Comment aider votre enfant à sortir de l’anorexie ?

Comment aider votre enfant à sortir de l’anorexie ?

Comment aider votre enfant à sortir de l’anorexie ?

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Lorsque votre enfant a une grippe ou une gastro, vous savez quoi faire. Vous pouvez leur donner les médicaments adéquats qui leur permettront de guérir en quelques jours. En revanche, quand un enfant souffre d’un trouble alimentaire, les parents sont confrontés à une maladie beaucoup plus compliquée. Et malheureusement, il n’existe pas de médicament qui permet de faire passer l’anorexie, la boulimie ou encore l’orthorexie en quelques jours. Je me souviens que ma mère répétait souvent « j’aimerais tellement qu’on nous fournisse un manuel à suivre pour te faire guérir », mais non, ce n’est pas possible. Par contre, vous pouvez appliquer quelques conseils qui permettront à votre enfant de l’aider à cheminer vers la guérison. Dans cet article, je vous donne mes conseils quant aux choses à faire et à ne pas faire pour soutenir votre enfant souffrant d’un trouble alimentaire. Ce sont des conseils qui moi m’ont aidé lorsque j’étais anorexique. Toutefois, chaque enfant est différent. Mais ayant vécu et vaincu l’anorexie, mes conseils peuvent vous apporter une aide précieuse.

Ce qu’il faut faire

S'informer

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C’est vraiment la première chose à faire, se renseigner sur le trouble alimentaire de votre enfant. Si vous souhaitez comprendre ce qui se passe dans sa tête, vous devez en apprendre au maximum sur la maladie. Il existe de nombreux articles d’associations ou de sites spécialisés dans les troubles alimentaires qui vous apporteront les renseignements nécessaires. Vous le lirez certainement sur Internet, mais je me dois de souligner certaines des informations primordiales à comprendre :

Ce n’est pas que votre enfant ne veut pas manger, mais c’est qu’il ne le peut pas. En vous informant, vous apprendrez que manger pour votre enfant n’est pas seulement du dégout, un manque de volonté ou des maux de ventre. Non, c’est une véritable angoisse de manger. Une peur tellement puissante qui les empêche de le faire. Peut-être que pour vous c’est “juste” de la nourriture, mais vous n’avez pas de trouble alimentaire. Imaginez-vous que votre enfant a un parasite dans la tête qui lui dicte ce qu’il a le droit de manger ou non. Ce parasite lui met un pistolet sur la tempe et si votre enfant mange ce que son trouble lui interdit, alors le parasite appuiera sur la détente lui injectant un poison qu’on appelle la culpabilité. Et pour se débarrasser de cette culpabilité, votre enfant va passer par des actions douloureuses : la restriction, la purge, l’exercice physique en excès…

Parler avec lui

Parler avec votre enfant de son trouble alimentaire est important. Toutefois, ne sautez pas la première étape ! Ne commencez pas une conversation à propos de sa maladie si vous ne vous êtes pas familiarisé avec son trouble auparavant. Comment voulez-vous être empathique à propos de quelque chose que ne comprenez pas ?

Discuter avec votre enfant ne va pas être facile. Il va certainement être agressif, grossier et peut-être même le nier. Surtout, restez calme. Si vous tentez de lui parler pour lui crier dessus, le juger ou essayez de lui donner des arguments logiques lui prouvant que son attitude est absurde, il va se braquer. Votre enfant a déjà assez honte de sa maladie et culpabilise à propos de son comportement. Il est malade, il n’est pas responsable. Si votre enfant avait un cancer, cela vous paraîtrait évident de ne pas le blâmer à cause de son cancer. Pour l’anorexie, la boulimie, l’orthorexie, l’hyperphagie… C’est la même chose.

Lorsque vous dialoguerez avec lui, il n’est pas rare qu’il tente de vous rassurer. Il vous exprimera que lui n’est pas aussi malade que les autres et qu’il pourra s’en sortir seul. En fait, c’est la maladie qui parle à ce moment-là. Votre enfant vous dit cela pour avoir la paix. Je me souviens que pendant longtemps, je répétais constamment « non, ne t’inquiète pas, ça va, je remange déjà mieux, et d’ailleurs je reprends du poids ». C’était des mensonges. Continuez de discuter avec, n’abandonnez pas sous prétexte qu’il a l’air de maîtriser la situation. À ce moment-là, c’était la maladie qui vous a répondu, pas votre enfant.

Lorsque vous vous adressez à lui, utilisez le pronom « je » et pas « tu » pour commencer. Si vous entamez une phrase par « Tu », il se sentira jugez, accusez de quelque chose. Préférez « je m’inquiète pour toi, tu n’as pas l’air très bien en ce moment » plutôt que « tu as l’air d’être malheureux ».

Enfin, lorsque vous discutez avec lui, rappelez-lui sans cesse que vous l’aimez, peu importe son trouble alimentaire. Exprimez-lui combien vous êtes présent pour lui, que vous le soutenez, et que vous serez toujours là pour lui, que vous êtes à sa disposition pour parler. Dites-lui que vous savez faire la distinction entre son trouble alimentaire et lui-même, et qu’ainsi, vous ne le jugez pas. Dites-lui qu’il peut vous dire quand il se sent en difficulté par rapport à un repas, lorsqu’il se fait vomir, qu’il a sauté un repas. Déclarez-lui que vous voulez l’aider et que vous n’êtes pas là pour le gronder. Le fait que votre enfant vous “avoue” ses comportements compensatoires va aider à mettre en lumière son trouble alimentaire et donc le rendre plus faible. Son trouble alimentaire l’incite à se replier sur lui-même et à rester dans le silence.

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Soyez à son écoute

Ce point rejoint le précédent, mais soyez présent pour écouter votre enfant. Écoutez-le plutôt que de le juger et de lui souligner ses difficultés.

Demandez-lui de l’aide

Demandez à votre enfant comme vous pouvez l’aider. Je me souviens avoir dit à mes parents comment ils pouvaient me soutenir : en ne faisant aucun commentaire sur mon physique et sur mon alimentation, en me prévenant à l’avance des repas et invités présents, etc.

Tous les conseils que je vous donne dans cet article peuvent ne pas s’appliquer à votre enfant. Le mieux est d’en discuter avec lui et de lui demander ce qui lui convient, ce qui l’aide ou ce qui a l’inverse va lui mettre des bâtons dans les roues.

Montrez-lui que vous lui donnez de l’attention en dehors de son trouble alimentaire

Si votre enfant prend conscience que vous vous intéressez davantage à lui quand il a une difficulté face à un aliment, lorsqu’il saute un repas ou qu’il a perdu du poids… Il va associer son trouble alimentaire à l’attention que vous lui donnez. Ce qui rendra plus compliqué pour lui de quitter son trouble alimentaire et va même renforcer l’aspect positif de sa maladie.

Quand j’appelais ma mère au téléphone, on ne parlait que de mon trouble alimentaire. Lorsque j’étais sur le point de guérir, j’avais extrêmement peur de perdre l’attention de ma mère en guérissant de mon trouble alimentaire. C’est pourquoi je vous conseille également de poser des questions sur ses études, son travail, sur ses amis, sur les séries qu’il regarde, etc. Inconsciemment, votre enfant comprendra que vous l’aimez pour qui il est et pas pour son trouble alimentaire. Cela parait évident pour vous, mais ça ne l’est pas forcément pour lui.

Surmonter ta peur de prendre du poids avec une approche englobant TOUS les aspects de la guérison

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...pour un chemin de guérison durable et consolidé.

Gardez un rythme de vie normal

Ce point rejoint le précédent. Garder un rythme de vie normal est l’idée qu’il ne faut pas que votre vie familiale tourne uniquement autour du trouble alimentaire de votre enfant. Continuez d’aller au cinéma, de rendre visite à votre famille et à vos amis, partez en voyage durant les vacances et les week-ends. Cela permettra par ailleurs de focaliser l’attention de votre enfant ailleurs que sur son corps et son alimentation. 

Trouvez du soutien pour vous

Vous allez affronter des épreuves difficiles tout au long du trouble alimentaire de votre enfant. Même si votre souffrance n’est pas la même que celle de votre enfant, elle est quand même présente. Vous devez tenir bon pour continuer d’épauler votre enfant jusqu’à la guérison totale. Pour cela, il est indispensable pour vous d’obtenir du soutien de la part des professionnels de la santé. Préférez des thérapeutes spécialisés dans les troubles alimentaires qui comprendront beaucoup mieux ce que vous traversez et sauront vous apporter des conseils adaptés. Ces professionnels vous donneront des conseils sur la conduite que vous devez tenir à la maison afin d’aider votre enfant.

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Au-delà des professionnels, vous pouvez également trouver des groupes de soutien pour partager ce que vous traversez avec d’autres parents vivant la même chose. Vous pouvez par exemple vous rapprocher d’une association ou de groupe de parents organisé par des services spécialisés en hôpital ou directement sur les réseaux sociaux, comme sur Facebook. Je me souviens que mes parents se rendaient une fois par mois à un groupe de parents, encadré par un psychiatre spécialisé, à l’hôpital où j’étais hospitalisée. Ma mère avait également contacté une association où une maman lui avait apporté son témoignage en tant que mère d’une ancienne anorexique qui s’en était sorti. Cela lui avait redonné de l’espoir et du courage.

Agissez en conséquence

Parfois, votre enfant se trouve dans un état de santé grave, rongé par son trouble alimentaire. La priorité sera alors de stabiliser sa santé physique en passant par une renutrition encadrée dans un service d’hôpital spécialisé. Si votre enfant est mineur, vous pourrez décider de cela conjointement avec les médecins. Mais c’est important d’en discuter avec votre enfant en soulignant qu’il a besoin de repos et en lui rappelant les terribles conséquences physiques que cause son trouble alimentaire sur sa santé. Rappelez à votre enfant que vous l’aimez et que vous ne faites pas cela pour le faire grossir, mais pour qu’il retrouve une bonne santé.

Toutefois, sachez quand même que l’hôpital est un premier pas vers la guérison, mais que votre enfant n’en ressortira pas guéri. Le chemin sera encore long après la sortie. Je vous invite à lire mes deux articles sur ce sujet : celui sur mes propres hospitalisations et celui expliquant toutes les informations nécessaires concernant l’hospitalisation dans un service de trouble du comportement alimentaire.

Montrez-vous impliqué dans son processus de guérison

Pour moi, cela a été très important de voir que mes parents étaient impliqués dans mon processus de guérison : en s’informant sur le sujet, en regardant des films ou reportages sur l’anorexie, en participant aux groupes de soutien de l’hôpital, etc.

Je me souviens également que lorsque je suis sortie de l’hôpital, j’avais un plan alimentaire à respecter. Je me rappelle me sentir coupable quand je prenais moi-même la décision de manger ma collation de 16 h sans que personne ne me le remémore. Et d’ailleurs, souvent je testais l’attention de mes parents en ne prenant pas mon goûter pour voir s’ils allaient s’en apercevoir. Je vous conseille donc de lui rappeler de façon implicite de suivre son plan alimentaire, par exemple : « Tiens, on prend le goûter ensemble ? » ou « Il est encore l’heure de prendre le goûter non ? ». Vous allez très certainement vous prendre des réflexions méchantes en pleine face. Mais à ce moment-là, ce sera sa maladie qui vous répondra. Mais au fond, votre enfant verra que vous êtes impliqué dans sa guérison et que vous avez conscience de l’importance de son plan alimentaire.

Toutefois, discutez-en avec votre enfant. Si ce genre de remarque le met plus en difficulté qu’autre chose, alors ne le faites pas. Tant qu’il suit bien son plan alimentaire.

Toujours y croire

N’abandonnez jamais ! Croyez toujours en la guérison de votre enfant ! La guérison totale est possible. Soyez positif et montrez que vous croyez en votre enfant. Cela le motivera de savoir que vous y croyez.

Soulignez le courage de votre enfant et sa force qui lui permettra de vaincre ses troubles alimentaires. Lorsqu’il traverse une difficulté ou qu’il fait face à un échec, dites-lui que les échecs font partie de la guérison et que c’est en tombant qu’on se relève encore mieux.

Ce qu’il ne faut pas faire

Ne punissez pas votre enfant

Vraiment, s’il y a bien une chose à ne pas faire c’est de sanctionner son enfant à cause de son trouble alimentaire. C’est comme punir un enfant parce qu’il a du mal à respirer à cause de sa mucoviscidose. Ça n’a aucun sens !

Ne blâmez pas votre enfant, ne le jugez pas. Sachez une fois de plus faire la différence entre votre enfant et son trouble alimentaire. Il peut arriver que son comportement vous exaspère. Mais ce n’est pas en le culpabilisant ou en lui faisant honte que vous l’aiderez à guérir. Au contraire ! Votre enfant ne doit pas avoir l’impression qu’il est malade par sa faute. Cela engendrerait une plus grande culpabilité en lui et aggraverait son trouble alimentaire.

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Votre enfant est grossier ? Il vous ignore ? Il n’applique pas ce que vous lui demandez de manger ? Il n’arrête pas de faire du sport malgré votre interdiction ? Ce n’est pas un enfant en pleine crise d’adolescence. Non, c’est juste un enfant qui souffre. Il a plus besoin de compassion et de réconfort que de jugement.

Ne vous culpabilisez pas

Ne gâchez pas toute votre énergie à découvrir si vous êtes le responsable de son trouble alimentaire. Il n’y a bien souvent pas un coupable ou une seule cause à un trouble alimentaire. C’est généralement dû à un ensemble de facteurs qui ont amené le trouble à s’installer chez votre enfant.

Ne gaspillez pas votre temps à savoir si vous avez provoqué ce trouble alimentaire. Utilisez plutôt votre temps et votre énergie pour la guérison de votre enfant : en contactant des services de soins, des spécialistes qui sauront vous aider, en vous renseignant, en écoutant et en soutenant votre enfant.

Ne faites aucun commentaire sur la nourriture

Ne faites aucune remarque sur la nourriture. Que ce soit ce que votre enfant mange, ce que vous mangez ou sur l’alimentation en général. Même si c’est pour féliciter votre enfant qui a mangé un des aliments qui lui fait peur. Évitez tout commentaire sur l’alimentation, c’est tout. Je vous invite d’ailleurs à regarder mon article indiquant toutes les phrases à ne surtout pas dire à une personne souffrant d’anorexie.

Faites vraiment attention aux mots que vous choisissez lorsqu’il s’agit de parler d’alimentation. Discutez-en également avec les autres membres de la famille pour qu’ils soient vigilants quant à leur langage. Ne dites pas « bon ce soir, c’est un gros repas » pour faire référence à un gratin ou une pizza. Ne déclarez pas non plus « Demain on mangera plus léger, car aujourd’hui c’était des gros repas ».

Et surtout, ne faites pas de régime ! Il n’y a rien de plus éprouvant pour une personne luttant contre un trouble alimentaire que de voir sa mère, sa sœur ou son frère faire un régime à côté de lui. Ne mangez pas de produits 0 %, d’aliment hypocalorique à côté de lui. Vous n’imaginez pas à quel point ce genre de comportement amène une difficulté considérable pour votre enfant.

Concentrez-vous sur vos propres croyances alimentaires et arrêtez dès maintenant d’étiqueter des aliments de « bon » ou « mauvais ». Si vous-même vous pensez que manger des frites ou une part de gâteau de temps en temps est mauvais, votre enfant aura inculqué cela également… Si pour vous avoir une alimentation saine et équilibrée c’est se nourrir de légume et de fruit, votre enfant adoptera pareillement ces habitudes alimentaires… N’utilisez pas non plus la nourriture comme récompense. Par exemple, ne dites pas « ce soir, j’ai le droit de manger de la glace vu la séance de sport que j’ai fait aujourd’hui ». Inconsciemment, vous suggérez l’idée que pour se faire plaisir, il faut le mériter. Non, tout le monde a le droit de se faire plaisir. Même si vous n’avez pas fait de sport ou que vous avez déjà mangé de la pizza il y a deux jours.

Ne commentez pas non plus l’apparence physique

Il en va de même pour le physique, ne faites aucun commentaire à ce sujet : ni sur le physique de votre enfant, ni sur le vôtre, ni sur personne d’autre. Pour résumer, deux sujets sont à éviter : l’alimentation et le physique. 

Même si vous avez envie de faire un compliment à votre enfant pour lui dire qu’il est beau, s’il est très mince, il associera maigreur avec beauté. Ne lui déclarez pas non plus « tu es beaucoup plus joli maintenant » s’il a repris du poids. Dans sa tête, il entendra « tu es beaucoup plus gros maintenant », quand bien même ce n’était absolument pas ce que vous exprimiez.

Ne dites pas non plus que vous vous sentez trop grosse ou que vous trouvez une personne trop grosse. Votre enfant va systématiquement se comparer et se verra toujours plus gros.

Ne vous focalisez pas sur son poids

Certains parents ont besoin de voir le poids de leur enfant augmenter pour se rassurer et se dire que son enfant est sur le bon chemin. Et bien non, le poids n’est absolument pas synonyme de guérison. Votre enfant peut avoir un poids et un IMC tout à fait correct et pour autant souffrir de trouble alimentaire mental sévère.

Ne lui mettez pas de pression pour qu’il gagne des kilos. La guérison se fait pas à pas par l’alimentation, mais aussi et surtout par le psychique. C’est important que votre enfant avance sur les problématiques qui l’ont amené à tomber dans l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie.

Je parle du poids, mais cela s’applique également aux nombres de calories avalés. Ne calculez pas les calories que votre enfant mange, ni les grammes qu’il a dans son assiette. Ne vous focalisez pas sur les chiffres, mais plutôt sur l’évolution dans la durée, les petits progrès qu’il réalise dans le temps.

Ne lui mettez pas de pression vis-à-vis de ses études

Quand bien même cette année il doit passer le brevet, le bac ou tout autre examen, sa santé passe en priorité ! Ma mère a eu beaucoup de mal à ce que j’arrête mes études pour entrer à l’hôpital. Mais c’était juste nécessaire ! Et aujourd’hui, elle est plus que contente que j’aie pris cette décision. Cela m’a permis de me concentrer pleinement sur ma guérison. J’ai repris mes études un an après et aujourd’hui je suis diplômée d’un Master en marketing d’une grande école de commerce.

Au plus tôt son trouble alimentaire sera traité, au mieux c’est. Ses études, il pourra les terminer plus tard. Sans la santé, il ne pourra pas aller bien loin dans sa vie professionnelle… Surtout que généralement, les personnes souffrant de trouble alimentaire ont ce besoin de tout faire dans la perfection et se mettent déjà elles-mêmes la pression. Donc pas la peine d’en rajouter.

Limitez les déclencheurs de l’anorexie

Réduisez au maximum tout ce qui peut déclencher une pensée anorexique du style « je suis trop grosse » « je dois me restreindre » « je dois faire plus de sport », etc.

Pour cela, ne gardez pas de magazine « santé » à la maison prônant une alimentation saine à base de jus détox et d’eau. Évitez également tous les magazines abordant les sujets de sport ou avec des photos de mannequins.

Les personnes souffrant de troubles alimentaires utilisent énormément internet pour se documenter elles-mêmes sur leur trouble alimentaire. Mais parfois, ils utilisent internet à mauvais escient en parcourant des sites « proana » (pour l’anorexie) ou « promia » (pour la boulimie). Si votre enfant est mineur, n’hésitez pas à mettre un contrôle parental interdisant l’accès à ce genre de site internet.

Ensuite, supprimez tous les aliments « 0 % » ou « faible calorie » à la maison. À moins que ce ne soit les aliments que lui consomme et qu’il accepte de manger.

Enfin, enlevez de la vue également tous les outils d’exercice physique tels que des altères, des cordes à sauter, etc.

Ne l’ignorez pas

Ne l’ignorez pas en tentant de créer un électrochoc chez votre enfant. Ce n’est pas en le rejetant parce qu’il a un trouble alimentaire qu’il le stoppera. Il ne peut pas l’arrêter comme ça. C’est une maladie. Un enfant atteint d’un cancer ne peut pas décider du moment où il le cessera. Un enfant souffrant de boulimie, d’orthorexie, d’anorexie, d’hyperphagie… c’est la même chose ! Votre enfant a plus que besoin de vous, même s’il vous dit le contraire.

Conseils à appliquer pendant les repas

Les repas sont des moments particulièrement compliqués à gérer pour votre enfant, mais également pour vous. Voici quelques conseils pour que cette épreuve se passe au mieux. Si votre enfant est suivi par des professionnels, n’hésitez pas à directement leur demander des conseils pour faire face aux heures de repas.

Créer un cadre rassurant

Mangez à heure régulière et maintenez une atmosphère positive. Parlez de différents sujets de conversation, mais attention, qui n’ont aucun rapport avec l’alimentation et le physique. Convenez avec tous les membres de la famille qu’aucune remarque ne sera faite sur l’alimentation et le physique, notamment sur la quantité que votre enfant mange ou sur sa façon de se nourrir. N’abordez pas non plus la teneur en calorie ou en matière grasse de votre repas. Votre enfant risque tout simplement de s’arrêter de manger ou de vomir après son repas tant la culpabilité sera forte face à ce genre de discours.

Interrogez votre enfant s’il souhaite savoir à l’avance ce qu’il mangera au repas. Pour ma part, je demandais toujours la veille ce que ma mère allait cuisiner pour le lendemain. Cela lui imposait un peu d’organisation, mais parallèlement ça m’aidait à me préparer à affronter éventuellement certaines de mes peurs alimentaires.

Vous pouvez également demander à votre enfant s’il préfère que vous vous occupiez de tout : planifier les repas, les cuisiner vous-mêmes et choisir ce que votre enfant mangera. Cela dépend de chacun, mais je sais que certains patients préfèrent ne rien gérer et que ce soit leurs parents qui s’occupent de prendre les décisions liées à leur alimentation. Pour ma part, ce fut le cas très peu de temps. Par la suite, j’avais besoin de choisir moi-même ce que je cuisinais et ce que je mangeais. Puis, au plus je me rapprochais de la guérison, au plus je laissais ma mère décider ce qu’on mangeait. Je vous invite vraiment à en discuter avec votre enfant.

Ne faites pas de régime devant eux

Comme dit précédemment, ne mangez pas d’aliment 0 % ou diététique devant eux. Cela les mettra en difficulté.

Ne le regardez pas

Lorsqu’on souffre d’un trouble alimentaire, on est persuadé que tout le monde nous observe. Pour ne pas renforcer sa fausse croyance, ne regardez pas son assiette ou ses TOC alimentaires. Concentrez-vous sur votre repas et abordez des sujets de conversation qui changent les idées.

Prévoyez une activité post-repas

Prévoyez une activité familiale après le repas comme regarder un film ensemble, faire un jeu de société ou discuter en famille. Cela permettra à votre enfant de se changer les idées et de ne pas écouter la voix de la culpabilité. Cela pourra également le dissuader d’aller se faire vomir.

Après le repas, n’hésitez pas à rassurer votre enfant s’il ressent des sensations désagréables comme des maux de ventre ou des nausées. Ce sont tout simplement des symptômes de la guérison qui sont normaux et qui se dissiperont au fur et à mesure. J’en parle dans mon article sur la peur de grossir trop vite.

Ne le forcez pas à manger

Vous êtes son parent, vous êtes là pour le soutenir, mais pas pour le forcer à manger. Je me souviens que c’était assez frustrant pour ma mère qui savait qu’à l’hôpital je me nourrissais convenablement avec les infirmières, mais qu’à la maison je n’en faisais qu’à ma tête et que je n’avalais rien. Mais c’est tout simplement parce qu’une infirmière n’est pas ma mère. Elle a un rôle neutre. Alors oui, j’écoutais plus facilement une infirmière que ma mère quand elle me demandait de manger. Mais ne forcez pas votre enfant à manger en lui disant qu’il ne sortira pas de table tant qu’il n’a pas terminé son assiette. Cela va faire pire que mieux en créant un véritable blocage et des tensions au sein de votre famille.

Ne désespérez pas

Ce n’est pas parce qu’un repas s’est mal passé que votre enfant ne s’en sortira jamais. Tout comme ce n’est pas parce que votre enfant a bien mangé aujourd’hui que demain il réussira tout autant. Non, il y a des jours avec et des jours sans. Ça ne sert à rien de lui dire « hier, tu arrivais à manger plus de féculents. Comment ça se fait que tu n’en manges pas plus aujourd’hui ? » Laissez-lui du temps. La guérison est très lente et prend du temps.

N’oubliez pas vos autres enfants

Dans certains cas, le trouble alimentaire de votre enfant vous préoccupe tellement que vous en oubliez vos autres enfants. Les frères et sœurs deviennent parfois des victimes indirectes du trouble alimentaire de votre enfant. Le petit frère ou la grande sœur peut se dire « tiens, elle concentre toute l’attention des parents sur elle avec son trouble alimentaire ». Ainsi, les frères et sœurs peuvent se mettre à adopter des comportements nocifs pour eux-mêmes pour tenter d’avoir plus de votre attention.

Je sais bien que ce n’est pas facile, mais vous devez penser pareillement à vos autres enfants. Demandez-leur comment ils vivent la situation, mais également comment ils vont, ce qu’ils font de leur journée, comment se passe leur étude, etc. Partagez des moments privilégiés avec chacun d’entre eux.

Un trouble alimentaire est difficile à gérer au sein d’une famille. C’est pourquoi, une fois de plus, c’est important d’avoir un suivi avec des professionnels de la santé. Ces derniers peuvent organiser des entretiens familiaux permettant de comprendre le rôle de chacun et comment chaque membre de la famille vit la maladie de votre enfant. Le thérapeute est là pour expliquer à chacun le trouble alimentaire de votre enfant et pour vous donner des conseils sur comment gérer cela en famille.

Soyez solidaire avec votre conjoint

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On n’est jamais préparé face à l’apparition d’un trouble alimentaire chez son enfant. Mais c’est une épreuve difficile que les deux parents doivent traverser ensemble. C’est essentiel, pour l’enfant, que les deux parents s’impliquent dans sa guérison. Même si les parents sont divorcés, la mère comme le père doivent comprendre la maladie et aider son enfant à la surmonter.

Discutez ensemble des décisions que vous prenez vis-à-vis de votre enfant, notamment pour ses soins.

C’est également important d’avoir quelqu’un qui vit une expérience identique que vous pour partager vos émotions, vos ressentis, etc.

Pour conclure, rappelez-vous que votre enfant ne guérira pas en une journée, ni en une semaine, ni même en un mois. Cela prend du temps. C’est pas à pas, petit à petit que votre enfant va cheminer vers la guérison. Il ne sera d’ailleurs pas rare qu’il connaisse des rechutes. Mais cela n’est pas négatif pour autant. C’est en tombant qu’on apprend à marcher.

N’essayez pas de guérir votre enfant à sa place. Le choix de la guérison doit venir de lui-même. Vous pouvez toutefois continuer de lui parler des possibilités de soin qui s’offrent à lui, rechercher des professionnels pour lui. Mais vous ne pourrez pas lui forcer la main. 

Je sais que vous traversez une épreuve difficile, que vous vous sentez impuissant, frustré de ne pas réussir à guérir votre enfant. Mais vous n’êtes pas thérapeute. Vous êtes sa mère ou son père. Et votre rôle est de le soutenir pendant cette période et de maintenir un environnement propice à sa guérison.

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