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Faut-il trouver la cause de son TCA pour en guérir ?

Faut-il trouver la cause de son TCA pour en guérir ?

On se retrouve pour un court épisode pour répondre à une question qui revient souvent, chez les personnes malades, chez les parents, etc : faut-il trouver la cause de son TCA pour en guérir ?

Je crois aux “signes” de la vie, et récemment, j’ai eu deux signes qui m’ont donné envie de faire cet épisode 🙂 Le premier, c’est en lisant un livre que mon conjoint m’a offert. Et le deuxième, c’était lors d’une discussion avec Cécile Feltin, pedo-psychiatre, avec qui j’ai enregistré un épisode de podcast récemment. Et le point commun de ces deux signes, c’est que ça a déclenché une prise de conscience en moi en mode : “est-ce que, vraiment, inciter à rechercher la cause, à comprendre le pourquoi de son trouble alimentaire, c’est une bonne chose ?”

J’ai eu une longue réflexion avec moi-même et je voulais vous partager tout ça ! 

Un peu de contexte...

Alors, déjà, je vais vous expliquer exactement, les signes que j’ai eus.

Le premier, c’était en lisant un livre sur les thérapies brèves qui disait mot pour mot : 

Comme on l’aura compris, traiter ce sujet (en l’occurrence dans le contexte du livre : l’anxiété) ne signifie pas partir à la recherche de causes obscures, compliquées et profondes, mais se situer plutôt dans le sillage d’Oscar Wilde qui affirmait : « Le vrai mystère du monde est le visible, et non l’invisible. » Nous nous focaliserons donc sur le fait de savoir « comment » une personne, sans même s’en rendre compte, « construit» le piège dans lequel elle pénètre, mais dont elle ne parvient plus à ressortir seule.”

Déjà là, premier petite ampoule qui s’allume dans ma tête.

Puis, j’avais donc un épisode de podcast à enregistrer avec Cécile. Et le but était de lui poser vos questions. Et l’une des questions que j’ai posé, c’était “faut-il trouver la cause de son TCA pour guérir?”. Et là elle m’a partagé son point de vue. Spoiler : la réponse est non.

Et en fait, c’est ce que j’explique dans le podcast avec Cécile, c’est que ça me fait me questionner car j’ai l’impression qu’à de nombreuses reprises, je vous ai partagé le conseil de vous questionner sur les causes de votre trouble alimentaire, en réalité, je pousse plus souvent à chercher le “pourquoi”. Ce qui n’est pas tout à fait pareil,je trouve.

Mais je pense que parfois, j’ai dû mettre la pression à certaines personnes qui devaient se dire “mais je ne parviens pas à comprendre les causes, donc je n’arriverai pas à en sortir”.

Il n’y a pas 1 cause

Bon, un premier élément de réponse, c’est qu’en réalité, ça vous le savez depuis le temps que je le répète : il n’existe pas une seule cause. Un trouble alimentaire c’est multifactoriel. ça a des causes biologiques, psychologiques, sociaux, culturels… Donc, chercher UNE cause, ça n’a pas de sens, vous ne trouverez jamais LA raison qui pourra tout expliquer.

Les thérapies qui cherchent la cause

Il existe clairement des thérapies (notamment les psychanalyses) qui sont centrées sur les causes pasées. L’objectif est vraiment de comprendre l’origine profonde du trouble. La logique de ces thérapies c’est que les symptômes actuels seraient l’expression de blessures non résolues. Et ça, c’est quelque chose que je vous ai déjà dit d’ailleurs. Que parfois, le TCA c’est une façon du corps d’exprimer des blessures non résolues. Mais alors, est-ce que ça veut dire qu’il est nécessaire d’en comprendre la cause pour guérir ces blessures ? 

Le problème, c’est que ces thérapies de recherche des causes, ce sont des thérapies souvent longues. Et en attendant, ces thérapies n’agissent pas sur les comportements problématiques actuels. Donc si des comportements sont toxiques/destructeurs pour toi, pour ta santé… Bah en attendant, ils peuvent s’agraver. Et en plus de ça, ces thérapies basés sur la recherche de cause, sur le passé… ça demande beaucoup d’énergie, et pour des personnes notamment qui souffrent d’un trouble mental comme les TCA, c’est difficile. Souvent, elles manquent d’énergie… 

Et, en plus, en te focalisant sur la recherche des causes, tu risques de rester bloqué dans l’analyse sans agir.

Les thérapies centrées sur le présent

Donc, à côté de ces thérapies centrées sur le passé, il y a celles qui sont plus centrées sur le présent. L’objectif de ces thérapies (je vais vous donner des exemples juste après), c’est d’identifier comment le problème fonctionne et se nourrit aujourd’hui. Donc en gros, ce n’est pas forcément les causes initiales qui entretiennent le trouble, mais plutôt les schémas qui se sont intaurées avec le temps, les cercles vicieux dans lesquels vous êtes… qui entretiennent le trouble. 

Donc c’est souvent des thérapies qui vont se baser sur des outils plus concrets. Donc c’est par exemple : 

  • La TCC (Thérapie cognitivo Comportemental) : c’est aujourd’hui la thérapie la plus validée scientifiquement pour les TCA. L’objectif de la TCC ce n’est pas de rechercher la cause profonde mais de travailler sur les rituels, les pensées dysfonctionnelles, la peur de grossir, etc. C’est de casser les cercles vicieux qui entretiennent le TCA.
  • L’ACT : Thérapie d’acceptation et d’engagement
  • Les thérpaies stratégiques brèves
  • L’EMDR/l’ICV. Pas forcément pour commencer un traitement, mais plus utile en complément on va dire. Et souvent, ça se fait après un travail de stabilisation alimentaire quand même, du moins c’est conseillé.

 

Donc, faut-il trouver les causes pour guérir ?

Donc pour répondre à la question “faut-il trouver les causes (vu qu’on a vu qu’il n’existe pas une cause unique) pour guérir de son TCA?”

 

Bah la réponse, c’est non. Et c’est plutôt rassurant je pense, parce que comme je l’ai dit, je pense que pour certaines personnes, qui ont notamment aucun élément de réponse, ça peut être paralysant, stressant et décourageant. Donc vous le savez, c’est pas une obligation de trouver les causes pour guérir. Les recommandations scientifiques actuelles pour les TCA vont plutôt dans le sens des thérapies types TCC, c’est à dire que c’est le travail sur les mécanismes de maintien présents qui fait progresser la guérison, pas la recherche des causes passées. 

 

MAIS, j’apporte une petite nuance.

Enfin, c’est pas une nuance, mais en fait, moi de mon côté, en préparant cet épisode, à chaque fois j’avais un peu des pensées qui me venaient dans la tête en mode “oui mais en réalité, c’est parce que t’as compris des choses de ton passé, que t’as dénoué un peu des noeuds… que tu as pu en guérir TOTALEMENT et ne pas rechuter”. Et je pense qu’en vrai, ça c’est quand même quelque chose de vraie. C’est à dire qu’une des choses à faire pour éviter les rechutes et trouver une guérison complète, c’est vraiment que le mal-être profond puisse être travaillé. Quand je dis “travaillé”, ça veut pas dire qu’il disparait, ou qu’il est totalement résolu. Grosso modo, mon mal-être c’était notamment mon manque de confiance en moi, mon anxiété, mon perfectionnisme. Tout ça, je l’ai encore. Et j’ai des journées voire des semaines où je suis mal, de temps à autre, à cause de ça. Mais, comme je l’ai travaillé, comme je comprends mieux ces symptômes et mécanismes chez moi, je sais avoir une réponse + bienveillante avec moi-même et je ne mets plus de mécanismes destructeurs envers moi (comme les TCA par exemple). Travailler sur le présent m’a aidée à comprendre mes schémas plus profonds, comme l’anxiété et le perfectionnisme. Ça ne les a pas effacés, mais ça a changé ma façon d’y répondre.

Donc bref, comme je disais, pour moi le travail sur les mal-être plus profond est important, et il est souvent lié à des causes. Vous n’êtes pas né anxieux, perfectionniste, avec une confiance en vous à zéro. 

Mais j’ai compris qu’en fait, même en faisant un focus sur le présent, soit sur les mécanismes qui entretiennent dans votre quotidien la maladie… vous faites un travail sur les causes (mais de façon plus subtiles). En réalité, très souvent, en modifiant ses comportements actuels, en sortant de la restriction, en affrontant une peur… des échos du passé remontent naturellement.

Par exemple : 

  • Quelqu’un qui travaille sur son besoin de contrôle réalise que ça fait sens avec une famille très exigeante.
  • Une personne qui apprend à exprimer ses émotions se souvient que petite, on lui faisait comprendre qu’être forte, c’était de ne pas pleurer

 

Et en fait, en faisant cet article, et dans l’épisode avec Cécile, à un moment elle me dit “Mais tu as compris A POSTERIORI”, et bien j’ai eu la prise de conscience qu’en effet, j’ai trouvé les causes exactes à posteriori, mais qu’en fait, durant mes thérapies, je me concentrais sur le présent. 

Je vais donner des exemples concrets : 

  • Dans le présent : Dès que je faisais une compulsion alimentaire, il fallait que ma mère le sache. Dès que je devais prendre une décision en lien avec la nourriture, j’en parlais avec ma mère. Dès que ma mère n’était pas présente lors du repas, même 5 minutes de retard, ça partait en vrille dans ma tête. Donc… en analysant ces comportements dans le présent, je suis remontée à mon histoire, ma relation quasi fusionnelle (de mon côté en tout cas) avec ma mère.
  • Dans le présent : je me sentais rassurée quand j’étais maigre car moins attirante donc moins de regard des hommes. Donc j’ai pu faire le parallèle avec mes relations passées avec mes ex, et remonter jusqu’à l’enfance et mon histoire avec mon corps.

 

En fait, dans une approche centrée sur le présent, les liens avec le passé apparaissent comme des prises de conscience secondaires, naturelles, au fil du travail.

Alors que dans une approche causale, on part dès le début à la recherche du passé, parfois au risque de s’y perdre. Mais en travaillant sur le présent, on finit souvent par relier des points et trouver du sens. 

 

Et dans vos prises de conscience secondaires, lié au passé, le but c’est juste d’avoir des éléments de réponse, des petites explications, des petites compréhensions. Mais retenez bien que vous n’avez pas besoin d’élucider le passé pour guérir. Et si vous trouvez des petits éléments de réponse, des petits “pourquoi”, ce sont des « bonus », des éclairages, pas des conditions préalables à la guérison.

 

Donc voilà, si tu veux déjà commencer à travailler sur le présent, tu peux commencer par te poser deux petites questions :

  • Quels comportements j’ai aujourd’hui qui entretiennent mon TCA ?
  • Quelles pensées reviennent en boucle ?

Voilà, j’espère que cet article vous aura rassuré, et enlevé un peu la pression de trouver les causes. Ce qu’il faut bien retenir, c’est que si aujourd’hui tu n’as pas trouvé “les” causes de ton TCA, rassure-toi : ce n’est pas un frein à la guérison. C’est en travaillant sur ce que tu vis au présent que ta guérison avance. Et parfois, les réponses du passé arrivent en bonus, toutes seules !

Dites-moi si vous êtes d’accord avec ça ou si pour vous trouver les causes est indispensable 🙂

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