Jour : 18 mars 2022

Lettre à mon corps ♥︎

Lettre à mon corps ♥︎

Lettre à mon corps ♥︎

Mon très cher corps,

Je suis désolée pour tout ce que je t’ai fait traverser. Désolée d’avoir essayé de te changer, d’avoir voulu faire de toi quelque chose de parfait, en oubliant d’écouter tes besoins. Désolée d’avoir essayé de te faire rentrer dans des cases que la société étiquetait comme « bon » et « sain » mais qui ne l’étaient pas pour ta santé. Je suis désolée d’avoir cru ces discours à la télé, à la radio, sur les réseaux sociaux qui me disaient que je ne pouvais pas te faire confiance pour savoir ce dont tu as besoin, à quel moment et en quelle quantité. Je suis désolée de t’avoir oublié, de t’avoir mis en danger.

Évidemment, je suis désolée d’avoir ignoré ta faim, de t’avoir demandé de faire 1000 choses à la fois à des moments où je ne te donnais même pas l’énergie pour faire ce que je t’imposais. Je suis désolée d’avoir fermé les yeux sur les signaux que tu m’envoyais. Quand je perdais mes cheveux, quand j’avais froid en plein mois d’été, quand je n’avais parfois même plus la force de parler… J’aurais dû prendre soin de toi, t’apporter l’énergie et le repos donc tu avais besoin.

Je suis désolée aussi pour toutes les fois où je te comparais aux autres, où je t’ai fait croire que tu n’étais pas assez bien, que les autres étaient toujours mieux que toi : plus beau, plus mince, plus harmonieux, plus souple, plus musclé… La vérité, c’est que tu es parfait tel que tu es, même si je l’oublie parfois, on est tous uniques et c’est ce qui fait la beauté de chaque corps. Il n’y a pas « un bon type de corps », il y a autant de beaux corps que d’être humain sur cette planète. 

En réalité, je ne cherche pas à me trouver des excuses… Mais j’étais malade. L’anorexie mentale me volait ma vie. Et j’avais le sentiment de ne plus maîtriser plus mes pensées, mes actions. Je ne parvenais plus à savoir ce qui était bon pour moi, et notamment pour ma santé. Je ne parvenais plus à dissocier le vrai du faux. Ma réalité était biaisée. Cette foutue anorexie était comme un brouillard dans ma tête qui m’empêchait de me battre, de m’apprécier à ma juste de valeur. Le reflet de ton corps que je voyais dans la glace n’était pas le même dans mes yeux que dans le regard des autres.

Je trouvais mes jambes trop grosses, mes cuisses trop flasques. Pourtant, c’est elles qui me permettent d’avancer chaque jour.

Combien de fois j’ai croisé mes bras devant mon ventre pour le cacher. Combien fois j’ai haïs le fait qu’il soit gonflé après un repas. Je me trouvais sale. Pourtant, c’est tout ce qui se cache derrière mon ventre qui me permet de digérer la nourriture pour la transformer en énergie… tout simplement pour vivre !

Et toutes ces fois où j’ai vérifié si mes biceps, mes poignets n’étaient pas trop gros. Pourtant, ces bras que j’ai tant tenté de contrôler me permettent de garder l’équilibre. Ils sont reliés à mes mains qui me permettent de créer, d’écrire, de dessiner…

Le monde extérieur t’a fait tellement de mal, depuis si jeune. J’ai cru que si je pouvais te contrôlais, je serai en sécurité. J’ai cru que tu allais pouvoir devenir tellement mince que les autres ne te verraient plus et qu’on ne t’aurait plus jamais fait de mal. Je pensais que j’étais en train de te sauver. Mais c’était tout le contraire. Je te mettais en danger de mort. Je me suis trompée et j’en suis désolée. 

Je sais que tu as pris du temps à me refaire confiance. Toutes ces crises et compulsions alimentaires où tu te remplissais pour faire le plein de nourriture, c’est parce que tu avais peur de connaître à nouveau une période de restriction. Tu avais peur d’être à nouveau affamé. Et je ne t’en veux pas. Je sais que c’était ta façon de me protéger, de rester en vie. 

Tu m’as d’ailleurs sauvé la vie. Tu m’as sauvé la vie quand mes intestins se sont arrêtés et qu’ils hurlaient de douleur. C’était ton premier avertissant pour me dire que tu avais besoin de repos, de soin. Tu m’as sauvé la fois où j’ai essayé de taire mon mental à tout jamais. Tu m’as sauvé chaque jour de ma guérison en me donnant suffisamment de force pour me battre contre ces pu**** de troubles alimentaires. 

Et en fait, je suis super fière de toi. Parce que tu as une force incroyable. Et parce que tu ne m’as jamais abandonné, même quand je t’ai amené à quelques heures de la mort. Tu t’es toujours battue pour moi, avec moi. Tu as tenu bon et tu m’as permis de remporter tous les combats. Aujourd’hui j’ai enfin compris. Compris que si je ne t’écoute pas, je ne te donne pas l’énergie dont tu as besoin, je ne pourrais pas vivre une vie épanouie. Parce qu’aujourd’hui, c’est grâce à un corps épanoui que je peux aimer, danser, chanter, dessiner, écrire, pleurer, voyager, me balader, rire, travailler, créer de nouveau projet…

Ce sera encore peut-être parfois difficile, mais je te promets que je te donnerai tout l’amour dont tu mérites. Je ne veux plus me battre contre toi, je veux me battre pour toi, avec toi pour relever les défis de notre vie. Je prendrai soin de toi, que tu sois heureux ou malheureux. Je te protégerai, je t’écouterai et t’apporterai tout ce dont tu as besoin. Je te serai toujours reconnaissante de tout ce que tu me permets d’accomplir chaque jour. Et surtout, je te ferai toujours confiance.

Merci mon petit corps d’amour ♥︎

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