de pleurer, de hurler ma peur.. et je pourrais très certainement tomber dans les pommes.

Le problème, c’est qu’avec un trouble alimentaire « invisible », les gens oublient vite, justement que j’ai des troubles alimentaires. Et ce qui change aussi par rapport à lorsque j’étais anorexique, c’est que j’ai une vie sociale. Donc je continue les soirées, les repas de famille… Et c’est tellement compliqué à gérer. Manger avec d’autres personnes requiert énormément d’énergie pour faire face à mes peurs. Je déteste qu’on me regarde manger, et la plupart du temps, je ne parviens pas à manger comme eux. Et forcément, j’ai toujours des remarques sur le pourquoi je ne mange pas tel ou tel aliment. Les gens ne sont pas malveillants, je le sais, mais jamais ils ne m’auraient demandé cela si mon corps était encore squelettique.

Une autre grande différence par rapport à mes années anorexiques : aujourd’hui, je vis avec mon copain. C’est très difficile pour lui de comprendre et surtout de me voir me prendre la tête pour des histoires de nourriture. J’ai conscience que cela l’empêche d’avoir une vie sociale fluide. On accueille moins de personnes chez nous parce que pour moi, c’est source de crise d’angoisse. On mange moins au restaurant pour les mêmes raisons… Parfois, j’aurai envie de tout quitter et de vivre seule. Mais je sais que c’est mon trouble alimentaire qui veut ça, pas Mathilde. Si mon copain n’était pas à mes côtés, je serais tombée sans doute bien plus vite et bien plus bas dans mes troubles alimentaires. Il est une raison pour laquelle je me bats. 

Pourquoi j’ai rechuté ?

Une des choses qui m’a aidé dans tout mon combat contre les troubles alimentaires, c’est de toujours chercher à comprendre mon comportement. Je réalise très souvent une introspection de mes états d’âme. Ça m’aide vraiment à avancer.

Alors pourquoi j’ai rechuté ? J’ai compris que la lutte contre les troubles alimentaires, c’est vraiment un long chemin et que les rechutes, qu’elle soit petite ou plus importante, sont nombreuses. Mais surtout, elles surviennent tant que le problème initial n’a pas été travaillé en profondeur. J’avais travaillé sur les raisons de mon anorexie à l’hôpital. Mais en réalité, je ne l’avais pas réglé. 

Je pense sincèrement que c’est pour cette raison que je suis retombée aujourd’hui. C’est une façon que mon corps a trouvée pour me dire « Eh Mathilde ! Attends, je pense que t’as oublié de régler quelque chose avec toi-même ! Bon, je vais t’envoyer quelques signaux pour que t’arrête de te mentir… ». L’humain est bien fait, le cerveau est extraordinairement intelligent. Si tu ne parles pas d’un mal-être, ton mal-être parlera lui-même à travers ton corps et/ou dans ta tête.

Ce que j’ai mis en place pour m’en sortir…

Une fois que j’ai pris conscience que j’avais rechuté et surtout… que je l’avais accepté, il fallait que je mette en place des choses pour m’en sortir. Certaines personnes vous diront que l’on peut s’en sortir seule. Je ne suis pas médecin, je n’ai pas la science infuse (d’ailleurs, les médecins ne l’ont pas non plus!). Mais j’ai quand même mon avis sur la question… Je pense que s’il on veut se sortir des troubles alimentaires, il faut accepter une aide extérieure. Peut-être que c’est possible de se sortir seul de cette maladie, à condition de ne pas être à un stade trop avancé, mais vous mettrez certainement 10 ans de plus que si vous vous entourez de professionnels.

J’ai donc fait le choix des professionnels. Après des années de thérapies analytiques, j’ai bien compris tous mes problèmes, tous mes schémas de pensées… ce qui me manque : c’est l’action ! J’avais entendu parler de thérapie de l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing). Pour faire bref, c’est une thérapie qui s’appuie sur une stimulation sensorielle, c’est-à-dire le mouvement oculaire (des yeux) pour retraiter les différents traumatises qui ne seraient pas encore totalement digérés par mon corps. Tant qu’un trauma n’est pas digéré, il se manifeste. En l’occurrence pour moi, il se manifeste par mes troubles alimentaires. Je vous parlerai de cette thérapie en détail dans un article dédiée lorsque j’aurai fait suffisamment de séance et que je pourrais vous en parler avec davantage de recul.

Ces thérapies ne seront pas efficaces si je ne m’investis pas à 200 %. Et c’est quelque chose dont j’ai totalement conscience, c’est pour cela que je me bats tous les jours. Et franchement, pour être honnête, ce n’est vraiment pas simple. J’en pleure souvent. J’ai souvent envie d’être seule, de hurler. Parfois, j’aimerais retourner dans l’anorexie sévère dans laquelle j’étais il y a quelques années, j’aimerais retourner à l’hôpital, mais dans mon corps tout maigre. Mais une fois de plus, c’est le trouble alimentaire qui veut ça, pas moi, Mathilde. 

Si seulement ils savaient…

L’écriture, c’est une façon pour moi d’être honnête, de mettre des mots sur mes maux. C’est pourquoi je souhaite terminer cet article en exprimant ce que j’aimerais que les autres comprennent.

J’aimerais que mon copain, ma famille, mes amis… et tout ceux qui m’entourent comprennent… Je ne veux pas leur parler de cette rechute, car je sais qu’ils ont déjà assez souffert de mes années d’anorexie. J’aimerais tellement leur épargner ce nouveau combat parce que c’est énergivore et ils ont leur propre vie, leurs propres combats à mener. Je veux juste qu’ils comprennent que j’ai conscience de mes troubles alimentaires. Je ne retomberai plus jamais comme j’ai pu être malade auparavant. Au contraire, je connais parfaitement les mécanismes des troubles alimentaires maintenant. Et je connais mes limites, j’arrive à savoir quand j’ai besoin d’aide, c’est pour cela que j’ai su m’entourer de professionnels aujourd’hui. Je ne veux pas que mes proches m’aident pour les mêmes raisons que lorsque j’étais anorexique : j’ai besoin de gens impartiales dans ma guérison.

Mais ce que je veux surtout qu’ils se souviennent c’est que ça n’a rien avoir avec la nourriture. Je sais, c’est paradoxal. Mais ma façon de manger et de penser vis-à-vis de mon alimentation, c’est juste la conséquence. Si je suis retombée dans ces travers là, c’est parce que je n’ai pas terminé de travailler sur les causes de mon mal-être initiale, mes blessures, mes traumatismes d’enfance. Et c’est tellement difficile de survivre avec ces blessures que pour tenter de me faire une zone de confort dans lequel je pourrais éventuellement me sentir en sécurité… Et bien, je tente de contrôler mon corps, mon apparence.

On a fait du mal à mon corps. Alors j’essaie de tout faire pour contrôler chaque paramètre de mon corps, pour le protéger, pour ne plus qu’on me fasse de mal. Vous voyez… c’est bien plus complexe qu’une histoire de manger ou non tel ou tel aliment.

Et puis, il y a vous, mes lecteurs… Si vous saviez comme je suis désolée. Je m’en veux de ne plus avoir communiqué, que ce soit sur mon blog ou sur Instragram. Je ne l’ai pas vu revenir. Et quand j’en ai pris conscience, je me suis sentie désemparée et je devais d’abord penser à moi, d’abord accepter ce dont il m’arrivait pour tout mettre en place et avoir les armes nécessaires pour me battre et gagner ce nouveau combat. Je n’ai jamais cherché à vous mentir. Et partager cet article aujourd’hui avec vous, c’est une façon de vous montrer que même lorsqu’on pense en être sortie, il faut être vigilant avec des troubles alimentaires. Une fois de plus, cela montre l’importance de traiter les causes de vos troubles plutôt que les conséquences (alimentation, compulsions alimentaires, hyperactivité sportive…). Je ne m’engage pas sur une fréquence d’article, mais j’ai vraiment envie de partager avec vous mes nouvelles thérapies et ce qui fonctionnera (ou pas) pour moi dans ce nouveau combat : thérapie EMDR, coaching nutrition personnalisée…

Une chose est sûre : je vais m’en sortir ! Je n’ai jamais été aussi mal, mais pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi proche de la guérison totale (parce que oui, elle existe !). Je le sais, j’en ai vraiment envie. Je n’aime pas ces pensées qui viennent me parasiter. Je n’aime pas l’insécurité dans laquelle je vis. Je vois que je passe à côté de moment magnifique tout ça à cause de ces put*** de troubles alimentaires ! Je veux une vie épanouie, je veux profiter à 200% de mon couple, de ma famille, de mes amis. Je veux continuer de grandir professionnellement, d’investir dans ma vie professionnelle. Je veux voyager, faire la fête, découvrir de nouvelles expériences. Je veux aimer mon corps. Je veux donner naissance à des enfants, les voir grandir et bâtir une famille qui s’épanouit. Je veux aimer la vie. C’est pour toutes ces raisons que je me bats aujourd’hui et que je remporterai encore la prochaine bataille.

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