Les fears food dans les TCA : comment les surmonter

On se retrouve pour un nouvel article pour parler des fears food ! C’est assez fou que je n’avais pas encore abordé ce sujet sur mon podcast parce que les termes “fears food” qui signifie en anglais “les aliments de la peur”, c’est un peu un “incontournable” si je puis dire dans les TCA. C’est quelque chose qu’on entend très souvent et je dirai que 99,8% des personnes qui ont un trouble alimentaire ont des fears foods.
Dans cet article, j’aimerais un peu t’expliquer la théorie parce que comme tu le sai savec moi, j’aime bien comprendre les choses. Je trouve que ça m’a vraiment aidé quand j’étais malade. Donc je vais t’expliquer pourquoi ces peurs existent, ce qui se passe dans ton cerveau quand tu évites ces aliments ; et surtout, je vais te donner quelques conseils pour t’aider à les surmonter. Rien de magique évidemment. Mais ça peut être des petits tips en plus pour t’aider à cheminer.
C’est quoi un fear food ?
On va commencer par la base : définir le “fear food”.
Un fear food c’est un aliment qui te déclenche de la peur, de l’anxiété. Tu vas souvent éviter à tout prix cet aliment, et lorsque tu vas le manger, ça va te générer une énorme culpabilité. Tu as littéralement peur que ces fear food entraîne chez toi : une prise de poids, une perte de contrôle, une compulsion, une sensation de ne pas pouvoir t’arrêter.
Je suis sure qu’en lisant ça, tu vois clairement de quels aliments je parle pour toi. Tout le monde n’a pas les mêmes fear food. ça va vraiment dépendre des croyances erronées de chacun. Mais on peut souvent retrouver des similitudes, notamment avec les aliments plus gras et sucrés. Mais ça peut même être littéralement une catégorie d’aliment qui est en “fear food”, comme par exemple les lipides. En gros, les fear food, ce sont les aliments que votre TCA considère comme “mauvais” ou “interdit”.
Ce qui est le plus fou, c’est que très souvent, ces fear food, bah en réalité, tu les aimes. Il te donne vraiment envie. Et c’est aussi pour ça que tu en as peur.
Ce qui se passe dans ton cerveau quand tu as peur d’un aliment

La peur est une réaction biologique normale. C’est ton cerveau qui veut te protéger. Ton amygdale (la zone du cerveau responsable des émotions) déclenche une alerte pour te signaler qu’il y a un danger.
Sauf que la, la différence dans ton cas, c’est ton amygdale ne fait pas la différence entre :
- un tigre dans la savane,
- et un bol de pâtes à la carbonara.
Dès qu’un aliment perçu comme « dangereux » est devant toi, ton cerveau enclenche le mode survie :
- activation du système nerveux sympathique (fight or flight),
- hypervigilance,
- montée de cortisol
Tu n’es pas fou ni folle si tu ressens de la panique face à un aliment. Ton cerveau reptilien, lui, pense te sauver la vie.
Mais clairement, quand tu as un trouble alimentaire, ce mécanisme est renforcé par :
- la malnutrition. Ton cerveau fonctionne en grande partie grâce aux lipides. Souvent, c’est une catégorie qui est mise de côté. Donc ton cerveau manque des ressources nécessaires pour bien fonctionner. C’est à dire que tu déraisonne. La peur et la rigidité mentale sont donc renforcées.
- la pensée dichotomique (pensée en noir et blanc, tout ou rien. “Si je mange ça, c’est foutu”). Cette façon de pensée est dictée par ton TCA et de surcroît par la sous alimentation.
Au plus tu évites ces aliments, au plus tu en as peur
Je l’ai déjà expliqué beaucoup de fois mais je le redis parce que c’est important. Le cerveau apprend de nouvelles croyances à travers tes actions et tes pensées.
Par exemple, on va prendre l’exemple d’un cookie au chocolat. Ce serait ton fear food.
Quand tu es face à ce cookie, ton anxiété augmente, et tu fais tout pour l’éviter.
Quand tu parviens à l’éviter, tu te sens en contrôle et rassurée.
Alors, ton cerveau enregistre la croyance suivante : un cookie est dangereux.
Quand tu évites tes fears food, sur le moment, tu es soulagé. Sauf qu’en réalité, ça soulage ta partie TCA. Tu as l’impression de bien faire. Mais souviens-toi, c’est quand tu ressens la sensation de mal faire que tu fais bien, parce que ça veut dire que tu vas à l’encontre de ton TCA.
À chaque fois que tu évites ces aliments, que tu les compenses, que tu stress devant, tu renforces la croyance erronée qui a derrière. Attention, je t’explique ça pour comprendre le mécanisme, pas pour te blâmer. Évidemment tu ne le choisis pas. C’est les mécanismes du TCA. Ce n’est pas ta faute.
Et en t’exposant petit à petit, en travaillant dessus, tu vas pouvoir réapprivoiser ces aliments.
Je ne te dis pas le nombre d’aliments que j’avais en fear food. Ce serait plus rapide de te dire les aliments que je m’autorisais. Et pourtant, aujourd’hui je n’ai plus AUCUN fearfood.
Quelques conseils pour travailler sur tes fear foods
Fais le point sur tes fearfoods
La première chose à faire, c’est de noter tous les aliments qui te font peur. Et ensuite, tu les classes en 3 catégories. Soit tu les notes de 1 à 3 où 3 tu en as très peur, 1 tu en as un petit peur. Ou alors tu attribues une couleur : vert pour un peu peur mais faisable – jaune pour moyen peur, ça demande déjà du travail – rouge pour panique totale.
Et le but est de commencer par ce qui est le plus abordable pour toi.
Dialoguer avec ton TCA
La deuxième chose à faire, c’est de dialogue avec ton TCA en quelque sorte. Tu peux soit le faire dans ta tête, moi je le faisais sur un carnet. L’idée c’est d’écouter tous les arguments que te donne ton TCA pour te convaincre de ne pas manger cet aliment. Demande-toi “qu’est-ce que mon TCA me dit qu’il va se passer si je manger ça ?”
Et l’objectif est de répondre à chacun de ses arguments par des arguments plus logiques, bienveillants Ce n’est pas facile à faire donc un conseil : donne les arguments que tu donnerais à une amie ou à une autre personne malade.
Pour dialogue avec son TCA, ça demande de déconstruire les croyances erronées que tu as derrière chaque aliment. Ces croyances erronées correspondent souvent aux arguments que te donne ton TCA. C’est pas toujours facile de trouver des arguments non biaisés par la maladie quand on est plongé dans le brouillard du TCA. C’est pour ça que j’ai créé un outil pour t’aider à trouver des arguments sains pour contrer la maladie. Il s’agit tout simplement de mon livre “Déconstruire les croyances erronées du trouble alimentaire” où tu as 140 fiches de croyances déconstruites avec des arguments basés sur la logique, sur des faits scientifiques.
Prépare-toi mentalement
Tu peux utiliser l’outil de la visualisation qui m’a personnellement aidé dans ma guérison. Alors je ne l’utilisais pas pour les fear foods mais avec du recul, j’aurai dû.
En gros, l’idée de la visualisation, c’est que tu t’imagines en train de manger cet aliment : l’endroit, avec qui, ce que tu ressentirais. Et le but est de te convaincre (plutôt de convaincre ton cerveau) que tu ressentirais des choses positives, du plaisir, etc. Le but est de montrer à ton cerveau qu’en te confrontant à ce défi, tu peux aller vers quelque chose de positif. Je sais que cet exercice n’est vraiment pas facile surtout quand on a du mal à s’accorder du plaisir. Et si c’est le cas, il y a aussi un travail de déconstruction de croyance erronée sur le plaisir et surtout, un travail psychologique plus profond derrière souvent.
Créer une première exposition en conditions sécurisées
Choisis un aliment vert, ou un aliment classé 1. Un aliment qui te fait le moins peur.
Planifie :
- Le moment, le jour, l’heure
- Le lieu
- Avec qui
- L’ambiance
Le but est que tous les autres facteurs soient sécurisant pour toi, pour t’aider à te confronter à cet aliment qui te fait peur, pour mettre toutes les chances de ton côté.
Répète, répète, répète (sans compenser)
La répétition est vraiment la clé. Parce qu’au plus tu répètes l’exposition, au moins ton cerveau en aura peur car il perdra de son caractère “interdit” et “rare” à chaque fois que tu t’y confronter.
Et le mieux est de répéter plusieurs fois l’exercice tous les 2-3 jours jusqu’à ce que cet aliment ne te fasse plus peur ou presque plus.
Car si tu l’intègres une fois, puis plus du tout en te disant “c’est bon j’ai coché la case je l’ai remangé une fois”, ton cerveau n’aura pas été suffisamment exposé à ses peurs sur cet aliment. Et la prochaine fois que tu le reprends, même si c’est dans 15 jours, tu vas de nouveau en avoir peur avec intensité.
La répétition désensibilise. C’est ainsi que ton cerveau réapprend que cet aliment n’est pas dangereux.
Et j’insiste aussi sur le fait qu’il ne faut pas le prendre en compensant. Je sais que c’est pas simple, vraiment, je sais. Et au début, c’est assez évident que vous le prendrez peut-être en continuant de compenser. C’est pas grave. Il faut réitérer. Et peut-être que la prochaine fois vous parviendrez à moins compenser voire plus du tout.
Pourquoi ne pas compenser ? Parce que si tu prends l’aliment, puis diminue ton repas d’après ou va marcher 1h pour l’éliminer… Ton cerveau garde la croyance “cet aliment est dangereux, il faut l’éliminer si on le prend”.
Diététicienne spécialisée en TCA
Les fearfoods, pour moi, c’est vraiment le domaine des diététiciennes en TCA. Il faut vraiment que la ou le diet soit spécialisé TCA pour faire ce travail de déconstruction de la croyance erronée, et pas juste vous donner un plan alimentaire.
Là où je peux vous aider, c’est que j’ai créé un livre où je déconstruis 140 croyances erronées du trouble alimentaire dont de très nombreuses autour de l’alimentation. Mon livre s’appelle “Déconstruire les croyances erronées du trouble alimentaire” :
Voilà, je vous ai tout dit sur le sujet des fearfoods. Comme vous voyez, il n’y a rien de magique. Moi la majorité de mes fears foods ont été réintégré finalement grâce à mes compulsions, puis en me les autorisant par la suite dans mon quotidien.
Ce n’est pas les aliments fear food qui te fond peur. C’est la perte de contrôle, l’inconnu, le changement. C’est ce que ton cerveau associé à ces aliments à cause des croyances erronées que tu as dessus.
Mais ce qu’il faut que tu retiennes, c’est que c’est possible de s’en libérer, c’est possible de retrouver du plaisir, c’est possible de manger sans peur, d’avoir ces aliments qui te font peur dans tes placards sans être terrifié de la prochaine fois que tu vas les manger ou sans les dégommer.
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