Jour : 17 novembre 2023

L’alcoolorexie : quand l’alcool se mêle aux troubles alimentaires

L’alcoolorexie : quand l’alcool se mêle aux troubles alimentaires

L’alcoolorexie : quand l’alcool se mêle aux troubles alimentaires

Aujourd’hui, je vais vous parler de l’alcoolorexie (parfois appelé alcoorexie en français). Aussi nommé « Drunkorexia » en anglais, il s’agit d’un terme non médical. Il est facile de deviner de quoi il s’agit en décortiquant le mot : il s’agit d’une contraction de deux mots avec « alcool » et « anorexie ». C’est donc lorsque les troubles alimentaires se mêlent à des problèmes d’alcoolisme… C’est quelque chose que j’ai connu lorsque je souffrais moi-même d’anorexie, durant plusieurs soirées. Dans cet article, on voit en détail comment ce phénomène se manifeste et ses conséquences.

Qu’est-ce que l’alcoolorexie ?

Plus précisément, il s’agit de la restriction alimentaire pour compenser les calories ingérées par la consommation d’alcool. La principale raison est la peur de prendre du poids. 

Pourquoi ce phénomène prend de l’ampleur ?

Malheureusement, la société y est pour beaucoup… 

Et cela commence très jeunes ! Lorsque les étudiants commencent à sortir, par peur du rejet, et pour se sociabiliser, ils se sentent comme forcés à boire. Personnellement, quand j’étais étudiante, j’ai déjà entendu des phrases comme « Mais tu ne vas pas ne pas boire quand même ? » « Tu n’as pas envie de t’amuser un peu? » Comme si on ne pouvait pas s’amuser et profiter d’une soirée sans boire…

Lorsqu’on a peu confiance en soi, on est plus facilement influençable, et on peut être amenée à se forcer de boire.

Sauf que quand des préoccupations sur son image corporelle subsistent… cela amène à réduire sa ration alimentaire pour prioriser l’alcool. C’est ainsi qu’apparaît la drunkorexia.

Il semblerait que cette situation touche davantage les femmes, mais des hommes sont également sujets à ce trouble.

Et la culture du régime… on en parle?

Et oui, malheureusement, elle est encore là elle ! 

Malheureusement, ce qui m’avait personnellement amené à avoir ces comportements de réduction de mon apport alimentaire lorsque j’étais amenée à boire, c’était à cause de tous ces articles que j’avais vus sur des magazines féminins…

Combien de fois j’ai pu lire que l’alcool n’était qu’une bombe calorique ? Combien d’articles j’ai pu lire sur les sucres équivalents selon le type d’alcool choisi ? Combien de conseils j’ai pu lire sur les boissons à privilégier pour « limiter les dégâts »…

Lorsqu’on souffre de préoccupations sur son poids et notamment de troubles alimentaires, évidemment que tout ça nous conditionne à diaboliser l’alcool et à réduire encore plus sa ration alimentaire. D’ailleurs, c’est directement le conseil que donnent ces magazines ! Ce qui est dingue, c’est qu’ils donnent des conseils entraînant des TCA et des problèmes d’alcoolémie ; mais sans que ça pose aucun problème…

Attention, je ne dis pas qu’il faut encourager à boire de l’alcool. Cela reste à consommer avec modération. Mais de là à inciter de manger moins, c’est d’autant plus dangereux (on en parle après dans la partie sur les conséquences).

À titre d’indication, une consommation modérée se trouve à 1 ou 2 verres. Elle est excessive lorsqu’elle se trouve à 4 ou 5 verres en 2 heures environ.

Quel lien entre troubles alimentaires & alcoolisme ?

Les deux sont intrinsèquement liés, évidemment. Mais est-ce que ce sont les troubles alimentaires qui entraînent des problèmes d’alcoolisme ou l’inverse ? 

Et bien je dirais que les deux cas sont possibles. Chacun a sa propre histoire, et donc ça dépend de chaque personne. 

Mais une personne qui n’a initialement pas de problèmes avec l’alcool peut en développer à cause des TCA. En effet, lorsque toute source de plaisir est absente à cause du trouble alimentaire, l’alcool peut trouver sa place comme mécanisme de réconfort et d’adaptation. Il faut en avoir conscience pour être vigilant.

Inversement, une personne alcoolique peut être amenée à perde des kilos sans en prendre conscience. Si elle a des préoccupations liées à son corps en sommeil, cela peut se réveiller et développer des TCA.

Ce n’est vraiment pas rare que les deux coexistent malheureusement.

D’ailleurs, si l’on retrouve le mot « anorexie » dans l’alcoolorexie, il peut également s’agit de boulimie, d’orthorexie, ou d’un autre trouble alimentaire ayant des pratiques restrictives. 

Quelle différence entre alcoolisme et alcoolorexie ?

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Toutefois, il y a quand même une différence entre les deux, bien que les symptômes se chevauchent. 

La personne alcoolique n’a aucun contrôle sur sa consommation de boissons et boit très régulièrement, plusieurs fois par semaine. La personne souffrant d’alcoolorexie est davantage dans le contrôle de sa consommation ; et cela se produit de façon plus occasionnelle.

Une dimension importante qui distingue, la personne souffrant d’alcoolorexie est préoccupée par son poids et sa silhouette. Tandis qu’une personne alcoolique peut avoir une silhouette mince, une perte de poids dû à ses comportements liés à la boisson mais sans avoir de volonté d’en perdre ni de préoccupation autour de la teneur en calories des boissons alcoolisées. 

Les signes de l’alcolorexie

Comment savoir si tu souffres d’alcoolorexie ? 

Ici, je vais te présenter plusieurs singes ; mais il ne faut pas nécessairement tous les avoir pour souffrir d’alcoolorexie.

J’ai envie, comme je le fais souvent, de te dire d’en parler à un médecin. Mais le problème, c’est que comme je le disais en introduction, il ne s’agit pas d’un terme médicalement reconnu. Donc ça va dépendre de « l’ouverture » de ton médecin et/ou thérapeute sur ce sujet-là.

Voici quelques signes :

  • Inquiétude latente sur son image corporelle et peur de prendre du poids et/ou volonté accrue de perdre des kilos
  • Restriction de l’apport alimentaire en cas de consommation de boisson alcoolisée (voire restriction d’autant plus prononcée)
  • Compensation par anticipation ou en aval de la prise de boisson par de l’exercice physique, des laxatifs ou des vomissements
  • Calcul de l’apport calorique de la journée pour s’assurer de ne pas dépasser le seuil que tu t’es fixé (en prenant en compte les boissons alcoolisées que tu t’apprêtes à boire)
  • Sauter le repas qui aurait dû se prendre avant et/ou après avoir bu de l’alcool
  • S’imposer de boire une quantité importante jusqu’à aller aux vomissements non volontaires pour régurgiter ce qui a été mangé 
  • Culpabiliser lorsque tu bois
  • Choisir un repas plus faible en calorie le jour où tu vas boire
  • T’assurer de ne choisir que les boissons les plus faibles en calories (et pas selon tes goûts : par exemple, j’adore les cocktails mais je me les interdisais lorsque je souffrais d’anorexie). Dans la même logique : ne prendre que des diluants à zéro calorie pour limiter le nombre de calories

Les conséquences de la drunkorexia

Si réduire son apport alimentaire peut vous sembler être une bonne idée et vous rassurer… sachez que ce n’est que sur le court terme. Car les effets secondaires sont nombreux et les conséquences sont désastreuses sur la santé. 

Les conséquences immédiats, sur le court-terme

Des effets nocifs apparaissent immédiatement, au moment où l’on boit de l’alcool : 

  • Changements de comportements : anxiété due à un sentiment de perte de contrôle, variation d’humeur
  • Attitudes dangereuses : coordination réduite, fonction cérébrale ralentie qui peuvent amener à conduire sous emprise, à des violences physiques…
  • Intoxication : même dans une moindre quantité, l’alcool est assimilé comme un poison pour l’organisme. Ce dernier a besoin de nutriments spécifiques pour traiter l’alcool. Lorsque vous ne mangez pas suffisamment, vous n’apportez pas ces nutriments, pourtant nécessaires, à votre organisme. Ainsi, le corps peut très vite s’intoxiquer. C’est d’ailleurs pour cela que l’on dit que l’alcool « monte plus vite » lorsqu’il n’y a pas de nourriture ; ou que l’on parle « d’éponger » pour manger. D’ailleurs, NON, manger n’est pas tricher. Qu’est-ce que j’ai pu entendre cette phrase débile lorsque j’étais étudiante…

L’intoxication est d’autant plus dangereuse lorsqu’il y a des médicaments en parallèle, ce qui est beaucoup le cas pour les personnes souffrant de TCA qui suivent un traitement comme les anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques…

  • Problème de digestion : comme je le disais dans le point précédent, l’organisme a besoin de nutriments pour digérer l’alcool. Déjà avec ces nutriments, c’est compliqué pour le corps, alors imaginez sans… C’est ainsi que des dysfonctionnements arrivent au niveau digestif, avec des ballonnements, des douleurs abdominales, des constipations ou des diarrhées. 
  • Compulsion alimentaire : il est fréquent de manger de façon plus excessive lorsque vous avez bu. Je me souviens que moi, c’était systématique. C’est comme si l’alcool avait le pouvoir de faire baisser la garde de l’anorexie, et ainsi, mon corps pouvait crier famine, je répondais enfin à ses besoins (sous emprise…). D’ailleurs, je me privais de nourriture dans le but de limiter mes calories… mais après j’explosais ce compteur. Et le lendemain, pleinement consciente, je culpabilisais horriblement (alors que j’avais juste répondu aux besoins de mon corps affamé, soit, je n’avais rien fait de mal).
  • Étourdissement : avec un estomac vide, on tombe plus facilement dans les vapes.
  • Black out : c’est-à-dire que tu ne te souviens plus de ta soirée, ou tu te rappelles seulement de quelques brides. Sans alcoolorexie, ça peut arriver. Mais avec un estomac peu rempli, ça arrive encore plus vite. Et ça, c’était systématique chez moi lorsque je souffrais d’anorexie, même avec seulement deux verres (ce qui n’est pas considéré comme excessif QUAND ON A PAS LE VENTRE VIDE).

Les conséquences sur le long-terme

Sur le long terme, les conséquences sont d’autant plus désastreuses, voire vitales :

  • Risques de maladies sur le long terme : à force de répéter ces comportements de prise de boisson excessive, le risque de subir des lésions cérébrales ou au niveau d’autres organes est accru. En résulte des maladies de foie, des problèmes cardiaques, le développement de diabète de type 2.
  • Problèmes dentaires : l’organisme manquant des nutriments nécessaires, il est moins capable de se protéger face à l’alcool qui agresse les dents. De plus, si ces prises alimentaires s’accompagnent de vomissements (volontaires ou non), cela peut agresser l’émail des dents et entrainer des caries dentaires voire le déchaussement des dents.
  • Problème de peau : l’alcool absorbe les vitamines et nutriments dont l’organisme a besoin ; cela accélère ainsi le processus de vieillissement. Des problèmes de peau sont très souvent liés, avec une peau sujette à l’acné. Au-delà des problèmes de peau, on retrouve également des cheveux cassants et fins.
  • Cela peut augmenter le sentiment de mal-être : accroissement du manque de confiance en soi, symptômes dépressifs. D’ailleurs, c’est quelque chose qui arrive immédiatement selon moi. Je me souviens des lendemains de soirée où j’étais de nouveau pleinement consciente et j’étais accablée par la culpabilité de ce que j’avais fait la veille sous emprise, je me détestais…
  • Augmentation du risque de dépendance : Évidemment, ces comportements augmentent le risque de développer une dépendance et de tomber dans l’alcoolisme pur. 

Comment en sortir ?

Si vous vous êtes reconnus dans les signes de la drunkorexia, déjà, le fait d’en avoir conscience et de connaitre les conséquences toxiques pour votre santé et votre vie peut vous aider. 

Ensuite, ne restez pas seul, parlez-en avec vos médecins, vos thérapeutes. Agissez avant que cela ne prenne trop de place dans votre vie.

N’en ayez pas honte, c’est malheureusement un comportement bien plus répandu qu’on ne l’imagine.

Pour ma part, je n’ai pas travaillé spécifiquement ce point-là dans ma guérison. Car bien que cela me soit arrivé, ça s’est fait de façon plutôt rare, je pourrais les compter sur les doigts de mes deux mains, voire sur 3 mains ; bref c’est arrivé moins de 15 fois. C’est en travaillant sur mes troubles alimentaires, et notamment sur les croyances erronées autour de l’alimentation que j’ai pu retrouver une relation saine à ces soirées. 

Personnellement, je bois peu, parce que je n’aime pas ça. Comme je l’ai dit dans l’article, l’alcool est un poison pour le corps, même à très faible dose. Quand je sors, je prends un verre, généralement pas plus, deux tout au moins. Comme j’ai dit, j’adore les cocktails, donc c’est fréquent que je prenne des cocktails non alcoolisés (ce qui montre bien que j’ai travaillé sur mes croyances erronées).

J’espère que cet article vous aura aidé ! N’hésitez pas à me le faire savoir ou à parler de votre expérience en commentaire.

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