Conséquences de l’anorexie
Malheureusement, l’anorexie est une maladie mentale qui affecte de nombreux aspects de la vie de ceux qui en souffrent. Donc évidemment, les conséquences sont nombreuses. J’ai écrit cet article, car c’est quelque chose que l’on m’a souvent demandé. Certaines personnes m’ont dit avoir le besoin de connaître les effets de leur anorexie pour leur créer comme des petits électrochocs. Personnellement, je ne connaissais pas toutes ces conséquences lorsque j’étais moi-même malade. Donc, le but n’est pas de te faire peur ! Tu as déjà assez de sujets d’angoisses comme ça ! Et puis surtout, il faut retenir que tu ne vas pas souffrir de TOUTES ces conséquences. Ici, je présente presque toutes les répercussions possibles. Moi-même, je n’ai pas connu tout ce qui va t’être présenté ici.
N’oublie pas de toujours consulter un professionnel de santé pour avoir un œil sur ton état de santé et le surveiller. Vraiment, c’est important ! Tu n’as qu’une vie, ne l’oublies pas…!
Enfin, je voulais te dire que les conséquences ont tendance à tarder à se manifester. Mais ce n’est pas parce qu’une conséquence n’est pas visible qu’elle n’est pas présente. Malheureusement, elles s’installent insidieusement… Et ce n’est pas non plus parce que tu ne les as pas, que ton anorexie est moins grave. Vraiment pas !! (ça, c’est un argument de ton trouble alimentaire pour te faire te sentir illégitime…)
Note : Je parle des conséquences de l’anorexie, car je connais beaucoup mieux ce trouble (c’est celui dont j’ai souffert). Donc je ne parlerai pas des impacts spécifiques des autres troubles du comportement alimentaire : boulimie, hyperphagie…
Les conséquences physiques sur le court terme
Je commence par te parler des impacts physiques, bien qu’il s’agisse d’une maladie mentale. Mais c’est souvent ceux auxquels on prête le plus rapidement attention, car on les ressent, on peut même parfois les voir.
La perte de cheveux :
Il s’agit d’un effet à court terme, mais il faut tout de même garder en tête que nos cheveux reflètent notre état de santé d’il y a 3 ou 4 mois. Par manque de nutriments, les cheveux sont plus cassants, plus ternes, plus fragiles. Ils vont donc tomber. Et en plus de ça, la phase de croissance est beaucoup plus ralentie. Donc d’une façon générale, cela occasionne une perte de cheveux.
Si tu veux une check list des 26 conseils pour la repousse de tes cheveux après l’anorexie, c’est ici :
Peau, ongles
Un peu dans la même “thématique”, la peau est plus sèche, les ongles plus cassants…
Le flux sanguin est ralenti
Le corps rencontre donc des difficultés à maintenir sa température corporelle. C’est pour ça qu’une personne anorexique a beaucoup plus rapidement froid et qu’elle rencontre de grandes difficultés à se réchauffer, même avec plusieurs couches de vêtements.
Lanugo
Par conséquent, il est possible que pour maintenir le peu de chaleur corporelle, ou tout simplement pour se réchauffer, l’organisme produit naturellement un lanugo. Si tu veux en apprendre plus à ce sujet, j’ai fait un article complet sur le lanugo & l’anorexie.
Les problèmes de digestion
Les troubles intestinaux sont présents chez la plupart des personnes anorexiques : crampes d’estomac, diarrhée, nausée…
Il y a également la gastroparésie : c’est-à-dire que les muscles de l’estomac ne fonctionnent pas bien, entraînant un retard de la vidange gastrique. En effet, le corps est en mode “économie d’énergie” puisqu’il a très peu d’énergie due à la restriction. Donc la digestion tourne au ralenti, ce qui provoque une sensation de satiété très rapide (fausse satiété du coup…), des ballonnements, des douleurs abdominales. C’est d’ailleurs pour cela que tu peux avoir le ventre gonflé pendant plusieurs heures après manger. Une personne souffrant d’anorexie peut prendre jusqu’à 8 heures pour digérer un repas (contre 1 à 2 h chez une personne non malade).
Anémie
Par manque de vitamines, de minéraux, et notamment de fer, tu peux te retrouver anémier. Et cela peut causer de la fatigue et des étourdissements, entre autres.
Hypoglycémie
Les hypoglycémies sont très fréquentes lorsqu’on soufre d’anorexie. C’est lorsqu’il y a une baisse du taux de sucre dans le sang, du glucose, qui est la source n°1 de l’énergie du corps. Les hypoglycémies peuvent causer des maux de tête, des changements d’humeurs, des difficultés de concentration…
Je précise que l’on n’a pas forcément conscience lorsqu’on fait une hypoglycémie. Je me souviens que lorsque j’étais à l’hôpital, on m’avait demandé en arrivant s’il m’arrivait d’en faire : j’ai répondu “jamais” (et je le pensais). Et on prenait régulièrement ma glycémie, et en fait, je l’étais souvent…
Céphalées (maux de tête)
Dû à de nombreux facteurs. Les maux de tête peuvent être un signe de faim mentale, donc de manque d’énergie. C’est aussi dû aux hypoglycémies, à l’anémie, au manque d’oxygène du cerveau… Mais aussi au stress, au fait de trop penser. Oui oui, le fait de se poser 1000 questions à la seconde peut réellement provoquer un mal de crâne.
Troubles du sommeil
Ils peuvent être dus à plusieurs facteurs. Par exemple, le fait d’avoir faim peut réveiller en plein milieu de la nuit. Ensuite, souvent, des problèmes d’endormissements ou une qualité de sommeil médiocre sont dus à toute l’anxiété. Parfois, le corps se réveille parce qu’il est en mode “survie”, et il est plongé dans un état de stress, donc il maintient éveillé pour ne pas “mourir”.
Les difficultés cognitives
Le cerveau consomme ⅕ de l’énergie que l’on apporte au corps. Parce qu’il a besoin d’énormément d’énergie. Donc lorsqu’il est sous-alimenté, forcément, il est impacté. Et ce sont tes capacités de concentration, de mémorisation qui en prennent un coup. En découlent de potentielles mauvaises performances scolaires et professionnelles (sachant que de nombreuses personnes anorexiques sont dans un hypercontrôle, hyperactivité mentale, un perfectionnisme scolaire / professionnel qui les amène à obtenir d’excellents résultats malgré la maladie. Mais, à quel prix…)
Les conséquences psychologiques
L’anorexie est une maladie MENTALE, donc évidemment, les conséquences psychologiques sont nombreuses. Dans cette partie, je vais également aborder des comportements qui ne sont pas forcément d’ordre “psychologique”, ou peut-être que si ? Je ne savais pas dans quelle catégorie les classer.
La dysmorphphobie
Elle se caractérise par le fait de voir dans le miroir une image déformée, par rapport à la réalité, de tout ou partie de son corps. Bien que non systématique, c’est très fréquent lorsqu’on souffre de trouble du comportement alimentaire. Souvent, la personne anorexique se voit avec plus de poids qu’elle n’en a réellement. Elle va alors en faire une obsession.
Sensibilité accrue au bruit
Bruits de la foule, des autres personnes qui respirent, mangent…
Alors ça ce n’est pas quelque chose que l’on aborde souvent. Et je l’avais lu dans une littérature américaine et je suis totalement d’accord ! Je pense que c’est lié plus globalement à l’anxiété. Car personnellement, quand je suis angoissée, ça m’arrive de ressentir de nouveau ce symptôme qui était souvent omniprésent lorsque je souffrais d’anorexie. J’avais cette sensation d’étouffer…
Dérégulation émotionnelle
Sauts d’humeur, faible tolérance, irritabilité, colère… difficulté à gérer ses émotions ! Cela peut être dû au stress généré par le trouble du comportement alimentaire, mais aussi à des déséquilibres hormonaux, au manque de nutriments qui diminue la capacité à raisonner convenablement, etc.
Possessivité & volonté de tout stocker par peur de manquer
Certaines personnes ont besoin d’avoir des stocks en avance de certains aliments. Personnellement, j’avais ça sur les yaourts. Mais c’est tout. À l’inverse, d’autres personnes ne vont acheter presque rien par peur d’avoir dans leur placard des “tentations”. J’étais plus comme ça…
Dépression & anxiété
Beaucoup de personnes souffrant d’anorexie mentale souffrent de base d’anxiété. C’est intrinsèquement lié. Mais les troubles alimentaires peuvent amplifier le stress, multiplier les idées noires… et conduire à des symptômes dépressifs, voire des tentatives de suicide.
Isolement, retrait social
Le sentiment de honte, la peur du regard des autres, la peur du jugement, la peur d’être confronté à de la nourriture, la peur de “perdre le contrôle” face à des aliments qui font peur… les troubles alimentaires impact de plein fouet la vie sociale en l’anéantissant. Cela impacte ainsi les relations amicales, mais aussi la famille. Les tensions sont nombreuses et les crises, les disputes y sont fréquentes.
Obsessions
Les pensées obsessionnelles sont multiples. Sur l’alimentation, le corps, la peur irraisonnée de prendre du poids… Mais pas uniquement sur soi. On peut développer des obsessions sur les repas des autres, et sur d’autres thématiques. Notamment l’argent. Il n’est pas rare qu’une personne anorexique veuille maladivement épargner au maximum.
Kleptomanie
Il a été démontré que les personnes souffrant de tca ont une aptitude plus grande au vol (de nourriture, mais aussi d’argent).
L'achat compulsif
Tandis que certains ont une peur excessive de dépenser, d’autres, au contraire, sont poussés vers des dépenses compulsives.
Le fait de mentir
Tu n’as parfois même pas la sensation de mentir tellement ton cerveau a intégré les croyances erronées du tca lui disant qu’il doit manger le moins possible pour être en sécurité. Tu peux donc mentir sur le fait que tu aies déjà mangé (ou que tu n’aies pas mangé, pour cacher une compulsion par exemple). Tu peux mentir sur une séance de sport que tu n’aurais soi-disant pas fait. Tu peux mentir pour éviter un repas, une sortie…
Augmentation du seuil de tolérance de la douleur
Ton corps est comme anesthésié par le trouble alimentaire. Il a été prouvé que des personnes anorexiques ont un seuil de la douleur supérieur à la moyenne. C’est ainsi que ces personnes se coupent, se blessent, se brûlent… sans même en avoir vraiment conscience.
Faible estime de soi, perte de confiance
Le sentiment de solitude, le sentiment d’être incompris… le fait de se voir mentir, de voler, d’avoir des crises émotionnelles, des compulsions alimentaires… tout ça impact la confiance et l’estime de soi.
Les conséquences physiques sur le long-terme
Toutes les conséquences précédemment citées vont s’amplifier avec le temps.
Certains effets que je vais donner là peuvent se manifester plus tôt chez toi. Chacun a un corps qui réagit différemment.
Intolérance alimentaire
Lorsque tu te restreins, ton organisme fonctionne moins bien, ce qui entraîne une diminution de la production de bactéries intestinales saines. En gros, comme tu n’as pas consommé ou peu certains aliments, ton estomac a cessé de produire les enzymes spécifiques nécessaires à leur digestion. Donc, lorsque tu recommences à les manger, cela peut être difficile à digérer. Cependant, cela ne signifie pas que tu es devenu allergique à ces aliments ou que tu y es intolérant. Cela signifie simplement que ton organisme a besoin de s’y réhabituer. Donc l’idée est de réintroduire ces aliments petit à petit. En général, on a envie de les éviter pour ne pas avoir d’inconfort digestif. Mais ça renforcerait l’intolérance. Après, attention : il existe de vraies intolérances. D’où la nécessité d’avoir un suivi médical.
Œdèmes
Les carences en nutriments et la déshydratation peuvent causer des œdèmes (rétention d’eau), notamment au niveau des jambes, des pieds, mais aussi parfois du visage. C’est une conséquence qui peut également être présente lors de la phase de réalimentation. C’est à surveiller par un médecin, une fois de plus, pour éviter un risque de complications.
Déséquilibres hormonaux
Les personnes souffrant d’anorexie mentale ont souvent de faibles niveaux d’œstrogènes et de testostérone. Chez les hommes, cela peut se traduire par une faible puissance sexuelle. Chez l’homme comme la femme, il y a souvent une perte de libido. Les femmes connaissent des cycles perturbés, voire une aménorrhée. Tout cela impact sur la fertilité.
Structure osseuse altérée
Les os aussi sont affectés par les troubles de la conduite alimentaire. Il y a une réduction de la densité osseuse, rendant les os plus fragiles et plus propices aux fractures. Beaucoup de personnes souffrant d’anorexie sont sujettes à l’ostéoporose ou l’ostéopénie.
Bradycardie
Le cœur d’une personne souffrant d’anorexie a un rythme plus lent que la normale. Le cœur étant affaibli, il peut rétrécir. Or, un affaiblissement du cœur peut provoquer un manque d’oxygène dans le cerveau et d’autres organes. Cela peut ainsi créer des étourdissements, des douleurs thoraciques, de la fatigue…
Perte de poids
J’ai fait exprès de ne pas le mettre en premier. Je ne veux pas participer aux clichés qui pensent que l’anorexie induit forcément une perte de poids. Mais en effet, il s’agit d’une des conséquences. Elle peut arriver assez rapidement et elle n’est pas forcément linéaire. Je veux dire, certaines personnes perdent rapidement au début, puis plus rien, puis de nouveau. Et d’autres perdent progressivement… Encore une fois, chacun son corps.
Détérioration de la masse musculaire
Le corps n’ayant plus d’énergie, il passe en mode catabolisme où il va décomposer, entre autres, les muscles pour créer de l’énergie (qu’il devrait normalement recevoir via l’alimentation). En résulte alors une fonte musculaire, créant de la fatigue. Sur le très long terme, certaines personnes sont fatiguées après avoir monté un étage. Le muscle le plus important étant le cœur, cette fonte musculaire peut entraîner des problèmes cardiovasculaires.
Pression artérielle basse
Cela peut entraîner une vision trouble, de la fatigue, des nausées, des étourdissements…
Sensations de faim & de satiété perturbées
La faim étant souvent ignorée, le corps la manifeste autrement (par la faim mentale). La satiété a souvent été trompée, ce qui fait qu’elle est également difficile à retrouver. Cela peut prendre encore quelques mois, même après une bonne phase de réalimentation, pour retrouver des sensations de faim & de satiété.
Faim extrême
De nombreuses personnes passant par l’anorexie connaissent une phase de faim extrême (de façon plus ou moins longue, plus ou moins répétée et plus ou moins intense). Cela se manifeste par des crises, des compulsions. C’est une phase que j’ai personnellement connue et de façon longue et intense. Aujourd’hui, je peux dire que c’est une phase qui m’a sauvé la vie. J’ai dédié un article pour te raconter toute mon histoire avec la faim extrême.
Affaiblissement de la vessie
Et notamment des muscles planchers pelviens. Ainsi, il peut être plus difficile de se retenir sur la durée. Je me souviens que lorsque j’étais malade, je me levais souvent la nuit (2-3 fois) pour faire pipi.
Conséquences de la prise de laxatif, du recours aux vomissements
Je n’ai personnellement pas eu recours aux vomissements (très très peu). Et je n’ai jamais pris (heureusement…) de laxatif. Je sais qu’il s’agit de comportements très addictifs où il est difficile d’arrêter.
Je me suis renseignée, et j’ai noté quelques conséquences liées à ces comportements :
Déséquilibres des électrolytes
La prise de laxatifs et vomissements épuisent les sybstances chimiques de l’organisme (appelés électrolytes). C’est notamment le cas du potassium qui a un rôle primordial pour la santé cardiaque. D’autres électrolytes, comme le sodium et le chlorure, peuvent également être déséquilibrés.
Problèmes de digestion supplémentaires
Œsophage abîmé, brûlure d’estomac, reflux gastriques…
Constipation
L’abus de laxatifs peut endommager les terminaisons nerveuses et laisser ainsi l’organisme dépendant d’eaux pour aller à la selle, entraînant donc des constipations. C’est d’ailleurs souvent ça qui crée la dépendance et le cercle vicieux. Mais il faut passer par là pour se sevrer les laxatifs…
D’autres impacts
Maux de gorge, voix rauque, glandes salivaires sous la mâchoire & les oreilles enflées. Il est possible d’avoir une inflammation du pancréas (pancréatite). Mauvaise santé dentaire avec des caries dues à l’acidité de l’estomac qui remonte dans la bouche lors des vomissements.
J’ai terminé cet article ! C’est certain que j’ai dû oublier des points… Mais c’est honnêtement une liste non exhaustive. Certaines conséquences peuvent prendre du temps à partir, même avec la réalimentation. Il faut s’armer de patience et de bienveillance pour son corps qui se bat contre une maladie.
Mais globalement, il faut bien comprendre que ton corps, n’ayant pas assez de nutriments via les aliments qu’il ne reçoit pas, il est en mode “économie d’énergie”. Et il redirige le peu d’énergie qu’il a sur ta survie.
Se sous-alimenter a des conséquences vraiment dangereuses pour ta santé. La nourriture, c’est avant tout le carburant de notre organisme. Une voiture qui n’a plus d’essence ne peut plus avancer. Et à terme, elle finira par rouiller et ce n’est pas en lui remettant de l’essence qu’elle sera comme neuve. Il faudra parfois lui faire un nettoyage en profondeur, lui faire différent traitement pour qu’elle puisse de nouveau rouler.
Garde en tête que tu n’as qu’une vie, qu’un corps, qu’une santé. Donc prends le soin de te faire accompagner par des professionnels pour éviter les complications.
Et surtout, n’oublie pas que la guérison est possible. Même si elle te semble loin, elle est possible et tu vas y arriver. Il faut que tu y croies, c’est une grande part de la guérison !
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Super article comme d’habitude, mais j’aurais aussi cité les conséquences sociales : et notamment la perte de chance qui peut s’en suivre de la durée des troubles, qui peuvent impacter assez négativement sur la réussite scolaire et universitaire, même si au début elle est souvent un facteur positif d’entretien… Surtout si on a pas un entourage qui peut nous supporter financièrement car ce trouble arrive vraiment dans la période la plus fragile de la vie où on est censé prendre son envol (justement d’ailleurs :-/)
C’est très dur à lire, mais c’est une vraie prise de conscience… Merci Mathilde